Islam face au développement

Jacques Austruy

Description

S'interroger aujourd'hui sur le sens d"une économie musulmane est une réflexion nécessaire sur une voie possible de l'évolution dans laquelle nous sommes engagés. Pour cerner la spécificité de cette économie musulmane qui se dessine, il convient d'examiner d'abord les moyens dont elle peut disposer pour actualiser les fins qu'elle se propose. La nature des moyens mis en oeuvre détermine, en effet, la réalité des fins poursuivies, mais à l'inverse, la prise de conscience de la spécificité des fins peut influer sur le choix des moyens...

Sujets

• Islam
• Religión
• Développement
• Civilisation
• Ethnologie
• Anthropologie
• Économie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2006
• Nombre de lectures: 61
• EAN13: 9782336258607
• Langue: Français

Extrait

http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
© L’Harmattan, 2006
9782296005433
EAN : 9782296005433
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Collection M ouvements E conomiques et Sociaux Introduction CHAPITRE I - LES CONDITIONS NOUVELLES DE LA CROISSANCE ET LA SITUATION DE L’ISLAM CHAPITRE II - L’INADAPTATION DE L’ISLAM AUX MODES DE CROISSANCE ECONOMIQUE OCCIDENTAUX CHAPITRE III - LA VOCATION ECONOMIQUE DE L’ISLAM CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE PRINCIPAUX TERMES ET LOCUTIONS ARABES INSTITUT CEDIMES - PRESENTATION RESUMEE Autres publications du CEDIMES
Islam face au développement

Jacques Austruy
Collection M ouvements E conomiques et Sociaux
Dirigée par Claude ALBAGLI
La collection « les M ouvements Economiques et Sociaux » présentée par L’HARMATTAN et l’ INSTITUT CEDIMES se propose de contribuer à l’analyse des nouveaux aspects de la mondialisation en embrassant les phénomènes économiques, sociaux et culturels. Elle vise à faire émerger des recherches et des contributions originales sur les mutations du développement et de la mondialisation.
ALBAGLI Claude, « Le surplus agricole, De la puissance à la jouissance », L’Harmattan, Coll. M.E.S., 2001
DELIVANIS-NEGREPONTI Maria, « La mondialisation conspiratrice », L’Harmattan, Coll. M.E.S., 2002
RUBY Marcel (sous la direction) « Une mondialisation humaniste », Préface du Ministre Délégué de la Coopération et de la Francophonie, Pierre-André WILTZER L’Harmattan, Coll. M.E.S., 2003
RAJEMISON Sahondravololona et ALBAGLI Claude, (sous la direction) « Mutations contemporaines et développement », Préface du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Jean-Théodore RANJIVASON, L’Harmattan, Coll. MES, 2003
MAYOUKOU Célestin, ALBAGLI Claude, TORQUEBIAU Emmanuel et THUILLIER Jean-Pierre (Coordonnateurs), « Gouvernance du Développement local », CIRAD, L’Harmattan, Coll. M.E.S. 2003
ALBAGLI Claude, (Coordonnateur) « Alter-Développements, et développements altérés, Hommage à Jacques AUSTRUY », L’Harmattan, Coll. M.E.S. 2003
INSTITUT CEDIMES
Réseau Francophone d’Economistes et Gestionnaires Membre du Researchers Alliance for Development (RAD) de la Banque Mondiale Partenaire de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)
Président d’Honneur Fondateur : Jacques AUSTRUY
Président : Claude ALBAGLI Vice-Président : Yves-Marie LAULAN Secrétaire Général : Célestin MAYOUKOU
CEDIMES Directeurs, Membres du Conseil d’Administration ALGERIE : CEDIMES-ORAN Abdelkader DERBAL AUSTRALIE : CEDIMES-SYDNEY Tim DYCE BELGIQUE : CEDIMES-BRUXELLES Pierre DUPRIEZ BULGARIE : CEDIMES-SOFIA Zhelyu VLADIMIROV CAMEROUN : CEDIMES-POUALA Claude BEKOLO CANADA : CEDIMES-QUEBEC Yvon GASSE CHINE : CEDIMES-KUNMING Jian Hua ZHANG COLOMBIE: CEDIMES-SANTA FE de BOGOTA Ricardo ROMERO CONGO : CEDIMES-BRAZZAVILLE Jean-Raymond DIRAT CROATIE : CEDIMES-RIJEKA Vinko KANDZIJA FRANCE : CEDIMES-PARIS Alain REDSLOB FRANCE Outre-Mer : CEDIMES-LA REUNION Christian DAVE GRECE : CEDIMES-KOMOTINI Maria NEGROPONTI-DELIVANIS HAÏTI : CEDIMES-PORT-AU-PRINCE Narcisse FIEVRE HONGRIE : CEDIMES-BUDAPEST Jenö KOLTAY ITALIE : CEDIMES-TURIN Sergio CONTI JAPON : CEDIMES-TOKYO Seiji YOSHIMURA KAZAKHSTAN : CEDIMES-ALMATY Yerengaïp OMAROV LIBAN : CEDIMES-BEYROUTH Ibrahim MAROUN MACEDOINE (ERY) : CEDIMES-SKOPJE Mileva GUROVSKA MADAGASCAR: CEDIMES-ANTANANARIVO Sahondravololina RAJEMISON MALI : CEDIMES-BAMAKO Issa SACKO MAROC : CEDIMES-MARRAKECH Mohamed EL FAIZ POLOGNE : CEDIMES-WROCLAW Léon OLSZEWSKI ROUMANIE : CEDIMES-TÂRGOVISTE Ion CUCUI RUSSIE Occ.: CEDIMES-SAINT-PETERSBOURG Nina SLANEVSKAYA RUSSIE Ori.: CEDIMES-BARNAOUL Vitali MITCHENKO SUISSE : CEDIMES-NEUCHATEL Jean-Pierre GERN SYRIE : CEDIMES-ALEP Hassan HAZZOURI TUNISIE : CEDIMES-TUNIS Abderrazak ZOUARI TURQUIE : CEDIMES-IZMIR Neçati TASKIRAN UKRAINE : CEDIMES-KIEV Petro SAPOUN VIETNAM : CEDIMES-HANOÏ Vu Luan PHAM
Introduction
« Seigneur fais moi croire en science »
Coran, XX, 113

L’histoire des vaincus reste à faire et aussi celle des occasions manquées. La prospective des solutions possibles au problème crucial du développement économique n’est guère plus avancée. Elle est pourtant urgente car, entre les constructions possibles et les résignations probables, ce sont souvent la résignation et l’ignorance qui décident ; entre la diversité des modes de développements concevables et les quelques systèmes qui verront le jour dans un avenir très proche, c’est l’histoire de demain qui se fixera.

La marge de choix est très limitée par notre manque d’imagination. Elle l’est aussi parce que les pays du Tiers-monde, qui connaissent maintenant la richesse des autres, ressentent d’une manière très aiguë l’écart entre leur situation actuelle et le développement qu’ils souhaitent. Ce phénomène d’insatisfaction à l’échelle des continents a un aspect dramatique, mais il a aussi un aspect réconfortant. Le monde est en gestation. La prise de conscience d’une solution accessible aux problèmes de sous développement met en branle l’évolution de société depuis des siècles en léthargie. La reconnaissance du mal conduit à la recherche des remèdes.

Mais le problème n’est pas seulement de savoir si l’humanité qui s’accroît à un rythme inquiétant parviendra à augmenter à une cadence suffisante ses subsistances pour éloigner le spectre de la faim ; il est aussi important de savoir par quels moyens et à quel prix, cet effort sera réalisé.

On ne crée jamais sans détruire ; cependant il est des créations plus ou moins dévastatrices. Dans le domaine des valeurs sociales, on peut se demander, sans byzantinisme, si l’urgence ressentie du développement des productions élémentaires ne cache pas l’importance des sacrifices impliqués par le choix de certains modes de croissance. Le coût de certains types de croissance dont l’efficacité est payée par l’abandon définitif d’un patrimoine socioculturel irremplaçable serait sans doute jugé excessif, si la menace obsédante de la faim et de la destruction ne rendait pas inopportune une vision plus large sur l’avenir des sociétés.

Cependant un espoir se dessine dans l’effort de création originale que font aujourd’hui plusieurs sociétés pour répondre avec les moyens et les fins qui leur sont propres aux questions élémentaires posées par l’économie.

Le cas de l’Islam 1 paraît significatif à cet égard. Il bouillonne de tentatives de création nouvelle. Le choc de l’Occident suscite aujourd’hui une réaction, non plus mécanique, mais consciente. Cette réaction se situe aussi sur le plan économique où l’on assiste à la construction — encore indécise, mais qui s’affirme de jour en jour — d’un système économique nouveau.

L’objet de cette étude est de rechercher les lignes de force qui peuvent orienter un tel système et d’essayer de poser en des termes nouveaux le problème du développement économique des pays musulmans.

La tâche est délicate, car rien n’est en général moins serein qu’une étude sur l’Islam d’aujourd’hui ou de demain. Le malaise que produit un tel examen n’est pas dû seulement à des causes accidentelles, prudences politiques ou intérêts passionnés, mais aussi à des raisons profondes qui rendent l’Islam ambigu pour l’observateur étranger comme pour le musulman. Pour l’observateur étranger, l’Islam, c’est l’Orient de l’Occident ou l’Occident de l’Orient, mais un Occident caricaturé auquel on ne peut pardonner de refléter les défauts grossis de l’univers occidental. « Je pardonne mal à l’Islam, écrit Claude Lévi-Strauss à son retour d’Orient, de me présenter notre image, de m’obliger à constater combien la France est en train de devenir musulmane. Chez les Musulmans comme chez nous, j’observe la même attitude livresque, le même esprit utopique et cette conviction obstinée qu’il suffit de trancher les problèmes sur le papier pour en être débarrassés aussitôt ». 2

Elargissant la portée de ses griefs, le même auteur reproche à l’Islam d’avoir masculinisé l’Occident : « L’Islam nous a islamisés, quand l’Occident s’est laissé entraîner par les croisades à s’opposer à lui et donc à lui ressembler plutôt que de se prêter, s&