Concentration éditoriale et bibliodiversité

Julien Denieuil

Description

Le paysage éditorial s'est recomposé durant les dernières décennies à travers des mouvements successifs de concentration. Le métier d'éditeur, au caractère prototypique, doit se soumettre aux lois de l'économie. En contrepoint, l'indépendance éditoriale est mise en péril. Dans ce contexte, cet ouvrage questionne les nouvelles modalités de financiarisation et s'attache à déconstruire les logiques de concentration. Quelles sont les conséquences pour la bibliodiversité de la production éditoriale ?Š

Sujets

• Économie
• Sociologie
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mars 2012
• Nombre de lectures: 20
• EAN13: 9782296485884
• Langue: Français

Extrait

Concentration éditoriale et bibliodiversité
Questions Contemporaines
Collection dirigée par B. Péquignot et D. Rolland
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Derniers ouvrages parus
Roland GUILLON, La Méditerranée à l’épreuve de la globalisation , 2012.
Esther RESTA La société patriarcale face à la résistance des femmes , 2012.
Esther RESTA, Du matriarcat au patriarcat , 2012.
Saïd KOUTANI, Le devenir du métier d’ingénieur, 2012.
Bernard GOURMELEN, Handicap, projet et réinsertion . Analyse des processus identitaires pour les travailleurs handicapés , 2012.
Eric SARTORI, Le socialisme d’Auguste , 2012.
Jean-Christophe TORRES, Du narcissisme. Individualisme et amour de soi à l’ère postmoderne, 2012.
Yvon OLLIVIER, La Désunion française. Essai sur l’altérité au sein de la République , 2012.
Joachim MARCUS-STEIFF, La société sous-informée , 2012.
Mikaël LACLAU, Le Grand Plan : nouvelles stratégies de la globalisation capitaliste , 2012.
Michel JUFFÉ, Quelle croissance pour l’humanité ?, 2012.
Daniel ESTEVEZ, Représenter l’espace contemporain , Projets et expérimentations architecturales dans les aéroports , 2012.
Julien DENIEUIL
Concentration éditoriale et bibliodiversité
Quels enjeux pour le livre ?
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-96592-8
EAN : 9782296965928
« À la mythologie de la différenciation et de la diversification extraordinaire des produits, on peut opposer l’uniformisation de l’offre, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale : la concurrence, loin de diversifier, homogénéise, la poursuite du public maximum conduisant les producteurs à rechercher des produits omnibu s […] »
Pierre BOURDIEU, « La culture est en danger », communication au Forum international sur la littérature, Séoul, Daesan Foundation, septembre 2000.
Liste des sigles
ADELC Association pour le développement de la librairie de la création
EADS European Aeronautic Defence and Space Company
Groupe industriel développé dans les secteurs de l’industrie aéronautique, spatiale, civile et militaire. Le groupe Lagardère détient une partie mineure de son capital.
CNL Centre national du Livre
CRDL Centre régional de Distribution du Livre
DRAC Directions régionales des Affaires culturelles
Services régionaux dépendant du ministère de la Culture et de la Communication.
FISAC Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce
Dispositif principalement destiné à financer les opérations de création, de maintien, de modernisation ou de transmission des entreprises du commerce, de l’artisanat et des services, afin de préserver ou développer un tissu d’entreprises de proximité.
FNAC Fédération nationale d’Achat des Cadres
GfK Growth from Knowledge
Groupe déployé dans une gamme de services liés à l’information et au conseil, au sein de trois secteurs d’activités. La branche Panels Culture de GfK effectue des suivis statistiques réguliers sur les produits culturels, dont le livre.
GSA Grande Surface alimentaire
GSC Grande Surface culturelle
GSS Grande Surface spécialisée
IFCIC Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles
LiR ( label ) Librairie indépendante de Référence ( label )
Label créé en 2008 et destiné à valoriser et à aider les librairies indépendantes.
LME Loi de Modernisation de l’Économie
Loi française promulguée le 4 août 2008, destinée notamment à faciliter l’implantation de nouvelles enseignes de commerce.
NMPP Nouvelles Messageries de la Presse parisienne
Coopératives fondées en avril 1945 et chargées de diffuser la presse.
Préface
de Luc PINHAS
L’édition française, au même titre que l’édition mondiale, a connu au cours des trente dernières années des mouvements de concentration et d’internationalisation considérables. Ces derniers ont entraîné l’intégration de nombre d’éditeurs moyens au sein de grands groupes de communication tournés vers les perspectives que semble offrir la mondialisation économique. Jean-Marie BOUVAIST, qui a été l’un des principaux initiateurs de la socio-économie du livre en France, pouvait encore, il y a vingt ans, décrire un paysage éditorial hexagonal, certes déjà dominé par deux grands acteurs (Hachette et le Groupe de la Cité), mais dans lequel coexistaient également quatre « grands moyens » (Gallimard, Flammarion, Le Seuil, Albin Michel) à l’actionnariat familial, tandis que le réseau des éditeurs de moyenne taille restait particulièrement dense. Aujourd’hui, en 2012, dans différents secteurs éditoriaux, la plupart de ces derniers ont été rachetés par des groupes internationalisés, et ne subsistent plus, comme acteurs majeurs indépendants d’un actionnariat essentiellement financier, que Gallimard et Albin Michel. Après la déconfiture en 2003 de Vivendi Universal Publishing, entraîné dans sa chute par Jean-Marie MESSIER, Hachette a retrouvé et accentué sa prééminence historique, en même temps que le groupe s’est fortement développé, par rachats successifs, dans différentes aires linguistiques. Il apparaît de la sorte désormais au sixième rang dans le classement des principaux éditeurs dans le monde, et même au troisième rang si l’on ne considère que les éditeurs généralistes, après Pearson et Bertelsmann et juste devant Planeta, le repreneur d’Éditis. Par ailleurs, sur les treize premiers groupes éditoriaux qui évoluent en France, sept sont étrangers et apparaissent en réalité comme de grands groupes internationaux, tandis que le huitième, La Martinière (repreneur du Seuil), se montre largement dépendant de capitaux américano-suisses.
Ces mouvements, au demeurant communs à l’ensemble des industries culturelles et qui s’accompagnent d’une concentration et d’une internationalisation accrue dans la vente du livre, ont provoqué de vives inquiétudes dans le monde de la culture. Les pouvoirs publics ont été appelés à défendre « l’exception », puis la diversité culturelle, ce qui a donné lieu, en particulier, à la signature d’une convention cadre à l’Unesco, en octobre 2005, sur « la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ». Par ailleurs, de multiples éditeurs, petits ou moyens, ont commencé à se regrouper pour revendiquer et mettre en valeur leur « indépendance » (et celle, au premier chef, de leur production éditoriale) et défendre la « bibliodiversité ». Les premiers regroupements d’éditeurs indépendants sont ainsi apparus, à la fin du siècle dernier, dans l’ère hispanophone, et tout particulièrement en Amérique latine, où le marché du livre est dominé par les groupes éditoriaux espagnols, et ce sont eux qui ont forgé le terme de « bibliodiversidad » qui préside à leur action. Ils ont été suivis par bien d’autres collectifs dans différentes aires linguistiques, dont le monde francophone qui s’est efforcé de donner, avec l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, du contenu théorique à cette dernière notion, en liaison avec la « biodiversité ». Ainsi, en quelques années, les instances interprofessionnelles, mais aussi les acteurs politiques, ont-ils pu s’en emparer et lui faire une place dans leur vocabulaire.
L’intérêt majeur de l’étude que propose ici Julien DENIEUIL, tirée d’un mémoire de fin de formation dans le cadre du master « Commercialisation du livre » à l’Université Paris 13, est précisément de proposer une synthèse, précise et bien documentée, de ces questions, de leurs enjeux et de leurs conséquences. Les processus de la concentration et de la financiarisation de l’édition en France s’y voient analysés dans leur dimension historique et dans les différentes formes qu’ils peuvent prendre, avant que les modifications qu’ils induisent dans l’équilibre interne des maisons d’édition ne se trouvent précisées. Quel est l’impact de l’arrivée, au cours des dernières décennies, des contrôleurs de gestion dans l’édition et du poids toujours plus croissant de la direction commerci