De l atelier à l usine : l horlogerie à Saint-Imier (1865-1918)
318 pages
Français

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De l'atelier à l'usine : l'horlogerie à Saint-Imier (1865-1918) , livre ebook

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Description

Au cours de la première moitié du 19e siècle, le village de Saint-Imier devient un centre de l'industrie horlogère. Les ateliers et les comptoirs s'y développent rapidement. Cependant, à la fin du 19e siècle, apparaissent les premières fabriques. Elles remettent en question le mode d'organisation traditionnel, l'établissage. Cet ouvrage décrit le développement du tissu industriel de la région de Saint-Imier, explorant l'histoire de l'horlogerie en recourant au concept de district industriel. Il s'applique également à décrire les changements des méthodes de fabrication, la transition de l'artisanat à l'industrialisation, qui s'opère dans la région imériale. Entre aspects de l'évolution technologique et mutations organisationnelle de l'horlogerie, ce livre offre un tour d'horizon complet sur une modification considérable dans le paysage horloger suisse : le passage de l'atelier à l'usine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 2
EAN13 9782940489886
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
DE L’ATELIER À L’USINE
D E L’ATELIER À L’USINE :
L’HORLOGERIE À S AINT- I MIER (1865-1918)

H ISTOIRE D’UN DISTRICT INDUSTRIEL.
O RGANISATION ET TECHNOLOGIE :
UN SYSTÈME EN MUTATION
Titre
P ATRICK L INDER






D E L’ATELIER À L’USINE :
L’HORLOGERIE À S AINT- I MIER (1865-1918)

H ISTOIRE D’UN DISTRICT INDUSTRIEL.
O RGANISATION ET TECHNOLOGIE :
UN SYSTÈME EN MUTATION






C OLLECTION H ISTOIRE & H ORLOGERIE
DIRIGÉE PAR P IERRE- Y VES D ONZÉ

É DITIONS A LPHIL
Copyright

Éditions Alphil, 2008
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse

www.alphil.ch
www.delibreo.ch

Photo de couverture : Les cinq grandes fabriques d’horlogerie
de St-Imier (1900), modifiée. ARL, documents.

EAN Epub : 978-2-940489-88-6

La publication de ce livre a reçu le soutien de :
– la Compagnie des Montres Longines Francillon SA ;
– le Conseil du Jura bernois ;
– Gerold-und-Niklaus-Schnitter-Fonds für Technikgeschichte
der ETH Zürich ;
– la ville de Saint-Imier ;

Graphisme et mise en page : Nusbaumer-graphistes Sàrl, Delémont
Responsable d’édition : Alain Cortat
P REMIÈRE PARTIE : VERS UN SYSTÈME HORLOGER
1)  P ERSPECTIVES
La thèse générale de ce travail consiste à concevoir l’horlogerie qui se développe au XIX e  siècle à Saint-Imier comme un système multipolaire imbriqué dont la cohérence se fonde sur deux axes principaux : organisation du travail et technologie. Une telle perspective conduit à inscrire notre propos dans un champ qui déborde les catégories usuelles de l’historiographie horlogère. Pareille approche produit, il faut bien en convenir, un objet historique a priori curieux. Il ne s’agit ni de l’histoire d’une fabrique ni de l’histoire d’une cité horlogère mais plutôt de celle des rapports interactifs entretenus au sein d’un tissu industriel local. Il connaîtra, dans la période couverte par cette étude, diverses mutations qui toutes marquent sa progression vers l’industrie moderne.
À l’origine, ce système horloger trouve son homogénéité, au-delà de la stricte proximité physique, dans une façon commune d’organiser le travail et grâce à l’usage, grosso modo, de la même technologie. Fortement liés, ces deux pivots participent également à la constitution d’une culture locale 1 qui s’imprègne fortement de l’activité industrielle. En retour, elle nourrit la façon dont on perçoit l’organisation de la production et elle en favorise imperceptiblement la rationalisation progressive. Parallèlement, la technologie qu’on mobilise pour faire des montres est redevable de ce mouvement ; au fil du temps, elle s’affûte. En définitive, la culture locale sous-tend une dialectique de progrès entre le volet organisationnel et le volet technologique de l’industrie horlogère.
Organisation et technologie sont donc deux pans qui, conjointement, participent à l’évolution du tissu industriel imérien.
A)  P ROPOS LIMINAIRE
La problématique à l’origine de ce travail s’est déployée autour d’un épicentre formé des questions soulevées par le démarrage industriel horloger :
« [...] il est légitime de se poser la question de la spécificité du modèle horloger. Des études comparatives seraient nécessaires pour comprendre le phénomène horloger, à la fois comme moteur d’une économie régionale et comme exemple d’un certain type d’innovation – la souplesse de la structure des petites et moyennes entreprises par rapport à la rigidité des firmes de grande taille est-elle réelle  ? [...]  » 2
Cette industrialisation ne s’étend pas de façon uniforme sur l’ensemble de la région horlogère et ne s’y accomplit pas simultanément. À maints égards donc, la configuration de la situation du haut vallon de Saint-Imier peut être considérée comme inédite. Elle s’insinue évidemment dans un cadre général commun, mais divers signes tendent à indiquer une certaine originalité. Dans une lecture économique et industrielle de la réalité imérienne de la seconde moitié du XIX e  siècle, c’est un petit monde de travail, centré sur les préoccupations techniques de la production de garde-temps qui s’organise et cherche à rationaliser ses activités. Les solutions qu’il formulera répondent directement de ses particularités initiales. Dominant le panorama économique de l’époque, la transition du Verlagsystem vers le travail en usine constitue le point capital des divers changements qui marquent le passage d’un régime artisanal à un régime industriel. Assertion tautologique ? Pas obligatoirement, nous le verrons. La première intégration du travail en fabrique à Saint-Imier ne marque pas, aux sens technique et organisationnel, une industrialisation stricto sensu 3 dans la mesure où elle n’est que la première étape du processus. Elle se borne à regrouper, sous un même toit, les diverses opérations présidant à la confection encore préindustrielle de montres sans refonte de la division du travail, avec la volonté, cependant, de tirer parti de la force hydraulique pour entraîner des machines en développement. 4
L’usine Longines joue un rôle éminent dans ce mouvement d’intégration en fabrique. 5 Elle en est le moteur et le défricheur. De fait, elle semble dominer le paysage industriel imérien et régional par sa capacité à s’organiser. Du comptoir Agassiz à la première usine Longines imaginée en 1866 sous l’égide décisive de Francillon, des velléités de rationalisation à l’innovation technologique menée par Jacques David vers l’interchangeabilité, c’est l’histoire d’une mutation emblématique d’une trajectoire industrielle. Elle est indissociable du terreau qui l’a vue croître, consubstantiellement reliée à un tissu industriel local duquel elle émerge et qu’elle va en partie phagocyter.
La nature de cette relation dialectique entre une entreprise qui, petit à petit, s’impose et un filet industriel dense et spécialisé est rapidement devenue un point clé de la réflexion. Cette émergence comporte obligatoirement des incidences sur la dynamique industrielle locale. Comment se sont-elles manifestées ? De quelles causes relèvent-elles ?
L’élévation de Longines, excroissance industrielle d’un tissu riche dont elle semble constituer un prolongement moderne, pose des questions qui dépassent le cadre de la monographie. Au travers des vicissitudes qui marquent l’évolution de ce tissu, c’est une maturation historique qui se déroule. Dans cette période allant de 1850 à 1918, un savoir-faire technique industriel s’élabore et se met en place. Développé localement dans un premier temps, il concourt à la spécialisation régionale qui fera de l’Arc jurassien, par essaimage et transmission technologique, un pôle d’excellence dans les microtechniques. Ce savoir-faire 6 possède à n’en pas douter des ramifications culturelles profondes qui participent de manière déterminante à son édification. Par-là, évoquer une culture technique locale comme terreau d’un savoir-faire industriel conduit à élargir la perspective d’une histoire industrielle : on touche ici à un patrimoine culturel régional.
Longines, fer de lance de l’industrie imérienne ?
Longines n’est pas la seule entreprise à se différencier de la structure industrielle imérienne des années 1860. D’autres lui emboîteront bientôt le pas. Cependant, son rôle de pionnière d’une concentration en fabrique, certes timide, et la postérité qu’elle va connaître donnent une importance décisive à sa place dans le vallon de Saint-Imier.
Faut-il voir un lien entre cette inclination préalable au progrès et la pérennité de la marque ? Autrement dit, cette disposition à s’organiser, dès 1866, différemment des autres établisseurs est-elle l’ébauche d’une flexibilité organisationnelle qui caractérisera le développement de l’entreprise durant la seconde moitié du XIX e  siècle ? Est-il acceptable de comprendre l’histoire de l’apparition et de la consolidation de Longines dans cette perspective ?
Un point cependant demeure irréfutable : Longines prend dans cette période une importance telle qu’elle s’imposera comme la marque d’horlogerie imérienne. Elle émerge d’un milieu saturé par les fabricants-négociants de garde-temps. Assurément, certaines aptitudes ont dû, par-delà les contingences, lui permettre de se démarquer et de survivre, là où tant d’autres ont disparu. Elle n’est d’ailleurs peut-être pas complètement étrangère à ce mouvement de disparition des comptoirs d’établissage. Causalité ou restructuration inéluctable d’un système local de production, les tenants et aboutissants de cette mutation profonde de la façon dont on travaille méritent réflexion.
La dimension qu’atteint Longines au tournant du siècle démontre en tout cas sa prédominance dans le paysage industriel imérien. En dépit de conditions de modernisation potentiellement explicatives de son succès, ce fait à lui seul justifie le rôle majeur de cette entreprise dans la dynamique industrielle locale. Sur le plan humain, en guise d’exemple, sa pesanteur est édifiante. À titre illustratif, Landes 7 décompte, pour 1905, 853 employés à l’usine Longines pour 956 employés à domicile. Si ces chiffres appellent quelques nuances, ils illustrent néanmoins clairement l’envergure qu’a prise l’ancien comptoir Agassiz dans une localité qui abrite quelque 7 450 âmes.
Pour notre part, nous proposerons en guise d’aperçu quelques chiffres extraits des livres d’ouvriers couvrant le tournant du siècle, soit la période allant de 1899 à 1907. Il ne s’agit pas d’un décompte précis, mais uniquement du report des annotations récapitulatives trouvées dans ces sources. 8 Elles feront l’objet d’un examen plus approfondi par la suite. Pour l’instant, ces informations se borneront à donner la mesure humaine de l’ampleur acquise par la fabrique Longines en une quarantaine d’années d’existence.
Tableau 1. Aperçu du nombre d’employés à la fabrique des Longines 1899-1907

Sources : Cf. ARL, livres d’ouvriers, livres I-VII.
En rapport à la structure démographique du haut vallon, dont nous pouvons avoir un aperçu précis grâce à une source relativemen

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