Les femmes au piège de la négociation salariale
124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les femmes au piège de la négociation salariale , livre ebook

-

124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Pourquoi, quand il s'agit de leurs augmentations de salaire, bien des femmes répondent-elles : « Je ne veux pas demander, je veux être reconnue pour mes mérites, ce n'est pas dans mes valeurs », quand les hommes mettent un point d'honneur à négocier, âprement parfois, ces mêmes augmentations ? Ces comportements différents creusent pour partie les écarts de rémunération entre hommes et femmes. Comment s'est construite notre histoire avec l'argent, notre rapport, en tant que femmes, au salaire et au travail ? Š

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 59
EAN13 9782296485693
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les femmes au pièg e de la négociation salarial e
Questions Contemporaines
Collection dirigée par
B. Péquignot et D. Rolland
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Derniers ouvrages parus
Esther RESTA La société patriarcale face à la résistance des femmes , 2012.
Esther RESTA, Du matriarcat au patriarcat , 2012.
Saïd KOUTANI, Le devenir du métier d’ingénieur, 2012.
Bernard GOURMELEN, Handicap, projet et réinsertion .
Analyse des processus identitaires pour les travailleurs handicapés , 2012.
Eric SARTORI, Le socialisme d’Auguste , 2012.
Jean-Christophe TORRES, Du narcissisme. Individualisme et amour de soi à l’ère postmoderne, 2012.
Yvon OLLIVIER, La Désunion française. Essai sur l’altérité au sein de la République , 2012.
Joachim MARCUS-STEIFF, La société sous-informée , 2012.
Mikaël LACLAU, Le Grand Plan : nouvelles stratégies de la globalisation capitaliste , 2012.
Michel JUFFÉ, Quelle croissance pour l’humanité ?, 2012.
Daniel ESTEVEZ, Représenter l’espace contemporain , Projets et expérimentations architecturales dans les aéroports , 2012.
Stéphane JACQUOT, en collaboration avec Yves Charpenel, La justice réparatrice , 2012.
Laurence DEJOUANY
Les femmes au piège de la négociation salariale
ou
Comment demander de l’argent à son patron sans le fâcher…
Préface de Marie-Claude Peyrache
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56955-3
EAN : 9782296569553
A mes sœurs, à mes nièces qui partagent la même histoire.
« Réintroduire les femmes là où les hommes représentaient le sujet, là où l’on confondait sans vergogne l’être humain avec l’être de sexe masculin (…) ce labeur de longue haleine commencé dans les années 70 et inachevé à ce jour ».
Jacqueline Laufer, Catherine Marry, Margaret Maruani in Le travail du genre
Préface
Un sac de billes
27, 28, 29, 30 ! 30 billes dont quelques belles « agates », j’ai 13 ans et je viens de gagner la finale de la classe de 4 e du lycée Roumanille. « Tu devrais partager, car les filles n’ont pas besoin d’autant de billes ». Je reste interdite devant la suggestion de celui que je viens de battre. Pourquoi ? A compétences égales (voire supérieures, je viens de gagner) et énergie dépensée, je ne mérite pas mon gain ? J’ai gardé mon sac de billes et j’ai gagné leur considération !
Ce sac a forgé inconsciemment, au plus profond de moi, la conviction que tout travail devait être rémunéré à sa juste valeur, pour tout individu, et qu’un salaire ou un gain était une reconnaissance de ses compétences ou de sa valeur. Tout au long de ma carrière, j’ai négocié mes salaires, mes augmentations. Sans doute j’aurais pu le faire mieux, mais c’était un sujet dont on parlait très rarement au travail. Je n’avais aucune idée de ce que pouvaient gagner mes collègues, hommes pour la plupart, et ce n’est que très tardivement quand j’ai eu des responsabilités suffisantes pour avoir accès à leur feuille de salaire que j’ai réalisé les écarts entre les uns et les autres, en fonction de leur parcours et niveau de diplômes. C’est d’ailleurs un ami qui m’avait judicieusement conseillé de bien faire prendre en compte mon ancienneté professionnelle et mes diplômes, quand je suis entrée en tant que contractuelle à la Direction Générale des Télécommunications. Car, m’avait-il dit, ce salaire de départ est fondamental, après tu n’auras que des augmentations annuelles en pourcentage et pas de saut de rémunération. Le contexte a bien sûr évolué avec l’évolution du statut de l’entreprise.
J’ai été élevée à la campagne dans un petit village et l’argent était une denrée rare. J’ai fait toutes mes études en étant boursière. Vraie épée de Damoclès, on ne peut pas redoubler, au risque de voir la bourse supprimée. Et sans bourse à l’époque difficile de poursuivre ses études. L’argent très tôt a donc eu une vraie valeur pour moi, de lui dépendaient ma vie future et mon indépendance. Je devais gagner ma vie et rien ne me ferait changer d’avis. J’ai toujours travaillé. J’ai gagné pendant des années plus que mon mari et cela n’a jamais créé le moindre problème. Notre considération mutuelle et notre vie de famille n’avaient rien à voir avec nos salaires respectifs.
Ce livre raconte des histoires de femmes. Il est né des échanges dans les réseaux de femmes autour de cette question de l’argent, des salaires, qui restent encore trop souvent un sujet de malaise, d’inhibitions ou d’incompréhension. Négocier un salaire, une augmentation, est partie intégrante de la vie professionnelle et on ne perd pas ses valeurs en parlant argent. Au contraire, on gagne en estime de soi et en reconnaissance. Les lois sont un bon support, elles ont permis d’inscrire l’égalité salariale dans la gestion des entreprises qui sont de plus en plus nombreuses à proposer des rattrapages.
A nous les femmes de saisir la balle au bond et d’oser franchir le pas. Vous trouverez tous les conseils pour le faire. A vous de jouer !
Marie-Claude Peyrache 1
1 Vous pouvez voir en annexe la biographie de Marie-Claude Peyrache.
Pour commencer
« Humanités féminines »
Ma grand-mère avait appris à lire, écrire et faire de la dentelle. Ma mère avait obtenu à 15 ans le droit d’aller à l’école, ce que ne connurent pas ses sœurs, et ce fut sa plus belle victoire. Pour ma part, je suis allée à l’école et je n’ai pas aimé.
Née dans une famille bourgeoise, je n’étais pas prédestinée à travailler. J’étais élevée dans l’unique perspective de me marier et de faire des enfants. Les femmes se devaient de ne pas travailler, tout au moins pas en dehors de leur foyer, où elles trimaient parfois très dur.
Mon éducation féminine porta sur les devoirs d’une maîtresse de maison éclairée, dévouée à animer la vie sociale que son mari lui offrirait, lors de dîners qui soutiendraient du même coup sa carrière. Dans les règles que ma mère m’enseigna figurait l’art de la conversation. La maîtresse de maison veillait en effet à combler les silences, à mettre tout le monde à l’aise et à recentrer immédiatement et délicatement dès qu’un sujet tabou affleurait, à savoir la politique et l’argent…
Dans l’école où j’étais élevée, dès la seconde, rien ne réjouissait plus les religieuses que de venir nous annoncer que l’une d’entre nous se mariait à la fin de l’année.
Dans cette perspective, on la retirait de sa classe pour lui faire suivre un petit programme accéléré de culture générale en classe de philo. A cette même époque, existait d’ailleurs un programme de terminale en deux ans, ne préparant pas au baccalauréat, mais affublé du nom charmant d’« Humanités Féminines » : économie ménagère et culture générale…
Nous étions une famille nombreuse, 7 enfants. Mon père de temps à autre expliquait aux aînées dont je faisais partie, comment s’organiser financièrement s’il venait à décéder. Ma mère en effet se refusait à en entendre parler, il lui semblait donc sage d’en discuter avec nous. C’était très précis, ce qu’il fallait vendre ou garder, comment s’organiser matériellement, à qui s’adresser pour demander une aide, car l’assurance-vie ne suffirait pas...
Le marqueur de l’angoisse de mort, et de la précarité associée, devint pour moi le verre de whisky que l’homme se versait le soir à son retour. Les femmes commençaient à s’agiter, à surveiller le niveau du verre et à protester quand la bouteille repassait.
L’époque avait découvert le cholestérol et l’infarctus du myocarde. L&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents