Le pouvoir de la gratuité
192 pages
Français

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Le pouvoir de la gratuité , livre ebook

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Description

En analysant l'échange, le don et la grâce sous l'angle de leurs gratuités respectives, l'auteur en renouvelle les notions et remet en question leurs pratiques. Dominée par l'économie néolibérale et un héritage moral dépassé, notre société rejette les gratuités incompatibles avec ses modèles économiques et place le don charitable au sommet des vertus, au détriment d'autres vertus génératrices de grâces.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 178
EAN13 9782296468597
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE POUVOIR DE LA GRATUITÉ
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56381-0
EAN : 9782296563810
Damien de Callataÿ
LE POUVOIR DE LA GRATUITÉ
L’échange, le don, la grâce
L’Harmattan
Collection « L’esprit économique »
fondée par Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis en 1996
dirigée par Sophie Boutillier, Blandine Laperche, Dimitri Uzunidis

Si l’apparence des choses se confondait avec leur réalité, toute réflexion, toute Science, toute recherche serait superflue. La collection « L’esprit économique » soulève le débat, textes et images à l’appui, sur la face cachée économique des faits sociaux : rapports de pouvoir, de production et d’échange, innovations organisationnelles, technologiques et financières, espaces globaux et microéconomiques de valorisation et de profit, pensées critiques et novatrices sur le monde en mouvement...
Ces ouvrages s’adressent aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs en sciences économiques, politiques, sociales, juridiques et de gestion, ainsi qu’aux experts d’entreprise et d’administration des institutions.

La collection est divisée en six séries :

Dans la série Economie et Innovation sont publiés des ouvrages d’économie industrielle, financière et du travail et de sociologie économique qui mettent l’accent sur les transformations économiques et sociales suite à l’introduction de nouvelles techniques et méthodes de production. L’innovation se confond avec la nouveauté marchande et touche le cœur même des rapports sociaux et de leurs représentations institutionnelles.

La série L’économie formelle a pour objectif de promouvoir l’analyse des faits économiques contemporains en s’appuyant sur les approches critiques de l’économie telle qu’elle est enseignée et normalisée mondialement. Elle comprend des livres qui s’interrogent sur les choix des acteurs économiques dans une perspective macroéconomique, historique et prospective.

Dans la série Le Monde en Questions sont publiés des ouvrages d’économie politique traitant des problèmes internationaux. Les économies nationales, le développement, les espaces élargis, ainsi que l’étude des ressorts fondamentaux de l’économie mondiale sont les sujets de prédilection dans le choix des publications.

La série Krisis a été créée pour faciliter la lecture historique des problèmes économiques et sociaux d’aujourd’hui liés aux métamorphoses de l’organisation industrielle et du travail. Elle comprend la réédition d’ouvrages anciens, de compilations de textes autour des mêmes questions et des ouvrages d’histoire de la pensée et des faits économiques.

La série Clichés a été créée pour fixer les impressions du monde économique. Les ouvrages contiennent photos et texte pour faire ressortir les caractéristiques d’une situation donnée. Le premier thème directeur est : mémoire et actualité du travail et de l’industrie ; le second : histoire et impacts économiques et sociaux des innovations.

La série Cours Principaux comprend des ouvrages simples, fondamentaux et/ou spécialisés qui s’adressent aux étudiants en licence et en master en économie, sociologie, droit, et gestion. Son principe de base est l’application du vieil adage chinois : « le plus long voyage commence par le premier pas ».
À Corinne,
Élisabeth et Pierre, Catherine et Frédéric, Laurence et Bilal, Thomas, Julie,
Justine, Louise, Élisa,
Charlotte, Laetitia, Alban,
Marwane, Soufiane, Keysane,
Alexander-Ferenc, César, Charlie,
et aux lecteurs, puisse cet ouvrage éclairer votre quête du bonheur.
Introduction ∗
« La gratuité ? Quel beau sujet ! » s’exclament tous les curieux du thème de cet essai. Mais – paradoxe – ce beau sujet est resté dans l’ombre. Cette exclamation procède plus d’un pressentiment que d’un savoir. La gratuité au sens marchand du terme a envahi notre langage, repoussant dans l’ombre son sens profond. Pourquoi la gratuité serait-elle un beau sujet ? Quelle beauté secrète cache-t-elle ?
L’intuition nous est venue qu’un monde pacifique requiert de la gratuité : elle supprime les conflits dus à la concurrence, celle des marchés notamment. Par la suite, notre enquête sur la gratuité nous a fait découvrir un monde passionnant, celui d’un bien très particulier, celui d’un bien intégral lorsqu’il est gratuit, un bien entièrement positif car sans aucun lien avec du négatif. Ce bien s’appelle la grâce au sens profane du terme. Nous est apparu alors un monde de paix, fait d’égalité, de liberté, de joie, de jouissance, bref de grâces. Pas un monde passif car la grâce requiert une ouverture active à sa présence. Pas un monde indifférent car la grâce implique la gratitude et la louange. Pas le monde nostalgique de l’Âge d’or car les sources de gratuité et de grâce évoluent. Pas un monde abstrait où toutes les grâces seraient d’essence divine mais un monde concret où nous-mêmes pouvons être sources de grâces pour autrui.
Pour découvrir ce monde, il nous faut tailler dans la polysémie touffue de mots équivoques. Travail nécessaire pour bien comprendre le sens fondamental de mots aussi courants que la gratuité des choses différente de la gratuité des actes , la grâce au sens profane différente de la grâce divine, le don au sens strict d’un bienfait par cession d’une possession, différent du don au sens large d’un simple bienfait perçu comme un don.
La gratuité caractérise trois types de rapport : l’ échange, le don, la grâce . Cet essai cherche à éclaircir les différentes significations de la gratuité pour ensuite les distinguer dans l’interprétation de nos actes et de nos rapports aux choses du monde sous l’angle de leurs gratuités respectives.
Cet examen nous a conduits à des conclusions étonnantes et à des thèses incorrectes pour certains : les échanges sont mus par des gratuités partielles dont bénéficient les protagonistes ; l’action de donner altère la gratuité des choses données telle qu’elle est ressentie par leurs destinataires ; seuls les bienfaits totalement gratuits et les grâces qui en résultent ont la plénitude adaptée à nos désirs infinis. En conséquence, nous verrons que la cohésion sociale résulte plutôt de la gratuité d’accès au monde égal pour tous que des dons mettant en dette leurs destinataires.
Se pose alors la question de la vertu du don, hypertrophiée dans notre société aux dépens des autres vertus d’excellence, sources de réelles grâces.
Nous analyserons d’abord la gratuité des choses à l’origine des sentiments de jouissance, de joie et d’amour, celle qui fonde la grâce, hausse la beauté au statut de grâce, prolonge la notion de liberté, pacifie les conflits de concurrence et crée du lien social durable. Cette gratuité-là participe au cercle vertueux de l’excellence, de la bienfaisance et de la reconnaissance qui rend la vie bonne.
Nous examinerons ensuite la gratuité des actions, en particulier l’action de donner de manière désintéressée, cherchant à procurer de la bienfaisance au destinataire tout en affirmant sa propre vertu morale. Cette enquête nous montrera que le don, au sens complet du terme, ne produit pas de grâces et que la confusion entre le don et la grâce doit être dénoncée tant du point de vue social (la vertu relative du don par rapport aux autres vertus sources de grâce) que du point de vue religieux (la grâce divine versus le don divin).
Nous terminerons par explorer la gratuité dans notre vie quotidienne, les facteurs liés à son émergence et à la jouissance de grâces. Bien que nous ne puissions pas par nos propres actions nous assurer de la jouissance de grâces, nous pouvons cependant contribuer activement à leur émergence. Nous nous efforcerons d’en comprendre le processus : son principe ancré dans la gratuité ; son terrain d’activité favorisé par notre ouverture au monde et à autrui ; son système animé par la louange, l’excellence, la bienfaisance et la reconnaissance ; les entraves à son déploiement causées par l’appropriation privée et le marché propres au néolibéralisme ; ses concrétisations sous forme de bontés bienfaisantes, de beautés gracieuses et d’amour.
Le concept de gratuité éclaire non seulement les notions d’échange, de don et de grâce, mais également celles de liberté, d’égalité, de propriété, de lien social, de jouissance, de beauté gracieuse et d’amour ; toutes des notions essentielles tant pour notre bonheur personnel que pour notre vie sociale. Ces él&

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