l'arche de Noé

Lauren Kilden-Jones

Description

Enseigner dans un quartier difficile, bricoler au jour le jour pour que des enfants si différents, si démunis, apprennent quand même. Faire face à l'indifférence de la nation tout entière, voilà le quotidien relevé avec humour par la narratrice, dans une oeuvre dont les éléments sont de pure fiction. Bien entendu.

Notre pays ne saurait exiger moins de qualification pour encadrer des enfants que pour traiter les poubelles, ne saurait laisser ensemble des enfants autistes, des enfants non francophones, des enfants rendus violents par un environnement familial épouvantable, par paquets de 30 aux mains d'une seule enseignante.

Ce doit être un mauvais rêve. Ou, nous avons un problème.

Sujets

• Humour
• Éducation
• Violence
• Ghetto de Varsovie
• École
• Témoin
• Scandale
• Abandon
• Autisme
• Abandonment
• Témoignage
• Éducation et formation

Informations

• Publié par: editions-mlk
• Date de parution: 28 mai 2016
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782958579241
• Langue: Français

Extrait

L’Arche de Noé
 
L’école m’a tuer
 
 
Lauren
KILDEN-JONES

Juste après dresseuse d’ours
 
J'aimais jouer à la maîtresse.
J'ai décidé d'être enseignante comme d'autres de devenir médecin, parce que ma première vocation  s'est révélée irréalisable: je voulais être dresseuse d'ours.
Je préparais des cahiers avec du travail. Mon petit frère et mes peluches (des ours, bien sûr) les remplissaient fidèlement.
Je leur ai appris à lire et à dessiner. Ils se débrouillaient bien.
En classe, ça allait bien, merci. J'ai toujours fait mes devoirs, et souvent ceux des autres.
J'ai appris à me taire parce que les professeurs n'aiment pas qu'on remarque leurs erreurs. Et d'autres n'interrogent pas celles qui savent toujours tout.
J'ai appris à discuter de fringues et de Justin Bieber. J'ai fait de la danse et du karaté. J'ai bossé dans un centre aéré. J'ai passé mon bac.
J'ai appris à travailler seule à la fac pour ma licence. J'ai encadré des colonies de vacances.
Quand j'ai réussi mon concours d'instit, je me sentais prête.
Si j'avais su!!
Les problèmes que j’ai rencontrés n’ont rien à voir avec ce que j’imaginais. Prenons la sûreté nucléaire, par exemple.

Exercice de confinement
Pas loin, il y a une centrale. Je sais,  le nucléaire est une énergie propre et l'avenir de notre pays. Mais bon, des fois qu'un nuage toxique ose passer la frontière ou s'échapper d'installations  vieillissantes (les installations d'avenir n'étant pas  renouvelées depuis 50 ans) il y a une arme imparable.
Le confinement.
Le confinement, c'est vivre un certain temps sans contact avec l'extérieur. Ça se planifie, et on s'entraîne:
- à fermer les fenêtres (contre le nuage toxique)
- à fermer les rideaux (s'il y a un risque d'explosion. A ceux qui demandent comment se protéger d'une explosion avec des rideaux, je réponds qu'il arrêtera les morceaux de verre, ce qui est plutôt une bonne chose.)
- à bloquer la porte avec des bureaux et des chaises (là j'ai un peu de mal à comprendre)
- à faire le compte des blessés et des réfugiés (pour nous c'est facile, les enfants réfugiés forment à peu près le quart de l'effectif.)
Bon, je n'ai pas jugé utile de bloquer les portes. Au grand regret des enfants, déçus qu'on se mette à travailler comme d'habitude.
J'ai voulu faire un tour pour voir comment ça se passait dans les autres classes, et je suis tombée sur un  parfait inconnu, complètement paniqué. J'ai fini par comprendre, car il ne parle pas notre langue, qu'on l'avait appelé car sa fille est malade. Comment est-il entré, mystère, mais en l'absence de serrures et portails tout est toujours possible.

Isidore
 
Notre école n'est pas en ZEP (Zone d'éducation prioritaire). Ce n'est pas parce que l'école d'en face est en ZEP, et que les enfants viennent des mêmes barres d'immeubles (sauf ceux amenés des bidonvilles du bord de l'autoroute), que vous...