L ultime balle de match
178 pages
Français

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L'ultime balle de match , livre ebook

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Description

Elvin Deaton, basketteur professionnel, récemment recruté par le Sporting-Club, club phare de la Capitale du Maine, est retrouvé mort à son domicile, tué par balle.


Le jeune journaliste Marc Morel et l’expérimenté capitaine de gendarmerie Francis Schubert, qui ne se sont jamais rencontrés, enquêtent en parallèle sur les circonstances du décès du joueur américain. La thèse du suicide rapidement écartée, l’affaire soulève de multiples interrogations et ouvre la voie à toutes les hypothèses.


Qui avait intérêt à supprimer le sportif connu pour ses frasques, ses incartades ? Affaire de mœurs, histoire d’argent, rivalité sportive exacerbée entre coéquipiers, conflit d’intérêt ? Les pistes potentielles sont multiples... et les non-dits nombreux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2021
Nombre de lectures 4
EAN13 9782381537337
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ultime balle dematch
La SAS 2C4L— NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Alain Moire
L’ultimeballe de match
À Florelle et Coline, mes enfants
Ce que, finalement, je sais de plus sûr sur lamorale et les obligations des hommes, c’est au sport que je ledois.
Albert Camus
L’homme est un loup pour son frère.
Jacques Higelin (Banlieue Boogie Blues)
LUNDI 16 MARS
19h30
MarcMorel sortit de la rédaction et poussa un soupir d’aisedans la fraîcheur naissante de la rue. Quel foutu journal, pascapable de s’offrir une climatisation ! Dès lespremières chaleurs, le local réservé auxsportifs de service se transformait en véritable étuve.Putain de chaleur, trente degrés fin mars ! Un temps àne pas mettre un journaleux dans la fournaise. En l’absence deson rédacteur en chef, ironie du sort, parti à larecherche du soleil, Morel en avait pris pour quinze jours en solo.Une quinzaine qu’il appréhendait : les « Romejko »du fenestron annonçaient une longue période de beautemps chaud et sec.
L’airconditionné de son véhicule lui permit de gommerrapidement les effets de la canicule. Il fit le point sur sa journée.Rien de bien particulier à vrai dire. Comme chaque lundi :conférence téléphonique avec le siège dujournal, préparation de la pagination et répartitiondes missions de la trentaine de correspondants. Seul cet emmerdeur deprésident Morandini l’avait coincé au téléphonedurant une bonne demi-heure. Il l’avait détournéde ses tâches administratives, sous prétexte que lepapier concernant son équipe de foot lui avait déplu.
— Toujourset encore l’ostracisme de votre journal envers notre club. Ongagne 4-1 et vous trouvez le moyen d’écrire que nousavons été bien pâles. Il vous faut un score derugby pour que vous nous trouviez bons. J’aurai deux mots àdire à votre pigiste lorsqu’il remettra les pieds austade.
Commeà chaque rencontre, aurait-il dû ajouter. Suite auprochain compte rendu qui ne manquera pas d’offenser cet ardentdéfenseur de l’objectivité.
Morel ouvrit la portede son F3 en duplex niché au cœur de la vieille ville autroisième étage d’un immeuble surplombant larivière qui serpentait au sein de la cité. De saterrasse panoramique, le journaliste disposait d’une vueimprenable. Outre la lumière traversante, l’expositionplein sud, le calme absolu, les poutres apparentes et l’escalierquart tournant ancien apportaient un vrai cachet à l’ensemble.
Son portable vibra.C’était Marion, la secrétaire du journal,passablement excitée.
— Marc,faudrait que tu reviennes au canard, Elvin Deaton est mort.
— Quoi ?
— T’asbien entendu. Henri l’a appris par hasard à la CitéJudiciaire. Il m’a demandé de te joindre. Il est restésur place. Il se rencarde.
Elle raccrochaaussitôt.
Elvin Deaton étaitla vedette incontestée du Sporting-Club, le club de basketprofessionnel de la cité cénomane, en mauvaise passesportive. « Deaton est mort ! Comment ? Entout cas, pas de vieillesse, il avait trente-quatre ans. »
19h30
Charlotte Deschampsrentrait de son cours de piano à deux pas de son domicile.Elle avait un visage rond, un petit nez court et droit, un teint deporcelaine illuminé par des yeux bleus en amande. De longscheveux noirs bouclés lui tombaient sur les épaules.Elle portait une robe bleu clair, très élégantequi tranchait avec la paire de baskets défraîchiequ’elle avait aux pieds.
Intriguée parl’agitation inhabituelle qui régnait dans l’alléeperpendiculaire à celle de sa maison, la filletteexceptionnellement fit une halte. Elle exécrait la foule, lebruit. Charlotte s’approcha d’un attroupement d’unevingtaine de personnes. Deux gendarmes de la brigade localeinvitaient les curieux à passer leur chemin. Un homme affubléde grosses lunettes en écailles sortait d’une demeureaux murs blancs que rien ne distinguait de ses voisines.
Au Clos Joliot-Curie,les résidents, pour la plupart des cadres, n’avaient pasrechigné à la dépense en contrepartie d’uncadre de vie paisible et sécurisé. Un jardin privatif,une surveillance de nuit assurée à partir de 22 heures,les pavillons haut de gamme s’étaient arrachéscomme des petits pains. Tout était huilé, organisé,policé, aseptisé.
À cinqkilomètres de tous les centres de décision dudépartement, desservi par une quatre-voies, replié surlui-même, le lotissement, coulait des jours tranquilles depuisson inauguration quatre ans plus tôt. Pas le moindre incident àsignaler dans la banlieue résidentielle. Jusqu’àce lundi de mars.
Charlotte en oublial’heure, sa réserve naturelle, son aversion pour lesfoules, les interactions sociales, et profitant de sa petite taille,s’insinua au cœur de l’attroupement, saisissant aupassage quelques bribes de conversation.
— Il paraîtqu’il y a un mort au 6 allée des Pins.
— Depuisdeux ans, ça change tout le temps de locataire.
— Çadevait arriver. Il y a souvent des allées et venuesl’après-midi. Toujours des grands gaillards noirs.
— Normal, legars qui habite là est basketteur. Je l’ai vu l’autresoir aux infos régionales. C’est la nouvelle vedette duSporting Club.
— Vedette ?Tu parles, le Sporting est 14 e du classement sur 16équipes. C’est plutôt un mercenaire qui vientgagner de l’argent facile.
Charlotte en déduisitque ce devait être le grand Noir qu’elle avait croiséplusieurs fois en rentrant de l’école. Il lui avaitsouri, puis avait continué son chemin de son allurenonchalante, mains dans les poches et casquette à visièrevissée sur la nuque. Lorsqu’elle avait évoquécette rencontre avec sa mère, elle n’avait obtenu commeréponse qu’un vague : « Je me demandebien ce qu’il fait ici ! »
Elvin Deaton, mort dansson salon, ne faisait plus rien. Elvin « la mainchaude » refroidissait à jamais.
20h15
Merde ! La soiréeest foutue, se dit Marc. Il suffit que Jean-Louis Tournefroid, lechef de rédac, se barre à perpète pour quel’affaire de la décennie me tombe dessus. Deaton, mort,attendra bien une bière ! Il faut rafraîchir lamachine avant de retourner dans le four rédactionnel. Unenouvelle journée en raccourci s’annonce. Il va falloircasser la page pour caser la nécro de Deaton, ses derniersétats de service et, si possible, les circonstances de sadisparition. Sans oublier le gras avec les premièresdéclarations du président, du coach, au minimum. Çane va pas être du gâteau de joindre tout ce beau monde àcette heure-ci. Re-merde !
À cet instant dela soirée, le secrétariat de rédaction étaiten ébullition, on bouclait les pages locales. Pour une fois,l’actu sportive avait aussi suscité l’intérêtdes localiers. Le fait divers ferait la une de l’éditiondépartementale. Mais pour l’instant toujours pas denouvelles ! Accident, suicide, homicide : meurtre,assassinat ?
Autant profiter de cetemps mort pour téléphoner tous azimuts. Le potage vatourner à l’aigre pour mes interlocuteurs.
De la soupe à lagrimace en perspective dans l’environnement de la balle aupanier. Allez, on s’arrache ! Commençons par leprésident. Ça va être un choc, Deatonreprésentait pour lui la dernière chance de sauver leclub de la relégation.
Son arrivée,trois semaines plus tôt, avait été présentéecomme l’amorce d’un redressement quasi certain. Dotéd’un caractère de cochon, d’une hygiène devie très aléatoire, « Mister »Elvin bourlinguait en Europe depuis plus de dix saisons au gréde ses incartades, de ses lubies, de ses coups de blues.
Joueur talentueux, iltrouvait toujours à se recaser. Ainsi, ÉdouardLangevin, président du club, chef d’entreprise àla retraite, habituellement posé, pondéré,réfléchi, n’avait pas hésité àprendre un gros risque lorsqu’Elmore James, un agent dejoueurs, lui avait proposé Deaton pour ce qu’il estimaitêtre une bouchée de pain. Une affaire, presque un don duciel, mais un paquet d’emmerdes potentiels aussi.
Pour boucler lechampionnat, on ne pouvait rêver mieux sur le papier. Peuimportaient les frasques passées du Ricain, Gary Lewis, soncompatriote et prédécesseur, qui traînait lapatte en raison d’une aponévrositeplantaire récurrente , fut quasiment remerciésur-le-champ pour faire place au SAUVEUR.
— Salut,Édouard, c’est Marc Morel !
— Encore auboulot à cette heure ! Je croyais qu’aux sports, onbouclait à 19 heures. Tu fais du zèle pendant l’absencede ton rédacteur en chef ? C’est bien, mon petit,tu iras loin !
Langevin, d’humeurcaustique, ne se doutait de rien. Morel décida d’adopterla méthode abrupte, directe.
— Rassure-toi,je ne suis pas là pour fayotter. J’avais bienl’intention de passer une soirée peinarde.
— Qu’est-cequi t’en empêche ? Et pourquoi ce coup de fil ?Tu manques de matière ? Tu ne vas quand même paspondre un papier maintenant ! Je n’ai pas de scoop àte donner.
— Moi si,Édouard. Et ce n’est pas franchement une bonne nouvelle.Deaton est mort ! Je ne peux pas t’en dire plus pourl’instant. J’attends des infos. Mon confrère HenriBoyer est à la Cité Judiciaire. Je t’appelais, enfait, pour avoir une réaction à chaud.
De réaction, iln’y en eut pas pendant un long moment. Silence total sur laligne. Langevin était apparemment en apnée.
20h15
HenriBoyer avait horreur du sport. Voilà qu’il étaitmêlé à cette sombre histoire de basketteurretrouvé mort dans son salon. C’est tout ce qu’ilen savait pour l’instant. Il faisait les cent pas devant lebureau du procureur de la République. Il n’étaitpas le seul. La rumeur s’était répandue, commechaque fois dans ce genre de circonstances, à la vitesse duson. Son confrère Alain Marchal, du « MaineIndépendant », avait lui aussi fait ledéplacement, accompagné par l’impayable AlfredWagner. Un vieux de la vieille qui avait le gosier en pente etpassait la quasi-totalité de sa journée à  L’Annexe .Un petit troquet d’habitués, déserté àc

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