La longue marche de l Afrique vers l intégration, le développement et la modernité politique
574 pages
Français

La longue marche de l'Afrique vers l'intégration, le développement et la modernité politique , livre ebook

-

574 pages
Français

Description

Cet ouvrage retrace, dans une première partie, les principales étapes de l'évolution économique et politique du continent africain, des indépendances à la naissance de l'Union Africaine en 2002. Puis il s'attache à l'Union Africaine et à son projet de développement et d'intégration, le NEPAD, qui paraît différent des plans qui l'ont précédé, parce qu'il fixe des priorités économiques à atteindre et promet de redynamiser les communautés économiques régionales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 354
EAN13 9782296219830
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lalongue marche de l’Afriquevers
l’intégration, le développementetlamodernité politique

AhmedMohamedGhadhi

Lalongue marche de l’Afriquevers
l’intégration, le développementetlamodernité politique

© L’Harmattan,2009
5-7,rue de l’Ecole polytechnique,75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanado.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-07801-7
EAN : 97822960780117

A
mes parents, mon épouse etmesenfants

La longue marche de l’Afriquevers
1
l’intégration, le développementetlamodernité politique

1
L’intégrationsignifie l’unification desensembleséconomiques sous régionaux
enunseul marché communafricain.Ledéveloppement signifie le progrès
économique et social. La modernité politique c’estl’adhésionaux valeurs
universellesdedémocratie, au respectdesdroitsde l’Homme,àl’Etatde droitet
auxprincipesdebonnegouvernance.

CollectionEtudes Africaines
Dirigée parDenisPryen etFrançoisManga Akoa

Introduction

L’Afriquepeine depuisprèsd’un demi-siècleàsetrouver une
placesurlascène internationale endépitdeson grand potentiel économique
ethumain.Avecses 30millionsdeKm²,soit 22% de lasuperficie des
terresémergées,une populationde prèsde 850millionsd’habitants, des
ressourcesnaturellesconsidérables, lecontinenta connu une
marginalisationcroissanteces 30dernièresannées.Descauseshistoriques
ontétéavancéespourexpliquerceretard.
Sans remonteràl’histoireancienne ducontinent,celui-cia
connu touràtourlapénétration de l’IslamàpartirduXIèmesiècle, latraite
négrière durant trois sièclesetla colonisation.Cesinterférencesétrangères
onteude lourdesconséquences qui onthypothéquésonavenir, freinantet
détournant son évolution naturelle.Maisellesn’ontpasproduitlesmêmes
effetsni lesmêmesconséquences.
Si lapénétration de l’Islam etlatraite négrière onteudes
influencesculturelleset socialesimportantes surl’histoire ducontinent, la
colonisationaprocédéàunvéritable pillage des richessesdecelui-ci:
méthodique, organisé etgénéral.Chold-e «uép »taitnonseulement
économique (exploitation des richessesagricolesetminièrespourles
besoinsde lamétropole),social (travail forcé, main-d’œuvre gratuite),
culturel (assimilation etacculturation) etpolitique (création deterritoireset
zonesde partage entre lesdifférentespuissances) etenfin psychologique
(indigénat,conditionsdeservilité inculquéesauxpeuplesafricains).La
colonisationaengendré des sentimentsde frustration, d’inaptitude,voire
d’infériorité.Letoutalaissé des traumatismes quicontinuentencore de
faire des ravagesau sein despeuples ycomprisparmi lesmilieuxlesplus
instruits.
Lapériodecoloniales’acheva àlafin desannées50avec
l’indépendance de lamajorité descinquante-troisEtatsafricains

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d’aujourd’hui.L’émancipationamorcée danslapériode de
l’entre-deuxguerres s’accéléra après1945aveclavictoire desalliés surle fascisme etle
totalitarisme.Unevictoireàlaquelle lesAfricainsontcontribuésur un
continent qui n’étaitpasle leuretaunom d’unecausequ’ilscomprenaientà
peine.Ducoup, lespuissancescolonisatrices sentaient qu’ellesavaient une
certadeine «tte »vis-à-visdecespeuplesetle meilleurmoyen de les
«récompenser», étaitde leur rendre laliberté.Nombre d’idéesnéesde la
guerreallaientaideràl’entreprise de décolonisation:liberté, justice, paixet
égalité entre leshommes.Desidéauxpourlesquelscolonisateurset
colonisésontcombattuensemble et versé leur sang.
Emancipée, l’Afriqueavait-elle pourautantlesmoyensde
prendre enchargesadestinée?Caril nesuffisaitpasd’être indépendant
politiquement.Certes, laliberté estimportante, maislesnouveauxEtats
étaient totalementdémunis:il n’yavaitni infrastructuresdebase, nitissus
industriels, ni même d’élitescapablesde faire fonctionnerlespays.Dans
certainsEtats, elles secomptaient surlesdoigtsd’uneseule main.Toutétait
àfaire.Les structureséconomiques, lorsqu’ellesexistaient, étaient
archaïques, destinéesà acheminerlesmatièrespremières verslamétropole:
quelquesportspar-ci,quelques railspar-là.L’administrationseréduisaità
des secrétairesouinterprètesde formationtrèsmoyenne, entoutcas
médiocre,restésaprèsle départducolonisateur. «Qu’importe », disaient,à
l’époque, les responsablesafricains quiallaientprendre les rênesdupouvoir
etlarelève ducolonisateur.L’immensité desproblèmesn’empêchaitpas
l’euphorie de lalibertéretrouvée.Voilàl’Afrique indépendante, entrant
dansleconcertdesNationset siégeantàl’ONUd’égaleàégaleavecles
anciens« maîtres».
Maisles réalitésétaient têtuesetlesdifficultésconsidérables.Il
fallait trouverles voiesetmoyenspourmettre en place des structures
économiquescapablesdesatisfaire,tant soitpeu, lesmultiplesbesoins,
simplementprimaires, despeuples quiattendaient toutdesnouveaux
pouvoirs.Onverraparlasuite,commentcette mentalitdé «’assistés»aété
fatale pourlesEtats, peuplesetgouvernantsconfondus.Aprèsles
indépendances, lespolitiqueséconomiquesmisesen place ne pouvaient

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échapperaucontexte international de l’après-guerre, pourplusieurs raisons:
leschoix qui étaientfaitsdevaientemprunter,soitlavoiesocialistesurle
modèlesoviétique,soitlavoie libéralesurle modèle occidental.Dansles
deuxcas, l’affirmation de latoute-puissance de l’Etatétaitderigueur.
Jalouxdesesnouvellesprérogatives,celui-ci étaitle pointde départdetoute
initiative, le principal pourvoyeurd’emplois, deservices, le principal
investisseur, leseulreceveurd’aide, etc.Il étaitomniprésentetomnipotent.
Lapremière erreur vientcertainementde là, l’Etatne pouvaitpas toutfaire,
tout régenter,car,ce faisant, iltuaitl’initiative etcréaitchez sespropres
citoyens une mentalité d’éternelsassistés.Lui-même devenait unassisté
entièrementdépendantde l’extérieur:investissements,capitauxet
assistancetechnique.
De làvadécouler une grande partie desproblèmes qui ont
conduitl’Afriqueàson étatde marginalisationactuelle.Parailleurs, durant
laguerre froide, lesAfricainsontété impliquésou sesontimpliquésàtort
ouàraison dansl’affrontementEst-Ouest,audétrimentde leursintérêts qui
leurcommandaientd’abord etavant toutdes’occuperde leurpropre
développement.Uneautre erreurd’autant que lesmaigres ressourcesdont
ilsdisposaientetle peud’aidequ’ils recevaient, lesgouvernementsles
utilisaientdansl’achatd’armesoualorsdesdirigeantscorrompuset
prévaricateurslesdétournaientàleurprofit.
D’aucunsdiront que lesnouveauxEtatsn’avaientpasd’autre
choix quecelui des’aligner surl’un oul’autre desdeuxblocs.Il n’empêche
quecetengrenage danslequel ilsontété entraînés,a contribué, entreautres,
àleur retardsurle plan économique, en dépitdunon-alignementaffiché par
lamajorité d’entre eux.
Lesinterférencesextérieuresn’expliquentcependantpas tout.
LeschoixhistoriquesfaitsparlesEtatseux-mêmesaumomentde leuraccès
àlasouveraineté internationale, portaient une large partderesponsabilité
dansleretard de leurcontinent.L’euphorie desindépendancesavaitocculté
toutevision porteuse de l’avenir solidaire d’uneAfrique plusforte pesant
dansles relationsinternationales.Danslecontexte de laguerre froide,

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marqué pardesenjeuxde puissance etde domination,cetimpératif était
pourtantnécessaire.Aulieudecela,chaqueEtatavaitchoisi de faire
cavalier seul encopiantle modèle desonanciencolonisateurpour
construireune nation etbâtir son propreavenir.
L’expérienceaprouvéquecechoixn’étaitni judicieuxni
réfléchi,carla construction de l’Etat-Nationsur un espace flouetexigu,au
détrimentd’un minimum d’unité,àl’intérieurd’airesgéographiqueset
culturelles semblables,s’étaitavéré lourd deconséquences, nonseulement
pourcetEtatlui-même, maispourl’ensemb

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