Marcher, une expérience de soi dans le monde
195 pages
Français

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Marcher, une expérience de soi dans le monde , livre ebook

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Description

Aujourd'hui en plus de son utilité de chaque jour, la marche est devenue une forme de tourisme appréciée, et même une médication pour préserver l'homme moderne des maux de nos sociétés occidentales contemporaines. C'est de cette itinérance pédestre des hommes qu'il a été ambitionné de rendre compte, en s'arrêtant sur plusieurs dimensions caractérisant la marche voyageuse : l'espace, le temps, le corps, l'environnement, l'expérience existentielle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 321
EAN13 9782296715431
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marcher, une expérience de soi dans le monde
Essai sur la marche écoformatrice
Du même auteur :
Autodidaxie et autodidactes , l’infini des possibles , Paris, Anthropos, 1999.
Chronologie de l’enseignement et de l’éducation en France, des origines à nos jours , Paris, Anthropos, 2001.
Le plaisir d’apprendre en ligne à l’université, implication et pédagogie , Bruxelles, DeBœck, 2009 (avec Sun Mi Kim).
Jacques Ardoino, pédagogue au fil du temps , Paris, Teraèdre, 2010.
Christian Verrier
Marcher, une expérience de soi dans le monde
Essai sur la marche écoformatrice
Préface de Pascal Galvani
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13785-1
EAN : 9782296137851
PRÉFACE – La marche écoformatrice
On voit depuis quelques années se multiplier les ouvrages sur la marche. Il était temps ! Car cette pratique ancestrale de formation humaine, ce moyen d’anthropo-formation fondamental, probablement aussi ancien que la maîtrise du feu, n’avait guère attiré l’intérêt des réflexions éducatives, ou des recherches en formation. Dans les publications récentes, la marche est explorée comme expérience philosophique, culturelle, écologique ou méditative. Une petite philosophie du marcheur (Lamoure, 2007) se constitue en revisitant les auteurs pour qui marcher est une philosophie (Gros, 2009). Le patrimoine littéraire est revisité pour constituer un apprentissage de la marche (Hue, 2010) qui s’ouvre sur l’expérience interculturelle de l’identité nomade (Fernandez, 2002). Certains soulignent la dimension d’écologisation et le potentiel de communion avec l’environnement (Thoreau, 2003) que produit l’ ivresse de la marche (Fisset, 2008). D’autres font l’ éloge de la marche (Breton, 2000) comme art de réflexivité existentielle (Solnit, 2004), la marche entre alors dans la contemplation , la marche est une forme de méditation (Brissiaud, 2004 ; Jourdan, Vigne 1998). Par rapport à toutes ces productions, le livre de Christian Verrier à l’originalité de se construire à partir de l’analyse de sa pratique dans une longue expérience vécue de marcheur. Cette expérience, il la définit lui-même dès le début du livre comme une « marche “moyenne”, se situant entre promenade de quelques heures et voyage à pied de plusieurs jours » (Verrier).
Un préfacier incompétent ?
En ce qui me concerne, le rapport à la marche est loin d’avoir été évident. Atteint d’une poliomyélite à l’âge de quatre ans, j’ai été paralysé un an. Malgré une guérison totale, la maladie a laissé comme séquelles des déformations aux pieds et l’absence de muscle au mollet gauche. Dans ces conditions, les simples mots de ballade ou de promenade suffisaient à me plonger dans l’angoisse, anticipant de longues souffrances solitaires. Les marches en groupe spécialement paraissaient infernales. Loin derrière, je passais mon temps à rattraper un groupe qui m’attendait… et, qui repartait, bien reposé, sitôt que je l’avais rejoint, pour me distancier aussitôt à nouveau. Dans un premier temps, c’est grâce au cheval et au canoë que j’ai pu m’immerger dans la nature en France et au Québec. Il m’a fallu atteindre quarante ans pour que mon rapport à la marche se transforme, avec la découverte du livre Régénération par la marche afghane (Stiegler, 1981). Dans cet ouvrage, l’auteur propose simplement de synchroniser le souffle avec le pas, comme il l’avait observé lors de ces voyages avec les montagnards d’Afghanistan. La simple mise en pratique de cette synchronisation du souffle a été une vraie révélation. Bien sûr, je ne suis pas devenu un grand marcheur, mais la capacité de marche a été décuplée. C’est-à-dire que je suis immédiatement passé d’un horizon de 500 à 800 mètres, à la possibilité de marcher de 5 km à 8 km. Cela peut sembler ridiculement peu mais c’était pour moi un changement radical, au point que je peux aujourd’hui envisager des déplacements sur plusieurs journées. Ce n’est donc pas en tant que spécialiste de la marche que je pourrais préfacer ce livre, mais peut-être comme un éternel débutant ?
Un essai biocognitif d’écoformation par la marche
L’auteur me pardonnera, je l’espère, ce titre alourdi de concepts théoriques, lui dont le texte est ciselé par une si légère modestie ! L’exploration de la marche proposée par Christian Verrier comme une expérience de soi dans le monde, est construite sur une exploration phénoménologique fine et rigoureuse. Ici, la pensée est constamment en dialogue, avec le corps et avec le monde. C’est pourquoi nous osons qualifier ce travail, d’essai biocognitif sur l’écoformation par la marche. Par biocognitif nous entendons une co-naissance, c’est-à-dire une co-émergence de soi et du monde à travers l’interaction complexe entre l’organisme et l’environnement. Par cette connaissance biocognitive, l’auteur explore les résonances du soi (autos) et du monde (éco) telles qu’elles se donnent dans l’expérience du cheminement pédestre. Précisons les mots. Le dictionnaire Littré définit l’essai, comme un ouvrage dans lequel l’auteur traite sa matière sans avoir la prétention de dire le dernier mot . Dire que ce livre est un essai, ce n’est pas dire que nous avons affaire à quelques choses de vague et d’imprécis. L’essai n’est pas une pensée molle sur un sujet qui aurait pu être traité rigoureusement et scientifiquement, c’est au contraire : « la plus grande rigueur que l’on peut atteindre dans un domaine où l’on ne peut justement pas travailler exactement » (Musil cité par Bouveresse, p. 381). L’essai c’est le maximum de rigueur de la pensée « dans un domaine qui ne se prête pas à l’utilisation de méthodes exactes et à un traitement de type systématique » (Bouveresse, p. 379).
« Dans le cas de l’essai, il se produit une sorte de fusion entre la pensée et la vie intérieure, qui n’a pas lieu lorsque la pensée doit rester, au contraire, impersonnelle et objective » (Bouveresse, p. 377).
Ce livre est donc un essai au sens où il est une pratique de la pensée complexe qui ne veut pas réduire le réel aux limites méthodologiques des sciences exactes. C’est une tentative d’ouvrir la pensée aux phénomènes vécus en intégrant les trois dimensions de la complexité : la récursivité auto-réflexive, le paradoxe dialogique qui permet de penser ensemble les éléments antagonismes les plus contradictoires, et enfin le caractère hologrammatique qui permet de retrouver dans l’expérience la plus singulière des éléments universels.
Une réflexion expérientielle sur la relation autoécoformatrice
L’essai de Christian Verrier établit un dialogue des trois raisons : la raison formelle bien sûr puisqu’il est question de rigueur dans l’analyse, mais aussi la raison pratique par le dialogue avec l’expérience, et enfin la raison sensible qui ouvre les résonances symboliques existentielles de l’expérience. Ce livre est une approche expérientielle de l’écoformation par la marche. La posture est résolument impliquée. La méthode consiste à décrire réflexivement l’expérience en dialogue avec des auteurs issus de différentes disciplines. La rigueur intellectuelle lui fait citer les auteurs les plus sérieux sur le sujet, mais ces références sont toujours soupesées 1 à l’aune de la connaissance expérientielle. Christian Verrier offre ainsi une interprétation de son expérience de marcheur en relation dialogique avec les œuvres de réflexion déposées dans la culture disponible. Christian Verrier nous propose d’explorer l’expérience écoformatrice de la marche autour de cinq pôles : l’espace, le temps, le corps, l’environnement, et l’expérience existentielle. L’écoformation émerge de l’interaction entre soi (expérience vécue), les autres (la culture) et les choses dans le rapport direct et concret du corps avec le sol, l’air, la terre, les éléments. Dans cette auto-éco-formation, le rapport au paysage n’est plus un rapport de représentation, le paysage s’incorpore (Gros, 2009).
Le Tao ou la manière du soi-même
Le livre de Christian Verrier ouvre au final sur la dimension existentielle de la marche. La marche est une pratique qui articule paradoxalement le plus universel et le plus intime. Elle est, au plan anthropologique, une caractéristique de l’être humain comme en témoignent les mythes les plus anciens ou les plus célèbres œuvres d’art contemporaines. Les sculptures de Rodin et Giacometti L’Homme qui marche expriment ainsi la quête humaine essentielle et fragile du trajet anthropologique (Durand, 1969). Mais la marche est en même temps la signature la plus singulière de l’individu : sa démarche personnelle . La démarche propre à chacun exp

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