L'Abondance frugale

De Foucauld Jean-Baptiste

Description

Faute d’avoir corrigé à temps les déséquilibres que l’on sentait monter, nous voilà confrontés au défi de résoudre trois crises en même temps. Celle du chômage et de l’exclusion d’abord. La crise écologique ensuite. Les retombées de la crise financière enfin. La solution est-elle dans la quête illusoire du « toujours plus » ? Sûrement pas. Mais elle ne viendra pas non plus du « toujours moins » de solidarité. Bien au contraire. Les trois mots d’ordre de demain devront plutôt être : sobriété, justice et créativité. « Plus de sobriété pour plus de justice et plus de créativité pour plus de sens » : voilà les principes de l’« abondance frugale » qui, selon Jean-Baptiste de Foucauld, doit inspirer le nouveau pacte civique à inventer ensemble pour sortir de l’ornière. Comment y parvenir ? Quel sens donner à la société que nous voulons pour demain ? C’est ce qu’explore ce livre, contribution profonde et radicale au débat politique qui doit désormais rebondir. Ancien commissaire au Plan, Jean-Baptiste de Foucauld a notamment fondé Solidarités nouvelles face au chômage et Démocratie et spiritualité. Son grand succès, Une société en quête de sens (avec Denis Piveteau), dénonçait déjà la précarité et l’exclusion.

Sujets

• Business
• Economics
• Theory

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 16 avril 2010
• Nombre de lectures: 5
• EAN13: 9782738194411
• Langue: Français

Extrait

Jean-Baptiste de Foucauld
L’ABONDANCE FRUGALE
Pour une nouvelle solidarité
 
© ODILE JACOB, AVRIL 2010 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-9441-1
www.odilejacob.fr
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Table

Divers
Avertissement au lecteur
Chapitre  1. Plus qu’une crise, une mutation
Une crise systémique qui vient de loin
Revisiter le pacte faustien avec le marché
De la crise financière, faisons pédagogie
Un écart croissant entre les désirs et les moyens de les satisfaire
Travailler ensemble sur le sens et s’organiser à cet effet
Chapitre  2. Un développement matériel, relationnel, spirituel
Les équations temporelles personnelles
Trois besoins fondamentaux
Besoins matériels, travail rémunéré et temps normé productif
Réévaluer le temps relationnel
Le don anthropologique, fondement de la relationUne partie des développements qui suivent a paru dans La Croix du 14 mai 2001.
Tissu relationnel et capital social
L’activité relationnelle
Le temps spirituel
Chapitre  3. Abondance solidaire, abondance frugale
Fallacieuse abondance libérale
L’abondance frugale, éthique du développement durable
Une politique de l’abondance frugale est-elle possible ?
Quels équilibres collectifs reconstituer ?
Chapitre  4. Résistance, régulation, utopieCe chapitre, déjà publié en 2002, est reproduit en l’état et ne tient par conséquent pas compte des évolutions politiques intervenues depuis lors.
Limites des idéologies : démocratie, libéralisme, marxisme
Trois cultures politiques, trois fonctions sociales
Tous orphelins de la politique intégrale
Réintroduire la dimension spirituelle dans le jeu politique
Cultures politiques, cultures spirituelles et cultures religieuses : convergences possibles
Chapitre  5. Civiliser le capitalisme
Civiliser le capitalisme
Remettre l’argent à sa place
Reprendre la main sur le système financier
Revisiter les conditions d’application du principe de concurrence
L’heure de l’économie sociale et solidaire
Élever le niveau de responsabilité sociale des acteurs
Quelle gouvernance pour le capitalisme mondialisé ?
Chapitre  6. Plein-emploi
Ravages du chômage
Qui est responsable du chômageJe reprends ici en l’adaptant et la complétant mon intervention au temple de l’Étoile, publiée dans N. Baverez, J.-B. de Foucauld, A. Houziaux, A. Minc, Le Chômage. À qui la faute ? , Éditions de l’Atelier, 2005. ?
Choisir un modèle cohérent de retour au plein-emploi
Pour rompre avec la « préférence française pour le chômage », opter pour le plein-emploi de qualitéJe reprends ici, en l’adaptant, une partie de l’exposé fait devant les Semaines sociales de 2006, « Croire en un monde plus juste, illusion ou espérance », in Qu’est-ce qu’une société juste ? , Bayard, 2007.
2007-2009 : une politique à cheval sur deux modèles
L’abondance frugale pour l’emploi
La citoyenneté active contre le chômage, expérience d’abondance frugale
Chapitre  7. Zéro exclusion ?
Face à l’exclusion : violence ou nouvelles solidarités ?
Réconcilier Marx et Gandhi
De la lutte contre l’exclusion au combat pour un développement humain
Une nouvelle alliance
Quelle coopération entre les acteurs du développement humain ?
Les défis emblématiques de l’exclusion
Chapitre  8. Politiques de l’abondance frugale
Une liberté nouvelle, le droit au travail à temps choisi
Une nouvelle sécurité, le droit au réseau ?
Un cadre social stimulant
L’abondance frugale, combien d’impositions ?
Décroissance ou développement autre ?
Pour un pacte civique de solidarité
Les enseignements à tirer de l’expérience de Solidarités nouvelles face au chômageExposé présenté devant l’un des groupes de travail du Grenelle de l’insertion (19 mars 2008). Voir www.snc.asso.fr.
Les caractéristiques de l’action de SNC
Quelles leçons tirer de cette expérience pour mieux réussir les parcours d’insertion ?
Peut-on développer davantage de « comportements de solidarité active » de ce type pour lutter contre l’exclusion ?
Gorz et le temps choisi, un débat inachevéEst ici reproduit, avec l’aimable autorisation de l’éditeur, un chapitre du livre dirigé par Christophe Fourel, André Groz, un penseur pour le XXI e  siècle , op. cit.
Les trois legs incontournables d’André Gorz
Que revisiter chez Gorz ?
Comment poursuivre ?
Quelques réflexions finales
Du même auteur
« Les hommes veulent tout avoir, et ils se rendent malheureux par le désir du superflu ; s’ils voulaient vivre simplement et se contenter de satisfaire leurs vrais besoins, on verrait partout l’abondance, la joie, la paix et l’union. »

  Fénelon, Les Aventures de Télémaque ,
Livre V.
 
 
Avertissement au lecteur
Cette notion d’abondance frugale, nous l’avons pour la première fois évoquée en 1980 dans La Révolution du temps choisi 1 , ouvrage collectif du club Échange et Projets, fondé par Jacques Delors en 1973.
À l’époque, dans le chapitre intitulé « Valeur du temps, temps des valeurs », nous écrivions ceci : « L’élément nouveau qui ressort de l’analyse économique aujourd’hui est que, devant une telle accumulation de contraintes, nous n’avons le choix qu’entre une austérité subie et fondamentalement inégalitaire, et une frugalité assumée en commun. Pas n’importe quelle frugalité, en effet, et ne nous méprenons pas : car il s’agit de persuader et de partager, non de contraindre. Le temps, justement, est le moyen d’introduire à cette frugalité en même temps qu’il la fait ressentir non comme un appauvrissement, mais comme un enrichissement. En incitant à choisir plus de liberté et d’authenticité, et un peu moins de biens matériels, l’autorégulation du temps nous met sur la voie de cette “consommation élargie” qui, sous le jargon des économistes, suggère les contours d’un projet de société.
« S’il faut oser un concept pour définir ce rééquilibrage de nos valeurs et de nos comportements autour d’un emploi du temps plus permissif, c’est celui d’abondance frugale qui serait le plus expressif… Ne nous méprenons pas sur les mots : il ne s’agit évidemment pas de généraliser la pauvreté. Mais bien au contraire de mettre un peu plus d’abondance là où il y a misère (en revenus… ou en temps), et plus de frugalité là où il y a excès de richesse. Pas question de renoncer à l’abondance, mais à condition d’en convertir le sens. Impossible d’échapper à une certaine frugalité, mais il ne s’agirait pas d’un appauvrissement, car ce dont nous serions privés procure des satisfactions de plus en plus marginales. Il s’agit de trouver un équilibre nouveau entre le stoïcisme qui fonde et rend possible l’effort, et l’épicurisme qui en constitue la récompense. Mettre un peu moins d’ardeur dans notre activité productive sans cependant renoncer à la productivité – en un mot remettre en cause le productivisme, mais pas l’innovation – et plus de rigueur dans notre consommation. Mettre plus de nous-mêmes dans nos activités et moins de passivité dans cette absence d’activité que l’on appelle loisir. À bien y regarder, c’est d’un retour aux sources qu’il s’agit : le stoïcisme visait la communion avec le monde et Épicure était frugal. »
J’ai tenté de poursuivre cette réflexion, plus de vingt ans après, en 2002, dans Les 3 Cultures du développement humain . Un chapitre entier « Abondance solidaire, abondance frugale » était consacré à cette thématique, dont la mise en œuvre implique de recourir conjointement à ces trois cultures différentes, par certains côtés opposées et pourtant complémentaires, que sont la résistance , la régulation et l’ utopie .
La crise actuelle donne à l’évidence une plus grande actualité à ces réflexions qui ne sont plus disponibles dans le commerce, alors qu’elles pourraient être mieux entendues aujourd’hui.
Les idées sont longues à cheminer, surtout lorsqu’elles ne sont pas portées par un rapport de forces ou par l’éclat médiatique. Notre société entend mal les signaux faibles et les voix douces, à son détriment. La pensée borgne monopolise l’attention. Or la réalité est ambivalente, contradictoire, et il est vain de fuir la discorde en oubliant la nécessité. Celle-ci finit toujours par triompher. Une conception fallacieuse de l’abondance s’écroule et le principe de frugalité va s’imposer . Mais c’est pour trouver d’autres formes de solidarité, de créativité, de développement, et finalement d’abondance, d’abondance élargie. Abondance et frugalité, désormais, vont cheminer ensemble et s’étayer l’une l’autre. Comme c’est déjà le cas d’ailleurs pour beaucoup, par choix personnel, par sens de la mesure ou plus prosaïquement sous la contrainte des privations. Mais ces deux orientations vont se conjuguer de manière plus consciente, plus lucide, plus organisée, plus efficace. Ces deux principes font partie des check and balance de la société de demain. Mais ceux-ci, au lieu d’être, comme aujourd’hui, purement institutionnels et extérieurs aux personnes, traverseront chacun et chacune d’entre nous, à titre d’appel à une sagesse individuelle et collective. L’abondance frugale et solidaire est le moyen de remettre l’économie à sa place, c’est-à-dire de la mettre au service du développement personnel de chacun, solidaire du développement de tous et de la société dans son ensemble .
C’est pourquoi il a paru utile de poursuivre ce travail engagé de