Splendeurs et misères du libéralisme
180 pages
Français

Splendeurs et misères du libéralisme , livre ebook

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180 pages
Français

Description

Les crises financières et l'implosion de multiples bulles spéculatives doivent susciter la remise en question d'un modèle capitaliste centré autour d'un marché financier considéré comme arbitre suprême. Il est fondamental d'opérer un changement de paradigme, car nos sociétés ne peuvent plus tolérer une telle monopolisation des ressources et des richesses économiques par une finance ayant confisqué à des Etats consentants la quasi-totalité de leurs pouvoirs.

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Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 6
EAN13 9782296505001
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

C o l l e c t i o n L’ E S P R I T É C O N O M I Q U E S É R I E L E M O N D E E N Q U E S T I O N
MichelSanti
Splendeurs et misèresdu libéralisme
Splendeurs et misères du libéralisme
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99232-0 EAN : 9782296992320
Michel SANTISplendeurs et misères du libéralisme
Collection « L’esprit économique » fondée par Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis en 1996 dirigée par Sophie Boutillier, Blandine Laperche, Dimitri Uzunidis Si l’apparence des choses se confondait avec leur réalité, toute réflexion, toute Science, toute recherche serait superflue. La collection « L’esprit économique » soulève le débat, textes et images à l’appui, sur la face cachée économique des faits sociaux : rapports de pouvoir, de production et d’échange, innovations organisationnelles, technologiques et financières, espaces globaux et microéconomiques de valorisation et de profit, pensées critiques et novatrices sur le monde en mouvement... Ces ouvrages s’adressent aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs en sciences économiques, politiques, sociales, juridiques et de gestion, ainsi qu’aux experts d’entreprise et d’administration des institutions. La collection est divisée en six séries : Dans la sérieEconomie et Innovation sont publiés des ouvrages d’économie industrielle, financière et du travail et de sociologie économique qui mettent l’accent sur les transformations économiques et sociales suite à l’introduction de nouvelles techniques et méthodes de production. L’innovation se confond avec la nouveauté marchande et touche le cœur même des rapports sociaux et de leurs représentations institutionnelles. La sérieL’économie formelle a pour objectif de promouvoir l’analyse des faits économiques contemporains en s’appuyant sur les approches critiques de l’économie telle qu’elle est enseignée et normalisée mondialement. Elle comprend des livres qui s’interrogent sur les choix des acteurs économiques dans une perspective macroéconomique, historique et prospective. Dans la sérieLe Monde en Questionspubliés des ouvrages sont d’économie politique traitant des problèmes internationaux. Les économies nationales, le développement, les espaces élargis, ainsi que l’étude des ressorts fondamentaux de l’économie mondiale sont les sujets de prédilection dans le choix des publications. La sérieKrisisa été créée pour faciliter la lecture historique des problèmes économiques et sociaux d’aujourd’hui liés aux métamorphoses de l’organisation industrielle et du travail. Elle comprend la réédition d’ouvrages anciens, de compilations de textes autour des mêmes questions et des ouvrages d’histoire de la pensée et des faits économiques. La sérieClichésété créée pour fixer les impressions du monde a économique. Les ouvrages contiennent photos et texte pour faire ressortir les caractéristiques d’une situation donnée. Le premier thème directeur est : mémoire et actualité du travail et de l’industrie ; le second : histoire et impacts économiques et sociaux des innovations. La sérieCours Principauxcomprend des ouvrages simples, fondamentaux et/ou spécialisés qui s’adressent aux étudiants en licence et en master en économie, sociologie, droit, et gestion. Son principe de base est l’application du vieil adage chinois : « le plus long voyage commence par le premier pas ».
« Je n’invente rien, je transmets » Confucius
Un mythe de Sisyphe des temps modernes Comment ne pas se souvenir de la série britannique culte des années 60,Le Prisonnier, où une bulle gigantesque poursuivait frénétiquement le héros incarné par Patrick McGoohan ? Notre monde se retrouve aujourd’hui dans une situation similaire : nous sommes toutes et tous otages de bulles car la période en est chargée, et pas seulement de bulles spéculatives qui infectent les marchés. Rien de plus facile en effet que de distinguer la bulle qui enferme et qui isole nos responsables politiques, la bulle des salaires et des bonus des directions exécutives des grandes entreprises et du monde de la finance, la bulle du chômage des jeunes et enfin la bulle des inégalités. Tout comme la bulle qui poursuivait inlassablement le prisonnier de notre série télévisée, il semblerait bien qu’une malédiction similaire touche notre système financier, car l’implosion d’une bulle déplace mécaniquement la fièvre spéculative sur un autre instrument ou sur un autre marché, qui gonfle alors pour former une autre bulle spéculative ! De fait, nous devons à l’essor sans précédent de la finance d’avoir progressivement perdu le contrôle sur nos vies. Ce n’est pas pour rien que Joseph Stiglitz, Nobel d’économie en 2001, s’interroge pour savoir si la vie d’un individu aujourd’hui dépend encore « de ses revenus ou de l’éducation donnée par ses parents » ? Car la dérégulation de la finance accouche depuis près de vingt-cinq ans de crises bancaires et boursières à répétition. Ce laissez-faire ayant essaimé depuis le monde anglo-saxon jusqu’à l’Europe continentale pour ensuite toucher l’Amérique latine et l’Asie, c’est l’ensemble de la planète qui a progressivement été infectée par des bulles spéculatives dont l’implosion a fait d’immenses ravages financiers, économiques et bien sûr humains. Une liste non exhaustive couvrant la période contemporaine irait de la faillite retentissante en 1984 de celle qui était alors la septième banque américaine – la « Continental Illinois National Bank and Trust » – au crack de Wall Street d’octobre 1987 en passant par la décennie perdue
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japonaise démarrée en 1990. En y incluant les crises bancaires des pays scandinaves entre 1987 et 1991, la violente secousse financière mexicaine de 1994, la débâcle asiatique de 1997, la faillite russe de 1998, l’implosion des valeurs technologiques dès l’an 2000, pour se terminer en apothéose avec la crise actuelle initiée avec les subprimes dès le printemps 2007… Celle-ci est autrement plus persistante que les précédentes, en ce sens que les phases de brève accalmie sont suivies depuis 2007 de rebondissements d’une intensité toujours plus dramatique et selon une localisation géographique différente. La tourmente actuelle est aussi nettement plus complexe que les précédentes, probablement du fait de la liquéfaction de produits financiers, dont la sophistication est sans commune mesure avec les produits maniés dans les années 1990. Toujours est-il que la première phase a été ponctuée de faillites bancaires retentissantes, comme celles de Northern Rock en Grande-Bretagne (automne 2007) et de Bear Stearns aux États-Unis (mars 2008), de menaces existentielles sur des mastodontes américains du crédit immobilier (Fannie Mae et Freddie Mac ayant finalement été nationalisés) et sur le premier assureur mondial (AIG), pour se terminer avec le méga feu d’artifice de l’abandon à son sort de Lehman Brothers, ces derniers épisodes d’une intensité dramatique inégalée s’étant tous déroulés à l’automne 2008. Si les économistes orthodoxes et les dirigeants politiques conservateurs s’accordent aujourd’hui sur l’austérité présentée comme seul et unique remède à la crise des pays d’Europe périphérique, les déboires de nations comme la Grèce ou l’Espagne doivent pourtant être analysés sous un autre angle, il est vrai nettement moins favorable à la mouvance néolibérale. Le diagnostic posé sur les déficits publics actuels, accusés d’être responsables de tous nos maux, élude volontairement les questionnements existentiels pour ne s’attacher et ne se déchaîner que sur des éléments de forme et sur les conséquences d’actions s’étant soldées par des dettes publiques massives. On oublie par exemple de rappeler que l'Espagne respectait jusqu'en 2008 les critères de Maastricht (consécration suprême de l’orthodoxie financière) et qu’elle était considérée comme un excellent élève de la zone euro. Comme on feint
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d’ignorer que la crise grecque fait partie d’une séquence initiée par la libéralisation du système financier mondial, dont la constitution de la zone euro constituait une étape supplémentaire. Cette obstination à dicter la rigueur budgétaire n’est cependant que le petit arbre qui masque à peine l’immense dédale de l’innovation financière. La haute finance avait en effet réussi le tour de force au milieu des années 2000 de séparer complètement la décision d’accorder des prêts aux ménages et aux entreprises, d’une part, des risques latents et de la solvabilité de ces débiteurs, d’autre part. À cet égard, ne nous y trompons pas, les déficits publics ne sont en rien la cause de nos ennuis actuels, qui sont à rechercher du côté de l’immense générosité des pourvoyeurs de crédits prodigués en faveur de pans entiers de la population, peu ou pas du tout qualifiée à cet effet. Il a ainsi été fait usage d’un effet de levier, et ce, de manière tout à fait indifférenciée par un système totalement débridé via des instruments financiers promoteurs de schizophrénie et d’irresponsabilité. C’est l’hypercomplexité des nouveaux produits financiers et les raffinements des titrisations qui ont débouché en une explosion tout à fait artificielle de la demande (surtout aux États-Unis et en Grande-Bretagne). En réalité, la finance a forcé la main du consommateur en l’inondant littéralement de crédits, et ce, par l’entremise d’une ingénierie financière toujours plus inventive. Cette euphorie généralisée se déroulait dans un contexte de dévoiement des exigences comptables et prudentielles et de laxisme généralisé des responsables économiques et politiques, anesthésiés par un système financier dont ils étaient convaincus qu’il était devenu optimal. À la faveur de la complexité des produits financiers, les citoyens de base étaient donc priés de se transformer en spéculateurs à la mode de « Ponzi », persuadés que la valeur de leur bien immobilier atteindrait un sommet vertigineux. Comment résister à un tel tourbillon quand l’indice des prix immobiliers aux États-Unis s’appréciait de l’ordre de 15 % l’an chaque année entre 2001 et 2006 ? Cette pyramide des profits faciles et sans précédent fut néanmoins aisément abattue dès 2007 pour emporter sur son passage des colosses financiers de Wall Street balayés avec une facilité déconcertante et, à la clé, des conséquences dévastatrices pour l’économie américaine, et
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