Le fardeau de la mondialisation en Afrique
291 pages
Français

Le fardeau de la mondialisation en Afrique , livre ebook

-

291 pages
Français

Description

Ce livre offre une interprétation unitaire des problématiques du développement, de l'inégalité, de l'écosystème, de la dette extérieure en Afrique. L'auteur met en discussion, de manière critique, deux hypothèses apparemment antithétiques sur les perspectives du développement : d'un côté l'idée selon laquelle il faudrait promouvoir davantage la croissance économique ; de l'autre celle qui préconise plutôt la voie de la décroissance économique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 62
EAN13 9782296237643
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aux jolies jeunes femmes, Nadine et Clara Naima

Les mythes de la croissance et de la
décroissance et l’enjeu du développement pour
l’Afrique

Kwame Nkrumah – premier président du Ghana
indépendantet personnalité d’envergure dans leprocessusde
décolonisationcomme dans leparcours vers l’unité africaine au
coursdesannéescinquante et soixante du siècle dernier –
nourrissait l’espoirdevoir l’indépendancepolitique
déclencher une cascade denombreuxautresavantages, à
commencer par une croissance économiquesoutenue.Cetespoir ne
s’est pasavéréprophétique :le continent reste divisé,fragile
et tributaire defaçonasymétrique del’extérieur.
Aucoursdelaphaseturbulente etdynamique
delamondialisation,quand d’autres régionsdu monde enregistraient
des tauxde croissance économiquesans précédent,l’Afrique,
elle, est restéestagnante.EnAfrique,lerevenu par habitant
est resté, aucoursdesannées quatre-vingt-dix,pratiquement
identique à celuidesannéesdel’indépendance, dans
lesannées soixante, alors que d’autres régions ont vu s’élever le
revenu par habitant,les tauxd’alphabétisationet laqualité de
lasanté des personnes.Pendant lesannées quatre-vingt-dix,
presquelamoitié desAfricains vivaitavec àpeineundollar
par jouret trentepourcentdes pauvresdu mondevivaienten
Afrique(pourcentagesupérieurà celuidesannées soixante).
L’Afrique, comparée auxautrescontinents,présente des
résultats très modesteségalement pourcequiconcerneles
indicateurs sociauxdudéveloppement,
commel’alphabétisation,l’espérance devie àlanaissance,l’accèsaux
services sanitaires.Dans unegrandepartie ducontinent, en

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moyenne un enfant sur cinq meurt avant cinq ans; plus de
250 millions de personnes n’ont pas accès à une eau salubre
et potable, un nombre presque identique d’individus n’a pas
accès aux services sanitaires, environ 150 millions de jeunes
ne savent ni lire ni écrire, un quart seulement du total des
filles est inscrit à l’école primaire. LeVIH/SIDA esten trainde
décimerdes générationsd’Africains:l’espérance devie àla
naissances’estabaissée, cas unique dans l’histoire en
l’absence deguerresdéclarées, devingtans, en ramenant
danscertainscas lasituationà celle desannéescinquante du
e
XXsiècle, avant la conquête del’indépendancepolitique.À
cause de cettemêmepandémie,lesenfants orphelins
représentent jusqu’àquinzepourcentdelapopulationdans les
zones les plus touchées.Les tauxde croissance enregistrés
peuvent mêmeparfoisêtrenégatifs, comme c’est le casdans
plusieurs paysdel’Afrique australe.
Dansd’autres régionsdu monde,les paysexportentdes
quantitéscroissantesde biens manufacturésetdeservices ;
leséconomiesafricaines, en revanche, continuentà exporter
essentiellementdesbiens primaires,incapablesde diversifier
leurappareil productif oud’être autosuffisantes.L’Afrique,
qui représentemoinsde deux
pourcentducommercemondial,participetrès
marginalementàl’intégrationcommerciale.
Ceschiffresetcesdonnées statistiques nesont plus
l’apanage du milieu restreintdes spécialisteschercheursen la
« matière»et, désormais, ces sujets sontàl’ordre du jour
pour les médiaset les politiqueset pour legrandpublic.Si
l’on use etabuse de cesdonnées,on risque deraisonner –
trop souvent par slogans –de croissance, de développement,
de décroissance etdepost-développement sur l’avenirde
l’Afrique etdu monde.
Dans un soucide clarté,il nous sembleutile de définir,
d’entrée dejeu,notrepositionà cetégard.
La croissance est un phénomènequi se distingue
dudéveloppement.

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L’idée de croissance, c’est-à-dire l’image globale que
celle-ci reflète de notre monde, de ses aspirations et de son
mode de fonctionnement, correspond à une vision
unidimensionnelle et «économiciste »(la «manie de la croissance»,
pour reprendre le terme forgé parEzra Mishan, l’un des
principaux critiques des coûts de la croissance économique au
cours des années soixante-dix, dans son célèbre ouvrage de
1967, traduit à tort en italien sous le titreIl costo dello
sviluppo(Le coût du développement), qui peut donner lieu à une
confusion terminologique que l’on retrouvera dans des titres
d’autres essais consacrés au thème et traduits de l’anglais en
italien).
L’analyse économique a défini et mesuré la croissance
économique en concentrant son attention sur l’augmentation
quantitative de la dotation de capital et sur l’augmentation de
la production nationale.Comme l’a écritGiorgio Ruffolo,
dans son livreLa qualità sociale(La qualité sociale), publié
par Laterza en 1985, un indicateur comme le Produit National
Brut a été utilisé de manière inadéquate par les économistes
et, surtout, par les hommes politiques à propos de contextes
incomparables et de réalités non quantifiables selon les
critères de l’économie de marché (capitalistique), à laquelle
l’arithmétique de la comptabilité nationale reste
indissolublement liée.
Les indicateurs de croissance économique ont fait l’objet
de nombreuses critiques au titre des limites définitoires de la
représentation de la réalité des transactions qui ne passent pas
par le marché: le domaine de l’autoproduction et de
l’autoconsommation, les services de soins familiaux et
domestiques, la nature modestement monétisées d’économies
comme celles de nombreuses réalités locales africaines où les
transactions non monétaires caractérisent la plupart des
activités économiques (agriculture de subsistance, troc, économie
de subsistance) et le vaste circuit diversifié défini, hâtivement
par rapport à la norme du marché capitalistique, comme
économie informelle.En outre, il s’agit de mesures qui associent

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toutes les activités générées par le mécanisme de marché,
sans distinguer en termes qualitatifs s’il s’agit d’activités
productives, improductives ou nocives en termes de bien-être
de la collectivité.
Les économistes eux-mêmes, c’est naturel, reconnaissent
l’existence de certaines lacunes significatives dans la
conceptualisation du revenu, ou de la production économique telle
qu’elle est définie dans le milieu de la comptabilité nationale,
en tant que mesures appropriées du bien-être : les aspects liés
à la distribution (en d’autres termes, l’inégalité dans la
disponibilité de richesse et de revenu produit) ne sont pas pris en
compte dans les calculs du Produit NationalBrut, fait qui
concourt à limiter la capacité de mesurer le bien-être de la
collectivité. Les conflits inter-temporels (le fait qu’un bien
produit aujourd’hui puisse compromettre la capacité de le
produire demain, en déterminant donc un conflit entre le
« bien-être » de celui qui vit aujourd’hui et de celui qui vivra
demain) et lesdites externalités négatives de la croissance (à
commencer par les externalités environnementales, liées au
fait que la croissance économique, telle qu’elle est orientée,
provoque aujourd’hui une pollution environnementale
croissante et une dégradation qualitative ainsi qu’une réduction
des variétés de l’écosystème) sont deux limitations ultérieures
de la capacité d’interpréter le changement de revenu
disponible en termes de bien-être. Telles qu’elles sont déclinées en
substance, les réponses en termes de «durabilité »de la
croissance, par rapport au problème du conflit inter-temporel
et à celui des déséconomies externes ou des externalités dans
le domaine de l’environnement, ne semblent pas aptes à
rendre l’idée prédominante de croissance économique capable de
s’adapter à l’exigence de mesurer des dimensions autres que
la dimension quantitative et visible de la production.
La croissance du Produit NationalBrut, du ProduitInterne
Brut ouduRevenuNationalBrut – indicateur utilisé
aujourd’hui pour r

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