Le piège
194 pages
Français

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Le piège , livre ebook

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Description

Depuis près de 40 ans, la France est tombée dans un piège aux multiples facettes et qui n’a fait que s’amplifier.

Un piège financier que la crise de 2008 a déclenché.


Un piège institutionnel avec une Europe, véritable machinerie administrative et judiciaire anti démocratique et contre productive, qui s’occupe bien souvent de dossiers pouvant être traités au niveau national.


Un piège sociétal avec des hommes politiques qui pour des raisons électorales sont amenés à privilégier le court terme et la communication à la vision stratégique à plus long terme et aux faits économiques. Les plus courageux et téméraires d’entre eux butent sur des lobbies ou sur un monde médiatique dont les outils évoluent à grande vitesse.


Un piège économique où la France cherche à sauvegarder son modèle de protection sociale alors que son adhésion à l’euro lui impose davantage de compétitivité et de flexibilité.


Un piège industriel, enfin, où la France au mieux privilégie les services à l’usine, au pire ignore les patrons industriels qui pourtant investissent et prennent des risques.


Ce sont les étreintes mortifères de ce piège que met en lumière Claude Chinardet, non sans argumenter que des solutions existent pour en sortir, et notamment :

- Rendre transparent le « marché financier de l’ombre », faire l’union bancaire, recapitaliser les banques.


- Imposer des procédures de décision européenne qui soient accessibles à tous les citoyens, utiliser la clause de subsidiarité qui permet à l’Union européenne de ne mettre en œuvre les seules actions que les Etats ne peuvent mettre en place, renforcer le pouvoir d’un gouvernement économique des 17 pays d’une union inachevée, abandonner le vote à l’unanimité au niveau du Conseil Européen.


- Réhabiliter l’intégrité et l’honnêteté, maîtriser nos peurs et abroger le principe de précaution, limiter le rôle de l’Etat aux fonctions régaliennes et redéfinir les valeurs républicaines.


- Abandonner les dépenses keynésiennes et, à l’aube de la révolution numérique, lui préférer Schumpeter pour gérer la destruction créatrice afin de relancer la croissance et faire baisser le chômage des jeunes...


Pour y parvenir, l’auteur rappelle avec force et conviction qu’il est urgent de définir une mission pour la France et l’Europe qui soit compatible avec les évolutions du monde et s’appuyant sur les fondements de la démocratie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2013
Nombre de lectures 24
EAN13 9782818804452
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Couverture

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4e de couverture

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Titre

 

 

 

 

 

 

LEPIÈGE

 

COMMENT ÉLABORER UNE SORTIE DE CRISE
ÉCONOMIQUE, INDUSTRIELLE
ET DÉMOCRATIQUE

 

CLAUDE CHINARDET

 

 

 

 

 

 

 

 

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Copyright

Docteur d’Etat en Sciences Economiques de la Faculté de Paris-Sorbonne, diplômé de l’ESC Le Havre, titulaire du Young Manager Program de l’Insead et du certificat d’administrateur de sociétés de Sciences Politiques,Claude Chinardeta occupé diverses responsabilités de direction marketing et commerciale dans des sociétés multinationales de produits de grande consommation puis dans des PME/ ETI.

Aujourd’hui, gérant de C.C.Consulting, il anime des managers de transition qui travaillent en temps partagé pour différentes sociétés industrielles et organise des débats-conférences sur les enjeux économiques et industriels de la France.

Il est par ailleurs administrateur du cabinet conseil BCMW.

Il peut être contacté à l’adresse suivante :

claude.chinardet@maxima.fr

Vous avez acheté le fichier numérique de cet ouvrage et nous vous en remercions. Si vous souhaitez en obtenir un exemplaire imprimé, vous pouvez le commander à un prix préférentiel en vous rendant à l’adresse : http://www.maxima.fr/index-fiche-474-C-h-i-n-a-r-d-e-t.html

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8, rue Pasquier, 75008 Paris
Tél : 01 44 39 74 00 – Fax : 01 45 48 46 88

© Maxima, Paris, 2013.

EAN Epub :9782818804452

Tout droit de reproduction, de traduction et d’adaptation réservé pour tous pays.

Sommaire

      • ● Faisons converger Europe et Industrie
    • ♦ Une question fondamentale d’entrepreneur
  • Conclusion
  • Annexes
    • Annexe 1 : Tableaux de données économiques
    • Annexe 2 : Les principales étapes européennes et les grands traités
    • Annexe 3 : La Commission européenne
    • Annexe 4 : Le délicat principe de la codécision
    • Annexe 5 : L’intervention du Conseil de l’Union européenne dans le processus de codécision
  • Bibliographie

Avertissement

Ce livre n’aurait pu se concevoir sans l’immense documentation de l’Insee, de l’Institut Xerfi ni sans les – innombrables écrits de nombreux auteurs et chercheurs cités, de – l’Institut Montaigne à l’Expansion ou aux grands quotidiens nationaux, comme Le Figaro, en passant par Alternatives Economiques.

Qu’ils en soient tous remerciés ; que les oubliés me pardonnent. Sans eux tous, ce livre n’aurait pas pu prendre corps.

Mes remerciements s’adressent aussi à Jean-Pierre Estival, ancien président d’une Organisation Gouvernementale Internationale sur le monde du transport en Europe, qui a largement participé à la rédaction du chapitre II et de ses annexes.

Enfin dans certaines de mes illustrations, j’ai voulu prendre des exemples personnels afin de décrire le vécu et d’être le plus proche des faits réels au risque d’apparaître pour certains, quelque peu futile. Si tel est le cas, que le lecteur veuille bien m’en excuser.

Introduction

Dans le flou, on n’attend pas de la clarté
qu’elle fasse toute la lumière.

Jean Rouaud

Près de 60 milliards supplémentaires d’impôts devront être payés par les Français en 2013 par rapport à 2011 et ceci afin de respecter enfin une des règles du Traité de Maastricht, à savoir réduire le déficit public pour le porter à 3% en 2013. En fait 3,7% suite à un niveau de croissance inférieur aux prévisions. Entreprises et particuliers sont ainsi amenés à se serrer la ceinture pour satisfaire aux exigences d’un traité européen. Comment avons-nous pu en arriver là ? En sommes-nous tous responsables ? Pourquoi une telle fuite en avant depuis quarante ans que nous faisons reposer nos dettes sur la tête de nos enfants ? Pourquoi s’être engagé si facilement avec l’euro sans en avoir intégré toutes les exigences ? Pourquoi entretenir autant de personnel administratif et politique pour un si pauvre résultat ? Pourquoi n’avoir jamais conduit un réel programme de réduction des dépenses publiques ? Pourquoi crier sur les entrepreneurs investisseurs au risque de les faire fuir ?

A l’origine financière, la crise est désormais économique, plus personne ne le conteste aujourd’hui ; c’est devenu une telle évidence. Comme le précisait Gilles Carrez à l’Assemblée nationale dans son intervention du mercredi 8 octobre 2008 : « la crise financière vient des Etats-Unis et plus précisément du financement du secteur immobilier avec un mélange explosif fait de prêts hypothécaires à des millions de ménages insolvables, de produits financiers détonants qui compactaient ces prêts avec des actifs plus sains, qui les titrisaient et les envoyaient aux quatre coins du monde, d’une supervision bancaire insuffisante avec des règles prudentielles défaillantes, d’agences de notation incapables d’apprécier correctement la réalité des risques et enfin aux Etats-Unis, d’un environnement politique et bancaire accommodant qui a démultiplié le crédit aux taux d’intérêt les plus bas possible ».

Cette crise de 2007-2008 est déjà loin derrière nous et pourtant ses implications et conséquences ne sont toujours pas réglées. Financière, la crise est devenue bancaire : dévalorisation de leurs actifs, dépréciation de leurs fonds propres, les banques ont ainsi été acculées à diminuer le crédit tant aux entreprises, ce qui a contribué à faire baisser l’investissement, qu’aux particuliers, ce qui a entraîné une baisse de la consommation.

Mais que ce soit aux Etats-Unis, en Europe ou en France, la crise perdure. Les décisions n’ont donc toujours...

1.
Le piège financier
La folie des grandeurs ?

En France, on doit d’abord se mettre d’accord
sur les faits avant même d’envisager
de s’entendre sur des solutions

Laurent Fabius

♦ Les cinq critères de convergence

Chacun d’entre nous connaît la difficulté économique que nous vivons : les hommes politiques bien sûr, même si certains réalisent de belles campagnes tout en évitant d’évoquer les réelles difficultés économiques du pays ; mais aussi les médias, les corps représentatifs, les économistes, les dirigeants d’entreprise et les cadres, etc. Certains ont même alerté les pouvoirs publics comme Francis Mer, ministre de l’Industrie de Jacques Chirac, ou la Cour des Comptes dont c’est le travail, ou encore le Rapport Pébereau dès 2005, etc. Pour ignorer le problème ou faire semblant, compte tenu de la gravité et de la pérennité de la crise – elle a éclaté en 2007-2008 avec les subprimes américains – il faut vraiment le vouloir, mettre tous ses atouts de son côté ou oublier l’essentiel économiquement parlant. L’objectif de ce chapitre est d’identifier une fois pour toutes, pour ceux qui n’en auraient pas encore pris conscience, les causes permettant d’expliquer la gravité de la situation française, tout particulièrement dans le contexte européen.

Reprenons le cours de l’histoire. Le 1er janvier 1999, les douze monnaies des Etats participants disparaissent au profit de l’euro qui devient la monnaie unique de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Espagne, de la France, de l’Irlande, de l’Italie, du Luxembourg, des Pays Bas, de l’Autriche, du Portugal et de la Finlande, puis de la Grèce qui les rejoint le 1er janvier 2001. La Banque Centrale Européenne remplace l’Institut monétaire Européen à Francfort. Le 1er janvier 2002, les billets et pièces libellés en euros sont mis en circulation. Tels sont les principaux actes de la troisième étape du Traité de Maastricht de 1992. Avant elle, la première étape, ouverte le 1er juillet 1990, avait institué la fin du contrôle des changes, créé les fonds structurels destinés à corriger les déséquilibres entre les différentes régions européennes, institué enfin la convergence économique des politiques des Etats. Et la deuxième étape, qui a débuté le 1er janvier 1994, a mis en place l’Institut Monétaire Européen qui est composé des gouverneurs des banques centrales de l’Union, donné l’indépendance aux banques centrales et réglementé la réduction des déficits budgétaires.

Cinq critères de convergence ont été établis lors de la première étape. Quels sont-ils ?

– la stabilité des prix : le taux d’inflation d’un pays ne peut dépasser de plus de 1,5% la moyenne des trois Etats ayant la plus faible inflation,

– taux d’intérêt : ceux à long terme ne peuvent varier de plus de 2% par rapport à la moyenne des taux des trois Etats ayant l’inflation la plus basse,

– déficits budgétaires3 : ils doivent être inférieurs à 3% du Produit Intérieur Brut,

– dette publique4 : elle ne peut excéder 60% du PIB, enfin stabilité des cours : les taux de change devront rester dans la marge de fluctuation autorisée durant les années précédentes.

Depuis cette période, cinq Etats membres de l’Union Economique et Monétaire, remplissant les critères de convergence, ont rejoint la zone euro : la Slovénie en 2004, Chypre puis Malte en 2008, la Slovaquie en 2009, enfin l’Estonie en janvier 2011. D’autres encore devraient la rejoindre comme la Lettonie au 1er janvier 2014. Le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni par contre ne participent pas à cette union monétaire. D’autres encore doivent...

2.
Le piège institutionnel européen
Plus ou moins d’Europe ?

Les Français ne font jamais de réformes
que dans la foulée d’une révolution.

Charles de Gaulle

Il y a les bons côtés de l’Europe : elle constitue, en effet, la première zone de liberté – liberté de voyager en son sein pour les personnes, liberté de transiter pour les marchandises –, de paix – entre les peuples français et allemands, qui aurait pu l’imaginer il y a 70 ans ? –, de puissance économique – 22,5% du PIB mondial et monétaire avec un euro fort.

Mais il y aussi les côtés plus sombres sur lesquels on n’insiste que trop peu depuis la ratification du Traité de Lisbonne en 2007, clone de la « constitution européenne » pourtant rejetée lors du référendum en 2005 par les peuples français et des Pays Bas.

Le texte de loi organique du Traité de Lisbonne relatif au pilotage des finances publiques vise à mettre en œuvre les dispositions « contraignantes et permanentes » du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG), il place donc le parlement français sous la tutelle d’organismes administratifs et financiers ; c’est la méthode Monnet qui consiste en effet à conférer des compétences politiques de plus en plus importantes concernant des secteurs essentiels à des institutions dites techniques échappant à tout contrôle démocratique.

Il est intéressant auparavant et même révélateur de revenir sur les différentes étapes de la construction européenne avec ses principaux traités (voir annexe 2), d’en identifier les maillons faibles et ceux qui freinent les décisions. Ces étapes peuvent se résumer en trois grandes périodes :

– 1950-1986 : la mise en place.

Les Etats, en petit nombre, conservent un minimum de souveraineté, il s’agit d’une confédération d’Etats souverains. Le vrai pouvoir est détenu par le Conseil des ministres et la Commission européenne où la règle de l’unanimité sévit ; c’est l’époque de la « politique de la chaise vide » du Général de Gaulle,

– 1986-2005 : l’élargissement.

Après le Conseil européen de Fontainebleau (juin 1984), la Commission présidée par Jacques Delors et son vice président Lord Cockfield cherche tout d’abord à intégrer les Anglais en libéralisant les échanges de service et de capitaux puis crée, sans les Anglais ni les Danois, la monnaie unique avec les critères de Maastricht. A 27 pays, la règle de l’unanimité se transforme pour le marché intérieur en majorité qualifiée8. On a fait un pas vers le fédéralisme sans construire véritablement une union économique jointe à l’union monétaire. N’aurait-il pas été préférable de consolider avant d’élargir le nombre de pays y participant ? La réponse est oui.

– Depuis 2005 : le doute.

La dernière et actuelle période se caractérise à la fois par un renforcement du nombre de pays de l’Union européenne (de 24 en 2004 on passe à 27 en 2007 et à 28 au 1er juillet 2013 avec la Croatie), ce qui ne facilite pas la prise de décision et a entraîné le rejet du traité constitutionnel obligeant les Etats à relancer par « le traité simplifié » de Lisbonne, la machine européenne : extension des domaines à majorité qualifiée en matière de coopération judiciaire, pénale et policière, règle de la double majorité, renforcement des parlements européens et nationaux au détriment de la Commission, nomination d’un président du Conseil européen pour deux ans et demi à la place des présidents tournants pour une durée de six mois, droit d’initiative citoyenne vis-à-vis de la Commission.

L’annexe 2 relate les principales étapes européennes et les grands traités.

Au risque d’apparaître un peu technique, nous allons essayer de comprendre l’organisation tentaculaire de l’Union européenne, qui représente un véritable frein à la prise de décision rapide, un vrai défi économique pour toute entreprise ou tout citoyen à la recherche de soutien ou de solutions à ses difficultés, un modèle kafkaïen pour tout non initié. Sous l’effet du peu de réactivité des instances européennes, le piège se solidifie.

Aujourd’hui, plus aucune entreprise européenne, pas même une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire), ne peut faire abstraction de l’Union européenne qui détermine les grandes orientations économiques et monétaires du vaste marché européen et qui, par ailleurs, centralise l’ensemble des informations économiques de ce vaste marché de consommateurs. Aucune stratégie d’entreprise digne de ce nom, aucun Business Plan non plus, ne peut plus faire abstraction de ce marché potentiel,...

3.
Le piège de la société de consommation
La société est-elle en crise comportementale ?

Le plus grand dérèglement de l’esprit,
c’est de croire les choses parce qu’on veut
qu’elles soient et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet.

Bossuet

Le piège est à double face. D’un côté, et nous l’avons montré dans les deux chapitres précédents, il s’ouvre et s’illustre sur un contenu paradoxal entre l’adhésion de la France à l’euro et son modèle économique providentiel, renforcé par une Europe bureaucratique par certains aspects ; de l’autre, il se referme et s’explique par notre comportement sociétal à tout niveau : institutions financières, instances politiques, lobbys et médias bien sûr mais aussi celui du citoyen français dans la société d’aujourd’hui. Passons-les tous en revue les uns après les autres.

♦ Les institutions financières

Pourquoi ceux qui nous gouvernent n’arrivent-il pas à réguler le monde de la finance ? Pourquoi la finance ne revient elle pas totalement au service de l’économie ?

Revenons un instant sur la crise des subprimes – c’est-à-dire celles où l’emprunteur pouvait se ré-endetter du montant de la progression de valeur de son acquisition –, qui s’est transformée en crise financière globale car les banques et les assurances n’ont pas tout de suite déclaré les montants de leurs pertes et parce que, lorsqu’elles l’ont fait, leurs pertes plus importantes que prévues ont engendré une crise de confiance et un effet domino. En effet, comme chaque banque prête à toutes les autres, elles détenaient toutes des « en cours » dans les établissements qui ont fait faillite.

Crise comportementale car les banques n’ont pas fait suffisamment leur métier d’analyse des risques, les agences de notation n’ont pas été assez sévères et aucun institut de régulation n’a pleinement exercé son pouvoir.

Avec la titrisation, qui consiste à transformer des crédits distribués par une banque en titres de créances qu’un investisseur peut acheter et vendre à tout moment, les banques n’ont pas eu à porter les crédits qu’elles sortent de leurs bilans puisqu’elles se rémunèrent à la commission puis revendent le crédit ; de ce fait, se considérant comme non pénalisées, elles ont pris davantage de risques pour les obtentions de crédits.

Les agences de notation ont accordé trop facilement la meilleure note AAA aux paquets titrisés, puis n’ont pas dégradé les titres des créances hypothécaires. Trois explications sont en général apportées : tout d’abord parce que les agences, payées par ceux qu’elles notent, sont dépendantes de leurs propres clients, ensuite parce qu’elles mélangent leurs activités de conseil et de notation, enfin et contrairement aux banques parce que leur métier n’est pas réellement celui d’évaluer les risques de crédit.

Ainsi, selon Barbara Ridpath, chef des services de notation de Standard & Poors pour l’Europe entre 2004 et 2008 « il était plus facile de s’endetter que d’augmenter les impôts ou de procéder à d’autres ajustements douloureux et impopulaires ». La Grèce, par exemple, passe à la note A2 chez Moody’s quand elle rejoint la zone euro puis à A1 dans les années 2000 ; ce qui lui permet de ne verser que 5% d’intérêt sur ses obligations publiques à dix ans au lieu de 15% quelques années plus tôt. Et pourtant, en 2004, la Grèce admet que depuis 1997 son déficit budgétaire a dépassé le plafond fixé par l’Union européenne à 3% du PIB. Pourtant Moody’s à cette date et contrairement à Standard & Poors ne change pas sa note. Il faudra attendre 2009 pour qu’elle le fasse de A1 positif à stable. De plus, les agences de notation se substituent aux électeurs pour forcer des gouvernements à la démission comme ceux de la Grèce ou de l’Italie. Sont-elles les fossoyeurs de la démocratie ?

Au niveau de la régulation, sur le plan européen, rien n’était prévu : ni solidarité fiscale, ni mécanisme efficace de contrôle des déficits ; les marchés en tirent alors les conséquences pour les pays les plus endettés. Certes la séparation entre banque commerciale et banque d’investissement peut nous permettre, en légiférant, de réguler une partie du monde financier mais c’est surtout l’Union bancaire européenne qui reste le seul gendarme, le seul régulateur, le seul système de garantie des dépôts alimenté par les banques elles-mêmes et le seul recours pour résoudre des crises et des faillites bancaires. Le seul qui puisse agir.

Au G20 de Londres, l’ensemble des places financières ont souhaité mettre fin à leur secret bancaire à des fins fiscales. Ainsi, chaque administration fiscale des pays de l’UE, sauf celles du Luxembourg et de l’Autriche, doit fournir aux pays d’origine des citoyens non résidents une information sur leurs revenus. De même, en théorie, la liste noire des paradis fiscaux n’existe plus. Mais dans la réalité, il existe des outils pour masquer les propriétaires, les donneurs d’ordre et les bénéficiaires de compte : il s’agit des sociétés écrans, des fondations ou des trusts comme ceux existant sur les grandes places financières comme Londres.

Là n’est pourtant pas le plus grave. Aujourd’hui, « la finance de l’ombre » (le shadow banking), c’est-à-dire les acteurs non régulés comme les fonds spéculatifs, monétaires, etc., représente 67 000 milliards de dollars fin 2011 alors que les banques classiques ne représentent que 23 000 milliards de dollars.

Or les régulateurs ont durci les lois du secteur bancaire avec Bâle III, ce qui n’est pas le cas de « la finance de l’ombre » qui devrait elle aussi suivre les mêmes ratios de liquidité et de solvabilité. Deux poids, deux mesures ?

♦ Les instances politiques

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