Désordres dans le capitalisme mondial
251 pages
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Désordres dans le capitalisme mondial , livre ebook

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Description

Pourquoi la mondialisation est-elle ressentie comme une menace ? Quels risques font courir les déséquilibres financiers des États-Unis ? L’Europe peut-elle faire face à la concurrence mondiale sans renier le progrès social ?Pour répondre à ces questions, il faut comprendre les transformations gigantesques du capitalisme depuis la crise asiatique à la fin du siècle dernier. D’une part, l’économie est passée d’un régime inflationniste à un régime déflationniste. D’autre part, la valeur actionnariale s’est substituée à la valeur ajoutée dans la régulation des économies occidentales. Sous l’effet de ces changements, la disparité des politiques économiques a polarisé les déséquilibres financiers sur les États-Unis. Ce livre montre pourquoi cette évolution n’est pas soutenable à long terme et décrit les scénarios possibles d’ajustement. Afin de faire face aux désordres du capitalisme mondial, il plaide pour un nouvel ordre économique international multipolaire fondé sur la concertation. Michel Aglietta est professeur à l’université Paris-X et consultant au Cepii et à Groupama Asset Management. Laurent Berrebi est économiste en chef à Groupama Asset Management.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738191878
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© É DITIONS O DILE J ACOB, MARS 2007
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9187-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction générale

La globalisation est dans tous les esprits. Mais elle ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. Pour un banquier d’affaires ou un gérant de société d’investissement, c’est un vaste champ d’opportunités de profit entre lesquelles il faut arbitrer. Pour un salarié industriel dans nombre de pays d’Europe occidentale, c’est une menace de perte d’emploi. Pour un entrepreneur chinois, c’est une source apparemment inépuisable de croissance ; mais pour des centaines de millions de paysans du même pays et d’ailleurs, c’est une force d’appauvrissement. Ces différents vécus et bien d’autres sont à la fois contradictoires et tous vrais. Tant la globalisation est un phénomène à multiples facettes. Dévoiler les liens entre ses nombreux aspects est la tâche de quiconque veut comprendre le capitalisme contemporain et conjecturer son avenir. Le présent livre prend le risque de contribuer à cette entreprise qui requiert de nombreux efforts partant d’une grande variété de points de vue.
Le nôtre consiste à affirmer et démontrer que la crise asiatique a provoqué un changement radical dans les interdépendances qui structurent l’économie mondiale. On peut soutenir, dans une acception étendue de la globalisation, qu’elle remonte aux années 1960 avec l’expansion internationale des firmes américaines et la formation du marché de l’eurodollar. La crise du système de Bretton Woods en a marqué la première convulsion. Les chocs pétroliers, puis la crise de l’endettement souverain des pays que l’on n’appelait pas encore « émergents », ont scandé l’étape suivante. Enfin et surtout, l’effondrement du système soviétique a semblé ouvrir le monde entier au capitalisme occidental. En dehors des spécialistes, peu de gens prêtaient attention à la réforme économique chinoise, si ce n’est pour en prédire l’échec certain 1 . Aussi, dans la période allant de la chute du mur de Berlin à la crise asiatique , la globalisation fut-elle perçue comme la projection du capitalisme occidental (en réalité américain) dans le monde. L’idéologie néolibérale la légitimant avait été codifiée dans le consensus de Washington qui déclinait les réformes que les pays émergents devaient faire pour accueillir les investissements étrangers. Cette vue monolithique de la globalisation s’est brisée définitivement sur la crise asiatique en 1997. Cette crise et ses séquelles ont permis aux pays émergents de se libérer de la sujétion de la dette en dollars et de recouvrer leur souveraineté sur leurs choix économiques et stratégiques.
Nous montrons dans la première partie de ce livre que la globalisation doit être perçue comme un système d’interdépendances multilatérales, où les puissances émergentes exercent une influence déterminante sur les économies développées. C’est à partir du tournant du XXI e  siècle que le terme « globalisation » est devenu adéquat aux phénomènes qu’il est censé désigner. On étudiera cette influence sur les équilibres macroéconomiques, sur la répartition des revenus et sur les marchés financiers des pays dits « développés ». Cette influence affecte les modes de formation des prix tant dans l’économie réelle que dans la finance. Dans l’économie réelle, la forte concurrence des producteurs des pays émergents et l’excès structurel de main-d’œuvre provoquent la perte de pouvoir des entreprises et des salariés sur les prix. Dans la formation des cours boursiers et des taux d’intérêt à long terme, cette mutation est interprétée comme un changement de régime dans la formation des valeurs fondamentales, le passage de ce que nous appelons un « modèle de cycle monétaire à inclinations inflationnistes » à un « modèle de cycle réel à inclinations déflationnistes ».
La globalisation pénètre donc profondément les mécanismes économiques internes des économies nationales. En conséquence, elle interagit étroitement avec les institutions qui participent à la régulation économique de ces pays. On étudiera en détail ces interactions dans la deuxième partie pour les quatre plus grandes économies du monde en ce début de XXI e  siècle : les États-Unis, la zone euro, le Japon et la Chine. Les institutions sont guidées par des modèles sociaux qu’elles ont pour rôle de pérenniser. Ces modèles sont très différents entre les quatre grandes économies parce qu’ils résultent de représentations du bien commun qui sont propres aux principes de cohésion de chaque société. Notamment, la prépondérance du point de vue des actionnaires dans la répartition des richesses, appelé « principe de la valeur actionnariale  », est dominant aux États-Unis, inégalement développé en Europe et largement ignoré en Asie. Il s’ensuit qu’il existe des types différents de capitalisme et que chacun d’entre eux n’est pas affecté de la même manière par le choc de la globalisation. Ces types de capitalisme induisent des politiques économiques disparates, lesquelles réagissent en retour sur les interdépendances internationales constitutives de la globalisation.
Dans la phase actuelle de la globalisation, la contradiction entre le choc provoqué par la concurrence généralisée des économies émergentes et les politiques disparates résultant des modèles sociaux associés aux différents types de capitalisme se caractérisent par une accumulation de déséquilibres financiers . Dans la troisième partie, on étudiera les causes de ces déséquilibres, on montrera que leur accumulation sans forces de rappel endogènes est insoutenable et l’on décrira des scénarios possibles d’ajustement. De manière maîtrisée ou forcée, ces scénarios impliquent des changements profonds dans les politiques suivies jusqu’à présent. Ces changements doivent parvenir à inverser durablement la progression de la demande intérieure entre les États-Unis et le reste du monde. La croissance devrait donc être relevée au Japon et en Europe. Elle devrait être redéployée sur la demande intérieure dans les pays émergents. Dans la zone euro, le problème est amplifié par la carence des institutions qui empêchent cet espace d’être une puissance capable de conduire une politique économique.
Mais il faut aller au-delà du moyen terme de l’ajustement financier, vers le long terme de la croissance mondiale viable pour les deux prochaines décennies. Depuis le début du siècle, la croissance agrégée moyenne des pays émergents est de 6 % contre 2,5 % pour les pays développés. Les évolutions des structures par âge de population et le rattrapage technologique rendent possible le maintien de cet écart sur une vingtaine d’années, même si le vieillissement général va faire diminuer quelque peu la croissance globale du monde. S’il en était ainsi, les pays émergents d’Asie, d’Amérique latine et du Moyen-Orient feraient 66 % du PIB mondial en 2030 mesuré en parité de pouvoir d’achat selon les calculs de Maddison, contre 40 % en 1913, 38 % en 1950 et 50 % en 2005 2 . Comme ces pays faisaient ensemble 70 % du PIB mondial en 1820, cela signifie que le régime de croissance mondiale du XXI e  siècle effacerait presque les effets de la révolution industrielle qui avait fait reculer irrémédiablement ces pays vis-à-vis de l’Occident.
Cependant, une telle modification des rapports de puissance économique ne va pas sans changements profonds dans la gouvernance internationale . Il faudra faire toute leur place aux pays émergents et au premier chef à la Chine qui est le pivot de l’intégration asiatique. L’hégémonie du dollar devra décliner au fur et à mesure que des puissances continentales rendront leurs monnaies convertibles. Ce sera le cas de la Chine qui absorbera l’espace financier de Hong Kong et deviendra l’une des plus grandes puissances financières de la planète. La confrontation de grandes monnaies adossées à des stratégies politiques de puissance posera des problèmes de gouvernance mondiale qui induiront une évolution des institutions internationales.
Première partie
L’origine des désordres
La première partie est composée de quatre chapitres. Elle étudie les sources des déséquilibres globaux qui se développent dans le capitalisme mondial en ce début de XXI e  siècle. La démarche est donc transversale. Les processus que l’on va mettre en évidence concernent l’ensemble des pays développés et leurs relations avec les pays émergents. La crise asiatique a été un événement d’une importance bien plus grande que beaucoup de commentateurs ne l’ont perçue. Elle a changé le cours du capitalisme. Avec ses séquelles qu’ont été les crises russe, brésilienne et argentine, elle a transformé les rapports entre les pays développés et les pays émergents. Elle a provoqué un reflux des capitaux qui a nourri la grande spéculation boursière de la « Nouvelle Économie  ». La spéculation et le krach qui s’est ensuivi ont mis au jour les problèmes de gouvernance posés par la généralisation du principe dit de la « valeur actionnariale  ».
Les pays émergents ont désormais une influence majeure dans le capitalisme mondial. La crise asiatique a signé l’acte de décès du « Consensus de Washington » qui avait régi les rapports entre les puissances occidentales et le reste du monde après la chute du mur de Berlin. Les pays émergents et les pays dits « en transition vers

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