Brouage ville morte , livre ebook

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Comment comprendre Brouage, centre de ce « pays des îles de Saintonge », si nous ne savons que ce fut un grand port de commerce et de guerre, si nous ignorons sa prospérité, sa gloire et les circonstances de son déclin. Maintenant, nous ne pourrions plus qu’avec des embarcations minuscules venir de la pleine mer au havre abandonné...


Un livre, entre histoire, géographie et tourisme, pour agrémenter, illustrer et mieux appréhender une tranquille balade au cœur d’une petite citadelle des XVIe et XVIIe siècles, comme égarée au-dessus d’un paysage lunaire de terres gagnées sur l’océan et où la mer se pare souvent des coloris de la terre...


François de Vaux de Foletier, né à Noyant (1893-1988), historien et, successivement, archiviste départemental de la Charente-Maritime, de la Seine-Maritime et enfin de la Seine. On lui doit de nombreux ouvrages sur La Rochelle, la Charente-Maritime et le Poitou : Histoire d’Aunis et de Saintonge ; Le Siège de la Rochelle ; Brouage, ville morte. Ce fut également un grand spécialiste des Tsiganes (Les Tsiganes dans l’ancienne France ; Mille ans d’histoire des Tsiganes, etc.).


Après les rééditions de Petite Histoire d’Aunis et de Saintonge, Le Siège de La Rochelle, et La Rochelle d’Autrefois, voici celle d’un autre ouvrage qui porte sur ses terres de prédilection, initialement publié en 1938.

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Nombre de lectures

0

EAN13

9782824056128

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

31 Mo

9HSMIME*abahig+
FOLETIER
F.DEVAUXDEFOLETIER AQUARELLESDELOUISSUIRE
BROUAGE VILLEMORTE
É D I T I O N S D E S R É G I O N A L I S M E S
Les Remparts du côté de la mer.
Tous droits de traduction de reproduction et dadaptation réservés pour tous les pays. Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain Pour la présente édition : © EDR/ÉDITIONS DES RÉGIONALISMES ™ — 2021 EDR sarl : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.8240.1078.6 Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — linformatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... Nhésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra daméliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
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F. DE VAUX DE FOLETIER Aquarelles de Louis Suire
B R O U A G E V I L L E M O R T E
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I.
arementpays a subi des trans- un formations aussi profondes et aussi R rapides que cette région que l’on connaissait jadis sous le nom d’« îles de Sain-tonge ». Ainsi désignait-on non seulement l’île d’Oléron, mais toute une partie du conti-nent d’en face. De cette sorte de presqu’île que limitent les estuaires parallèles de la Seudre et de la Gironde, l’on disait « l’île d’Arvert ». Là ce n’était point seulement la mer elle-même qui, par ses offensives et ses retraites, modiïait la carte. Le sable marin, soulevé par les grands vents, ensevelissait parfois des maisons, des villages, sous des col-lines mouvantes. Ce qu’exprimait le dicton :
« Les monagnes marchen en Arver ». Depuis un siècle, une forêt de pins et de
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chênes-verts a ïxé les dunes, et les montagnes se sont assagies. Ce qu’on appelait le « pays des îles » c’était encore, et plus particulièrement, la région côtière comprise entre la Seudre et la Cha-rente, terre basse, longtemps envahie par la mer, marécageuse ; des îlots en émergeaient, portant petites villes, villages et châteaux, comme Soubise, Moëze, Brouage, Hiers, Ma-rennes et cette tour de Broue qui fut si sou-vent assiégée pendant les guerres féodales et la guerre de Cent ans. Pays de « broue », c’est-à-dire de terre de bri. Pays de « brouage », c’est-à-dire de chenaux que parcouraient en tous sens des ottilles de gabarres, d’escaffes, de pinasses et de barques. L’on circulait plus facilement par eau que par terre. L’on n’y roulait guère et l’on s’y sentait, comme dit Bernard Palissy,
« loin des chemins publics ».
Ce singulier pays, le potier saintais, savant géologue et naturaliste, le connaissait bien. Maître Bernard Palissy, « inventeur des rustiques ïgulines du roy », avait été chargé
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ofïciellement d’un travail important de car-tographie aux îles de Saintonge,
« pour figurer les isles e pays circonvoisins de ous les marez salans dudi pays ».
Et il y ït des expériences et des découvertes dont il rendra compte dans son ouvrage, dé-dié, en 1580, au sire de Pons, sesDiscours admirables de la nature des eaux et fontaines, tant naturelles qu’artiîcielles, des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux, avec plusieurs autres excel-lents secrets des choses naturelles.C’est qu’il n’est point de région où il ait eu autant l’oc-casion de « repaistre son esprit de plusieurs secrets de nature ». Ainsi a-t-il examiné les propriétés de l’absinthe,
« appelée Xanonique, à cause du pays de Xain-onge », et aussi du salicor,
« herbe qui crois communémen ès erre des ma-rais de Narbonne e de Xainonge ». Or, la dite herbe,
« esan bruslée, se rédui en pierre de sel, lequel
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sel les apohicaires e philosophes alchimises ap-pellen sel alcaly, brief c’es un sel provenan d’une herbe ». Il a ramassé dans les fossés des pierres,
« lesquelles en quelque lieu ou endroi qu’on les sçeu casser, elles se rouvoien pleines de co-quilles »,
et il y a reconnu aussi des minéraux et des plantes : il a découvert les fossiles. Mettons les œuvres de Palissy en poche avant de nous engager dans le labyrinthe des marais de Brouage. Il ne faudra pas craindre, pour nous préparer au voyage, de recourir aux vieux textes. Ce n’est pas là érudition desséchante. L’histoire donne tout son sens et prête une vie nouvelle à ces marais perdus et à ces citadelles mortes. Ainsi comment comprendre Brouage, centre de ce « pays des îles de Saintonge », si nous ne savons que ce fut un grand port de commerce et de guerre, si nous ignorons sa prospérité, sa gloire et les circonstances de son déclin. Maintenant, nous ne pourrions plus qu’avec des embarcations minuscules venir de la pleine mer au havre abandonné. Prenons les
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chemins de terre qui serpentent au travers de l’ancienne lagune en partant du Nord ou du Sud, en venant du passage de Charente ou du passage de Seudre.
*** Passage de Charente... La première ville des « îles de Saintonge », que l’on rencontre sur l’itinéraire de Brouage, en quittant l’Aunis, c’est Soubise. Est-ce la première ville, en importance, de toute cette région ? Ses habitants l’afïrmaient, avec une certaine superbe. Un sceau de 1583, qui représente symboli-quement le bourg, par une tour à demi-ruinée entre un navire à la voile gonée et une église, porte en exergue cette inscription :
SVBBISIA PRIMA VRBS INSVLARUM EST SVB BOREA
afïrmation d’une primauté, et, en même temps jeu de mots qui traduit le latin « sous bise ». Soubise, après avoir failli, au temps de Colbert, devenir grand port de guerre, se contenta d’être, pour les voyageurs venant de Marennes ou de Brouage, le point de passage
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vers le nouveau port et la nouvelle ville de Rochefort. Des bateliers faisaient traverser le euve, comme en témoignent les couplets de cette chanson :
Mon père a voulu m’embarquer, A Rochefor m’a ’envoyé Sauez mignonne... Le baelier qui m’a passé Devan Soubise m’a demandé Sauez mignonne... Devan Soubise m’a demandé De lui donner un doux baiser...
Maintenant, un bac à moteur tout neuf rem-place le bac remorqué par un petit vapeur, et qui succédait lui-même aux barques des passeurs de jadis. Du château de Soubise, il ne reste que quelques murs ruinés. Au pied, la Fontaine des Morts rappelle, par son nom, le souvenir d’un épisode de la guerre de Cent ans. Dans le bourg même, une maison remar-quable, construite par un architecte de la Renaissance, dans un style un peu lourd, mais d’un grand intérêt décoratif, abrite à la fois la mairie et l’école. Le mur de la cour et
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