Á chacun son vrai poids : La santé avant tout

Jean-Michel Lecerf

Description

En matière de poids, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Chacun est différent, chacun a son histoire, chacun a son poids. Il n’y a pas de norme unique, il n’y a pas non plus de recette standard. Et les régimes sont loin d’être « la » solution. Ce livre, écrit par un éminent spécialiste des questions de poids et de surpoids, explique pourquoi. Pour autant, il ne s’agit pas non plus de laisser filer les kilos sans rien faire ou en ignorant les risques pour sa santé. Des voies accessibles à chacun existent. Ce cocktail du succès passe par la déculpabilisation vis-à-vis de ses difficultés alimentaires, l’écoute et le respect de ses besoins propres, le plaisir de manger, et l’acceptation aussi. Un autre chemin, ouvert à tous, pour faire la paix avec son poids. Jean-Michel Lecerf est médecin, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques. Il se consacre à la nutrition depuis trente ans et a une grande expérience clinique dans le domaine du poids et de l’excès de poids. Il travaille à la fois à l’hôpital, au CHRU de Lille, comme clinicien, et à l’Institut Pasteur de Lille où il dirige le service de nutrition. Auteur de plusieurs livres, il a présidé le groupe de travail de l’Anses sur les risques liés à la pratique des régimes amaigrissants. 

Sujets

• Medical
• Diet Therapy

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 07 mars 2013
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782738177438
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

© ODILE JACOB, MARS 2013
15, rue Soufflot, 75005
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7743-8
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Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Avant-propos
L’illusion des régimes
De quel régime parle-t-on ?
Si c’était simple, on le saurait
L’obésité, une maladie orpheline
L’obésité, en gros, c’est quoi ?
Comment grossit-on ?
L’histoire naturelle du poids
Irréversible ?
Au banc des accusés
Notre société obésogène
L’effet de bascule
Tous le même poids ?
L’obésité n’existe pas
La souffrance des personnes en surpoids
Le poids, est-ce dangereux ?
Le poids a bon dos
Les dangers des régimes
Les régimes font-ils grossir ?
La galère des régimes
La restriction cognitive
Carences et déséquilibres
Bons et mauvais aliments
L’os en danger ?
Quels sont les pires régimes ?
Les dessous des régimes
Et la chirurgie bariatrique ?
Abus de pouvoir
Que fait la médecine ?
Faut-il abandonner la diététique et les régimes ?
Ne rien faire ?
Psy or not psy ?
Je me trouve gros(se)
Combien dois-je peser ?
Dès les premiers kilos
Les succès au rendez-vous
Les bonnes questions
Alors, que faire ?
Ne pas regrossir
Le thermalisme, une option intéressante
Les stades de la maladie
Du côté du toubib
Médecin de l’obésité
Prévenir ou éduquer ?
Au cœur de la nature humaine
Aimer les gros
C’est possible, la preuve…
Prudence, modestie, espoir
Avant-propos

Demain la moitié de l’humanité sera au régime et l’autre moitié aura encore faim. Il est légitime de se poser des questions sur ce paradoxe, ses causes et ses conséquences, car la restriction des uns ne remplira pas l’estomac des autres. Notre course frénétique à la consommation s’est muée en une frénésie de régimes censés enrayer la tornade.
Faut-il, sous prétexte de cette épidémie et des risques occasionnés par le surpoids et l’obésité, se lancer à corps perdu dans des « solutions » alléchantes mais trop souvent vouées à des échecs cuisants. Faut-il succomber aux sirènes de la minceur à tout prix ? Faut-il se résigner ou se révolter ? Faut-il s’accepter différent ? Faut-il tomber dans le diktat de la norme pondérale ?
Les régimes sauvages, les formules miracles, sont autant de mirages qui peuvent être destructeurs. Près de 100 % de certaines consultations spécialisées sont aujourd’hui alimentées par des échecs cruels.
Dire que les régimes amaigrissants peuvent avoir des inconvénients sérieux est « un pavé dans la mare ». On me rétorquera que l’obésité est un fléau bien plus dangereux et cela justifie que tout soit mis en œuvre pour le combattre.
On a parfois pu se demander si c’étaient les obèses qu’il fallait combattre, l’obésité qu’il fallait effacer, ou s’il s’agissait bien d’une démarche médicale, c’est-à-dire d’un projet thérapeutique auprès de personnes en difficulté. « À tout prix » ne peut être le seul leitmotiv d’une telle démarche, car « la fin ne justifie pas les moyens » si le prix à payer est trop élevé. Or elle comporte des inconvénients, qu’on qualifiera d’effets secondaires, ou pour faire moderne d’effets « collatéraux » ; de surcroît la reprise du poids, voire son aggravation, est au rendez-vous dans un nombre très élevé de cas, à moyen et à long terme.
Ainsi ce débat a-t-il pu ressembler à une polémique entre experts, comme s’il y avait de bonnes et de mauvaises méthodes, de bons et de mauvais médecins, de bons et de mauvais experts, de bons et de mauvais patients.
Il n’y a pas de polémique, comme il y en aurait pour une opinion, une position philosophique, politique ou morale ; il y a seulement d’une part des faits scientifiques, d’autre part une maladie difficile à soigner, qu’on ne peut pas vraiment guérir et dont les traitements diététiques, médicamenteux, chirurgicaux, peuvent, comme tout traitement, avoir des effets secondaires.
Ce qui est surprenant, en fait, c’est l’étonnement suscité par le fait qu’on parle de risques, d’inconvénients, voire de danger à propos d’un traitement, fût-il la diététique : médecins et patients le savent, tout traitement peut avoir des effets indésirables. Les régimes n’en sont pas exempts, il est bon de le dire.
Le devoir de vérité fait du bien, il éclaire : la vérité rend libre. D’ailleurs, si un cancérologue annonçait à son patient qu’un traitement long et difficile était voué à l’échec, à une récidive ou à une aggravation au bout de dix ans dans 95 % des cas, quel patient ne l’interrogerait pas sur l’opportunité de choisir ce traitement ?
Et si les régimes étaient un médicament, certains ne seraient pas autorisés à être mis sur le marché par les autorités sanitaires.
Ce livre, loin d’être décourageant, se veut juste, vrai et prudent : je souhaite qu’il puisse aider de nombreuses personnes à ne pas s’engager dans des « voies sans issue » et à retrouver confiance en elles. Il est le reflet d’une expérience de trente ans de recherches et de consultations auprès de plusieurs dizaines de milliers de patients, auxquels je dédie cet ouvrage, car ce sont eux qui m’ont aidé à mieux les soigner. J’ai appris avec eux que le premier serment du médecin est « d’abord ne pas nuire », en latin, primum non nocere .
Au-delà de tout parti pris ce livre veut éclairer sans complaisance, ni illusion, mais en vérité, les personnes qui souffrent de surcharge et sont victimes de cette quête sans fin, afin qu’elles ne se sentent plus condamnées. Ce livre veut les aider sur ce chemin difficile.
L’illusion des régimes

Monique AU m’interpelle en me disant : « Pourquoi êtes-vous contre les régimes, ils marchent. » Elle a à la fois tort et raison. Je ne suis pas contre les régimes, cela n’a pas de sens, pas plus de sens que d’être pour ou contre les médicaments ou les opérations… ; elle a raison : les régimes marchent. Alors pourquoi serais-je contre ? Cela a encore moins de sens.
Oui, ils marchent… presque tous à court terme, et c’est pour cela que « les régimes », c’est-à-dire ces systèmes dans lesquels les gens sont entraînés connaissent le succès : le bouche-à-oreille de la perte de poids initiale, plus ou moins spectaculaire, plus ou moins alléchante, fait rapidement son œuvre et remplit les cabinets des prescripteurs… avant que les premiers patients ne regrossissent. Il faut, le plus souvent, un an ou deux pour commencer à reprendre du poids, parfois plus de poids.
À dix ans, les régimes les plus extrêmes sont suivis d’une reprise de poids au niveau initial, voire plus dans 95 % des cas.
Ce qui ne signifie pas que toute prise en charge d’un problème de poids, si elle est adaptée, soit vouée à l’échec, au contraire ! Mais encore faut-il redéfinir la notion d’échec, les critères de succès, et surtout les objectifs (voir page 106 ).
La reprise de poids est d’autant plus inéluctable que le régime est trop restrictif, déséquilibré, que la perte de poids est rapide et importante, que l’obésité est sévère, ancienne, constitutionnelle, c’est-à-dire dans la nature de la personne. La personne concernée, d’une certaine façon victime, se tait le plus souvent. D’ailleurs, le « bon » praticien lui a dit que si elle regrossissait, ce n’était pas la peine de revenir.

Monique AU me raconte que, lorsqu’elle est retournée voir le docteur X, ce dernier lui a dit qu’elle n’avait pas de volonté et que la seule solution était de reprendre le régime au lieu de l’arrêter, puis le refaire plus strictement et donc plus longtemps ! Monique AU n’a pas fait ce que le docteur X lui a dit de faire, elle est donc allée voir le docteur Y conseillé par une amie, qui ne donne pas de régime et travaille sur les groupes sanguins : il dresse une liste des aliments qu’on ne peut pas manger, établie en fonction de son tempérament. D’ailleurs, le docteur Y, lorsqu’elle est allée le voir, a dit que le docteur X n’y connaissait rien et qu’avec lui, par contre, elle aurait de bons résultats si elle faisait ce qu’il lui ordonnait. Mme AU a essayé mais n’y est pas arrivée, elle a « craqué » : avec tous ses soucis, elle avait faim. Comme elle n’a pas fait ce que le docteur Y a ordonné, elle n’est pas retournée le voir, car elle s’en voulait et se trouvait « nulle » : c’est sa faute. D’ailleurs certaines personnes y parviennent, on les montre à la télé ; elle devrait dominer ses envies, ne pas écouter ses désirs. Elle a lu qu’avec un peu de volonté elle pourrait maîtriser ses pulsions et que ses envies passeraient. Elle n’est pas fière de ses pulsions, cela fait penser aux pulsions sexuelles : elle n’en parle à personne.
Il faudra qu’elle s’y remette pour de bon, qu’elle ne se laisse pas aller. À moins qu’elle prenne des sachets, c’est pratique, il n’y a rien à préparer ; une amie lui a dit que le docteur Z en prescrivait ; on les achète par correspondance et on n’a pas faim, d’ailleurs on ne pense plus à manger. À moins qu’elle fasse de la soupe aux choux, on boit, ça remplit et il n’y a pas de calories, et quand on a bien maigri, on remange de tout. À moins que…
Dans un tour de passe-passe, les systèmes de régimes sont une illusion, qui enferment le patient dans son échec et le renforcent dans une mésestime de lui-même.
De quel régime  parle-t-on ?

Le mot régime est piégé et pourtant il traduit simplement un « mode de ». On parle de régime fiscal, de régime matrimonial, de régime politique (parlement