À la recherche du Triub
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Description

Tant pour des questions d’équilibre social, de santé publique ou d’environnement, le bruit, le silence, le dialogue sont désormais des questions d’actualité. Surfant sur ces thèmes, Pierre Tabarin, par le biais d’un roman, à fois ludique et empli d’informations techniques et sociologiques, trace une philosophie de l’altérité. Dans la famille Cauvert, d’origine franco-américaine, mais vivant à Toulouse, où les parents et les deux enfants sont tous préoccupés par le bruit et le silence, les péripéties sont nombreuses. Dans le monde actuel nombreux sont ceux qui, trop souvent, entendent sans écouter, préfèrent le bourdonnement (buzz) ou le gazouillis (tweet), et en oublient l’importance de la conversation, de l’autre, de la démocratie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381533537
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la recherche du triub L’éloge de l’écoute
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité
Pierre Tabarin
À la recherche du triub L’éloge de l’écoute
Développement personnel

 
Il y a des oreilles sous les pavés
Proverbe chinois
 
Ce soir-là, un samedi d’avril en rentrant chez lui plus tôt que prévu, Harry Cauvert sursauta. Quel était ce bruit insolite, cette sorte de ronflement venant de la cuisine ? Qu’est-ce qui pouvait faire un tel bruit alors que la maison était supposée être vide, sa femme encore au bureau, et ses deux enfants en vacances de Pâques, chez sa mère.
Il s’approcha à pas feutrés et, curieusement, plus il s’approchait, plus le bruit diminuait. Il fit donc discrètement marche arrière et le bruit augmenta de nouveau. Ce qui lui fit logiquement penser que le bruit ne venait pas de la cuisine située devant lui, mais qu’il venait de derrière lui.
Il fit donc demi-tour et il avança de trois mètres dans le couloir qui mène de la cuisine à la chambre des enfants. Et ayant parcouru cette distance, il s’aperçut à nouveau que l’intensité du bruit décroissait. Il fit donc deux pas en arrière pour s’assurer que le bruit allait reprendre de plus belle au moment où la porte d’entrée s’ouvrit, sa femme Hillary rentrant du travail. Hello, mon cœur, héla-t-elle, en refermant bruyamment la porte ? Chut ! lui répondit-il aussitôt, avec un geste d’agacement perceptible, en mettant son doigt verticalement devant sa bouche. Que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle à mi-voix en s’approchant de lui.
Il la fit venir tout près de lui et lui demanda d’écouter. Mais après quelques instants d’écoute attentive, dans le silence, elle lui murmura à l’oreille : Je n’entends rien. Et toi qu’entends-tu ? Plus rien, répondit-il.
Quand soudain un ronflement fort et quelque peu strident se fit entendre et leur parcourut l’échine. Serrés dans les bras l’un de l’autre, emplis de stupeur, Harry tourna la tête vers la cuisine tandis qu’Hillary regarda en direction de la chambre des enfants. Et, empreints d’incompréhension, ils se regardèrent. Vas-y Harry, l’encouragea sa femme. Où ? lui objecta-t-il. Ben, vers le bruit, dit Hillary. Mais… où est-il ?
Il choisit la direction de la cuisine, mais n’y découvrit rien de suspect. Puis, repassant devant sa femme il prit, à toutes fins utiles, la canne du grand-père qui était accrochée à une patère dans le couloir. Et se dirigea vers la chambre des enfants où… il ne découvrit rien de suspect.
De retour, Harry, canne en main, fit beaucoup rire Hillary et ce fut vite contagieux, car, d’expérience, Harry ne savait pas rester sérieux quand Hillary riait.
La soirée se termina dans les rires autour de cette mésaventure, quand même quelque peu curieuse, qu’il faudra cependant élucider un jour, conclut Hillary, en éteignant la lumière et en souhaitant bonne nuit à son époux.
Et Harry en avait bien besoin, car, malgré tout, il était un peu inquiet. Il n’aimait pas l’imprévu et, plus encore, il ne supportait pas de ne pas comprendre ce qui se passe. Sa rationalité de chercheur dans un laboratoire du Centre National d’Études Spatiales – le fameux CNES – était alors bafouée, et ce d’autant plus qu’il était habitué à l’étrange, puisque ses recherches portaient sur les extra-terrestres. Était-ce une de leurs manifestations intempestives, était-ce un appareil ménager qui manifestait quelque dysfonctionnement, un bruit chez le voisin, dans le jardin ?
Et à qui pouvait-il en parler, car, s’il ne pouvait sous-estimer la gloire qui accompagnerait une grande découverte scientifique, il ne pouvait négliger le ridicule, qui suivrait la mise en avant incongrue d’un bruit domestique insolite ?
Il s’endormit assez vite et se réveilla de bonne humeur.
 
 
Harry était en effet d’une humeur, en général joviale. Ce qui était peut-être dû à sa culture américaine, car, bien que son père fût français, sa mère était d’origine américaine et il avait vécu ses premières années au Colorado, à Denver. Au pays des cow-boys.
Il en avait à la fois l’allure, grand costaud, un peu dégingandé, et à la fois l’esprit. Cool, comme on dit là-bas.
Après des études primaires aux USA il revint en France et avec ses parents s’installa dans la région Toulousaine, car son père qui avait travaillé quelques années à la NASA avait trouvé un poste au CNES à Toulouse.
De brillantes études secondaires puis supérieures l’avaient conduit, finalement sans trop de difficultés, vers un doctorat de sciences acoustiques avec une thèse sur les ondes acoustiques. Ce qui l’avait peut être amené, quelques années plus tard, à s’intéresser aux signes, visuels ou sonores, venant d’ailleurs. Il s’était d’ailleurs souvent interrogé sur le son et le bruit.
Un son est en effet le résultat de la vibration d’un corps solide, liquide ou gazeux, vibration qui engendre des ondes acoustiques se propageant jusqu’à la membrane du tympan. Tandis qu’un bruit – selon les définitions officielles – est un son indésirable, une sensation auditive désagréable. Mais curieusement, il ne semble pas y avoir de mot pour qualifier un son agréable.
Pourtant la notion de son agréable ou désagréable peut être très subjective, varier selon les personnes ou les circonstances. Le bruit que l’on fait étant souvent plus supportable que le bruit que font les autres. Pourquoi donc n’y avait-il que les mots son et bruit ?
Certes, il y avait bien de nombreux mots exprimant les bruits émis par la voix humaine tels que murmure, chuchotement, grognement, cri… mais rien qui précisa ou qualifia le mot bruit tel que défini par l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO) ou par l’Association Française de NOrmalisation (AFNOR).
Alors qu’il existait de nombreux mots qualifiant les cris des animaux : le cheval hennit, la poule caquète, le chien aboie, le lion rugit, la fourmi crohonde, le chameau blatère, le chat miaule…
Ou encore, chacun connaissait de nombreuses onomatopées représentant des bruits de la vie courante émis par des objets, ou par le mouvement ou le choc des objets, ou par l’action humaine tels que : vlan, pan, boum, bang, toc-toc, splash, bing, prout… sans oublier divers qualificatifs tels que sourd, violent sec, mat, étouffé…
Mais force était bien de constater que, si la définition officielle du bruit était bien un son désagréable et si de nombreuses descriptions en existaient, il n’y avait pas de mot qui exprimait un son agréable.
Cette réflexion philosophique sur le bruit l’avait toujours passionné, car, au-delà de son travail scientifique, qui l’amenait souvent à chercher dans le ciel, réponse à ses questions, il ne pouvait s’empêcher de penser au big bang. Le big bang, vaste mouvement de création du monde avait-il été bruyant ? Car ce n’est pas parce que le bang était big qu’il était bruyant ; encore que le mot bang évoque bien un bruit ! Mais, en fait, chacun sait qu’il convient de parler d’une dilatation, d’une extension, qui a duré un millième de milliardième de seconde pendant laquelle la matière s’est créée. Mais cela fut-il bruyant ? Et cela fut-il un bruit désagréable ?
Chacun connaît en effet de petits sons stridents très désagréables et de grands sons harmonieux. Un grand orchestre symphonique en pleine action peut transporter, tandis que le bruit aigu de la roulette du dentiste peut indisposer. Il n’y a donc pas de lien entre la sensation de bruit et le nombre de décibels du son.
Et comme personne n’a mesuré le son émis par le big bang, la question reste posée de savoir s’il y a eu un silence, c’est-à-dire une absence de son, un bruit c’est-à-dire un son désagréable ou un triub, c’est-à-dire un son agréable.
Car Harry avait fini par sR

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