Gaz et pétrole en Amazonie
214 pages
Français

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Gaz et pétrole en Amazonie , livre ebook

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Description

Avec plus de sept millions de kilomètres carrés, la forêt amazonienne est le nouvel El Dorado pour l'exploitation de pétrole et de gaz naturel. Ses impacts environnementaux et sociaux sont à l'origine d'innombrables conflits opposants des entreprises, parfois plus puissantes que des Etats, à des populations aux intérêts souvent sacrifiés par les politiques nationales. Ce livre traite de conflits survenus en Equateur, en Colombie et au Pérou.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 349
EAN13 9782296715912
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gaz et pétrole en Amazonie
COLLECTION HORIZONS AUTOCHTONES
Dirigée par Irène Bellier et Patrick Kulesza
avec Joëlle Chassin


À l’issue d’une vingtaine d’années de négociation dans le cadre des Nations unies entre les représentants des États et les délégués des organisations autochtones, la Déclaration des Nations unies sur les Droits des Peuples Autochtones a été approuvée, en septembre 2007, à une très large majorité, par l’Assemblée générale des Nations unies.
Cette adoption ouvre un nouvel horizon de réflexion et d’action sur les différentes modalités possibles d’exercice du droit des peuples autochtones à disposer d’eux-mêmes.
La Collection Horizons Autochtones a pour objectif de faire connaître les dynamiques, luttes et changements que l’on observe dans la situation des communautés autochtones concernées par cette Déclaration à travers le globe.
Guillaume Fontaine


Gaz et pétrole en Amazonie

Conflits en territoires autochtones
Texte
Révision du manuscrit : Irène Bellier, Joëlle Chassin, Josette Isidore, Patrick Kulesza
Mise en page : Louise Traon

Couverture
Crédits photos :
Zone intangible du Parc national Yasuni (Équateur), photo : Municipio de Orellana
Aire déboisée pour la construction d’une plate-forme pétrolière, photo : Narciso Zambrano
Fuite de pétrole causée par la rupture d’un oléoduc, photo : Municipio de Orellana

Composition de la couverture : La Souris


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13835-3
EAN : 9782296138353

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Cécile et Guy, toujours si proches.
À Thierry, l’ami providentiel.

« Il est nécessaire de s’opposer avec force à la colonisation culturelle et à l’imposition d’un mode de vie dominant au monde entier, mais il faut prendre également acte de ce que l’isolement des cultures n’existe plus et qu’opposer sans plus de précautions cultures dominées et culture dominante est toujours l’expression d’un projet politique autoritaire qui se soucie peu finalement de la tradition. »
Alain Touraine, Pourrons-nous vivre ensemble égaux et différents ?
INTRODUCTION
Les conflits environnementaux en Amazonie
Le coût du pétrole en Amazonie
Depuis l’entrée en exploitation des gisements de la région amazonienne, en 1972, l’Équateur figure parmi les producteurs moyens d’Amérique latine, derrière le Venezuela, le Mexique et le Brésil. De même, la Colombie est devenue un producteur moyen après la découverte des gisements de pétrole et de gaz naturel de Caño Limon (1984), dans le département d’Arauca, et de Cusiana (1991) et de Cupiagua (1993), dans le département de Casanare. Pour sa part, le Pérou est devenu un producteur moyen de gaz naturel, grâce à l’exploitation des gisements du Bas Urubamba, connus comme le projet Camisea, découverts en 1986 mais entrés en exploitation en 2003. Depuis lors, une bonne partie des territoires amazoniens de l’Équateur (123 000 km 2 ), de la Colombie (406 000 km 2 ) et du Pérou (651 000 km 2 ) (TCA 1991 : 13, Perz et al ., 2003 : 15-16) fait l’objet de contrats d’association pour l’exploration ou l’exploitation de pétrole.
Cette situation est rendue particulièrement complexe par la présence de nombreuses communautés autochtones qui ne sont pas nécessairement intéressées par l’extraction de ressources naturelles sur leurs territoires ancestraux, ce qui explique la multiplication des conflits dans la région. En dépit de la colonisation agraire, cette région est en effet actuellement administrée en grande partie sous forme de territoires ancestraux légalisés ou en cours de légalisation.
La population autochtone en Amazonie est elle-même relativement hétérogène. En outre, il existe une grande disparité démographique entre des groupes majoritaires tels que les Shuars ou les Quichuas en Équateur, les Ingas en Colombie ou les Ashaninkas au Pérou, dont la population représente plusieurs dizaines de milliers de personnes, et des groupes qui se composent de quelques centaines d’individus, comme les Sionas et les Cofanes de la zone frontalière, les Secoyas et les Huaoranis en Équateur, les Makú-Nukák, les Barasanas, les Macunas, les Mirañas en Colombie, ou les Matsiguengas et les Yine Yami au Pérou. Il faut ajouter que, en Colombie, subsistent des groupes d’environ 5000 individus qui font preuve d’un certain dynamisme démographique, à l’instar des Cubeos, des Puinaves, des Tikunas, des Tukanos, des Witotos ou encore des U’was.
Il est indéniable que l’activité pétrolière est une source de revenus et une condition du développement économique de ces trois pays. Il n’en demeure pas moins qu’elle est synonyme d’impacts environnementaux négatifs dans de nombreux cas. Parmi ces impacts, il faut mentionner le risque élevé de pollution des sols et des eaux, la colonisation consécutive à la pénétration des routes dans des zones de forêt primaire et dans les territoires ancestraux, ainsi que l’exacerbation des tensions sociales que provoque l’économie d’enclave générée par l’activité pétrolière. Les conséquences de l’activité pétrolière durant ce qui fut l’ère Texaco en Équateur (1967-1992) furent dramatiques. En effet, les 30 fuites les plus graves du système d’oléoducs trans-équatorien occasionnèrent la perte de 403 200 barils, auxquels s’ajoutèrent 456 000 barils de brut et 450 millions de barils d’eaux de formation, versés dans la nature (Kimerling, 1993 : 44, 50, 56) {1} . Selon le « Bilan énergétique » de l’Institut National de Statistiques Équatorien (cité par Rendon, 1993 : 404), en Équateur étaient brûlées 891 000 tonnes d’équivalent pétrole chaque année, à travers l’incinération de gaz, dont la quantité de carbone représentait 17% de l’énergie consommée dans ce pays. Malgré certaines imprécisions, l’enquête de Kimerling est encore la plus complète à ce jour et, surtout, elle eut le mérite de déclencher une prise de conscience au sein de la population amazonienne (Ruiz et al ., 1993 ; Jochnick et al ., 1994 ; Varea et al ., 1995). Elle fut en ce sens un facteur déclenchant de la décennie des conflits environnementaux dont ce livre fait l’objet. En particulier, elle servit de point de départ à un procès très médiatisé, suite au dépôt d’une plainte contre Texaco devant les tribunaux américains par une association de communautés équatoriennes en novembre 1993, action qui se poursuit jusqu’à ce jour en Équateur, dix ans après la fusion de cette entreprise avec Chevron.

La situation est plus complexe en Colombie, surtout parce que la situation de violence généralisée interdit souvent l’accès aux zones sinistrées et décourage, dans une large mesure, les initiatives locales visant à faire connaître les impacts environnementaux, à l’origine des conflits qui nous préoccupent. Un effet pervers de l’activité pétrolière fut l’augmentation de la violence dans la région du Sararé (Arauca), où se situe le gisement de Caño Limon, découvert par Occidental Petroleum en 1984. Dans cette zone peu contrôlée par l’État, les mouvements de guérillas – en particulier l’Armée de Libération Nationale (ELN) – profitèrent de la construction de l’oléoduc Caño Limon-Coveñas, pour faire pression sur les multinationales et l’entreprise publique, et obtenir des ressources financières à travers l’extorsion et le chantage aux attentats contre les infrastructures. Dans les années 1980-1990, le département d’Arauca figurait parmi les plus violents en Colombie et comptait quatre communes « très ou relativement violentes » : Saravena, Tame, Arauquita et Cravo Norte (Ortiz C. M., 1998 a : 64). La forte augmentation des enlèvements dans le pays, dans les années 1980, fut particulièrement notoire en Arauca, où elle atteignit un taux supérieur à 30 pour 100 000 en 1985 et 1995, ce qui accompagna l’augmentation des homicides, avec un maximum de 500 pour 100 000 en 1979 et 1987 (Cubides et al ., 1998 : 285316). Bien que, en Arauca, l’homicide et l’enlèvement soient plus politiques que dans d’autres départements puisqu’ils sont perpétrés par les guérillas plus que par la délinquance commune (Ortiz C. M., 1998 a : 53), c’est précisément dans les enlèvements que les actions des guérillas et la délinquance commune se confondent. Les guérilleros sous-traitent la première phase de l’action pour échapper aux complications et à la perte de prestige que g&

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