Madagascar dans la tourmente
139 pages
Français

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Description

Début 2009, Madagascar est entré dans une crise politique profonde. Les effets de cette crise sur les populations et les filières de production sont très peu documentés. Cet ouvrage présente les analyses et résultats d'une des rares études à avoir évalué ces effets dans les zones rurales du pays.
Les filières du riz, du lait, de la vanille ont été particulièrement affectés par les décisions politiques durant cette période.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 334
EAN13 9782296715509
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Madagascar dans la tourmente
Analyses socioéconomiques de la crise en zones rurales
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13791-2
EAN : 9782296137912
Nicole Andrianirina, Jérôme Ballet,
B. Nirina Rabevohitra, Patrick Rasolofo
(éditeurs)
Madagascar dans la tourmente
Analyses socioéconomiques de la crise en zones rurales
Réseau des Observatoires Ruraux
L’Harmattan
Ethique Economique
Collection dirigée par François Régis Mahieu
L’éthique rejoint l’économie dans la recherche du bonheur pour soi et pour les autres. L’individu n’est pas totalement opportuniste, il concilie égoïsme et altruisme. Reconnaître les formes de l’éthique est une priorité en économie : vertu, responsabilité, discussion, justice. Une attention particulière est accordée à l’éthique du développement, en particulier à la considération accordée à la justice intra et intergénérationnelle dans le cadre du développement durable. L’éthique se traduit par des évaluations et des sanctions vis-à-vis de ceux qui ont la responsabilité de la vie bonne .
Cette collection concilie recherche et pédagogie, réflexion et action, dans l’optique la plus large possible.
Déjà parus
Jérôme BALLET, Sri Aurobindo, une philosophie politique spiritualiste .
Ali TOUSSI, Le taux d’intérêt dans un système financier islamique , 2010.
Ali TOUSSI, La banque dans un système financier islamique , 2010.
Jean CARTIER-BRESSON, Economie politique de la corruption et de la gouvernance , 2008.
Réseau IMPACT, Repenser l’action collective. Une approche par les capabilités , 2008.
Laurent PARROT (coord.), Agricultures et développement urbain en Afrique subsaharienne. Gouvernance et approvisionnement des villes , 2008.
Laurent PARROT (coord.), Agricultures et développement urbain en Afrique subsaharienne. Environnement et enjeux sanitaires , 2008.
Samir ZEMMOUR, Vers une certification de qualité halal ?, 2007.
Samir ZEMMOUR, Le marché de la viande Halal : évolutions , enjeux et perspectives, 2006.
Jérôme BALLET, Katia RADJA, Le capital social en action , 2005.
J. BALLET, J.-L. DUBOIS, F.-R. MAHIEU, L’autre développement , 2005.
Introduction
Nicole Andrianirina, Jérôme Ballet, B. Nirina Rabevohitra, Patrick Rasolofo
Depuis décembre 2008, Madagascar est entré dans une crise politique profonde qui affecte l’ensemble de l’île. L’ancien Président Marc Ravalomanana s’est trouvé contraint de quitter le pouvoir le 17 mars 2009. La discorde entre l’ancien Président de la République, Marc Ravalomanana, et son principal opposant dans la crise, Andry Rajoelina, n’est pas nouvelle. Elle date au moins de 2005, lorsque ce dernier a ravi la mairie de la capitale au parti du premier. Mais la discorde s’est transformée en affrontement fin 2008. Le 13 décembre Ravalomanana décide de la fermeture de la chaîne de télévision Viva appartenant à son rival, à la suite de la diffusion d’une interview du Président précédent, et autre rival de Ravalomanana, Didier Ratsiraka. Le 17 décembre, Rajoelina lance une offensive en réclamant la réouverture de Viva et l’accès de sa chaîne de télévision à une couverture nationale. Il somme Ravalomanana par un ultimatum et réunit les forces d’opposition.
De nouveaux ultimatums sont alors lancés par la suite et des informations sur la mauvaise gestion des affaires de l’Etat sont dénoncées par les opposants. Ainsi, le ministre de la Réforme foncière est lui aussi sommé de démissionner. Il aurait cédé un million trois cent mille hectares de terre à la société sud-coréenne Daewoo.
Viendra aussi l’accusation du ministre des Finances qui aurait autorisé l’achat d’un nouvel avion présidentiel pour la somme de 60 millions de dollars.
Alors que les manifestations à l’appel de Rajoelina s’étaient montrées jusque-là pacifiques, le 26 janvier, la situation bascule. Des barrages s’installent dans les quartiers, des pillages et un désordre public général s’ensuivent. Durant trois jours, la capitale, puis les provinces sont en effervescence. Les symboles du pouvoir de l’ancien Président et entrepreneur sont pillés et brûlés. Les entrepôts du groupe Magro 1 , l’industrie agroalimentaire Tiko 2 , l’imprimerie Blue Print, tous appartenant à Ravalomanana, sont saccagés.
A partir de cette date, l’affrontement entre les deux hommes fait de nombreux morts, à l’image des dizaines de manifestants qui périront sous les balles, en se dirigeant vers le palais présidentiel d’Ambohitsorohitra le 7 février. Le 16 mars, une partie des militaires bascule dans le camp de Rajoelina. Le 21 mars, ce dernier s’auto-investit nouveau Président de la République. Le pays reste néanmoins, depuis cette date, plongé dans une grande confusion. La direction du pays ne semble toujours pas assurée. Le nouveau pouvoir en place peine à affirmer sa légitimité. Les principaux bailleurs de fonds se sont retirés durant les six premiers mois de la crise et de nombreux projets de développement ont été abandonnés ou mis en suspens. La communauté internationale exerce des pressions pour un retour à l’ordre constitutionnel. Madagascar ressemble à un pays où les discussions de la sphère politique visent à déterminer la légitimité de l’un ou l’autre, et sont déconnectées de la vie de la population qui se débrouille pour survivre.
Les effets de cette crise sur la population restent cependant une inconnue de taille. Les impacts sur le secteur rural se différencient fortement d’une région à l’autre, mais aussi d’une filière de production à l’autre, et les chocs qui s’ensuivent se répercutent différemment selon les types de ménages. La compréhension et l’ampleur de ces répercussions restent peu documentées.
L’EPP/PADR 3 , à travers les systèmes d’information ROR (Réseau des Observatoires Ruraux) et OdR (Observatoire du Riz), et avec l’appui du Centre d’économie et d’éthique pour l’environnement et le développement à Madagascar (C3EDM), de l’Institut de Recherche pour le Développement et de la Communauté Européenne, a mis en place un dispositif léger et robuste pour apprécier les effets de la crise de 2009 sur les ménages ruraux. Ce dispositif s’appuie sur les cas les plus représentatifs des réalités des campagnes malgaches.
En particulier il s’agissait d’apprécier certains effets clés de la crise tels que : le démembrement d’unités agroindustrielles depuis longtemps en situation monopolistique ou oligopolistique ; la hausse des prix des produits de première nécessité avec ses impacts sur la situation alimentaire ; la chute des prix aux producteurs d’un groupe de produits agricoles et d’élevage, notamment des produits vivriers et stratégiques tels que le riz ; les dysfonctionnements des services d’appui aux producteurs tels la microfinance et les transports. Outre ces éléments clés, plusieurs autres domaines ont également été pris en compte : les recettes fiscales, le civisme, l’insécurité, la santé et l’éducation, etc.
1 Malagasy Grossistes. Chaîne de distribution d’ampleur nationale.
2 Groupe d’industries agro-alimentaires : industries laitières, industries de boissons, huilerie, fermes, etc.
3 Equipe Permanente de Pilotage du Plan d’Action pour le Développement Rural, institution de développement rural rattachée à la Primature malgache.
Méthodologie de l’étude
L’étude visait donc à recenser et caractériser les chocs issus de la crise politique sur le secteur rural, ainsi qu’à évaluer les impacts de ces chocs sur le fonctionnement de l’administration, sur l’environnement social et économique, sur les ménages ruraux et les marchés. Cette étude a été réalisée au cours des mois de juillet à septembre 2009 dans l’objectif de recenser les chocs issus de la crise politique du premier semestre en milieu rural, et d’en apprécier les impacts au niveau des ménages ruraux. La collecte des données a consisté en trois étapes : (i) le recueil de données au niveau des administrations ; (ii) des enquêtes sur la base d’un questionnaire au niveau d’un échantillon total de 383 ménages ruraux pré-identifiés ; (iii) la validation des résultats à partir de focus groups à l’échelle des villages et/ou des

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