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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 mai 2011 |
Nombre de lectures | 194 |
EAN13 | 9782296809833 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
12 clés pour sortir de la crise
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55055-1
EAN : 9782296550551
Gérard LAFAY
12 clés pour sortir de la crise
Essai
L’Harmattan
Du même auteur
Le modèle MOISE et la projection des échanges internationaux , thèse de doctorat d’État, Université Panthéon-Sorbonne Paris I, 1973.
Dynamique de la spécialisation internationale, Economica, 1979.
Comprendre la mondialisation , Économie-Poche, Economica, 1996, 4ème édition en 2002.
L'euro contre l'Europe ?, Arléa, 1997.
Initiation à l’économie internationale , Préface de Bernard Lassudrie-Duchêne, Economica, 2004, 2ème édition en 2006.
L'épopée de l'Europe va-t-elle se poursuivre ? , Economica, 2005.
France Horizon 2050, Economica, 2007.
En collaboration
La protection effective dans les pays industrialisés, avec H.F. Henner et B. Lassudrie-Duchêne, Economica, 1972.
Commerce international : la fin des avantages acquis, avec C. Herzog, L. Stemitsiotis et D. Ünal, Economica, 1989.
L'intégration européenne : bilan et perspectives, avec D. Ünal-Kesenci, Bibliothèque d'économie internationale, Economica, 1990.
Repenser l'Europe, avec D. Ünal-Kesenci, Économie-Poche, Economica, 1993, 2ème édition en 1994.
Maîtriser le libre-échange, avec J.M. Siroën, Économie-Poche, Economica, 1994.
Nations et mondialisation , avec M. Freudenberg, C. Herzog et D. Ünal-Kesenci, Préface de Éric Izraelewicz, Economica, 1999.
Participation à des ouvrages collectifs
La crise de l’énergie et le nouvel équilibre mondial 1974-1980 , rapport du GEPI, Librairie du commerce international, 1974.
La crise de l’échange international , rapport du GEPI, Librairie du commerce international, 1975.
Une économie à la recherche de la spécialisation optimale : Japon 1960-1980 , rapport du GEPI, Librairie du commerce international, 1976.
Atout France , Jean Méo et le Rassemblement Pour la République, Éditions Roudil, 1980.
La double rupture , Alain Juppé et la Commission économique du Club 89, Economica, 1983.
Économie mondiale : la montée des tensions, CEPII, Economica, 1983.
Économie mondiale : la fracture, CEPII, Economica, 1984.
Économie mondiale 1990-2000 : l'impératif de croissance , CEPII, Economica, 1992.
La République force de la France , Comité des experts du Pôle Républicain, Préface de Jean-Pierre Chevènement, SEFI éditions, 2002.
Introduction
Qu’il s’agisse des Français ou, plus généralement, de l’ensemble des Européens de l’Ouest, les citoyens sont désorientés devant l’évolution de l’économie mondiale au cours des dernières décennies. À partir de la Renaissance, ils avaient pris l’habitude de se trouver au premier rang de la civilisation, et ils avaient dominé la planète durant l’ère coloniale. Après s’être entre-déchirés pendant les deux conflits mondiaux, ils avaient retrouvé l’espoir dans l’après-guerre, grâce à l’appui de leurs cousins américains, car ceux-ci les avaient préservés du totalitarisme communiste sévissant à l’Est du continent. Ils avaient en même temps entrepris de se réconcilier au sein de la construction européenne. Une croissance régulière des niveaux de vie permettait ainsi de croire à un avenir toujours plus radieux.
Vinrent d’abord les chocs monétaires et pétroliers des années 1970. Puis, depuis la fin des années 1980, le paysage s’est radicalement transformé. Certes, l’effondrement du monde communiste et la poursuite de prodigieux progrès technologiques suscitent de nouveaux espoirs, cependant que la concurrence internationale permet d’acquérir des produits bon marché en provenance des pays émergents. Néanmoins, la mondialisation modifie désormais les rapports de force. La plupart des travailleurs européens voient leur position se dégrader lentement, devant choisir entre le chômage et la baisse des salaires, à un moment où les plus riches voient au contraire leurs revenus s’accroître démesurément, en particulier dans la sphère financière.
Depuis 2008, la crise d’origine financière qui touche l’ensemble du monde affecte particulièrement le vieux continent. Si l’on ne peut que se réjouir du décollage de divers pays émergents, surtout en Asie, l’Europe s’engage dans un long déclin démographique et économique ; elle attire simultanément une immigration massive en provenance des pays africains, car ceux-ci continuent à s’appauvrir.
Cette situation n’est pas le fait du hasard, elle résulte de l’action des entreprises transnationales, favorisée systématiquement par les gouvernements nationaux et les diverses institutions internationales, qu’elles soient mondiales ou européennes. Les technocrates qui les dirigent sont convaincus qu’ils connaissent mieux que les peuples ce qui est bon pour eux, et ils méprisent par conséquent la démocratie. Leur comportement rappelle celui qu’avaient naguère les apparatchiks des régimes communistes. Ils sont imprégnés par une idéologie qui est souvent qualifiée, à tort, de "néolibérale". En fait, il s’agit d’un abus de langage : les pouvoirs publics s’efforcent d’orienter les pays développés dans la direction d’un retour, sous des formes modernes, vers le capitalisme pur et dur qui existait au XIXème siècle. Ce modèle "néocapitaliste" tourne le dos au vrai libéralisme.
Le communisme n’a pas été vaincu par le capitalisme. Il a succombé face aux succès indubitables de l’économie sociale de marché depuis la seconde guerre mondiale, qui ont d’ailleurs été facilités, dans de nombreux pays, par l’attitude sociale du patronat. Face à la menace bolchevik, celui-ci avait compris que son véritable intérêt était de démontrer la supériorité du libéralisme.
Depuis la fin du XIXème siècle, et surtout après 1945, s’était mise en place graduellement, dans tous les pays développés, une économie sociale de marché, pilotée par l’État. Celui-ci assurait un rythme régulier de croissance économique, selon les enseignements de John Maynard Keynes, et il organisait une concertation sociale entre le patronat et les syndicats. Cette économie sociale de marché fut théorisée en France par l’École de la régulation [Aglietta, 1978, ainsi que Boyer et Mistral, 1978]. Ce régime prenait le nom de "fordisme" car, pour écouler une production de masse, le constructeur américain d’automobiles, Henry Ford, avait suscité dans l’ensemble de l’économie un accroissement régulier du pouvoir d’achat des ouvriers. La période consécutive aux Accords de Bretton Woods , en 1944, est souvent qualifiée d’"âge d’or", et Jean Fourastié a parlé à ce sujet des "trente glorieuses".
L’économie sociale de marché, fondement de cet âge d’or, est la quintessence d’un libéralisme pondéré. C’est un équilibre subtil que l’on peut comparer à une bonne mayonnaise. Il s’agit de faire tenir ensemble deux ingrédients, d’un côté la dynamique du marché, qui est représentée ici par l’huile, de l’autre la cohésion des forces sociales, qui est représentée par l’alliance entre le jaune d’œuf et la moutarde. Or une mayonnaise est susceptible de se décomposer, et c’est précisément ce qui s’est passé dans notre cas, en raison de deux mouvements opposés. À la fin des trente glorieuses, la mayonnaise libérale se rigidifiait, l’économie perdant sa dynamique de marché par la dérive sociale-démocrate. Depuis la fin des années 1980, au contraire, elle se liquéfie, l’économie perdant maintenant sa cohésion sociale par le tournant néocapitaliste.
Faut-il désormais se résigner à une rigueur sans fin, que beaucoup présentent comme inéluctable ? Que peut-on faire ?
Beaucoup d’économistes se disent à juste titre "atterrés" [Askenazy et alii, 2010], mais les mesures envisagées semblent pour la plupart sorties de la vieille boîte à outil socialedémocrate, aujourd’hui obsolète. Dans un récent opuscule à succès, Stéphane Hessel demande que nous nous indignions contre les méfaits du néocapitalisme [Hessel, 2011], mais il ne nous offre, comme solution, que la vision nostalgique de sa jeunesse résistante. C’est pourquoi, pour sortir de la crise, cet essai présente des clés afin de répondre à douze questions cruciales que l’on peut désormais se poser :
1) Comment le néocapitalisme a-t-il remplacé le libéralisme ?
2) Comment doit-on