Débordements gestionnaires
234 pages
Français

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Description

Cet ouvrage rend compte des incertitudes face aux instruments qui formalisent l'activité professionnelle. Une diversité d'enquêtes de terrain permet d'explorer deux tendances principales. D'une part, le scénario de l'individualisation : à quelles conditions les régulations gestionnaires se resserrent-elles sur l'acteur au travail, et comment y répond-il ? D'autre part, le script de la normalisation : dans quelle mesure les outils de gestion en vigueur dans les services publics font-ils évoluer délibérations et arbitrages, au cœur des pratiques professionnelles des agents ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 59
EAN13 9782336662923
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Robin TILLMANN, Vers une société sans classes ? Le cas de la société suisse contemporaine (1970-2008) , 2013.
Délina HOLDER, Natifs des DOM en métropole. Immigration et intégration , 2013.
Fred DERVIN (dir.), Le concept de culture. Comprendre ses détournements et manipulations , 2013.
Séverine FERRIERE, L’ennui à l’école primaire. Représentations sociales, usages et utilités , 2013.
Jean-Yves DARTIGUENAVE, Christophe MOREAU et Maïté SAVINA, Identité et participation sociale des jeunes en Europe et en Méditerranée , 2013.
Agnès FLORIN et Marie PREAU (Sous la dir. de), Le bien-être , 2013.
Jean-Michel BESSETTE, Bruno PEQUIGNOT (dir.), Comment peut-on être socio-anthropologue ? , 2012.
Yves LENOIR, Frédéric TUPIN (dir.), Instruction, socialisation et approches culturelles : des rapports complexes , 2013.
Yolande RIOU, L’identité berrichonne en question(s). De l’Histoire aux histoires , 2012.
Pierre VENDASSI, Diagnostic et évaluation : la boîte à outils du sociologue , 2012.
Isabel GEORGES, Les nouvelles configurations du travail et l’économie sociale et solidaire au Brésil , 2012.
Pascal BRUNETEAUX et Norah BENARROSH-ORSONI, Intégrer les Rroms ? Travail militant et mobilisation sociale auprès des familles de Saint-Maur , 2012.
Titre
Sous la direction de
Hélène Buisson-Fenet et Delphine Mercier






Débordements gestionnaires


Individualiser et normaliser le travail
par les outils de gestion ?







L ’ H ARMATTAN
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66292-3
INTRODUCTION UNE RATIONALISATION SANS FRONTIÈRES ?
Hélène Buisson-Fenet et Delphine Mercier

Des dispositifs de gestion définis sous leurs aspects techniques et matériels, il a déjà été beaucoup dit. Que s’y tramait une visée rationalisatrice traçant la voie d’une injonction contemporaine à l’autonomie des acteurs, les enjoignant en même temps à normaliser leur intervention-les situations de « double contrainte » dans l’espace professionnel sont ainsi devenues un facteur central du stress au travail. Qu’un processus de disciplinarisation pouvait être vu à l’œuvre dans la théorisation du « bien faire » au sein des organisations, et des formes de contrôle qu’elle induit. Que la rationalisation des pratiques engendrerait de puissantes contradictions entre les prescriptions et les pratiques : tout outil de gestion intègre sous forme simplifiée une conceptualisation prédictive des comportements, mais rien n’assure qu’elle correspond aux logiques professionnelles, qui se déclinent toujours dans des situations de travail particulières. Qu’ainsi les discours managériaux véhiculent une conception idéale de l’activité au sein des organisations, et que les dispositifs de gestion auxquels ils se réfèrent servent en fait de simples béquilles à l’action professionnelle toujours en quête de compromis acceptables susceptibles de résoudre temporairement les disjonctions entre l’attendu et le réalisable 1 .
Aussi, cet ouvrage ne propose pas de s’attarder davantage sur les finalités manifestes ou latentes des outils et dispositifs de gestion. Il n’aborde pas non plus les conditions de possibilité de leurs réussites ou de leurs échecs. En revanche, il se propose de poser la question de leur extension à des champs d’intervention et de leur diffusion à des sphères organisationnelles qui n’ont guère jusqu’ici fait l’objet d’une forte attention de la part des sociologues de la gestion.
Il s’agit en premier lieu de jouer d’une confusion plutôt que de s’en défendre, en posant l’hypothèse d’un élargissement de la rationalité gestionnaire « par-delà les frontières du public et du privé », nous référant au « privé » pour caractériser une sphère d’activités en-dehors des délimitations strictes du champ professionnel, et jusqu’à l’investissement propre à la subjectivité individuelle. Si l’on discerne depuis les années 1980 dans les outils de gestion une fonction d’incitation croissante à l’autonomie, certains travaux ont mis par la suite en évidence l’effet conjoint d’une individualisation des attentes et d’un contrôle resserré sur les compétences singulières du sujet au travail (Durand et Linhart 2005). La première partie de l’ouvrage vise ainsi à préciser, pour des secteurs productifs divers, cet approfondissement de l’instrumentation gestionnaire qui semble accompagner dans sa transversalité le développement d’une organisation post-taylorienne du travail : dans quelle mesure les objectifs de l’entreprise engagent-ils la subjectivité des individus à travers l’incitation à l’investissement de soi, productrice ambivalente de désirs et de contraintes ?
Cette thématique de « l’extension gestionnaire » peut aussi se décliner selon d’autres modalités que celles du resserrement sur les subjectivités des individus dans les mondes productifs, resserrement conduit régulièrement à un tel degré que les frontières entre le travail et le hors-travail, entre le poste et le sujet, entre la scène publique du travail pour autrui et la scène privée de la production de soi s’en trouvent rebattues. On veut ici utiliser l’autre volet de la distinction sémantique entre « privé » et « public » en définissant le « public » comme cette sphère organisée où domine la préoccupation de l’utilité collective ; du coup la question de la diffusion d’une logique gestionnaire se formule en des termes très différents : dans quelle mesure la priorité conférée à un égal accès aux biens collectifs se recompose-t-elle face à d’autres référents comme la qualité des résultats ou la compétence de service ? Les textes de la seconde partie contribuent dès lors à spécifier comment se décline au sein de certaines administrations mais aussi de services sociaux guichetiers un ensemble de pratiques déjà légitimées dans les secteurs marchands par leur fonction de « modernisation » de l’organisation du travail.
1. De la satisfaction du client à la biographie du salarié : la gestion au plus proche du sujet
On sait que l’ère taylorienne a fait reposer l’organisation scientifique du travail défendue par les ingénieurs industriels sur un modèle de parcellisation des tâches et de division des postes de travail, dans une logique de rentabilité productive qui s’accompagne d’un appauvrissement des savoirs-faire. Dans ce mode de production, les instruments de gestion portent pour l’essentiel sur la rationalisation quantitative et chronométrique de l’activité de travail : ils correspondent à une consommation extensive, qui nécessite de couvrir des besoins sociaux nouveaux sans que l’exigence de qualité du produit ou du service fasse l’objet d’une attention précise de la part des entreprises. Les procédures sont élaborées une fois pour toutes par des bureaux de méthode sur la base de modélisations abstraites. Elles sous-tendent une forte dichotomie socio-professionnelle entre les salariés spécialisés dans la conception et/ou l’encadrement des équipes, et les salariés d’exécution ; elles sont ainsi vectrices de relations professionnelles potentiellement conflictuelles, dont la prévention repose sur l’augmentation de revenus tant salariaux que sociaux et l’étanchéité d’une sphère d’activités hors-travail plus large.
Cette conflictualité en gésine dans les outils de gestion tayloriens largement orientés vers

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