La stratégie comme discours
228 pages
Français

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La stratégie comme discours , livre ebook

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Description

La science-fiction est utilisée dans les centres de recherche et développement depuis plusieurs années, pour anticiper des innovations technologiques, mais aussi pour définir des stratégies et diriger les projets. De quelle manière la science-fiction est-elle utilisée par les ingénieurs ? Cet ouvrage propose une réflexion sur les moyens mis en œuvre pour filtrer la science-fiction dans le but d'insérer son discours prospectif dans les stratégies de l'entreprise.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 69
EAN13 9782296710122
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La stratégie comme discours
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13181-1
EAN : 9782296131811
Thomas Michaud
La stratégie comme discours
La science-fiction dans les centres de recherche et développement
L’Harmattan
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
André PETITAT (dir.), La pluralité interprétative. Aspects théoriques et empiriques , 2010.
Claude GIRAUD, De la trahison, Contribution à une sociologie de l’engagement , 2010.
Sabrina WEYMIENS, Les militants UMP du 16 e arrondissement de Paris , 2010. Damien LAGAUZERE, Le masochisme, Du sadomasochisme au sacré , 2010.
Eric DACHEUX (dir.), Vivre ensemble aujourd’hui : Le lien social dans les démocraties pluriculturelles , 2010.
Martine ABROUS, Se réaliser. Les intermittents du R.M.I , entre activités, emplois, chômage et assistance , 2010.
Roland GUILLON, Harmonie, rythme et sociétés. Genèse de l’Art contemporain , 2010.
Angela XAVIER DE BRITO, L’influence française dans la socialisation des élites féminines brésiliennes , 2010.
Barbara LUCAS et Thanh-Huyen BALLMER-CAO (sous la direction de), Les Nouvelles Frontières du genre. La division public-privé en question , 2010.
Chrystelle GRENIER-TORRES (dir.), L’identité genrée au cœur des transformations , 2010.
Xavier DUNEZAT, Jacqueline HEINEN, Helena HIRATA, Roland PFEFFERKORN (coord.), Travail et rapports
Introduction
La science-fiction est un genre artistique très répandu dans les cultures postindustrielles. Elle est produite et diffusée par différents moyens, alternatifs ou institutionnels, et contribue à l’élaboration des visions du monde des employés, mais aussi et surtout des stratèges du capitalisme. C’est cette dimension du sujet qui nous intéresse dans cette thèse, consacrée au rôle de la science-fiction dans la mise en place des stratégies de France Télécom. Le sujet de cette thèse fut construit pendant environ dix ans. Après un mémoire de maitrise consacré à l’utopie cybernétique dans Neuromancien , j’ai rédigé un mémoire de DEA sur l’utopie de la conquête de la planète Mars. Par la suite, j’ai entamé une recherche sur le rôle de la science-fiction et de l’imaginaire de la conquête de l’espace dans l’élaboration des politiques d’innovation et des discours stratégiques de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Suite à cela, France Télécom m’a proposé un contrat de formation par la recherche de trois ans pour appliquer ma méthode au centre de R&D. Je devais interviewer des ingénieurs et des scientifiques impliqués dans des projets de réalité virtuelle afin d’évaluer l’impact de leur culture science-fictionnelle sur leur activité professionnelle. J’ai donc rencontré plusieurs centaines d’employés de l’entreprise, dont la fonction était plus ou moins importante dans l’élaboration des stratégies de l’entreprise. La plupart des employés du centre ont au moins un Bac +5, voire un doctorat. Ils participent tous activement à l’élaboration de la stratégie du groupe et leurs rapports sont souvent lus avec intérêt par les membres du comité de direction de l’entreprise, chargés d’attribuer les budgets et de promouvoir les projets chaque année. La problématique de cette thèse est la suivante. Dans quelle mesure la stratégie du groupe Orange est-elle structurée par la science-fiction ? Si la stratégie est avant tout conçue comme un discours, comment la science-fiction y est-elle intégrée, et de quelle manière les acteurs de l’entreprise l’instrumentalisent-ils pour élaborer des projets et des stratégies efficaces ? Si la stratégie est créée en fonction de données pragmatiques, dans quelle mesure la science-fiction est-elle intégrée, alors qu’elle est susceptible d’orienter les décideurs vers de potentielles folies, ou mégalomanies, souvent dénoncées par les détracteurs du genre ? La thèse s’intéresse d’ailleurs ponctuellement aux points de vue des critiques du genre, qui nuisent à la réputation et à la légitimité de ce genre artistique dans certaines zones géographiques comme l’Europe. Il est nécessaire de prendre garde à limiter l’impact de la science-fiction dans la mise en place des stratégies des groupes comme Orange, afin d’élaborer une approche réaliste de ce phénomène, qu’il était nécessaire de circonscrire pendant l’enquête de terrain. Les postulats de départ étaient les suivants : La stratégie d’un groupe technologique est influencée par des idéologies technicistes et des discours imaginaires dans la mesure où ces récits mettent en scène une dimension prospective de l’activité économique. Il était préconçu initialement que la science-fiction était une culture très appréciée et répandue chez les stratèges et les élites des grandes entreprises de télécommunication comme Orange. Un doute subsistait cependant suite aux remarques de critiques à la culture classique. La science-fiction constituait pour ces personnes une culture populaire très répandue chez les prolétaires et était opposée à la culture traditionnelle des élites. Ce point de vue devait être relativisé, pour ne pas dire renversé par les discours recueillis pendant l’enquête de terrain. Le qualificatif de prolétaire ne pouvait pas être adapté aux employés de France Télécom R&D, qui appartenaient tous à une élite institutionnelle réputée et appréciée par le reste de la population française. La plupart des acteurs rencontrés étaient issus des plus grandes écoles du pays, comme Polytechnique, l’Ecole Normale Supérieure, le CNAM, les écoles d’ingénieurs ou les écoles supérieures de commerce. Il était donc intéressant de vérifier auprès de ce groupe social élitiste si la science-fiction était toujours l’apanage d’une culture populaire, comme cela était le cas au début du vingtième siècle, ou s’il y avait eu une évolution, principalement sous l’impact des progrès des effets spéciaux au cinéma, qui permettaient de créer de véritables chefs-d’œuvre, de plus en plus réalistes, susceptibles d’attirer les élites institutionnelles. C’est le courant cyberpunk qui influença le plus les élites, même si les ingénieurs et scientifiques rencontrés ont admis avoir lu ou apprécié bien d’autres œuvres de science-fiction, antérieures à ce genre apparu en 1983 avec le roman de William Gibson Neuromancien , et quasiment clos en 2003 avec la fin de la trilogie Matrix . Ce courant a représenté les technologies du virtuel du futur, en préparation dans les centres de recherche et développement des grandes entreprises d’informatique ou dans les laboratoires des artistes de la cyberculture. Il apparaissait donc évident qu’une culture globale du capitalisme technologique reposait sur la science-fiction, érigée en croyance dominante dans les cénacles de stratèges des grandes entreprises, avides de visions prospectives et de discours enchanteurs capables de stimuler les investisseurs, les employés et des consommateurs. Il était donc préétabli que l’idéologie de la science-fiction constituait un discours fédérateur et structurant à l’intérieur du capitalisme technoscientifique, ce qui mena à l’introduction du courant de la stratégie comme discours dans le processus de démonstration. L’élaboration de la stratégie devait s’effectuer en réseau, par la conjonction des compétences et des visions des différents acteurs de l’entreprise, dans une dimension performative, résumée par la formule d’Austin : « Quand dire, c’est faire ». L’approche performative est importante pour comprendre ce sujet et cette thèse. Elle suggère que

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