La Route du Rhum
32 pages
Français

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Description


Regards d'un Bobo sur les Géants des Mers, le Rhum agricole et les Antilles



Les tribulations d'un Bobo sur la Route du Rhum



« Un premier p’ti punch : un grand bonheur. C’est fauteuils d’osier et des châteaux de fûts de chêne. » tout vu : nous passerons notre imminent séjour en Martinique à faire la tournée de ces propriétés qui évoquent si puissamment le romantisme des grandes familles békés de planteurs. Les comtes de Mauny, les Bally, Assier de Pompignan, Dyel-Duparquet, Hodebourg, Huygues-Despointes, Dormoy, Pamphile, Vernant-Neisson, Crassous de Médeuil, Rezard de Wouves, Duchamp de Chastaigné, Fouquet, Marraud des Grottes, Hayot et bien d’autres noms encore cachent des grands voiliers, des jardins luxuriants, des allées de palmiers, des balancelles, des vérandas aux larges fauteuils d’osier et des châteaux de fûts de chêne.”




De Rome, l’auteur vous emmène vers le Roi du Rhum, l’agricole Martiniquais, en jetant un regard amusé sur le nouveau monde des paquebots géants de croisière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 août 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782368327975
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur aux Éditions Nombre7
 
 
 
 
-  Chemins de Rome, 374 pages, 2016
-        Orients, 152 pages, 2019
 
 
 
 
 
La Route du Rhum
Regards d’un Bobo sur les Géants des Mers, le Rhum agricole et les Antilles
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Dominique Alhéritière
 
 
 
 
 
La Route du Rhum
Regards d’un Bobo sur les Géants des Mers, le Rhum agricole et les Antilles
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
À Françoise
 
 
 
Sommaire
 
 
 
La Route du Rhum
 
Tous les chemins mènent au rhum
 
Rhum-Rome via Paris
 
 
 
La Route du Rhum
 
 
J’étais un bateau gigantesque
Capable de croiser mille ans
J’étais un géant
J’étais presque
Presque aussi fort que l’océan ;
J’étais un bateau gigantesque
J’emportais des milliers d’amants
J’étais la France, qu’est-ce qu’il en reste ?
Un corps-mort pour des cormorans !
 
[extrait de la chanson « Le France », paroles de Michel Sardou]
Jeunes amants précisément, nous avons traversé l’Atlantique en bateau : dix jours sur le navire soviétique “Pushkin”, pour rallier Montréal au départ du Havre, en septembre 1969. Le souvenir que nous en gardons est bien décalé par rapport aux images des croisières actuelles. Le Pushkin s’apparentait plus par la taille et le confort à ces ferrys qui traversent aujourd’hui la Baltique et la Manche, et le mode de vie y était spartiate ; une sorte d’auberge de jeunesse flottante avec un encadrement peu commercial qui subissait les moqueries permanentes des jeunes passagers dont nous faisions partie.
Jamais, au grand jamais, nous ne prendrons ces HLM des mers qui à chaque escale déversent 5000 gogos dans les boutiques à souvenirs du tout fait en Chine des ports méditerranéens ou caraïbes. Nous avons vu débarquer leurs habitants, à Rhodes et ailleurs, vieux, obèses, incultes ; nous les avons vus transformer des rues de centres historiques classés patrimoine mondial en fleuves boueux du mercantilisme apatride. L’enthousiasme de voisins, gentils, mais cafoni, pour ces croisières où, nous disaient-ils, on pouvait manger à volonté vingt-quatre heures sur vingt-quatre, aller en robe du soir au cocktail du capitaine, jouer aux machines à sous et boire jusqu’à l’ivresse n’avait que renforcé notre dégoût pour ces géants monstrueux et honteux qui détruisent Venise, souillent le Mare Nostrum et défigurent les Caraïbes.
Mais un jour, l’un de ces gogos nous explique que pour quatre sous nous pourrons rejoindre la Martinique où la sœur de Françoise attend notre retour depuis maintenant presque quarante ans, sans que nous soyons soumis à la torture d’un décalage horaire brutal, sans devoir s’entasser en monkey class dans ces boites de conserve volantes, sans avoir à subir l’humiliation des contrôles policiers à l’embarquement, sans devoir accepter les tarifs excessifs des monopoles aériens sur les routes pour Fort-de-France, et sans penser aux kilos supplémentaires de tout ce que nous voulions ramener d’Italie pour gâter Catherine et Claude. Pendant des années ils avaient habillé notre fils Antoine avec les vêtements encore neufs de leurs deux fils à peine plus âgés. Ces offres de voyages, plus économiques que la sédentarité, s’appellent le “repositioning”, l’opération qui consiste à transférer à l’automne la flotte des mastodontes de Méditerranée aux Caraïbes, et au printemps, des Caraïbes vers la Méditerranée , ces deux régions drainant ensemble, paraît-il, soixante pour cent du tourisme mondial. Tentant.
Quelque temps après cette première brèche dans nos certitudes, des amis, tout aussi Bobos que nous, nous avouent sans honte qu’ils ont essayé la chose, l’innommable, et déclarent y avoir trouvé un certain plaisir. Leur bateau a pourtant connu un début d’incendie, mais l’évacuation vers les Seychelles pour un séjour luxueux de consolation, ainsi que les généreuses compensations offertes par la compagnie, dont une nouvelle croisière, gratuite celle-là, les ont convaincus du sérieux de ces opérateurs. Et puis, ils nous l’affirment, on peut toujours échapper aux crétins de la table d’à côté, identifier dans la masse des moutons quelques individus moins bêlants que les autres ou au pire s’isoler dans les nombreuses aires tranquilles de ces géants des mers, et même, au hasard des rencontres, trouver des gens aussi Bobos que nous. Notre chère belle-sœur Viviane, pourtant raffinée et intelligente, avait elle aussi pris du plaisir à une croisière retour d’Amérique du Sud. Très tentant.
Le souhait de tout touriste Bobo, fuir les touristes dont le rêve est d’en rencontrer d’autres, devenait accessible. Résignés à tenter l’expérience notre premier essai de réservation est sans succès ; nous avons trop tardé à réserver les quelques places annoncées aux tarifs les plus bas. Il n’en faut pas plus pour rendre définitive notre décision jusqu’alors chancelante.
L’année d’après, nous avons ferré, croyons-nous, la bonne affaire. En prenant nos réservations fermes, nous avons eu le même sentiment que la fois où nous avions craqué pour un big Mac, un dimanche, au centre de Philadelphie. Aucun restaurant civilisé n’était ouvert. Quitte à devoir manger comme des porcs nous avions alors décidé de nous rouler dans la souille et avions commandé le double big Mac. Cette année, pour notre saut dans l’inconnu, nous avons choisi la compagnie la plus populaire, la plus gigantesque, la plus plus.
C’est à l’origine une compagnie italienne. Les Italiens furent toujours de grands navigateurs et de grands armateurs. Ce fut l’un des slogans de Mussolini que l’on peut lire encore sur le magnifique «  Colosseo quadrato » de l’Eur, aujourd’hui siège du groupe de luxe Fendi. La MSC est un exemple parfait de la tradition maritime de l’Italie, de la réussite éblouissante de certains de ses «  condottieri », de l’attachement profond des Italiens à leurs racines, émigrés malgré eux.
En 1970, Gianluigi Aponte, né à Sorrente dans la Province de Naples fonda sa compagnie maritime. Il avait alors un bateau. Aujourd’hui plus de 500 bateaux porte-containers et une quinzaine de gigantesques bateaux de croisière naviguent sur toutes les mers du monde, mais la compagnie s’appelle toujours « Méditerranéenne » et son siège opératoire est toujours à Piano di Sorrento, bourgade de 13.000 habitants près de Naples.
La route est longue et invitante: Gênes, une ville que nous trouvons fascinante, avons mille fois traversée mais peu visitée. Gênes apparaît, avec Naples, Palerme et Venise sur les affiches jaunies que l’on voit encore dans les vieilles échoppes des agents de transports dans certains villages italiens, donnant la liste des départs de paquebots pour les Amériques. Puis ce sera Marseille, où nous attendrons nos chers amis Jacques et Nicole; Valence et son tribunal de l’eau dont j’ai reçu la médaille. J’ai souvent parlé à Françoise du quartier de la cathédrale où chaque jeudi à midi, sur le parvis, se réunissent les représentants des irrigants de la Huerta pour régler à l’amiable leurs conflits, et ceci depuis l’an 975; ensemble nous visiterons les nouvelles merveilles de Calatrava dont, paraît-il, le rimmel fout le camp; Cadiz que nous avons zappée à grands regrets lors d’un voyage assez récent en Andalousie; Funchal, Madère qui nous permettra de connaître un autre coin du Portugal qui depuis notre première visite aux Açores, en 1978, ne cesse de nous charmer; Santa Cruz de Tenerife, sans commentaires; Bridgetown, Barbade, que j’ai connue au début des années quatre-vingt et qui, je pensai, mériterait la visite de Françoise; Port-of-Spain, Trinidad, que j’ai aperçue trop rapidement lors d’une mission à Tobago pour rédiger le décret instituant le premier parc marin du pays, et où j’aurais aimé venir avec Françoise; Margarita que nous découvrirons ensemble; Fort-de-France que Françoise connaît mieux encore que moi pour y avoir déjà rendu plusieurs visites à Catherine, mais qui reste un tendre souvenir commun de jeunesse puisqu’à Noël soixante-dix nous avions avec d’autres étudiants en droit de l’Université de Montréal partagé les frais d’une Caravelle-avion pour deux semaines de vacances en Martinique; Castries, Sainte-Lucie ; Pointe-à-Pitre où nous débarquerons pour reprendre un ferry sur Roseau, La Dominique, et de là retourner en Martinique passer dix jours chez Claude et Catherine.
Sur le site de la compagnie, nous avons pu faire une visite virtuelle de ce mall commercial flottant et en avons conclu qu’une cabine sans ce balcon qui renforce le côté barre flottante, mais avec hublot vue sur mer pour échapper à la claustrophobie et surtout avec un grand lit, fera notre affaire. La chance nous attribue une cabine tribord en plein centre du paquebot. POSH donc si nous considérons Fort-de-France comme notre chez nous. Nous pourrons voir la côte du grand hublot de notre cabine, seul signe extérieur de navigation, car en l’absence presque totale de vibrations, de roulis ou de tangage au niveau de notre pont, peu d’indices nous auraient rappelé notre présence en mer.
La quinzaine précédant notre départ nous sommes invités par nos amis romains presque tous les soirs, et parfois même à midi. Ils savent ne plus avoir l’occasion de nous voir jusqu’à l’an prochain. À chaque fois la bonne humeur est facilement entretenue par ce voyage imminent qui se prête si bien aux bouffonneries les plus variées et aux caricatures.
Nous avons prévu d’arriver la veille du dép

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