Des extrêmes dans le monde, de Dhaka à Doha
128 pages
Français

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Des extrêmes dans le monde, de Dhaka à Doha , livre ebook

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Description

Cet essai interpelle sur des réalités économiques et sociales fortement inégales dans le monde, en particulier en Asie et dans le golfe Persique. Le XXIe siècle se caractérise par une forte croissance de la population dans certaines régions du monde et par des flux migratoires puissants. Que dire des tensions nées de ces déséquilibres ? Comment répondre à l'explosion des besoins en alimentation, énergies, infrastructures ? Y a-t-il des formes nouvelles de partage des richesses possibles ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 12
EAN13 9782296987616
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Joël Le Quément






Des extrêmes dans le monde

De Dhaka à Doha








L’Harmattan
Du même auteur
Shanghai – À la croisée des chemins du monde , préface d’Ilya Prigogine, prix Nobel, L’Harmattan, 2002.
Mégapoles. De Babel aux grandes cités du monde , L’Harmattan, 2004.
La Pauvreté durable ? Au Bangladesh, à Dhaka et dans le monde , L’Harmattan, 2010.
L’Exposition universelle de Shanghai , L’Harmattan, 2011.
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http//www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-98761-6
EAN : 9782296987616
Dédicace

Aux migrants bâtisseurs du sous-continent indien
Prologue
Né du voyage 1 , cet essai interpelle sur des réalités économiques et sociales fortement inégales dans le monde, en particulier en Asie et dans le golfe Persique.
Le XXI e siècle se caractérise toujours par une forte croissance de la population dans certaines régions du monde et par des flux migratoires puissants, avec des intensités variables. Que dire alors des tensions nées de l’accroissement de ces déséquilibres ? Comment répondre à l’explosion des besoins de cette humanité nouvelle en alimentation, en énergies, en infrastructures, etc. ?

Quelle est la trame de ces mutations ? Quels sont les défis nouveaux nés de ces situations de richesse et de pauvreté souvent extrêmes ?

Pour aller de l’Europe au sous-continent indien, le parcours passe par le Moyen-Orient. C’est un chemin de rupture et aussi de continuité, marqué surtout par la forte présence de travailleurs originaires de l’Asie du Sud, notamment de l’Inde, du Bangladesh et du Pakistan.

Nous sommes à la croisée de chemins du monde et de la migration de populations : ici des citoyens visiteurs, là des travailleurs bâtisseurs.

Appartenons-nous au même monde ?

Sommes-nous du même monde, quand d’un côté apparaît prédominer la pauvreté extrême et de l’autre la richesse extrême ? 2

Pour se constituer, la richesse a-t-elle besoin de la pauvreté ? La richesse prend-elle racine dans la pauvreté ?

Ce sont des identités de vie, qui se croisent sans se rencontrer dans l’humanité d’aujourd’hui, que nous allons analyser. Les impressions premières de ces réalités sont tellement radicales et provocantes que nous avons voulu chercher à en comprendre le fil conducteur – s’il existe – et la puissance des déséquilibres entre leurs destins, sinon de leur fracture profonde.

Ne sommes-nous pas engagés sur le chemin des extrêmes et d’une certaine manière sur celui d’une remise en cause possible des réalités humaines nées du non-partage ? Alors qu’à l’aube du XXI e siècle c’est le temps des solidarités qui se trouverait de plus en plus célébré et reconnu, a contrario le dilemme des extrêmes se manifeste avec force, comme un immense défi pour le monde mais sans réponse le plus souvent et surtout marqué par l’indifférence ou par le refus de le reconnaître.

Comment ne pas chercher à débusquer ce « fil conducteur » qui expliquerait le côtoiement de ces destins extrêmes et, ce faisant, contribuerait à mieux construire, par plus d’engagement, le chemin d’un monde plus solidaire ?
1 Ainsi, depuis 2005, ce sont des pérégrinations marquées par des ruptures entre les cités du Moyen-Orient (Abu Dhabi, Doha, Mascate) et du sous-continent indien, dont le Bangladesh (Dhaka).
2 Michel Serres, Temps des crises , Le Pommier (collection Manifestes), 2009, p. 32.
I DE DHAKA…

Vue sur Dhaka
Photographie de l’auteur, janvier 2012

Dans le monde, le Bangladesh possède une identité extrême, marquée par une présence humaine immense sur un territoire exigu et fragile. Plus qu’au niveau des personnes, c’est la pauvreté collective, globale, qui prédomine. Pour quel avenir ?

Une urgence majeure pour l’humanité.
1 L’explosion démographique au Bangladesh 3
Sur 143 998 km², dont 10 090 km² couverts d’eau, vivent environ 160 millions de personnes. Constitué de plaines alluvionnaires, le territoire du Bangladesh est très plat. Il est bordé, à l’ouest, au nord et à l’est, par l’Inde et, au sud, par le golfe du Bengale (sur 580 km) et par le Myanmar. Sa superficie, équivalente à celle de la Grèce, est presque quatre fois inférieure à celle de la France. La densité de sa population est très forte, une des plus élevées au monde.

Au 94 e rang mondial pour sa superficie, le Bangladesh est au 7 e rang pour sa population.

L’évolution démographique de cette population a suivi, depuis le début du siècle dernier, une courbe d’allure exponentielle, passant de 29 millions d’habitants en 1901 à 44,8 millions en 1951, puis à 71,4 en 1974, 144,3 en 2005 et 158,5 millions en 2011.

Cette accélération a entraîné parallèlement une accentuation de sa densité :

– 1901 : 216 habitants/km 2
– 1951 : 312 habitants/km 2
– 1988 : 821 habitants/km 2
– 2005 : 1 002 habitants/km 2
– 2011 : 1 118 habitants/km 2

Nazrul Islam 4 évoque ainsi cette présence humaine urbaine et rurale, dense et lourde, sur le territoire du Bangladesh, occupant 25 % de son territoire en 2000 mais, prévoit-il, plus de 35 % en 2015.

Au cours de la dernière décennie, on a perçu dans la société bangladaise des évolutions fortes sur le plan social, dans un contexte de croissance économique relativement soutenue (avec un taux de croissance annuel de 5,5 % en 2000 et de 6,7 % en 2006). Ce processus de croissance est surtout tiré par une capacité d’exportation accrue du secteur textile, dont en particulier le jute, la « fibre d’or ». Le PIB s’est élevé à environ 115 milliards de dollars US en 2011, dont 20 % en provenance de l’agriculture, 28 % de l’industrie et 52 % des services. Il reste que l’économie bangladaise se caractérise surtout par un niveau moyen des revenus salariaux très bas, de l’ordre de 160 takas (environ 1,60 euro) par jour pour les travailleurs qualifiés et de 140 takas pour les travailleurs non qualifiés 5 . Paradoxalement, c’est sa main-d’œuvre bon marché qui est devenue sa plus grande ressource, l’« exportant », notamment vers les pays du golfe Persique.
Les indicateurs de développement humain 6 montrent une certaine amélioration récente de la situation sociale globale.

Cette évolution encourageante s’explique par une plus grande maîtrise de la fécondité (avec un nombre de naissances par femme passé en moyenne de 6,2 entre 1970 et 1975 à 3,2 entre 2000 et 2005), par un allongement de l’espérance de vie, qui s’élève maintenant à 63,1 ans, et par un relatif ralentissement du rythme de croissance de la population (2,2 % dans la période 1975-2005 à 1,6 % prévu entre 2005 et 2015). De meilleures conditions d’accès à la santé sont certainement la cause principale de cette amélioration.

Néanmoins, la pauvreté y est massive et structurelle, avec plus de 40 % de la population vivant avec 100 takas – c’est-à-dire environ un euro – par jour, en-dessous du seuil de pauvreté. Le gouvernement du Bangladesh s’est engagé à réduire cette pauvreté, notamment par un plan d’investissement, le « CIP » (Country Investment Plan) 7 . Préparé et financé avec le soutien notable de la FAO et de l’UE, ce plan a été adopté le 14 juin 2010 pour une période de 5 ans et a été doté de 10,1 milliards de dollars US. Ses domaines d’actions prioritaires sont l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition. La question de l’eau potable y apparaît comme un enjeu majeur de l’avenir du Bangladesh.

L’Asie du Sud est devenue l’« épicentre » de la pauvreté mondiale 8 : on y trouve près de 40 % de la population pauvre du monde. Le Bangladesh, en particulier, où l’eau est présente partout, révèle un double aspect, d’un côté la fertilité et l’abondance agricole – de réelle beauté en période hivernale – de l’autre une grande fragilité, due essentiellement à la mousson, qui le transforme en « terre du déluge » : le risque climatique y est un facteur à prendre en compte de plus en plus à l’avenir.

Frontière de barbelés, ici électrifiée, sur le territoire indien
Photographie de l’auteur, le 4 décembre 2009
3 Cette première partie « De Dhaka… » s’appuie sur :
– des éléments d’analyse tirés de notre ouvrage La Pauvreté durable ? Au Bangladesh, à Dhaka et dans le monde , L’Harmattan, Paris, 2010, 215 pages ;
– Mahfuz R. Chowdbury, 

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