Maux écrits, mots vécus
111 pages
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Description

"Les liens entre littérature et pathologies sont extrêmement riches. La maladie est un carrefour polyphonique signifiant, qu’une lecture biomédicale ne saurait circonscrire. Elle est une épreuve singulière mettant en jeu le vivre dans sa double dimension physique et psychique. Elle s’inscrit également dans un rapport aux autres et aux problématiques du tissu socio-culturel du moment. On comprend alors que les maux qui ont accompagné le fil de l’histoire représentent un terrain de prédilection pour la littérature. Les textes publiés parcourent certains axes importants des rapports entre médecine et littérature et ce que leurs multiples rencontres nous disent sur l’homme et le monde.".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304244991
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Maria de Jesus Cabral et Gérard Danou
Maux écrits, mots vécus
Traitements littéraires de la maladie
Collection Exotopies
Éditions Le Manuscrit Paris


© Éditions Le Manuscrit, 2015
EAN : 9782304044980 (Livre imprimé)
EAN : 9782304244991 (Epub)


Dans la même collection
Sous la direction de Maria de Jesus Cabral, Ana Clara Santos et Jean-Baptiste Dussert, Lumières d’Albert Camus. Enjeux et relectures , 2012
Sous la direction d’Ana Clara Santos et Maria de Jesus Cabral , Art et création chez Théophile Gautier , 2013
Sous la direction d’Ana Clara Santos, Maria Celeste Natário, Maria de Jesus Cabral, Maria Luísa Malato et Renato Epifânio, L’exil et le royaume : d’Albert Camus à Vergílio Ferreira , 2014


« Exotopies »
Collection dirigée par Ana Clara Santos et Maria de Jesus Cabral
La collection « Exotopies » est issue de travaux de l’APEF (Association portugaise d’études françaises) qui siège à l’université de Coimbra, au Portugal. Elle est née de la volonté de divulgation des activités scientifiques (colloques, journées de réflexion) menées par l’APEF et qui, à la croisée d’horizons disciplinaires, critiques et géographiques variés, contribuent à la vitalité des études en langue française selon une perspective transfron-talière. Privilégiant le patrimoine littéraire et artistique, cette collection se veut une interface scientifique ouverte à d’autres domaines de recherche – linguistique, traduction, didactique – dont ce patrimoine ne saurait être dissocié. Ayant pour objet les études françaises et le questionnement des frontières, cette collection propose de nouveaux éclairages sur diverses perspectives concernant l’écriture, l’art et la langue. Elle promeut un regard comparatiste révélant le dialogue fécond que les langues et cultures entretiennent dans l’espace européen.


Introduction
« Indéfiniment les générations apprennent que la parole a pour décor l’indicible, et que pour être habitable le monde doit être mis en scène avec des mots »
Pierre Legendre La Fabrique de l’homme occidental
Les liens entre littérature et pathologies sont extrêmement riches. La maladie est un signifiant carrefour polyphonique, qu’une lecture biomédicale ne saurait circonscrire. Tout d’abord et avant tout, la maladie est épreuve singulière mettant en jeu le vivre dans sa double dimension physique et psychique. Elle s’inscrit également dans un rapport aux autres et aux problématiques du tissu socio-culturel du moment.
On comprend alors que les maux qui ont accompagné le fil de l’Histoire, représentent un terrain de prédilection pour la littérature. Le thème dépend, certes, de la réalité des maladies et de la capacité de les dépasser ou non. Chaque fois qu’une maladie menaçante est vaincue par la science médicale, la crainte de la mort s’éloignant, elle intéresse moins les écrivains ; c’est le cas dans nos contrées de l’Ouest pour la peste, le choléra, la tuberculose, la syphilis… Mais depuis les récents bouleversements planétaires, rien ne dit que le retour de ces affections morbides que l’on croyait révolues ne puisse resurgir sur un mode virulent, et donner alors lieu à des œuvres littéraires surprenantes, brassant réalité et fiction. On pense par exemple au retour de la tuberculose pulmonaire résistante aux antibiotiques chez des personnes qui ne peuvent se soigner dans la durée, et bien sûr à l’épidémie du virus Ébola. Il faut encore insister sur ceci : chaque fois qu’un écrivain s’empare du thème d’une maladie en cours, il le fait à partir de quelque symptôme, simultanément pour y réfléchir les problématiques spécifiques de son époque (crises morales, esthétiques, religieuses, psychologiques) et pour léguer au lecteur une expérience singulière, susceptible de réflexion éthique.
Les progrès thérapeutiques permettent non de guérir mais de ralentir l’évolution des maladies qui alors se chronicisent. Le panorama médical des maladies graves est aujourd’hui dominé par le sida, les cancers, et les pathologies de la mémoire, dont la maladie d’Alzheimer. C’est ainsi que le vieillissement de la population se retournant sur son passé appelle le récit. Comment ne pas voir que le symptôme de la perte d’identité d’un sujet singulier interroge également les questions générales sur le temps, la mémoire collective et l’ (H)histoire?
Raconter est toujours un geste transitif : le lecteur d’un livre, et pour les récits oraux dans le cadre des soins médicaux, l’oreille attentive du médecin. En effet, si nous songeons à la solitude de la vieillesse ou à la chronicisation des grandes maladies, leurs traitements secrètent souvent et paradoxalement, une souffrance qui doit être dite et entendue afin de la réduire au mieux. La souffrance, écrit J.-L. Nancy dans L’Intrus , est « le rapport d’une intrusion et de son refus. Même la morphine qui calme les douleurs, provoque une autre souffrance, d’abrutissement et d’égarement ».
Or, en dehors de l’exercice de l’ancien médecin de famille, le monde hospitalier, jusqu’aux années du sida largement redevable du modèle exclusivement biotechnicien de la formation médicale, n’avait que faire de l’existence des patients, de leur vivre. Depuis la fin des années 1980, le retour de la valeur des récits et l’avènement de la médecine narrative ont pu concourir à un profond changement de mentalité, de sorte « à honorer les récits de maladies des patients » (Rita Charon, 2006), reconfigurant le jeu des rapports en contexte médical, non pour en négliger la dimension technique, mais pour la pourvoir d’autres compétences, notamment littéraires (Gérard Danou, 2007). L’exercice de la médecine a ceci d’identique avec la littérature qu’elle se réalise dans la défaillance fondamentale des signes, exigeant au médecin un « pouvoir de dédoublement qui lui permettrait de se projeter lui-même en situation de malade », comme le demandait déjà Georges Canguilhem en 1968.
Or les succès fulgurants et incontestables de la médecine moderne ont pu donner l’illusion que le seul regard scientifique sur les symptômes de la maladie était suffisant, résumant à lui seul l’art médical. Nous savons qu’il n’en est rien. La médecine narrative et l’éthique médicale empruntant les outils de leurs réflexions aux différentes sciences humaines et sociales se chargent de rappeler l’importance des facteurs individuels, sociaux, familiaux et culturels qui environnement le patient et interagissent avec sa maladie. Cette entreprise novatrice a été entendue par l’institution, ouvrant des échanges fructueux entre les universités littéraires et scientifiques au niveau de la formation médicale, mais aussi de la pratique soignante, replaçant le patient et son être socio-culturel et temporel au cœur du processus médical. Elle est cependant encore fragile et toujours menacée par la puissance des conceptions scientistes de la maladie tant physique que psychique. Aussi, des réflexions sur les écritures de la maladie nous semblent-elles d’une importance capitale pour contribuer, notamment, à faire évoluer la formation des étudiants à l’art de la médecine en encourageant l’ouverture de la pensée et de l’imagination à la complexité des phénomènes et à leur objectivation par l’écriture et la lecture, par ce même élan de parole qu’évoque Roland Barthes dans Critique et vérité .
Les textes que l’on va lire parcourent certains axes importants des rapports médecine et littératures pour éclairer, de l’intérieur des textes – romanesques, poétiques ou dramatiques – la complexité des rapports entre maux et mots et ce que leurs multiples rencontres nous disent sur l’homme et le monde.
Pierre Zaoui présente les apories de l’idée de pharmacopée littéraire, la soumettant à la logique évolutive de la notion de catharsis. Marco Menin s’intéresse à la question des vapeurs dans la réflexion pathologique du xviii e siècle, où elle dépasse une dimension physiologique pour acquérir une portée éminemment culturelle, interpelant une nosologie « apocryphe » unissant les réflexions médicale, philosophique et littéraire. Frédéric-Gaël Theuriau envisage les rapports du chansonnier français Pierre-Jean de B&#

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