Economie de la microfinance en Afrique subsaharienne
250 pages
Français

Economie de la microfinance en Afrique subsaharienne , livre ebook

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250 pages
Français

Description

Comment concilier rentabilité, faible coût du crédit et large portée des institutions de microfinance ? Quelle est l'efficacité des subventions accordées à ces institutions ? Comment articuler la microfinance et la croissance économique dans les pays d'Afrique subsaharienne ? Une politique monétaire restrictive favorisera le secteur informel, alors qu'une politique expansionniste favorisera le secteur formel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 125
EAN13 9782296245273
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Introduction

Thème important de l’économie apparue depuis une dizaine
d’années, la microfinance est présentée souvent comme une
solutionau sous-développement et à l’exclusion hors du marché
mondial decertainspayset/oudecertaines catégoriesde la
populationqualifiéesde pauvresou situéesgéographiquement à
lapériphérie des courantsd’échanges internationaux. Sous sa
forme moderne, elle est apparueconcrètementenAsie du
sudest, particulièrement au Bangladesh grâceàla banqueGrameen
créée par MohamedYunus.Elle estactuellementderetour sous
desformes variéesenAfrique oùellesubmerge lesformes
traditionnelles anciennes associées à l’économiepaysanne,
comme les tontines.Elle estcélébrée parceux quiy voient une
source d’émancipation économique et morale,carelle
encourageraitlalibreassociation en oppositionauxhiérarchies
villageoises et parce qu’elle s’opposeraitauxformes
traditionnellesdecrédit usuraire oudecréditdecampagnequi
renforcentladépendance des villageoisenaliénantleur récolte.
Pardelà ce discoursgénéral, ilconvientdesouligner que la
microfinance moderne, dontlesexpériencesontmêmeatteint
despaysémergents comme l’Inde, l’Indonésie et l’Afrique du
sud,voire mêmecertainspaysdéveloppés(il existe des
expériencesdecettesorteauxÉtats-Unis), n’est pasnéeaussi
soudainement qu’on le pense, bien que sesformesmodernes se
soientaffranchiescomplètementdes traditions.
Pour que lamicrofinance devienneunealternative efficaceaux
formesmodernesde lagrande finance internationale, exportée
par les pays industrialisés, pour contourner ce qu’il est convenu
d’appeler la répression financière des paysen développement,
celanécessitetoutefois unvaste détour théorique, historique et
descriptif.
En effet, larecherche de nouvellesformesdecontratsdecrédit
est l’aboutissement d’une vaste littérature économique qui a pris
sasource depuis unetrentaine d’années dans les théories
financières fondées sur l’information asymétrique et qui seveut
unealternative ou une extension de lathéorie néoclassique
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orthodoxe pourlaquelle lamonnaie et, finalement,l’ensemble
desactifsfinanciersne sont que l’enversdumarché desbiens.
En effet,selon lathéorietraditionnelle, ladichotomie,àlong
terme, sépare l’économie réelle de l’économie nominale, les
rationnementsetlesinefficacitésne proviennent que de
l’imperfection des marchés, de leurcloisonnementetde
comportements d’habitats préférés. L’organisation
monopolistique desbanqueslimitequantitativementlecréditet
le financement. L’inflation brouille les informations sur le
secteur réel.Lasolutionsetrouve danslalibéralisation des
marchésfinanciers, l’accroissement de la concurrence entre les
intermédiaires financiers et l’affirmation de règles monétaires à
même de permettreauxagentsde distinguerleréel dunominal.
Malheureusement, lerationnementducréditétaitet resteun fait
observé etdurable, etpas seulementdanslespayseuropéens
comme la Francequiapratiqué descloisonnements
administratifsafin de favoriserlesinvestissements
d’infrastructure et les secteurs de réseau où il existe des
monopolesnaturelsoude grandesentreprisesfordistes,touten
garantissant une épargne de masse lapluségalitaire possible.
Même lespaysanglo-saxons, dontlesformesfinancièresétaient
plusprochesdesmarchésconcurrentielsde lathéorie,
connaissaientdescontraintesfinancières.
L’introduction de l’information asymétrique dans la théorie,
dont on peut faire remonter l’origine aux travaux de Stiglitz, a
permis d’éclairer l’inefficacité des marchés financiers et de
clarifierlesconcepts.Il estnécessaire de distinguer
«l’exclusion» desemprunteurshorsdesmarchésfinanciersdu
rationnement par les offreurs. L’exclusion elle-mêmeadeux
explications:ducôté desemprunteursetducôté desprêteurs.
Ducôté desemprunteurs, elle ne faitmême pasappelà
l’asymétrie d’information, mais tout simplementau risque etaux
dotationsinitiales.Desemprunteurs sans richesse initiale, ou
ayant unerichesse initialetrop faible, ne pouvantmettre en
œuvre que des projets risqués, éventuellement en raison de la
faibletaille desprojets, nesouhaitent tout simplementpas
s’endetter et préfèrent renoncer à investir pour deux raisons.
Tout d’abord, il existe descoûtsfixes.Ensuite, enconcurrence
parfaite, lesprêteurs,voulant se prémunircontre lerisque de

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faillite, pratiquent des taux d’intérêttrop élevés.Le nantissement
des prêts est certes un moyen de limiter les taux d’intérêt, mais il
estlimité parlesdotations.Ainsi, en informationcomplète, le
conflitpourle partage des risquesexclutautomatiquementles
emprunteurs sans ressource.Simplement, danslathéorie
traditionnelle,certainsagentsne participentpasaumarché.Ilya
là la source d’un piège au développement lié aux rendements
croissants de l’investissement réel et de la richesse initiale du
pointdevue financier.
L’informationasymétrique duprêteurajoute laquestion de la
sélectionadverse etde l’aléa moral des emprunteurs:elle
renforce le problème.Augmenter le taux d’intérêt ou le
cautionnement, mêmeaprèsavoirexclucertainsemprunteurs,
grâceàuneclassification des risques, estinefficace.Lahausse
descoûts totauxducréditfavorise les risquesélevés.Le
rationnementparle prêteur s’ajoute donc, comme moyen de
deuxième ordre pourlimiterles risques, indépendammentdes
coûts. Le rationnement quantitatif n’est pas une forme duale des
coûts. Il n’est pas proportionnel et pèse plus fortement sur les
emprunteursayantde faiblesdotationséconomiques,
anthropologiquesoumoralesavérées.Dece fait, et sansfaire
appelàdes segmentationsfortesdesmarchésoudes
populations, on peut expliquer les taux d’intérêt élevés qui
diminuent l’efficacité des «inclus»,résultatduconflit surle
partage des risques, et l’existence des «exclus»quisetournent
vers le crédit usuraire ou l’économie informelle peu efficaces,
car privés d’économie d’échelle et renforçant les dépendances.
Il étaitdoncnaturelque, danscetesprit, lathéorieaillechercher
ailleurs que danslapurecomptabilité économiqueun moyen de
contournerla contrainte.Dupointdevuethéorique, la
microfinancechercheàremplacerle nantissementminimal oule
rapportendettement/richesse maximalcommecondition des
prêts, pardesmoyensen partie économiques, en partie
anthropologiques, eten partie moraux.Son modèle générique est
lecontratdecréditàresponsabilitéconjointe–limitée maisnon
individuelle.Ilsecaractérise de lamanièresuivante:lebanquier
prêteàdesindividus,àtourderôle (modèle ducrédit tontinier)
ouen mêmetemps, de petites sommes touten prêtantàun
grouperassemblant touscesindividus une grossesomme.Bien

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sûr, il y a les économies d’échelle, mais ce n’est point crucial.
Le groupe doit être solidaire.En cas de faillite de l’un, les autres
membresdugroupesont responsablesetpaientenquelquesorte
un taux d’intérêtplusélevé.Lecontratdoitêtre incitatif.Onvoit
apparaître les trois raisons :
La raison économique:diminuerles coûtsfixes(taille des
projetsetdes crédits), diminuerles«coûtsdetransport» parla
proximité desprêteursetdesemprunteurs(meilleure
information, diminution des coûtsdevérification,classification
des risquesen évitantla cotation moderne).
La raisonanthropologique:lesgroupes sonthomogènes(ilsont
lamêmesituation géographique, maisdesprojetsdiversifiés
correspondant auxdifférentes activités), ilspermettent àdes
personnes exclues par le modèle familial d’adhérer de manière
individuelle et d’acquérir une autonomie correspondant au
modèle économique individualiste etils contournentles
chefferies traditionnellesouleslongues chaînesdesolidarité
familiale.
La raison morale:la surveillance esten partieassurée parles
membresdugroupe.Lespersonnesde mêmerisque ontintérêt à
s’assembler. Les meilleurs ri

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