La Femme est l'avenir du rugby , livre ebook

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La Femme est l’avenir du rugby. Ce sport habitué à cultiver frénétiquement des amitiés viriles, au point d’exhaler un parfum de machisme implicite confinant même à la misogynie, vit sa révolution copernicienne. Au prix de maints sacrifices et de la volonté de fer de pionnières acharnées, les femmes ont tracé leur chemin sur le sentier de l’Ovalie. Les barrières sont tombées et les femmes osent aimer le rugby à haute voix, le nombre de pratiquantes et d’amoureuses du rugby ne cessant de croître au fil des années.
Les femmes aiment le rugby, beaucoup, passionnément, voire même à la folie, souvent même plus encore que les hommes, comme en témoigne un kaléidoscope réunissant quarante fans d’Ovalie. On y retrouve des joueuses bien entendu, de tous niveaux qui plus est, mais aussi des actrices impliquées dans le monde du rugby (dirigeantes, coaches, arbitre, bénévoles, supportrices) ou même des artistes et intellectuelles que l’univers de ce sport fascine. Des femmes de toutes générations et aux multiples origines géographiques, même en outre-mer.
Les femmes sont en passe de s’approprier un sport qui leur fut quasiment interdit à une certaine époque. Quarante témoignages tendres, drôles, émouvants, surprenants, édifiants permettent de comprendre les motivations qui les attirent vers le ballon ovale. L’occasion, aussi, de montrer que le rugby se révèle comme un vecteur inattendu de l’émancipation des femmes du XXIe siècle, ces dernières revendiquant haut et fort leur droit de jouer ou d’aimer ce sport au même titre que les hommes.
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Publié par

Date de parution

18 octobre 2018

Nombre de lectures

3

EAN13

9782312063218

Langue

Français

La Femme est l’avenir du rugby
Lionel Grillot
La Femme est l’avenir du rugby
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06321-8
Remerciements
Jean-Jacques Bach
Lionel Baldasso
Alain Berthe
André Guisiano
Damien Kéro
Hugues Meillereux
Cyril Manière
Thierry Simon
Avant - propos
Je m’en souviens encore comme si c’était hier. En ce 13 août 2014, l’équipe de France féminine de rugby s’apprête à rencontrer le Canada, en demi-finale de la Coupe du Monde, et le stade Jean-Bouin résonne d’une étonnante ferveur qui n’est pas sans me rappeler les plus belles heures du Tournoi, partagées à deux pas de là, dans le bouillonnant Parc des Princes. Pour ne pas être en reste, le vaisseau amiral du Stade Français s’est mis sur son trente-et-un afin d’accueillir ses princesses d’Ovalie.
Bercé par cette ambiance électrique, scotché à ma place, en tribune de presse, je soliloque en silence : « Si un jour, on m’avait dit que j’assisterais à une demi-finale de Coupe du Monde féminine de rugby, dans un stade Jean-Bouin plein et dans une ambiance de folie, je ne l’aurais jamais cru. »
Mon voisin de pupitre, baroudeur des stades du monde entier depuis plusieurs décennies et légende vivante de la presse ovale française, c’est-à-dire Jean Cormier , se tourne alors vers moi et me glisse, incrédule : « Si un jour, on m’avait dit que j’assisterais à une demi-finale de Coupe du Monde féminine de rugby, dans un stade Jean - Bouin plein et dans une ambiance de folie, je ne l’aurais jamais cru. »
Transmission de pensée de deux plumitifs dépassés par une réalité qu’ils n’auraient jamais pu, ou même voulu, imaginer. D’autant que quelques jours plus tard, le scénario se répétera le jour de la finale, avec la même intensité, l’effet de surprise en moins.
Quelques mois auparavant, soit au printemps de cette même année 2014, je me souviens également de la réflexion d’Isabelle Picarel, photographe à la FFR, avec lequel je réalisais un reportage à Marcoussis. Nous longions nonchalamment le gazon verdoyant du CNR lorsque ma collègue s’est exclamée, pleine d’entrain : « Le terrain où l’équipe de France jouera ses matches de poule de la Coupe du Monde, ça devrait être sympa. »
Et moi de lui rétorquer, fort de mes certitudes d’expert qui ne pouvait pas se tromper puisque j’étais un homme et que le rugby restait, qu’on le veuille ou non, l’apanage de la gent masculine : « Mais voyons Isabelle, ne rêvons pas. Nous, ça nous motive car nous sommes concernés, mais sinon ? Une Coupe du Monde en plein été, au fin fond de l’Ile de France pour aller voir des filles jouer au rugby. Franchement… Ça n’intéressera que les familles et ami(e)s des joueuses. »
Mea culpa, car je me suis évidemment trompé sur toute la ligne. Non seulement Marcoussis a pris des airs de kermesse ovale estivale pour cette Coupe du Monde, mais à l’occasion des matches des Bleues, les supporters ont carrément pris d’assaut le CNR ! La première rencontre des Tricolores a même donné lieu à une scène baroque, avec un Président de la FFR, Pierre Camou, se pressant au guichet du stade pour permettre aux supporters, bloqués à l’entrée, de pénétrer dans l’enceinte fédérale.
Tout ça pour dire que lors de cette soirée du 13 août 2014, j’ai définitivement pris conscience d’une réalité qui couvait pourtant, mais qui avait échappé au phallocrate ovale que je m’obstinais, aveuglément, à demeurer. L’heure des femmes avait bel et bien sonné et toute la planète ovale s’en trouverait, inévitablement, bouleversée. Dont acte.
Les femmes se trouvaient en passe de s’approprier ce rugby, symbole du sport collectif masculin par excellence. Soit. Alors depuis ce jour, j’ai dans l’idée de comprendre pourquoi les femmes aiment de plus en plus le rugby ? Comment et à quel point peuvent-elles s’impliquer pour ce ballon ovale ? D’autant plus que les signaux d’alerte de cette vague de féminité n’ont cessé, depuis lors, de se multiplier.
Au nombre de licenciées fédérales d’abord, puisque la catégorie féminine demeure la seule en augmentation constante depuis une quinzaine d’années – au rythme 5 à 15 % par an – , même en ces années de vaches maigres où le chiffre global des pratiquants décline pourtant dangereusement. Au cœur de l’année 2018, la Fédération recensait ainsi 26 000 femmes dans ses rangs. Ne nous gargarisons pas non plus, ce chiffre n’a rien d’exceptionnel si l’on songe que le handball en compte environ 200 000, soit sept à huit fois plus !
À titre symbolique, le nombre de rugbywomen représente néanmoins le double de joueurs treizistes masculins, ce qui ne manquera pas de donner le vertige à tous ceux qui se souviennent de l’importance que le XIII a pu avoir à une certaine époque, certes lointaine, mais quand même… Le nombre de pratiquantes ovale ne se limite pas, de surcroît, aux seules licenciées fédérales, puisque de l’UNSS aux universités, et même au sein des entreprises, les effectifs féminins explosent comme des feux d’artifice au soir du 14 juillet. Éloquent.
Et c’est comme ça partout dans le monde, sur tous les continents ! La fédération internationale – World Rugby – revendique ainsi 2,4 millions de femmes sur les 9,1 millions de joueurs – réguliers ou occasionnels – impliqués dans « Get into rugby », programme d’initiation et de pratique ovale, avec une croissance exponentielle au sein de pays émergents asiatiques comme la Chine ou l’Inde. Des estimations astronomiques qui traduisent une lame de fond planétaire quant à la participation ovale des femmes. World Rugby en a même fait la priorité de son développement mondial avec un plan qui s’étend jusque 2025.
C’est aussi le cas outre-Manche, où la fédération anglaise, qui comptait, peu ou prou, autant de licenciées que la FFR en 2017, s’est donné les moyens de lancer un très ambitieux plan d’action de croissance du rugby féminin, avec un objectif d’attirer 100 000 joueuses supplémentaires d’ici 2021 !
Tout ne se limite pas non plus aux seules pratiquantes. Pour revenir dans l’Hexagone, les matches de l’équipe de France féminine à XV remplissent les stades et les Bleues attirent de plus en plus de monde devant la télé, comme le prouvent les cotes d’écoute enregistrées lors de la Coupe du Monde disputée à l’été 2017 (trois millions de téléspectateurs en prime time sur France 2). Les supportrices se révèlent également de plus en plus en nombreuses dans les tribunes. Absolument tous les indices de féminisation du rugby sont à la hausse, mais comme le disait Coluche : « Les statistiques, c’est comme le bikini, ça donne des idées, mais ça cache l’essentiel. »
Car l’essentiel se situe peut-être et même sûrement ailleurs. Cette vague féminine qui déferle sur le rugby ne fait qu’accompagner un mouvement beaucoup plus général qui irrigue tous les secteurs de notre société. Aujourd’hui, les femmes se rebellent et s’affirment. Elles refusent de subir le joug d’une société dominée, sans partage, depuis la nuit des temps, par les hommes. Elles dénoncent le harcèlement comme les agressions sexuelles dont elles sont les victimes. Elles revendiquent surtout l’égalité de droits et de traitements qu’on ne leur a jamais accordée. Comment leur donner tort ?
Une parité que le monde du rugby commence à appliquer, certes pas encore en France, mais au sein de la gouvernance de la Fédération canadienne par exemple. En Australie aussi, où le niveau de rémunération des septistes professionnelles a été aligné sur celui de leurs homologues masculins.
Les femmes s’émancipent, prennent leur destin en main, brisent les tabous et assouvissent leurs envies. Elles n’hésitent même plus à déclamer leur flamme pour ce rugby qu’on a même tenté de leur interdire ! Avec une fougue et un amour que peu d’hommes pourraient revendiquer même. Eloquent.
La première partie de ce livre, au travers de sept témoignages, permet ainsi de mesurer l’évolution, parfois laborieuse mais réelle, de la condition féminine en matière de rugby. Au travers d’un panel de quarante profils, aussi bien représentatifs que révélateurs, vous ressentirez alors l’intensité de cette passion

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