De la réforme des banques
132 pages
Français

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De la réforme des banques , livre ebook

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Description

Les mesures prises, il y a quelques mois, par la Banque de France et par la Banque d’Angleterre, pour parer à la crise monétaire, ont appelé naturellement l’attention du côté de la réforme des banques. Que ces établissements, dans leur constitution actuelle, ne soient plus au niveau des besoins nouveaux de la circulation et du crédit, c’est ce dont on convient généralement. Mais sur quelle base doit s’établir la réforme banquière ? quel est le vice radical qui frappe d’impuissance les banques existantes et qu’il s’agit de détruire ?Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782346032518
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alfred Darimon
De la réforme des banques
INTRODUCTION

*
* *

« On peut dire que, plus un pays est riche, plus il est en état de se passer d espèces, puisqu’alors il y a plus de monde à l’égard de qui elles peuvent être représentées par un morceau de papier sous le nom de billets de change. »
BOISGUILLEBERT.
 
« Lorsqu’une nation établit une monnaie, si cette monnaie a une valeur égale à ce qu’elle remplace comme monnaie et réunit les autres qualités nécessaires à la monnaie, la nation ne doit avoir aucun égard à la valeur qu’elle aura dans les autres pays. Tout au contraire. comme chaque pays s’efforce de conserver sa monnaie, si cet Etat peut en imaginer une qui n’aura pas de valeur au dehors, il fera ce que les autres pays se sont en vain efforcés de faire par des règlements. »
LAW.
 
« Aussi longtemps qu’une banque n’émet des billets de circulation qu’en échange de valeurs commerciales créées pour le payement de marchandises, bonâ fide, vendues et livrées, la sécurité est absolue. »
ADAM SMITH.
 
« L’or et l’argent, qui, de l’Asie méridionale, de l’Afrique et de l’Amérique, avaient afflué d’âge en âge sur l’Europe, remontent aujourd’hui vers l’Asie septentrionale par une force d’attraction excitée sans doute par un plus grand besoin de civilisation ; il importe donc d’adopter un nouveau moyen de crédit qui supplée à l’insuffisance du numéraire. »
DE HUMBOLDT.
 
« Avant la découverte de l’Amérique, tout le numéraire existant alors en Europe pouvait s’évaluer à un milliard ; depuis cette époque, il y a été successivement introduit la valeur énorme de trente-huit milliards, qui ont été produits par le nouveau monde. Eh bien, aujourd’hui, la récapitulation de tout le numéraire qui peut exister dans les divers Etats de l’Europe monte à peine à huit milliards. Ainsi donc, de toute la production métallique, à peine un cinquième existe aujourd’hui en numéraire, et les quatre cinquièmes ont été consommés, employés, perdus. Trente milliards absorbés ! cent millions par an ! » POISAT, Chambre des députés, 14 avril 1847.
A l’opposé des hommes de mon temps, plus j’avance en âge, et moins je crois à la virtualité des réformes qui s’attachent à l’effet sans remonter à la cause ; plus j’étudie les questions, et moins je crois à l’utilité des palliatifs qui ajournent les solutions. De ma part, est-ce maturité, est-ce déclin de la raison ? Pour que ce fût déclin de la raison, il faudrait que la peur qui ferme les yeux y vît plus clair que le discernement qui les ouvre.
Je le dis tout de suite : je crois que toute réforme des banques serait vaine. C’était ma conviction avant d’avoir lu ce livre, qui porte pour titre : DE LA RÉFORME DES BANQUES ; après l’avoir lu, cette conviction, loin de s’être affaiblie, s’est changée en certitude.
Les banques, institutions transitoires, ont fait leur temps ; aussi doit-on moins se proposer de les réformer que de les transformer. Qu’attendre d’une réforme des banques ? Que serait et que pourrait être cette réforme ? Sur quels points porterait-elle ? Les systèmes les plus opposés, — loin d’ici la liberté, sous nos yeux le monopole, — ont été expérimentés. Par la comparaison, on sait donc parfaitement à quoi s’en tenir sur les avantages et sur les inconvénients inhérents à chacun des deux régimes. Eh bien, est-ce qu’aux États-Unis la pluralité des banques a eu plus d’efficacité qu’en France et à Londres le privilége pour écarter d’elles le risque de suspension de payement ? Est-ce que liberté et monopole n’ont pas essuyé les mêmes revers ? Est-ce que monopole et liberté n’ont pas abouti à la même impuissance ? Partout où il existe des banques, en Angleterre, et en France, aux États-Unis et ailleurs, toutes ont suspendu leurs payements en numéraire 1 , partout l’effet a été le même, quoique les régimes fussent différents ; de cet effet quelle est la cause ?
Cherchons-la.
Que font les banques d’escompte et de circulation ? Elles transforment, aussitôt qu’elles l’ont fait entrer dans leur portefeuille, l’effet de commerce payable à terme et en espèces en un billet de circulation payable au porteur et à vue  ; conséquemment, elles rendent immédiatement exigible en espèces le payement à vue d’engagements dont le payement n’était exigible qu’ à terme.
Souveraine imprudence.
Aussi qu’arrive-t-il ? Dès que, sous l’empire d’une frayeur ou d’une crise quelconque, les porteurs de billets de banque payables à vue se pressent, pour avoir des espèces, en plus grand nombre que le nombre arbitrairement érigé en probabilité, il arrive que les banques, éperdues, voyant rapidement tarir leur encaisse métallique, se hâtent plus rapidement encore de suspendre leurs payements et de se retrancher derrière le cours forcé. Fictions, elles subissent le sort réservé à toute fiction aux prises avec la réalité ; mensonges, elles subissent le sort réservé à tout mensonge aux prises avec la vérité.
Ériger en règle qu’il ne se présentera jamais au remboursement en espèces qu’un tiers des billets de banque payables au porteur et à vue, fiction ! Établir en principe qu’un encaisse métallique normalement inférieur de 66 pour 100 au montant des émissions en est l’exacte représentation, mensonge ! Pourquoi ne pas préférer la vérité au mensonge, et la réalité à la fiction ? Pourquoi ne pas se borner honnêtement, simplement, à substituer à l’effet de commerce payable à terme, mais sans certitude, mais indivisible, mais surchargé d’endossements, le billet de banque payable à échéance correspondante, plus un jour, mais à la condition que celui-ci aura sur celui-là l’avantage, premièrement : de porter avec lui sa garantie contre tous risques de non payement ou de retard de payement à échéance ; deuxièmement : d’être divisible ; troisièmement : d’être divisé en coupures régulières de 100 à 1000 fr. n’exigeant aucun endossement ? Pourquoi, alors que le numéraire est loin de suffire à tous les besoins, retirer de la circulation, et, sous le nom d’encaisse métallique, condamner à l’immobilité, à la paralysie, une masse de numéraire à la fois insuffisante et excessive, insuffisante au payement à vue des billets payables à vue, excessive relativement à la quantité d’espèces nécessaire au payement journalier des soldes et appoints ? Essayera-t-on de répondre que le billet de banque ainsi payable à terme circulerait moins facilement que le billet de banque payable à vue ? La réponse serait fondée s’il y avait certitude que le billet de banque payable à vue sera toujours payé à vue ; mais cette certitude existe-t-elle ? Non, elle n’existe pas, tandis qu’au contraire il y a certitude que le billet de banque payable à terme sera toujours payé à échéance au moyen de la centralisation et de l’encaissement préalable de la prime proportionnelle aux risques de non payement ou de retard de payement. Le billet de banque payable à terme est au billet de banque payable à vue ce que la dette perpétuelle, cet immense levier, est à la dette flottante, cet immense danger. J’ajouterai que les banques de circulation, telles qu’elles existent, ont tous les désavantages, tous les périls de la dette flottante, tandis que les banques, telles que j’en conçois la transformation, auraient tous les avantages, toutes les sécurités de la dette perpétuelle. Lorsque l’on met dans l’un des plateaux de la balance le billet de banque payable à terme avec toutes ses garanties et dans l’autre plateau de la même balance le billet de banque payable à vue avec tous ses risques, en vérité, l’on s’étonne de cette tendance générale et constante de l’esprit humain à

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