La crise vue d ailleurs
303 pages
Français

La crise vue d'ailleurs , livre ebook

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303 pages
Français

Description

Cet ouvrage se distingue par ses éclairages spécifiques : d'abord une perspective comparative sur des situations nationales contrastées. Ensuite, une analyse de l'intérieur des situations vécues par les acteurs et de leurs perceptions contradictoires de la crise. Enfin, une articulation des cadres et des contraintes globales, des rapports sociaux en jeu et des représentations des sujets. Economistes et anthropologues ont voulu ici approfondir le phénomène social localisé de la crise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 263
EAN13 9782296253063
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire

Pascale PHÉLINAS, Monique SELIM
Quelle(s)crise(s): altéritésinternesetexternes9
Jean-Michel SERVET
L’économie contractéeparle néolibéralisme 17
Pascale ABSI
Lapartidéelle de la crise : Lesmineurscoopérateursde Bolivie
face à larécession29
Bernard HOURSetMonique SELIM
Travailleursetjeunesdiplômésconfrontésà la crise àCanton
(Chine)57
Valeria A.HERNÁNDEZ
Agribusiness,système financieretactionpolitique
en Argentine 105
Françoise BOURDARIAS
Redéfinitionsde l’État-nation etdes territoiresauMali
entempsde crise : migrantschinoiset populationslocales139
Patrick PILLON
Appauvrissementetexclusion de laproduction :
la filièrerizicolesénégalaise dansla mondialisation 171
Bernard CASTELLI
Criseset pyramidesfinancièresen Colombie etÉquateur:
histoiresde la confiancetrahie205
Isabelle GUÉRIN, Santosh KUMAR, Marc ROESCH,
Mariam SANGARE, VENKATASUBRAMANIAN
Crise, microfinance et surendettement:
une étude de casen Inde duSud241
Jean-Michel SERVET
La microfinance auSudsoumise augrandrenversement 271
Lesauteurs 299

QUELLE(S)CRISE(S):
ALTÉRITÉS INTERNES ET EXTERNES

Pascale PHÉLINAS
Monique SELIM

Desmilliardsde dollarsenvolés, des pertescolossalesdanslesystème
bancaire, chutesabyssalesdes valeursboursières: depuisl’été2008, le
capitalisme financieresten crise.Cette déroutetrouveson origine dansla
mise enplace dumodèle économique désormaishégémonique
ditanglosaxon dogmatisé autourdu« Consensusde Washington »,promouvant un
capitalisme libéré detouterégulation étatique, oùlesmarchés sont
appelésà jouer unrôle central.Maîtrise de l’inflation, dérégulation des
marchés, etinsertion dansl’économie mondiale ontété lesclésde cette
politiquequiva accentuer significativementlesinégalitésdansle monde,
manifester une indifférenceprofonde à lasouffrance des peuplesmais
offrir un espace formidable auxcapitauxenrecherche d’opportunitésde
gains.
L’origine de la crise financièrequisecoue l’ensemble de laplanète
doitbeaucoupà la fragilitéqu’avaitdéveloppée l’économie mondiale bien
avant 2008 enraison de la libéralisation desmarchésfinanciers,
d’innovationsfinancièresmal maîtrisées, de l’intégration deséconomies,
et paradoxalementdes succèsde la lutte contre l’inflation.Lepointde
départ sesituesansdoute dans un excèsde la liquidité auniveaumondial
lié, d’unepartà laprogressiontrès rapide des réservesde change des
banquescentralesdes paysémergents (la Chine enparticulier)etdes pays
exportateursde matières premièreset, d’autrepartàunepolitique
monétaire américainetropaccommodante.Cette forte liquidité mondiale
nes’est pas traduite en inflationsurlesbienset services ;aucontraire
même, l’inflation mondiale n’a cessé de baisserdepuis prèsde dixans.Ce

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Pascale PHÉLINAS, Monique SELIM

recul de l’inflation etdesavolatilité,renforcépar uneréduction globale
desempruntsémis parlesÉtats, des politiquesde contrôle desdéficits
publics, a conduitàune baisse des tauxd’intérêtà longterme.Les
conditionsontdonc étéréunies pour renforcerla confiance dansl’avenir
etdanslerôle autostabilisateurdesmarchés, et pourentretenir unrepli
dangereuxde l’aversion au risque.
Ducôté de l’économieréelle, l’accroissementdesinégalitésde
revenus, notammentauxÉtats-Unis, loin destimulerl’économie, a
provoqué l’étranglementde la demande desbienset servicesetl’État
américain a été contraint, faute de mettre enplaceunepolitique des
revenus, ou, à défaut,unepolitique fiscaleredistributive, d’inciterles
ménagesà consommeren faisantappel à l’endettement.Lesbanques
américaines,poussées parleurgouvernement, ontconsidérablement
assoupli leurcomportementen matière d’attribution des prêts, notamment
immobiliers.Ainsi,touteunepartie de lapopulation apu se maintenir
dansl’illusion d’un niveaudeviequeses revenusne luipermettaient plus
desoutenir.En conséquence, laqualité des prêts s’estdégradée de façon
régulière entre2001 et 2006.Leretouràunepolitique monétaireplus
restrictive début 2006, en entraînant unrenchérissementducoûtdes
créditsimmobiliersetl’accroissementdesdéfautsdepaiementde
ménagesdevenusinsolvables, a joué lerôle de détonateur.
Dansle mêmetemps, l’augmentation du volume descrédits
immobiliersnes’est pasaccompagnée d’une augmentation desfonds
propresdesbanques, maisde latitrisation de leurscréances.La
complexité des produitsfinanciersainsi créésen contrepartie des prêts
hypothécaires, leurmise enventesurlesmarchésfinanciersont provoqué
un enchevêtrementinextricable d’actifsdanslesystème financier
planétaire, dontlavaleuretlerisque encouruont rapidementété
impossiblesà évaluer.Telleune épidémie, la défiancevis-à-visdes
produitsdetitrisations’est rapidement propagée àtousles segmentsdu
marché, dèslors que les premières pertes subies parlesinstitutions
financièresaméricaines sur un marché opaque ontfaitcraindre des
problèmesd’illiquidité etd’insolvabilité ailleurs.
Un constatestà l’origine de cetouvrage : lesanalyses scientifiqueset
lesdiscoursmédiatiques qu’aprovoquésla crise de2008sesont
concentrésjusqu’à aujourd’huiprioritairement surl’Europe,
lesÉtatsUnis, les paysd’ancienne industrialisation.Pourtant, aucoursde la
décenniequatre-vingt-dix,une dizaine depaysémergentsen Asie du
Sud-Est, en Amérique latine, eten Europe orientale ontexpérimenté des
crisesfinancières similaires.S’ilpeut paraître étonnantde comparerles
États-Unisàun ensemble depaysémergents, les traitscommunsentre ces

ALTÉRITÉS INTERNES ET EXTERNES

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crises sontnéanmoinsnombreux: l’opacité de lasphère financière, des
règlesbancaires troplaxistes permettantl’instauration deratiosde levier
excessifs, l’aléa moralsuite auxgarantiesimplicitesaccordées parl’État
auxbanqueset, enfin,unepolitique monétaire beaucoup trop
complaisante.
Lesconséquencesde la crise de2008surlereste dumonde ontété
peuabordées, en dépitdequelquesflashsauxdimensions sensationnelles
surla Chine, l’Inde, l’Afrique,principalement.Or,si les paysdits
conventionnellementen développement (PED)n’ont pascontribué à la
crise financière, ilsensontnéanmoinsles victimes.Larécession les
frappe en effetdurementviadiverscanauxdetransmission,tels que la
chute de leurs recettesd’exportation consécutive à la contraction des
échangescommerciaux, la baisse des transfertsdesmigrants, ouencore le
tarissementdesinvestissementsétrangersetlerepli de l’aide au
développement.Rien d’étonnantdèslors que les prévisionsde croissance
soient si mauvaises pourlesPED.Les perspectives sontd’autant plus
moroses que la grande majorité d’entre euxne disposent pasde moyens
suffisants pourfinancerdes plansderelance ambitieuxde leuréconomie.
En l’absence deressourcesinternesetexternesadditionnelles, ils risquent
dèslorsdeseremettre beaucoup plusdifficilementde larécession
globale.En outre, lesdifficultéséconomiquesactuelles risquent
d’alourdirle fardeaudu remboursementde leurdette.En effet, compte
tenudu recul ducommerce mondial, nombre depays pauvres risquentde
disposerde moinsde devises pour rembourserleurscréanciers.Ces pays
devraienten outre contracterdanslesmoisàvenirde nouveauxemprunts
(notammentauprèsduFMI etde la Banque mondiale) pouratténuerles
répercussionsde la crisesurleuréconomie, cequireprésenteuneréelle
menacepourlesfinances publiqueset unrisque élevé desurendettement.
Toutefois, il faut souligner que lesPED constituent un groupetrès
hétérogène, etneprésentent paslesmêmesfragilités par rapportà la
récession actuelle.Les payslesmoinsavancés sontceux qui ont subi de
plein fouetlesconséquencesde la crise mondiale.Surle continent
africain, letauxde croissance annuel est tombé de 4,8%en2008 à
environ 1%en2009.La dépendance de laplupartdes paysà l’égard des
exportationsdequelques p

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