Poésie et management

Yves Rajaud

Description

L'entreprise a besoin de poésie... Métaphore, imagination, créativité, symbole, intuition, (toutes choses que le poème génère et féconde), sont, quand on y songe, les ressorts de l'entreprise : métaphore, pour comprendre la complexité des données économiques ou pour éclairer le flou d'une question de management ; imagination, pour créer l'offre innovante dont l'entreprise a besoin pour vivre, forêt de symboles, source première de sa communication ; intuition enfin, l'une des clefs du décideur.

Avant-poèmes

 1 Bois

 2 Leçon d’histoire

 3 Les fonds sauvages

 4 Solitude du dirigeant

 5 Pauvres Louis

 6 Bruits d’usine

 7 Puis faire le plein d’étoiles

 8 Elle, un après-midi

 9 Si tu veux entreprendre...

 10 Dés jetés, hommes aussi...

 11 Je suis évêque...

 12 Décidément

 13 Tags

 14 Mobilis in mobili

 15 Polyphonie

 16 Colline inspirée

 17 Temps pis

 18 Les transformations silencieuses

 19 Du regard en général

 20 Des conflits et de leur logique

 21 Les philosophes en leur jardin

 22 La farandole des ailleurs

 23 Managerie

 24 Leçons des musiciens pour leur chef

 25 Le Pic du Non

 26 Entrepreneurs, les horizons

 27 Et miroirs, et fenêtres...

 28 Adonnés à une œuvre

 29 Luth final

Sujets

• Gestion et management
• management
• Economics
• Business

Informations

• Publié par: Editions Eyrolles
• Date de parution: 19 novembre 2015
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782212313598
• Langue: Français

Extrait

L’entreprise a besoin de poésie… Métaphore, imagination, créativité, symbole, intuition, (toutes choses que le poème génère et féconde), sont, quand on y songe, les ressorts de l’entreprise : métaphore, pour comprendre la complexité des données économiques ou pour éclairer le flou d’une question de management ; imagination, pour créer l’offre innovante dont l’entreprise a besoin pour vivre, forêt de symboles, source première de sa communication ; intuition enfin, l’une des clefs du décideur.


Yves Rajaud est né au Creusot, en Bourgogne. Après des études à Paris (Sorbonne, Sciences Po.) il entreprend une carrière de consultant avant de participer à la création et au développement de l’Apm (Association progrès du management) dont il fut l’un des dirigeants pendant vingt ans. Il consacre aujourd’hui la majeure partie de ses activités à l’écriture.
Yves Rajaud
Poésie et management
Si tu veux entreprendre, commence par Homère
Groupe Eyrolles 61, bd Saint-Germain 75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
© Groupe Eyrolles, 2015 ISBN : 978-2-212-56384-9

À la mémoire de Jacques Giroire
La société périra si la poésie s’éteint, peu à peu, dans notre rapport au monde.
Yves Bonnefoy
( Discours de Guadalajara )
La stratégie c’est l’art de faire face à son destin
Peter Drucker
( Les Entrepreneurs )
Table des matières
Avant-poèmes
1 Bois
2 Leçon d’histoire
3 Les fonds sauvages
4 Solitude du dirigeant
5 Pauvres Louis
6 Bruits d’usine
7 Puis faire le plein d’étoiles
8 Elle, un après-midi
9 Si tu veux entreprendre...
10 Dés jetés, hommes aussi...
11 Je suis évêque...
12 Décidément
13 Tags
14 Mobilis in mobili
15 Polyphonie
16 Colline inspirée
17 Temps pis
18 Les transformations silencieuses
19 Du regard en général
20 Des conflits et de leur logique
21 Les philosophes en leur jardin
22 La farandole des ailleurs
23 Managerie
24 Leçons des musiciens pour leur chef
25 Le Pic du Non
26 Entrepreneurs, les horizons
27 Et miroirs, et fenêtres...
28 Adonnés à une œuvre
29 Luth final
Remerciements
Avant-poèmes
La rencontre de la poésie et de l’entreprise étonnera peut-être, mais quand la poésie étonne, elle est fidèle à sa mission. À Platon qui attribue cette qualité à la philosophie, Saint-John Perse réplique que seule la poésie est la vraie fille de l’étonnement !
Et le poète de souligner, lors de la réception du prix Nobel, que les sciences les plus dures ont recours à la pensée analogique, à l’intuition et de rappeler que l’un des plus grands de nos savants modernes réclamait pour le chercheur une véritable vision artistique .
Il en est de même pour la science économique ! L’entreprise a besoin de l’art en général et de la poésie en particulier. Métaphore, imagination, créativité, symbole, intuition (toutes choses que le poème génère et féconde) sont, quand on y songe, les ressorts de l’entreprise : métaphore, pour comprendre la complexité des données économiques ou pour éclairer le flou d’une question de management ; imagination, pour créer l’offre innovante dont l’entreprise a besoin pour vivre, forêt de symboles , source première de sa communication ; intuition enfin, l’une des clefs du décideur.
Et puis, l’art voit loin, l’art anticipe. Une entreprise ne naît pas d’une étude de marché, mais d’un rêve, celui que poursuit tout créateur d’entreprise, ainsi que d’une vision, celle que porte en lui tout stratège. Or, rêve et vision sont l’essence du poème.
Quant au beau et à l’esthétique, ils seront cet addenda dont vit chacune des personnes de l’entreprise, sauf à vouloir rester agent économique , c’est-à-dire clos sur soi-même, un peu moins riche – de vraie richesse s’entend –, un peu moins femme, un peu moins homme.

1
Bois
Étonnants voyageurs... Dites, qu’avez-vous vu ?
Charles Baudelaire
( Le voyage )
Ébène, épicéa, érable de Bohême,
De quels bois sont-ils donc,
Dormant quarante années dans les clos de séchage,
Nués dans l’instrument,
Pour lui donner son galbe, gagner son âme ?
Trente couches de vernis en ont forgé le timbre,
Sous la main du facteur, travailleur insolite
Qui regarde le son, l’anticipe, le palpe.
Les luthières du village sont parties pour la ville.
Lutherie, métaphore du management des hommes !
De quel bois sont-ils faits ? Et comment les conduire ?
Personne n’a même son, personne n’a même bois !
Et cet archet tissé des crins d’un hongre de Mongolie,
Cet archet infléchi sur sa hampe de pernambouc,
Étonnants manageurs,
Ne serait-ce pas vous ?

2
Leçon d’histoire
L’homme inquiet
Sentit que la bataille entre ses mains pliait
Victor Hugo
( Les Châtiments – L’expiation )
Ne sait pas qu’il ne peut. Qu’il ne peut gagner. Ne peut pas gagner seul. La pluie double le temps, jamais la clep sydre ne se vide, n’arrête le temps, le double temps, celui qu’il fait, celui qu’il faut. Où sont les autres ? Il les a renvoyés. En a besoin maintenant.
C’est un homme blessé, arqué par la douleur, c’est un homme malade qui tente de marcher sur un fleuve charriant les débris des armées, des chars, des chevaux, des corps d’hommes. Et son ventre en grenaille.
On ne peut gagner seul et tous les autres ont fui. À qui donc déléguer ? Et quoi donc déléguer ? Le petit homme en gris tourne autour du cratère que la pluie n’éteint pas, n’est pas assez puissante, face aux feux de la terre, feux qui engloutiront l’homme, les hommes et les chars et la gloire.
C’est un mal d’estomac, l’estomac de Saturne, c’est Saturne qui erre sur la plaine ravagée par les fers des chevaux, par les bottes des chasseurs et les roues des prolonges que l’on tire et qui craquent, Saturne dévorant, dévorant ses enfants... ( Lanciers, grenadiers, cuirassiers, canonniers...)
Le brouillard envahit le cerveau de l’Empereur. Il ne sait dire, ni que dire. Le stratège est Œdipe, il avance en aveugle et ses troupes culbutent dans le volcan humide. Pourtant ils le suivaient, sans savoir, sans comprendre en bons moutons sanglés sous leurs shakos de pluie.
Arrogance, défaut d’humilité.