La Grande Fraude
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La Grande Fraude , livre ebook

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Description

Et si la crise financière dont nous subissons encore les effets était bel et bien une vaste fraude ?Voici un « autre récit » du krach. En tout cas, pas celui proposé en général par les économistes ou les financiers. Décryptant les mécanismes ayant permis une succession d’actes criminels, reprenant les événements pièce par pièce et les replaçant dans une histoire plus longue, Jean-François Gayraud va ainsi au-delà de la stigmatisation de quelques boucs émissaires ou de la dénonciation de certains excès. Des politiques aveugles et dogmatiques de dérégulation des marchés ont ouvert la voie à des comportements criminels de grande ampleur au point de déclencher la crise des subprimes. Dès lors, pour lui, il est impossible d’envisager un vrai assainissement, une reconstruction durable de la finance si ce diagnostic criminel n’est pas fait. Après la globalisation des phénomènes mafieux et la pénétration du monde du spectacle, Jean-François Gayraud poursuit son exploration des criminalités organisées qui gangrènent les sociétés contemporaines. Un document sans appel ! Auteur notamment du Monde des mafias, commissaire divisionnaire de la Police nationale, Jean-François Gayraud est docteur en droit, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Institut de criminologie de Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2011
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738185853
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Odile Jacob, avril 2011 15, rue Soufflot, 75005 Paris www.odilejacob.fr 9782738185853  

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Ouvrage proposé par Xavier Raufer
À Frédérique.
« C’est par un saut de l’imagination que l’on saisit la vérité. »
Simon L EYS , Le Bonheur des petits poissons.
« Les assassinats sur la grande route me semblent des actes de charité comparativement à certaines combinaisons financières. »
Honoré de B ALZAC , César Birotteau.
INTRODUCTION
SUBPRIMES OU SUBCRIMES  ?
 

« Il s’agit de la plus grande fraude de l’histoire des marchés financiers. »
Janet T AVAKOLI 1 .

Un autre récit est possible
Une crise financière, c’est d’abord une histoire se prêtant à des récits. Or, ainsi que le note le philosophe Jean-Pierre Faye, « la façon de dire et raconter la crise appartient à la crise elle-même 2  ». Nous proposons donc ici un autre récit de la crise des subprimes que celui qui a cours, un décodage différent des événements, selon une perspective radicalement nouvelle : celle de la criminologie. Notre but : engager une réflexion en dehors des cadres habituels et convenus 3 .
Parmi les multiples interprétations qui ont été proposées pour expliquer cette crise majeure du capitalisme, une manque presque en effet toujours à l’appel : celle qui intègre sa dimension criminelle. Pourtant, comme le remarque l’analyste Peter Goldmann, les fraudes ont joué « un rôle central 4  ». Cette crise financière, comme la plupart des autres de l’histoire, « recèle » bel et bien un aspect criminel souvent ignoré, voire occulté.

De troublants indices criminels
Dès février 2008, Eliot Spitzer, gouverneur de l’État de New York, ex-procureur fédéral redouté des milieux d’affaires et surnommé le Shérif de Wall Street, signe un article retentissant dans le Washington Post qualifiant la crise des subprimes de « crime » et accusant l’administration Bush d’avoir été complice des pratiques « prédatrices » des sociétés de crédit hypothécaire 5 .
En février 2009, Patrick Leahy, président de la commission judiciaire du Sénat déclare : « Le volume des fraudes a éclipsé le scandale des caisses d’épargne des années 1980 6 . »
En mai 2009, le Congrès crée une commission spéciale d’enquête sur les causes de la crise financière. Dans la longue liste des missions assignées à la Financial Crisis Inquiry Commission (FCIC), la toute première est justement d’« examiner les causes de la crise financière et économique actuelle aux États-Unis, spécialement le rôle de la fraude et des abus dans le secteur financier, incluant la fraude et les abus envers les consommateurs dans le secteur hypothécaire 7  ».
Le mois suivant, la nouvelle administration démocrate rend public un long texte du département Trésor 8 analysant les causes de la crise des subprimes et les solutions pour réformer le système financier. Quoique prudent sur les responsabilités passées, ce livre blanc évoque malgré tout à de nombreuses reprises : les « pratiques abusives » et les « fraudes ». Il insiste pour l’avenir sur la nécessaire protection de consommateurs victimes « d’abus, d’injustice, de tromperie ». Surtout, on peut y lire dans un style pudique, mais selon une perspective toute criminologique : « Des ressources insuffisantes ont été consacrées à l’application de la loi pendant le boom hypothécaire 9 . »
En juin 2009, à nouveau, Bernard Madoff est condamné à cent cinquante ans de prison ferme pour une fraude de près de 60 milliards de dollars. Un an plus tôt, en décembre 2008, l’escroc s’était dénoncé auprès du FBI, car sa gigantesque pyramide financière vacillait : affolés par la crise, les investisseurs venaient retirer leurs placements.
En novembre 2009, le président Barack Obama crée un nouveau groupe de travail interagences destiné à lutter contre les fraudes financières (Financial Fraud Enforcement Task Force), dans le but affiché de punir les responsables de la crise des subprimes et de prévenir la venue d’une autre crise financière. Impliquant plus de vingt agences fédérales, ce groupe est le plus vaste jamais mis sur pied pour lutter contre les fraudes financières aux États-Unis. L’origine criminelle de la crise des subprimes est ainsi clairement pointée du doigt.
Depuis 2009, sans relâche, les prix Nobel d’économie Paul Krugman et Joseph Stiglitz ne cessent de décrypter la crise des subprimes sous l’angle de l’« escroquerie » et de la « fraude » systémiques. Une grille de lecture criminologique significative pour des économistes.
Depuis 2008, les poursuites civiles et pénales pour fraudes (et infractions assimilées) liées aux subprimes se multiplient aux États-Unis et aussi à l’étranger. Des centaines d’enquêtes ont transformé la finance américaine en vaste « scène de crimes ». Au point que l’ International Herald Tribune , au printemps 2010, constate avec malice qu’à Wall Street, désormais, « c’est un peu comme si tout le monde était sous enquête pour une raison ou une autre 10  ». Ce constat n’est pas anodin.
Le professeur James K. Galbraith de l’Université du Texas déclare le 4 mai 2010 devant une commission parlementaire du Sénat des États-Unis (sous-commission sur le crime) : « L’étude de la fraude financière a été négligée. Les économistes ont minimisé son rôle dans toutes les crises analysées 11 . » Selon lui, la crise des subprimes est une pure « fraude ».

Vers une explication criminologique
Combien d’hommes, de femmes et d’enfants auront in fine perdu leur maison ou leur emploi ? Combien auront sombré dans la misère ? Aux États-Unis, la crise des subprimes a brutalement aggravé la pauvreté. Son taux est passé de 12,5 % (en 2007) à 14,3 % (en 2009) ; soit 44 millions d’Américains en chiffres bruts. En tout, la crise des subprimes a provoqué l’évaporation de 11 000 milliards de dollars (800 milliards d’euros) de richesse dans les foyers américains (chute de la valeur des biens immobiliers et de l’épargne populaire ; dévalorisation des retraites capitalisées en Bourse). En 2008, 2,3 millions de propriétaires de biens immobiliers (maisons, logements) ont reçu un avis de défaut de paiement ou ont été saisis. À terme, 13 millions d’Américains risquent de perdre leur maison. Fin 2010, un actif sur six se trouvait sans emploi ou sous-employé, soit 26 millions d’Américains. La crise a touché en priorité les classes moyennes et basses, les salariés à faibles revenus et précarisés, souvent issus des minorités hispanique et noire. Et les dégâts sont encore souvent pires ailleurs dans le monde.
Si les économistes ont failli dans l’anticipation, ils sont aussi en échec dans la lecture de la logique complète qui a présidé à cette crise. Le refus d’explorer l’hypothèse criminelle, cet « angle mort » de la pensée économique, traduit un évident confort intellectuel. À l’inverse, le fil conducteur de ce livre peut se résumer ainsi : la crise des subprimes est née de politiques de dérégulation : moins de normes contraignantes, moins de contrôle et de surveillance des marchés. Or la dérégulation économique et financière est criminogène , c’est-à-dire créatrice d’incitations et d’opportunités à commettre des fraudes financières de grande ampleur. Les responsabilités criminelles dont nous parlerons se situent à deux niveaux : l’un individuel, car des particuliers et des professionnels ont commis des crimes financiers de façon répétée et massive (abus de confiance, escroqueries, faux, tromperies, etc.) ; l’autre systémique, car toute une chaîne financière s’est organisée spontanément pour spolier plus ou moins légalement des investisseurs naïfs.
À partir de l’été 2008, alors que la crise des subprimes éclatait, nous avons ainsi proposé dans une série d’interventions, d’articles et d’études d’aborder la « dimension criminelle des crises financières 12  ». Cette face sombre de la crise était alors passée inaperçue et elle est encore largement mal comprise. Aujourd’hui encore, alors que cette dimension criminelle est devenue patente, elle demeure presque totalement ignorée de la plupart des publications. On ne trouve ainsi aucune référence au crime dans un rapport se voulant pourtant un bilan complet, publié en 2009 par l’Organisation des Nations unies : Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement 13 . Cet exemple n’est pas isolé : il est à l’image de la plupart des analyses. L’irénisme est ici patent et inquiétant.
Depuis que la crise des subprimes a pris naissance en 2007-2008, les analystes privilégient des explications de type économique et financière pour disséquer ce désastre. Quoi de plus normal, dira-t-on, que de rechercher les causes économico-financières d’une crise apparemment de même nature ? Cependant, une fois décortiquées, ces analyses présentent un air de fausses évidences et de conformisme. Que nous suggère-t-on en effet ?
En résumé, tant l’éclatement de la bulle immobilière (cause conjoncturelle) que celui de la bulle boursière (cause structurelle) trouveraient leur origine dans les « dysfonctionnements des marchés ». Une forme de fatalité se serait ainsi abattue sur eux en raison, au mieux, du rythme des cycles économiques et, au pire, de l’incompétence ou de la cupidité de certains acteurs. L’explication dominante par les cycles économiques repose sur l’idée selon laquelle la finance serait victime de pé

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