Epistémologie du corps savant
268 pages
Français

Epistémologie du corps savant , livre ebook

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Description

Dans ce premier volume seront envisagés les apports et limites de l'engagement corporel du chercheur dans l'enquête empirique. Le corps du savant ne constitue-t-il qu'un obstacle qui entrave la connaissance de l'objet ? Des mises en oeuvre empiriques, dans des domaines comme la recherche sur le sport ou le handicap, sont élaborées. Des outils de réflexivité corporelle sont construits, permettant de reconnaître la subjectivité charnelle du savant tout en la contrôlant.

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Date de parution 01 octobre 2014
Nombre de lectures 28
EAN13 9782336358031
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

résultat scientiIque est d’autant plus valide que le processus qui l’a
réexifs sur une thématique commune : la dimension charnelle de l’activité de recherche et de son produit, la connaissance scientiIque.
être affecté, percevant et agissant, se déploie dans la recherche et se
Le chercheur et la description scientiIque , seront envisagés les apports et limites de l’engagement corporel du chercheur dans l’enquête empirique. Le corps du savant ne constitue-t-il qu’un obstacle qui entrave la connaissance de l’objet ? Ne peut-il être également vu comme une ressource originale
Les postures et controverses épistémologiques classiques sont ici formalisées. Des mises en œuvre empiriques, dans des domaines
Finalement, des outils de réexivité corporelle sont construits permettant de reconnaître la subjectivité charnelle du savant tout en
notamment sur la pluralité paradigmatique, l’ontologie implicite des chercheurs et l’inuence du symbolisme dans le travail scientiIque.
Matthieu QUIDU
ÉPISTÉMOLOGIE DU CORPS SAVANT
Tome I : Le chercheur et la description scientifique du réel
Espaces et Temps du Sport
15/09/14 21:11:47
Épistémologie du corps savant
Collection"Espaces et Temps du Sport" dirigée par Jean Saint-Martin et Thierry Terret Le phénomène sportif a envahi la planète. Il participe de tous les problèmes de société, qu'ils soient politiques, éducatifs, sociaux, culturels, juridiques ou démographiques. Mais l'unité apparente du sport cache mal une diversité aussi réelle que troublante : si le sport s'est diffusé dans le temps et dans l'espace, s'il est devenu un instrument d'acculturation des peuples, il est aussi marqué par des singularités locales, régionales, nationales. Le sport n'est pas éternel ni d'une essence trans-historique, il porte la marque des temps et des lieux de sa pratique. C'est bien ce que suggèrent les nombreuses analyses dont il est l'objet dans cette collection créée par Pierre Arnaud qui ouvre un nouveau terrain d'aventures pour les sciences sociales. Dernières parutions Christelle MARSAULT et Sabine CORNUS,Santé et EPS : un prétexte, des réalités, 2014. Marc BARREAUD et Alain COLZY,Le Stade de Reims, Les années tango (1971-1979),2013. Jean-Yves GUILLAIN,Histoire du golf en France(1856-1939)Volume 1Le temps des pionniers,2013. Jean-Yves GUILLAIN,Histoire du golf en France(1856-1939)Volume 2, Le temps de l’institutionnalisation,2013. Laurence MUNOZ et Jan TOLLENEER,L’Église, le sport et l’Europe, La Fédération internationale catholique d’éducation physique (FICEP) à l’épreuve du temps (1911-2011), 2011. Philippe GASTAUD,Sports et mouvements de jeunesse catholiques en Guadeloupe au XXe siècle. Histoire de l'identité créole, 2010. Guillaume ROBIN,Les sportifs ouvriers allemands face au nazisme (1919-1933), 2010. Florian LEBRETON,Socio-alternatives ». Cultures urbaines et sportives « anthropologie de l'urbanité ludique, 2010. L. MUNOZ, G. LECOCQ (dir.),Des patronages aux associations; 2009. Xavier GARNOTEL,Le peloton cycliste. Ethnologie d’une culture sportive, 2009. Claude CALVINI,Sport, colonisation et communautarisme : l’île Maurice (1945-1985),2009. Youcef FATES,Sport et politique en Algérie, 2009. Stéphane MERLE,Politiques et aménagements sportifs en région stéphanoise, 2008.
Sous la direction de Matthieu QuiduÉpistémologie du corps savant Tome ILe chercheur et la description scientifique du réel
Du même auteur Épistémologie du corps savant. Tome II : La recherche scientifique comme expérience corporelle,Paris, éd. L’Harmattan, coll.« Espaces et temps du sport », 2014. Innovations théoriques en STAPS et implications pratiques en EPS. Les Sciences du sport en mouvement,Paris, éd. L’Harmattan, coll. « Le mouvement des savoirs »,2014. Les Sciences du sport en mouvement : Innovations et traditions théoriques en STAPS,Le mouvementParis, éd. L’Harmattan, coll. « des savoirs »,2012. Les STAPS face à la pluralité théorique: approches analytique, normative et compréhensive en Sciences du sport,Sarrebruck, éd. Les Éditions Universitaires Européennes, 2012.© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03953-4 EAN : 9782343039534
Ce qui est suspect, ce n’est pas tant une subjectivité qui se pose et s’analyse comme telle mais bien ce qui se prétend objectivité en fonctionnant sur la négation de sa propre subjectivité. Claude Pujade-Renaud, 1983.
Préface
Le corps savant
Arlette Farge Parler de « corps savant » demande explication. Le chercheur est en attente de savoir ; cette attente est à la fois un processus mental, un désir, et une demande faite au corps, de suivre jour après jour les aléas d'une recherche choisie par avance. En histoire, le chercheur qui choisit un objet d'étude a plusieurs manières de concevoir son choix : soit il pense que l'objet est « à la mode » et peut lui apporter,in fine,une carrière ; soit il est passionné par l'objet choisi ; soit il entretient avec lui une relation non avouée déterminée par de nombreuses raisons : plonger dans des traumatismes de son enfance ou les quitter, entrer dans ce que le présent lui propose comme questionnement, comprendre ce qui fut avant etc. Souvent une raison intime conduit le chercheur : son corps est alors très à l'écoute de lui-même. En général, le « savant » ou le chercheur ne connaît guère son corps ; universitaire, il a mis son esprit au premier plan. D'ailleurs, ni l'académisme des universités ni celui des grandes écoles n'a le temps de lui faire soupçonner qu'il a un corps… Par contre, il sait détenir une intelligence ; mais la relation à l'objet est le plus souvent dépossédée, au départ, de toute idée de corporéité personnelle. Malgré ce dispositif de savoir/pouvoir, le corps est malgré lui entraîné, de façon inévitable. Philosophe, scientifique de sciences exactes, littéraire, historien, le corps va d'espace de travail en espace de travail qui, tous, lui demandent une forte présence physique. À la bibliothèque, le corps de l'historien est assis, courbé sur les documents ou archives dans la position classique du lecteur ; celui du littéraire possède davantage de moyens de disposer de son corps : il peut lire partout, tablette, domicile, Internet, bibliothèques municipales ou universitaires etc. Scientifique, le corps habite dans un laboratoire aux hiérarchies avouées ; il manipule des matériaux organiques ou physiques, monte des expériences avec une équipe, vit collectivement, procède par essais/erreurs, très concentré sur ses résultats et des projets futurs. Il voyage souvent, parfois avec des collègues, et publie énormément pour « rester dans le coup » comme on dit. Son corps et son esprit sont habitués aux réflexions partagées, aux réunions de groupe, et surtout à connaître le doute. Dans la société civile, par contre, il est plus mal à l’aise, il a difficulté à partager ses connaissances, à faire comprendre ce qu'il cherche et comment. Ainsi est-il dépossédé d'une partie de lui-même, celle de la communication sur son travail. Cet aspect donne à son corps un autre habitus, un peu lointain ou rêveur, amplifié par le regard d'autrui. Il
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arrive que certains aient une telle passion pour la transmission, que leur corps se sert de gestes, de tons de voix, pour rapprocher enfin les scientifiques de leur interlocuteur. En général, l'historien recherche ce qui ne fut pas dit, perçu, révélé, et se trouve immergé au-dessous des événements les plus connus. En prise avec son temps, il pose des questions à l'histoire venant du présent, qui, jusqu'ici, n'avait pas obtenu de réponse. Pour cela, il recherche des documents nouveaux, des archives méconnues afin de débusquer les traces d'un passé tenu sous silence, dont il a la conviction qu'elles ont fabriqué, organisé l'histoire. Or, le silence de l'histoire est un continent : certes, les livres d'histoire, les médias, les cours donnés dans les écoles grandes ou petites, ont véritablement cerné la chronologie des événements passés depuis l'Antiquité à nos jours. Elle a aussi, grâce à une approche des conditions de vie, démarqué les moments de rupture, de guerre et d'insurrection les plus intenses. Elle a dessiné une ligne, allant d’événements en événements, et forgeant les esprits, et tous les corps, ceux de l'enfant à ceux des grands adolescents, qui ainsi ont « vu » l'histoire se faire, s'améliorer et s'attacher aux multiples progrès. Tout cela de façon linéaire. Trop linéaire. Si l'on décide d'approfondir ce que Michel Foucault appelait à la fois « le grain des jours » et « l'histoire du dessous », on s'aperçoit que les choses sont beaucoup plus complexes, et que la discontinuité, la rupture, sont factrices d'histoire, tandis qu’un gouffre enrobe l'ensemble. En fait, l'historien travaille sur le manque, des fragments et des bribes ; et les ruptures viennent briser le cours ordinaire des choses. Il doit vivre avec l'absence et le silence des sources, ce qui provoque une grande humilité et la passion d'aller plus loin. Aller vers la découverte du « grain des jours », impose au corps de nouveaux gestes ou dispositions. Le voyage est hasardeux ; il ne se fait pas du premier coup ; tant de chemins espérés deviennent des impasses. Le travail se fait dans des salles de bibliothèques réservées aux documents les plus rares, les manuscrits sont lus avec précaution, sous la surveillance de présidents de salle. L'encre est bannie au profit du crayon papier qu’il faut sans cesse retailler ; les manuscrits sont posés sur d’énormes « buvards » de tissu vert, et pour s’attarder sur une page, « une queue de chat » s’impose, c'est-à-dire un serpentin de velours vert, lui aussi, bourré de sable fin. Les gestes sont précautionneux, lents, attentionnés, vaguement anxieux. Parfois la photographie (permise) vient en aide, même si les manipulations ne s’avèrent guère aisées. Dans l'idée d'immersion (qu'il s'agisse d'archives lues ou d’enluminures) git une première constatation : il faut savoir déchiffrer une calligraphie et un graphisme à nos yeux étrangers, dépasser une syntaxe et une ponctuation différentes. Certains saisissent d’emblée le document, d'autres prennent des notes, d'autres - comme moi - recopient le texte à la main pour que le geste artisanal de la copie et la pensée d’autrefois soient en harmonie, puis ajouter
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son dessin personnel des mots aux structures graphiques de ceux d'autrefois. Doux est le geste de la copie ; il prend du temps mais apaise, prolonge l'impression physique « d’être avec ». Les corps tracent des traces sur les traces du passé, c’est une mise en abîme somptueuse et poétique. Avant de recopier des documents, les chercheurs déchiffrent la langue, e celle du Moyen Âge, de l'Antiquité ou du XVIII siècle. Or, cela oblige à s'effacer pour laisser advenir le sens qu’a donné l'autre depuis si longtemps défunt. Lorsqu'on parvient à entrevoir ce que fut autrui et ce qu'il a « peut-être » voulu signifier, l'expérience corporelle ressemble à une lecture de partitions de musique d'autrefois, à leur incorporation dans une mélodie inhabituelle. En même temps, l'on s'attache à accomplir un acte de raison (déchiffrer, comprendre, avoir compris) et l'émotion survient de pénétrer à petits pas dans un monde lointain, dont il faut capter le sens. Pour écrire sur cette dimension charnelle de la recherche, il n'est qu'à regarder les collègues autour de soi, puis peindre leur tableau, chorégraphier leurs mouvements, s'attarder sur leurs gestes d'hésitation ou de fatigue. Après ces regards posés sur les autres, on peut tenter d'écrire sur les corps ; surviennent rapidement des métaphores, à moins que pour certains, ce ne soit une écriture clinique de froide lucidité sur les moments cognitifs du corps, c'est selon. Mais qu'est-ce qu'un corps ? S'il est de sexe féminin, le voici souvent suspecté d'irrationalité et d’un trop-plein de sensibilité. Or la femme, comme l’homme, réagit aux événements comme aux objets de recherche avec son propre héritage et avec une « féminité » (si cela s'appelle ainsi) qu'il faut tout simplement mettre en parallèle avec la « masculinité » avant de la déprécier. L'intelligence de la sensibilité est un outil majeur, inventif, qui débusque de nouveaux résultats. Le corps de la chercheuse est observé ; combien de fois n'a-t-on pas dit « la » scientifique un tantinet masculine, et « la » littéraire, voguant sur l'esthétisme et l'évanescence des concepts. C'est un long et parfois très douloureux parcours que d'être un corps de « savante ». En gros, cela ne se fait pas, ou bien cela se fait oublier. S'il arrive qu'en historienne, vous avez choisi de travailler sur l'histoire des relations entre les sexes (le genre), deux écueils se dressent : l'un, risquer de perdre toute objectivité ; l'autre, accepter qu'un engagement éthique guide vos pas et dès lors détruise le sens et les résultats de la recherche entreprise. Alors où se placer ? Une fois la recherche terminée, l'historien écrit. C'est peut-être le plus sublime et le plus exposé des voyages à entreprendre. Certes, écrire est un talent, mais travailler à cet acte, prendre le temps de construire des phrases, d'intimer un rythme au récit, une mélodie particulière, sont des moments difficiles. Il faut éviter lyrisme et poésie, laisser de côté (c’est dommage) les formes épiques qu'aimait Michelet et que Walter Benjamin réclama dans ses Fragments. Il faut écouter ceux qui, comme Jean-Pierre Vernant, demandaient « de la chair à l'histoire » ; tout cela pour fracasser l'habituelle linéarité des textes historiques. Paul Ricœur apprit aux historiens qu'ils
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