L’internationalisation des écoles hôtelières suisses
456 pages
Français

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L’internationalisation des écoles hôtelières suisses , livre ebook

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Description

Au début du XXe siècle déjà, certaines écoles en gestion hôtelière suisses attiraient des étudiant·e·s venu·e·s de l’étranger, bénéficiant en leur sein d’une offre éducative alors unique au monde. Ce phénomène a amené la Suisse à devenir un acteur majeur dans la formation des cadres de l’industrie hôtelière mondiale. Aujourd’hui, le pays compte une vingtaine d’établissements privés, parmi lesquels domine la prestigieuse École hôtelière de Lausanne. Un univers assez peu connu où paradoxalement, ces formations professionnalisantes – a priori peu valorisées par rapport aux filières universitaires – sont très prisées par une population fortunée, prête à venir en Suisse et à payer le prix fort.
Dans cet ouvrage, l’auteure revient sur la genèse et la transformation des écoles hôtelières helvétiques ; elle propose une description fine et instructive de leur fonctionnement, de leur positionnement à l’international, de leurs publics ; elle expose leurs discours et stratégies qui visent la construction d’une réputation à diffuser à travers le monde, afin de susciter l’inscription de milliers d’étudiant·e·s chaque année.
Au-delà d’analyser les spécificités de ces cursus, l’auteure questionne les acteurs présents et les échelons territoriaux existants dans ce qui est appelé « l’internationalisation de l’enseignement ». Sont investigués : les relations entre le local et le mondial, les mobilités transnationales et les rapports de pouvoir entre institutions. Éclairant les effets de la mondialisation sur la sphère académique et professionnelle, ce livre révèle en outre les inégalités d’accès aux formations internationales les plus valorisées selon les origines sociales des étudiant·e·s.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782889304073
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2022
Rue du Tertre 10
2000 Neuchâtel
Suisse
 
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
DOI : 10.33055/ALPHIL.03179
 
ISBN papier : 978-2-88930-405-9
ISBN PDF : 978-2-88930-406-6
ISBN EPUB : 978-2-88930-407-3
 
 
 
La publication de ce livre a été soutenue par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
 
Illustration de couverture : iStock et Bellhop_Vector_RON_01


Remerciements
C e livre et la thèse dont il est tiré n’auraient pu voir le jour sans ton soutien inconditionnel, Quentin, et sans les moments de joie procurés par nos deux fils, Édouard et Armand, ainsi que par nos proches. Je vous en serai éternellement reconnaissante.
Merci à Mihaela Nedelcu et Felix Bühlmann de m’avoir merveilleusement encadrée. Au-delà d’un regard scientifique, j’ai bénéficié d’un soutien humain sans faille et d’une disponibilité admirable. Je remercie également les membres de mon jury : Anne-Catherine Wagner, Aline Courtois, Étienne Piguet et Éric Davoine, qui m’ont permis de valoriser mes résultats et de m’affirmer en tant que chercheuse.
Une pensée également pour toutes et tous les collègues sociologues que j’ai pu croiser tout au long de mon parcours doctoral ; que ce soit à l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel, lors du « Séminaire Bourdieu », à l’Observatoire des élites suisses (Obélis) de l’Université de Lausanne, au sein du Programme doctoral romand en sociologie (PDRS) ou encore au Centre européen de sociologie et sciences politiques (CESSP) à Paris. Tous nos échanges si bienveillants et constructifs ont nourri ma pensée et aiguisé mon esprit critique.
Finalement, merci infiniment à toutes les personnes qui ont participé à cette enquête. Vous vous êtes confiées à moi en partageant vos histoires de vie, vos réalités professionnelles et vos passions. J’espère que ce livre rend hommage à vos parcours si riches. Sans votre générosité et votre ouverture d’esprit, la recherche sociologique n’existerait pas.


Introduction
Les écoles hôtelières suisses : des établissements élitistes méconnus
Ce livre a pour objet de recherche des institutions d’enseignement supérieur méconnues : les écoles hôtelières suisses. Ces établissements ont émergé en Suisse dès la moitié du xix e  siècle consécutivement au développement de l’industrie helvétique du tourisme et par volonté de former la relève hôtelière nationale. Inspirées des formations professionnelles duales, ces écoles dispensent à la fois des cours théoriques en gestion (comptabilité, finances, ressources humaines, gestion des stocks…) et des cours pratiques permettant aux étudiant·e·s de s’exercer lors d’ateliers opérationnels. Durant ces derniers, ils et elles expérimentent les différents secteurs et métiers de l’hôtellerie : la réception, le housekeeping , la restauration, l’œnologie ou encore le service. La dimension professionnalisante est renforcée par des stages en entreprise. Les écoles hôtelières se distinguent par conséquent des écoles de commerce de niveau universitaire par l’accent mis sur la formation pratique.
Leur caractère international est une autre de leurs particularités. Dès le XX e  siècle, des étudiant·e·s provenant des pays limitrophes ont commencé à intégrer certaines écoles hôtelières suisses enseignant dans une langue nationale (français, allemand ou italien), afin de bénéficier de cette offre éducative alors unique au monde. Puis dès la deuxième moitié du XX e  siècle, on constate l’émergence de nouvelles écoles hôtelières privées de langue anglaise, créées pour attirer un public étudiant de plus en plus important et géographiquement diversifié. En outre, les formations proposées par l’ensemble des établissements mettent l’accent sur la mobilité (les étudiant·e·s sont encouragé·e·s à faire leur stage dans un pays étranger) et sur l’aisance professionnelle à la multiculturalité, particulièrement saillante dans l’industrie hôtelière. Cette offre éducative semble occasionner de nombreuses migrations estudiantines, en expansion depuis les années 1990 (OCDE, 2017). Actuellement, le marché des écoles hôtelières comporte des établissements plus ou moins internationalisés (en termes de langue d’enseignement, de territoires de recrutement, de campus situés à l’étranger…) et plus ou moins reconnus sur la scène académique helvétique (en termes d’accréditation, de niveau de diplôme délivré…).
Sur la scène éducative mondiale, la Suisse apparaît comme le pays le plus réputé où venir se former en gestion hôtelière et ses écoles semblent contribuer à sa visibilité et à son attractivité. En 2019, le classement universitaire international du QS World University Ranking plaçait le pays en troisième position des meilleurs systèmes d’enseignement supérieur au monde, derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne. Cette troisième place tient, d’une part, à l’excellence des écoles polytechniques fédérales (EPF) – en particulier celle de Zurich – dans de nombreuses disciplines, mais d’autre part, à la surreprésentation des écoles hôtelières suisses dans la catégorie du management hôtelier et des loisirs. Non seulement l’École hôtelière de Lausanne obtient la première place, mais trois autres établissements – Les Roches, Glion et la Swiss Hospitality Management School de Montreux – sont également dans le Top 10 1 . Au sein de la hiérarchie éducative mondiale, la Suisse semble occuper une position originale qu’il s’agira d’investiguer. En effet, la formation en gestion hôtelière apparaît comme une spécialité éducative helvétique et Le Figaro étudiant estime que ces écoles ont su «  tirer leur épingle du jeu  » 2 , mais de quel jeu au juste ?
Ces écoles savent communiquer et visibiliser leur formation auprès des médias helvétiques et étrangers. En 2018, l’École hôtelière de Lausanne a fait l’objet d’une série de cinq documentaires de la Radiotélévision Suisse Romande (RTS) à l’occasion de ses cent vingt-cinq ans 3 . Chaque semaine, les téléspectateurs et téléspectatrices helvétiques ont découvert le parcours de cinq étudiant·e·s à différentes étapes de leur cursus : arrivée sur les lieux d’enseignement, découverte de la formation pratique, expérience des stages en entreprise, travail de groupe et entrée sur le marché de l’emploi. Un cent vingt-cinquième anniversaire a également été célébré par un gala où employé·e·s, alumni et étudiant·e·s ont assisté à un spectacle et savouré un repas concocté par certains des Meilleurs Ouvriers de France 4 . Certaines écoles semblent occuper l’essentiel de l’espace médiatique et consentir de gros efforts à leur communication. À quoi sert ce marketing ? Qui vise-t-il et comment contribue-t-il à la réputation de ces établissements ?
Dans les parutions presse, l’aspect élitiste de la formation est toujours relevé, en évoquant les onéreux frais de scolarité. En 2021, un bachelor en quatre ans à l’École hôtelière de Lausanne coûtait 81 010 CHF à un∙e étudiant∙e∙s de nationalité helvétique (ou résident∙e suisse), contre plus du double soit 167 776 CHF pour quelqu’un venant de l’étranger. Le Point a également comparé le prix d’un diplôme préparé à l’École hôtelière de Glion – 130 000 euros pour trois années – aux tarifs pratiqués par les écoles similaires : à Vatel, en France, ceux-ci sont estimés à 10 000 euros par an. Une formation analogue reviendrait p

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