Thierry D. confessions d un hooligan
79 pages
Français

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Thierry D. confessions d'un hooligan , livre ebook

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79 pages
Français

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Description

Garçon renfermé, solitaire avec cette impression tenace d'être un perpétuel incompris, Thierry s'est découvert des amis en empruntant des chemins d'infamie. Dans cette histoire vraie, des premières réunions entre nazillons, il se forge un personnage de méchant qui trouve un terrain de jeu idéal dans les stades de football. Une lente mais terrible descente aux enfers qui amorce sa décrue le jour où il découvre à la télévision les images du gendarme Nivel étendu sur le trottoir de Lens. Suivront une dépression puis une thérapie qui l'amèneront à découvrir une autre façon de voir la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 110
EAN13 9782296416413
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoire de Vie et Formation
Collection dirigée par Gaston Pineau avec la collaboration de Bernadette Courtois, Pierre Dominicé, Guy Jobert, Gérard Mlékuz, André Vidricaire et Guy de Villers

Cette collection vise à construire une nouvelle anthropologie de la formation, en s’ouvrant aux productions qui cherchent à articuler “histoire de vie” et “formation”. Elle comporte deux volets correspondant aux deux versants, diurne et nocturne, du trajet anthropologique.
Le volet Formation s’ouvre aux chercheurs sur la formation s’inspirant des nouvelles anthropologies pour comprendre l’inédit des histoires de vie. Le volet Histoire de vie, plus narratif, reflète l’expression directe des acteurs sociaux aux prises avec la vie courante à mettre en forme et en sens.
Déjà parus
Volet  : Histoire de vie
Christian MONTEMONT et Katheline, . Katheline , 2005.
Renée DANGER, Mon combat, leurs victoires, 2005.
Danièle CEDRE, La porte-paroles. De Elles à... Elle, 2005.
Jérôme ENEAU, La part d’autrui dans la formation de soi, 2005.
Malika LEMDANI BELKAÏD, Transhumer entre les cultures, 2004.
Marie-Claire GRANGEPONTE, (sous la dir. de), Classes nouvelles et gai-savoir au féminin , 2004.
Claire HEBER-SUFFRIN, Quand l’université et la formation réciproque se croisent, 2004.
Jean-Marie ALBERTINI, Mémoires infidèles d’une famille de Provence , 2004.
Jérémie MOREAU, Ma Mère, cette Utopie !, 2003
Ann VOISIN, Fabienne, Les négligences médicales sont-elles une fatalité  ?, 2003.
Patrick MOLINA, L’homme interdit , 2003.
Jean-François CHOSSON, La mémoire apaisée, au long des routes de l’éducation populaire et de l’enseignement agricole , 1928-2001 , 2002
Sommaire
Histoire de Vie et Formation Page de titre Page de Copyright 21 juin 1998 CETTE VIE N’EST PAS LA MIENNE LE SAUT DU DIABLE MON GRAND SOIR IL Y A SUPPORTERS ET SUPPORTERS AU ROYAUME DE LA BASTON MES TROIS GLORIEUSES 1998 : ANNEE HISTORIQUE LE VOL DE LA LIBERTE MA RENAISSANCE Epilogue - UN NOM ET UNE FEMME
Thierry D. confessions d'un hooligan

David Justet
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747593809
21 juin 1998
Ma vie a brusquement changé le 21 juin 1998 !
Le doigt vissé sur la télécommande de ma télévision, le sablier de mon existence a pris ce jour-là un cours nouveau. Et le torrent de fiel qui nourrissait mon être d’amorcer sa lente décrue ! Neuf années à fuir la vraie vie et exister sur le seul autel de la bagarre facile, la bête et surtout la très méchante, jusqu’à cet événement tragique qui allait me sauver d’un enfer programmé.
J’ai 29 ans et des histoires fracassantes récoltées aux quatre coins de France plein les poches. De Paris, Saint-Etienne, Nice ou Strasbourg, mes cartes postales sont toutes barbouillées de noir, couleur désastre.
L’information capitale, je l’ai prise en pleine face un soir de Coupe du Monde de football. Plus forte que les coups reçus dans le dédale de ma tournée des stades, plus rude encore qu’une droite du gros Mike de la grande époque, elle me laissa sans souffle.
Le K.O. presque parfait.
Ce 21 juin 1998, du côté de Lens, les hooligans allemands marquaient donc de leur empreinte, rouge sang, l’événement planétaire de cette année sportive inoubliable. Dans quelques semaines, Zinedine Zidane et Emmanuel Petit allaient envoyer le drapeau “bleu, blanc, rouge” flotter sur la planète ronde et moi j’entrais, piteux, dans le tunnel du repentir.
En cette soirée de fête tragique, ils laissaient sur le carreau un maréchal chef des logis de 43 ans, marié et père de deux enfants, dans un coma profond.
J’ai encore précisément en tête l’image du gendarme Nivel, étendu à même le sol sur un trottoir du centre de Lens. Je revois l’homme blessé, couché, face contre terre. Le militaire est inconscient, immobile et semble sans vie.
Ce cliché est vraisemblablement tatoué, lui aussi, quelque part, au tréfonds de ma mémoire.
Je me rappelle surtout de ce sentiment surréaliste et étrange à la fois où la stupéfaction se mélange à l’excitation. C’est le soleil qui a rendez-vous avec la lune sur fond d’ouragan déchaîné.
Je suis littéralement paralysé de tous mes membres et bientôt plus rien n’existe autour de moi.
Depuis neuf ans, que mes repères sont basés sur un magma de violence sorti d’un volcan en irruption permanente où se côtoient la force, la terreur et l’agressivité, je ne suis plus dans la norme, bel et bien à mille lieues des garde-fous d’une vie classique.
Oui, à ce moment-là, j’aurais voulu être avec ces types et tutoyer leurs cimes. Ils avaient touché le Graal en terrassant l’autorité ennemie.
Je devinais leur satisfaction et mesurais l’ampleur de leur acte. Car ce monde, c’était mon monde. Ce monde, c’était ma vie engoncée dans des valeurs touchant à la négation de l’autre. “Puisque tu n’es pas avec moi, tu es donc contre moi” la devise est estampillée hooligan. Je pourrais y rajouter avec solennité : “et si en plus, tu portes le bleu de l’uniforme, tu es donc contre nous tous”. Ici, point de sérénité de l’âme et encore moins de repos du guerrier. Ici, le guerrier n’est jamais fatigué car le guerrier aime et réclame l’affrontement. Un univers de violence avec ses codes et ses excès. Un univers sans foi ni loi.
Je savais du reste pertinemment que ce match programmé dans le Pas-de-Calais “Yougoslavie-Allemagne” sentait la dynamite non d’un point de vue sportif, le paramètre n’a pas lieu d’être entre nous, gens de mauvaise compagnie, mais d’un point de vue politique. Réminiscences mûries et cultivées depuis la Seconde Guerre mondiale. Parce que quoi que l’on en dise, le ballon rond n’a guère de considération dans ce milieu d’hooliganie. Il n’est qu’un prétexte, presque un mobile.
Nazis, skins, racistes, fanatiques, tous ces genres que l’on croisait au début des années 1990 dans certaines travées de France, je les ai connus, croisés, fréquentés, combattus même. J’ai été des uns, j’ai côtoyé les autres mais je n’ai toujours suivi que ma règle : oui à la violence facile et non, très peu, à la politique et ses courants les plus extrêmes. J’ai donné, merci.
Là, oui, j’ai existé. Reconnu, regardé, je me suis fait un nom et des amis. Bien plus en vérité que dans ma petite vie. Celle du chauffeur-livreur de profession qui traverse la vie côté coulisses. Le besogneux, le sans-grade, l’insignifiant. Qu’importe la façon, dira l’autre, pourvu que j’aie l’ivresse.
Dès le lendemain et les jours qui ont suivi, je pensais au gendarme et je pensais à ses bourreaux. Et en pensant à eux, inconsciemment sans doute, je m’analysais, moi. Pendant les six semaines de son coma, je n’ai plus rien manqué de l’affaire. Coupures de presse, journaux télévisés, enregistrements différés, tout mon quotidien n’a bientôt plus tourné qu’autour de ce fait divers. On y décrivait ses bourreaux comme des “jeunes gens ivres d’alcool et de violence, crânes rasés, arborant de multiples tatouages révélateurs de leur culture de mort”. L’image est d’Epinal quoique journalistiquement très colorée. On évoquait aussi “ces sauvages qui se sont déchaînés, déclenchant la panique en ville, détruisant tout sur leur passage tels des troupeaux de bêtes dégénérées”.
Passée l’émotion, l’image ne correspond pas non plus à la froide réalité. Le vrai hooligan, ce fut mon cas, n’a pas besoin de boire. Il n’a pas besoin non plus de se droguer pour se transcender. Le hooligan est naturellement dangereux. Il programme ses actions, se donne les moyens de ses ambitions et puise sa satisfaction dans la terreur qu’il provoque. Il est, pour reprendre les termes de la justice de notre pays, toujours “responsable de ses actes” avec l’intention permanente de marquer son territoire.
Je pensais aussi beaucoup à ce C.R.S. croisé un soir de forte houle au stade Geoffroy Guichard de Saint-Etienne en décembre 1993 quand, en pleine charge des militaires sur notre groupe, à l’heure de la grande panique du samedi soir, je m’étais retrouvé dans son dos. Et parce qu’à l’époque, je me sentais intouchable, je lui avais tout simplement volé son casque... Et parce qu&#

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