Lance Armstrong, l abus !
96 pages
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Lance Armstrong, l'abus ! , livre ebook

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Description

Armstrong, l'abus ! est tout à la fois un coup de gueule, un coup de semonce et un coup d'amour pour « la petite reine » perdue par son roi, Lance Armstrong.


Septuple vainqueur de la Grande Boucle de 1999 à 2005, le Texan a en effet annoncé qu'il comptait «essayer de remporter un huitième Tour de France ». Cette nouvelle participation relance les spéculations sur les lourds soupçons de dopage qui pesaient sur ce coureur à l'époque de ses exploits. Et ce retour au sein du peloton ne pouvait échapper à Jean-Emmanuel Ducoin, spécialiste du Tour de France. Comment expliquer que Lance Armstrong s'autorise à défier le public, les organisateurs et les coureurs alors que tant de questions, de doutes et de rumeurs planent sur une carrière particulièrement équivoque?


Cet ouvrage d'un amoureux inconditionnel du vélo dévoile ainsi les dessous et les «casseroles» d'organisateurs peu scrupuleux, décrit un milieu cycliste victime ou complice, relate le rôle de la presse et dénonce, enfin, le jeu cupide des médecins et des préparateurs faiseurs de produits dopants «légaux» et illégaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 103
EAN13 9782876233355
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DE QUOI EST-IL LE NOM?
« Si tu ne fais que vaincre, tu as ton nom dans les statistiques. Si tu convaincs, tu entres dans le livre de l’imaginaire. » Jacques Anquetil
Lance Armstrong a réenfourché la monture des sacrilèges. Comment ne pas y voir un abus? Un abus de plus? Un abus de trop? Un abus cyclique à tout ce que nous aimons. D’abord au vélo, à ses drames, à ses exploits qui, par les larmes et la sueur, ont scellé le pacte d’admiration entre les générations. Ensuite à ce bien précieux longtemps sanctuarisé – le Tour de France –, dont le lien si ténu désormais avec son peuple, d’ici ou d’hors-frontières, risque le sectionnement mortel au moindre assaut d’un chef de meute assoiffée par l’odeur du sang.
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Il y a deux façons d’écrire l’histoire : une façon froide et impavide ; une façon chaude et prospec-tive. L’une s’attache aux faits et y discerne les mar-ques invétérées des agissements des hommes ; l’autre relève de la croyance et scrute dans les évé-nements les prémices espérées d’un avenir meil-leur. Avec Armstrong, il convient de s’inventer une troisième façon. Les coups de bordure. Les attaques brutales, répétées et ciblées. Le harcèlement. Con-tre l’arrogance du Texan, toute retenue porte en elle l’échec assuré. « Bénis soient les fêlés: ils laissent passer la lumière », disait Audiard qui s’y connaissait en bécane. Lance Armstrong est tout le contraire. Opaque et sombre, l’homme a toujours été sans fioriture, assignant à ses victoires un professionnalisme tapageur. Là où d’au-tres se contentent de la tête et des jambes, lui court avec des médecins, des biologistes, des informati-ciens, des stratèges, des spécialistes en tout genre, des statisticiens, des tacticiens, des psychologues, des gardes du corps. Et surtout des avocats. Le septuple vainqueur du Tour est l’incarnationmême du di-lemme du dopage: tout le monde a compris qu’il se dopait massivement mais, à ce jour, aucune instance sportive n’a réussi à prouver qu’il avait « officielle-ment » triché. À quelques agissements près du moins. Nous les détaillerons un peu plus loin… Ainsi donc, faisant fi de tous les soupçons, le mi-raculé « bionique » avec ses faux yeux d’aigle et sa
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mâchoire blindée, qui s’enfilait les cols en apnée sans ouvrir la bouche, dont la peau-plastique ne bronzait pas, qui transpirait si peu qu’il ne luisait qu’après le bain, a repris les routes du cyclisme mon-dial avec la ferme intention d’en découdre avec les jeunes premiers. Comme si de rien n’était. À 37 ans. « J’ai décidé de revenir à la compétition en 2009 pour re-donner un nouvel élan à la lutte contre le cancer, cette tra-gédie qui touche chaque année des millions de personnes à travers le monde »,déclarait en septembre 2008 le cy-cliste, lui-même revenu d’un cancer des testicules. Valeureux vibrato. Bons sentiments. Larme à l’œil. Le cyclisme et le Tour de France pour promo-tionner sa Fondation? Pourquoi pas. Mais ce n’est pas nouveau. Depuis de nombreuses années, le vil-lage-départ comme tous les lieux stratégiques de la Grande Boucle sont envahis de petits bracelets jau-nes, symboles de la Fondation, mis en vente un peu partout. Ne pas le porter sur le Tour vous range dé-finitivement dans la catégorie des salauds, aveugle au sort des malades – intolérable. Le porter fait de vous un dévot de l’ex-boss – insupportable. Choisir son camp relève de l’anecdote ou de sa conscience personnelle. Un conseil : l’acheter sans le porter. Penser aux malades sans glorifier le cycliste… Bien belle fondation, la Lance Armstrong Foun-dation (LAF), plus communément appelée Lives-trong. Association caritative américaine fondée en 1997 par le coureur fraîchement sauvé de la mala-
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die, dont le siège se situe à Austin, ville natale du coureur, cette organisation dont le slogan est «unity is strength, knowledge is power and attitude is every-thing», a pour but officiel d’et de rendre plus« inspirer forts »les malades souffrant d’un cancer et leur fa-mille afin de faciliter les chances de guérison. Elle fournit des informations et lève des fonds pour fi-nancer ses programmes, l’aide aux malades et la re-cherche dans la lutte contre le cancer. Là encore on voudrait y croire. Ne croire qu’à ce bien-fondé. Oublier le caractère pour le moins ambigu du fonc-tionnement de cette Fondation – à l’image de tant de ses petites sœurs aux États-Unis… Inutile d’avoir vuLe ParrainIII, de Coppola, pour comprendre.
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Entre nous. Le cow-boy radioactif sorti de sa re-traite: qui pouvait y songer sérieusement? S’en-nuyait-il sans sa drogue annuelle, sans sa bonne dose d’adrénaline testostéronée pleine de morgue? Sommeillait-il si mal sans ce maillot jaune irradié d’histoire coincé sous sa couette? Que veut-il donc prouver encore que chacun ne sache? Qu’il est le mieux « préparé »? Qu’il possède un mental à toutes fins (in)utiles? Que tous ses congénères ne sont que des peintres endimanchés tout juste bons à jouer les faire-valoir? Que leur âge – donc le sien – n’a rien à voir à l’affaire? Était-il en manque d’une
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petite curée supplémentaire? Genre violente, avec rage et emportement? Ça tombe bien. Menteur, bateleur, voleur et expansionniste: Armstrong n’est qu’un impérialiste de l’après-Rea-gan. Le concernant, peut-on encore parler de « repré-sentation » sans penser « spectacle »? Sans penser qu’il s’agit d’une terrible crise de « la représenta-tion », d’une sévère et durable crise de l’imaginaire cycliste qui ne laisse personne indemne? La Petite Reine vivait à crédit à court terme. Le voilà déjà épuisé. Après une amélioration certaine en 2008 pour assainir un milieu gangrené par les affaires, alors même que les plus pessimistes commençaient à imaginer une rédemption collective crédible, que les tricheurs semblaient enfin noyés dans la masse des révoltés et que les mailles du filet répressif de la lutte antidopage se resserraient et devenaient presque cré-dibles, notre réveil, début 2009, fut douloureux. Fin de songes. Colère du chroniqueur-suiveur épuisé de tenir le registre macabre. Car une mau-vaise nouvelle n’arrive jamais seule dans le cyclisme moderne et, le hasard faisant bien mal les choses, il se trouve que le come-back du boss a comme dé-crispé le troupeau des bannis. Armstrong ne revient donc pas seul. Dans ses bagages, comme à la belle époque du pire, on trouve de tout. Du lourd. Du sale. Du rincé. Disons les grands tricheurs tombés au champ d’honneur des années 2000, dopés avé-
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rés ou impliqués sévères, bref ceux qui disputèrent les lauriers au Texan sur les routes du Tour. Les voilà qui hantent de nouveau le peloton: le Kazakh Alexandre Vinokourov, les Américains Floyd Lan-dis et Tyler Hamilton, l’Italien Ivan Basso… Il faut se pincer très fort pour y croire. Longtemps la forêt pourrie cacha les quelques arbres sains. Quelques arbres pourris vont-ils désormais obscurcir une forêt reverdie? « Il faut accueillir tous ces coureurs aussi bien que, à l’époque, vous l’aviez fait avec David Millar après sa sus-pension »,clame Lance Armstrong. Le Texan néglige une information. L’Écossais David Millar, qui avait certes trempé dans l’affaire Cofidis (2001), était, lui, passé aux aveux, reconnaissant avoir fait usage d’EPO. Mais Armstrong a réponse à tout:hé-« Est-ce roïque de sa part de s’être confessé? Certains disent que oui. »Et il ajoute:« Concernant Landis, il y a des preuves contre lui, mais d’autres en sa faveur. Et surtout, Floyd ne croit pas être coupable, il ne peut donc pas faire des aveux. Il ne va pas le faire juste pour que les gens le lâchent. Est-ce que nous faisons tous des erreurs? Oui. Notre société doit-elle pardonner? Oui. » Amen!
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Le plus incroyable dans cette histoire, c’est bien la passivité des instances dirigeantes. Pour ne pas dire leur complicité. Comme en témoigne la specta-
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culaire réconciliation entre les organisateurs du Tour de France et l’Union cycliste internationale (UCI), qui précipita à l’automne dernier l’éviction surprise de Patrice Clerc, ex-directeur d’Amaury Sport Organisation (ASO) et jusqu’alors véritable patron du Tour, pourfendeur numéro 1 des errances de l’UCI pendant des années en matière de lutte an-tidopage – au point que le Tour avait largué les amarres avec les instances internationales en 2008, confiant la gestion des contrôles antidopage à l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), pour le plus grand bien de l’épreuve: sept coureurs furent déclarés positifs grâce à des protocoles de re-cherche à la pointe de la technologie. Lutter contre le sur-naturel et le douteux était alors la mission don-née par la famille Amaury, propriétaire du Tour. Qui a depuis changé ses ordres. Et le plénipotentiaire par la même occasion, visiblement trop peu conciliant avec l’ex-ennemi UCI. Exit Clerc! Dorénavant, Jean-Étienne Amaury, jeune fils hé-ritier au sang pur, préside aux destinées d’ASO. C’est plus direct pour faire passer le message de Marie-Odile Amaury, patronne du groupe de presse du même nom, propriétaire deL’Équipeet duPari-sien. Quel message? Identique pour tout le monde: on rentre dans le rang! Consigne valable pour les journalistes deL’Équipe, auteur pourtant du scoop accusant Lance Armstrong d’avoir utilisé de l’EPO en 1999. Pédale douce sur la dope dans tout le
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groupe Amaury? Le 21 janvier 2009, la Société des journalistes (SDJ) deL’Équipepubliait un communi-qué s’inquiétant des« consignes données aux rubriques, au sein du journal »pourplus générer de révélations« ne et se contenter de traiter l’info dopage en réactivité ».Et la SDJ demandait:« Y a-t-il volonté de détourner les yeux du dopage? » Pendant ce temps-là, écoutant les atermoiements des uns et des autres, Lance Armstrong, revanchard, se régalait. Du jour au lendemain, Christian Prud-homme, directeur du Tour souvent fantoche (donc) toujours en place, laissait de côté ses discours véhé-ments envers les « tricheurs potentiels » qu’il fallait jadis « bannir » de la Grande Boucle pour la simple raison qu’ils portaient « atteinte à son image». Chan-gement de décor. Concernant le retour d’Arms-trong, Prudhomme miaule:vient, il sera considéré« S’il au départ comme tous les autres coureurs et ce ne sera ni une mauvaise ni une bonne nouvelle pour le Tour de France. »Mais ce n’est rien à côté de l’enthousiasme du président de l’UCI, Pat McQuaid:« Le retour de Lance Armstrong est une bonne chose pour le Tour de France et le cyclisme en général. C’est un grand champion et le meilleur ambassadeur du sport cycliste. C’est un héros sportif. »Et les traces d’EPO datant de 1999? Et toutes les autres accusations?« Tout ça,répond McQuaid,»ce ne sont que des allégations. Alléluia.
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