L'ÉCONOMIE INFORMELLE EN HAÏTI

Nathalie Lamaute-Brisson

Description

Enlisées dans la crise ouverte au début des années 1980, les villes haïtiennes débordent d'activités informelles : travail indépendant, artisanat de " proximité ", commerce de rue, etc. Cet ouvrage tente de mettre au jour les caractéristiques des activités informelles de Port-au-Prince comme formes d'emploi et comme unités économiques non enregistrées, non cataloguées, non fiscalisées. Les thèses présentées dans ce livre sont fondées sur un long et riche travail d'enquête auprès des ménages, des travailleurs et des chefs d'entreprises informelles.

Sujets

• Économie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2002
• Nombre de lectures: 59
• EAN13: 9782296291515
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 10 Mo

Extrait

L'ECONOMIE INFORMELLE EN
HAÏTI
De la reproduction urbaine à Port-au-PrinceCollection Économie et Innovation
dirigée par Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis
Dans cette collection sont publiés des ouvrages d'économie
industrielle, financière et du travail et de sociologie
économique qui mettent l'accent sur les transformations
économiques et sociales suite à l'introduction de nouvelles
techniques et méthodes de production. L'innovation se confond
avec la nouveauté marchande et touche le cœur même des
rapports sociaux et de leurs représentations institutionnelles.
Ces ouvrages s'adressent aux étudiants de troisième cycle, aux
chercheurs et enseignants chercheurs.
Les séries Krisis, Clichés et Cours Principaux font partie de la
collection.
La série Krisis a été créée pour faciliter la lecture historique des
problèmes économiques et sociaux d'aujourd'hui liés aux
métamorphoses de l'organisation industrielle et du travail. Elle
comprend la réédition d'ouvrages anciens, de compilations de
textes autour des mêmes questions et des ouvrages d'histoire de
la pensée et des faits économiques.
La série Clichés a été créée pour fixer les impressions du monde
économique. Les ouvrages contiennent photos et texte pour
faire ressortir les caractéristiques d'une situation donnée. Le
premier thème directeur est: mémoire et actualité du travail et
de l'industrie; le second: histoire et impacts économiques et
sociaux des innovations (responsable: Blandine Laperche)
La série Cours Principaux comprend des ouvrages simples et
fondamentaux qui s'adressent aux étudiants des premiers et
deuxièmes cycles universitaires en économie, sociologie, droit,
et gestion. Son principe de base est l'application du vieil adage
chinois: « le plus long voyage commence par le premier pas ».Nathalie LAMAUTE-BRISSON
L'ECONOMIE INFORMELLE
EN HAÏTI
De la reproduction urbaine à Port-au-Prince
INNOVAL
21, Quai de la Citadelle
59140 Dunkerque, France
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
Hargita u. 3 Via Bava, 375-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALIE@L'Hannatlan,2002
ISBN: 2-7475-2637-2Pour mon père,
Pour ma mère-courageAvant-Propos
Cet ouvrage est tiré de ma thèse de doctorat en Sciences
Economiques. Il s'agit d'une version allégée et remaniée en
fonction du recul que j'ai pu prendre après la soutenance de la
thèse.
Le cheminement adopté peut paraître inhabituel. Plutôt que
de partir d'un cadre théorique préétabli, j'ai tenté de mettre au
jour les principales caractéristiques de la reproduction urbaine
en Haïti. Cela était nécessaire, compte tenu de l'absence
d'études récentes permettant de construire une vue d'ensemble
des fondements de cette reproduction. D'où une mise à
l'épreuve empirique des thèses communément admises sur
l'économie informelle. Etant entendu que la référence
empirique est, selon les termes d'Hubert Brochier, «
indispensable comme élément de contrôle du savoir ». Plus
fondamentalement, les résultats empiriques m'ont permis, en articulation
avec un certain nombre d'interrogations théoriques, de
proposer la mobilisation de la topologie du social élaborée par
Bruno Théret, variante de la Théorie de la Régulation, non sans
y avoir apporté quelques propositions ouvrant la voie à
l'intégration des unités informelles.
Je remercie M le Professeur Jacques Valier qui a accepté
de diriger ma thèse, Madame le Professeur Bernadette Madeuf,
M le Professeur Bruno Lautier et M le Professeur Philippe
Hugon pour leur appui.
J'ai également bénéficié du soutien affectueux de mafamille
proche. Merci à ma mère à qui ce travail est naturellement
dédié. Merci à mes cousin (e)s, Eduardo, pour sa complicité
joyeuse et inaltérable, Marie, pour son enthousiasme qui donne
des ailes, et Garry, pour la confiance témoignée.
Je tiens en outre à exprimer ma profonde gratitude envers
mes amis proches: Christian, Fabrice, Babette, Carlo, Naïma,
Françoise, Véronique, Jean-Claude, Rodolphe.
Mes remerciements vont également à Christian Girault qui
m 'afait découvrir le travail pionnier d'Vii Locher sur le destin
des migrants à Port-au-Prince, à Rémy Bardon, à tous ceux qui
m'ont aidée, d'une manière ou d'une autre, à réaliser les
enquêtes: Gary Lhérisson, Daniel Milbin, Guiteau Valès,
Hénock Trouillot, Dr. Michel Cayemittes.
Enfin, la publication de cet ouvrage vaut reconnaissance de
dette envers les habitants de Port-au-Prince qui ont accepté de
consacrer une partie de leur temps aux enquêteurs, envers les
chefs d'unités informelles de et des villes de
province qui m'ont accordé de longs entretiens.INTRODUCTION GENERALE
La recherche en sciences sociales en Haïti s'intéresse peu à
la reproduction de la population urbaine. La plupart des travaux
s'organisent autour d'un certain nombre de thèmes récurrents
tels que les relations entre l'Etat prédateur et la nation, le
développement du sous-développement, la formation du
capitalisme, les formes de pouvoir. En outre, l'accent est
généralement mis sur l'analyse de la paysannerie, de ses
structures, de ses comportements. Il est vrai que le monde rural
est, de nos jours encore, une composante importante de
l'organisation économique et sociale.
Certes, quelques historiens se sont penchés sur les conditions
générales de vie des classes populaires urbaines dans la colonie
de Saint-Dominque (Trouillot H., 1956a, 1956b), après
l'indépendance (Trouillot H., 1960), au moment de la crise de la
deuxième moitié du dix-neuvième siècle (Georges Adam A.,
1982). Mais, il s'agit soit d'un embryon de recherche (dans le
cas de H. Trouillot), soit d'une question traitée dans le cadre
d'un problème plus vaste, celui de l'appui des classes
populaires à un leader populiste qui émerge à la faveur d'une
crise économique et politique sans précédent (Georges Adam
A., 1982).
On trouve aussi quelques travaux de recherche en
économie: ceux de Simon M. Fass sur les conditions de vie
dans un quartier de la capitale, réputé, dans les années
soixantedix, comme étant à moyens revenus, ceux d'Huldrych Caspar
Locher sur l'insertion économique et sociale des migrants àPort-au-Prince. Ces recherches feront d'ailleurs exception dans
l'importante production des années soixante-dix consacrée au
premier chef au milieu rural. Par la suite, cette voie ne sera pas
véritablement explorée, entre autres, en raison de la faiblesse de
la production de données statistiques et de leurs commentaires,
de la quasi-absence d'enquêtes systématiques sur la
participation à l'activité économique, les revenus, les modèles et les
niveaux de consommation.
C'est que les analyses récentes portant sur la crise ouverte au
début des années quatre-vingt sont centrées sur les évolutions
macro-économiques. Si les politiques de stabilisation et les
politiques d'ajustement structurel ont pu faire ou font encore
l'objet de débats, l'impact de la crise et des politiques
économiques appliquées, non sans résistances diverses, sur la
reproduction de la population en général, et de celle vivant dans
les villes, en particulier, est peu documenté. On est réduit à
devoir glaner ici ou là quelques informations souvent lacunaires.
L'objet de ce travail n'est pas tant de combler cette lacune -
le terrain à défricher est immense - mais de poser le problème
de l'élucidation des fondements contemporains de la
reproduction urbaine en Haïti. Dans cette perspective, il est
impossible de faire l'impasse sur les activités informelles.
Divers auteurs s'accordent sur l'extension de l'économie
informelle en Haïti. En témoigne l'emploi des expressions telles
que «percée fulgurante de l'économie informelle» (Cadet C.
L., 1996: 74), «croissance rapide du secteur informel»
(Montas R., 1995 : 65). Si les évolutions réelles ne sont pas
connues, faute de données d'enquête adéquates, il est
communément admis que l'informel prédomine dans l'emploi