Le psychoéducateur et le vécu partagé : Evolution, actualité, avenir

Sonia Daigle, Marcel Renou

Description

Pour mieux saisir l'importance de la notion fondatrice de cette profession, approfondir les connaissances et stimuler des réflexions constructives.
Une majorité de psychoéducateurs et psychoéducatrices soutiennent que le devenir de leur profession repose sur l'affirmation de sa spécificité : le recours au vécu partagé. Dans les faits, qu'en est-il au juste ?
Dans cet ouvrage, les auteurs se penchent sur la notion fondatrice de la psychoéducation : le vécu partagé. Ils retracent sa trajectoire évolutive et la place qu'elle occupe aujourd'hui. Ils dressent un portrait de son usage dans le cadre des activités professionnelles aujourd'hui prédominantes. Ils démontrent que la pratique contemporaine de la psychoéducation prend maintenant appui sur plusieurs référents psychoéducatifs autres que le vécu partagé. Finalement, ils identifient les enjeux professionnels liés à son devenir et leur incidence sur la spécificité de la psychoéducation.
Une lecture incontournable pour tous ceux et celles qui sont interpellés par la psychoéducation et son devenir.

Sujets

• Psychology

Informations

• Publié par: Béliveau Éditeur
• Date de parution: 23 juillet 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782897930363
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Conception de la couverture : Christian Campana www.christiancampana.com
Photographie de la couverture : iStockphoto
Tous droits réservés
© 2018, BÉLIVEAU Éditeur
Dépôt légal : 3 e trimestre 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada
ISBN 978-2-89793-035-6
ISBN Epub 978-2-89793-036-3

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A VANT-PROPOS
A u cours de la période 2011-2016, monsieur Marcel Renou, ps.éd, Ph.D., coauteur du présent ouvrage, fut à la fois un professeur dont les enseignements dispensés à l’Université du Québec à Trois-Rivières se sont révélés déterminants en regard de mes intérêts de recherche et un collègue stimulant dans le cadre de mes responsabilités professionnelles au cours du processus d’implantation du programme de formation pratique en psychoéducation à l’Université Laval. À son contact, j’ai approfondi par le biais de nos discussions passionnantes le sens des événements marquants de la trajectoire développementale de la psychoéducation et les enjeux contemporains relatifs à la spécificité de cette discipline universitaire et professionnelle.
La thématique de l’identité professionnelle du psychoéducateur était au cœur de nos échanges et le demeure encore à ce jour. Plus précisément, le fait que la notion fondatrice de la psychoéducation devenait le référent psychoéducatif le plus remis en cause dans la pratique contemporaine de la psychoéducation. Étions-nous en mesure de vérifier la réalité de cette perspective dans le cadre d’une recherche scientifique ? Mon intérêt pour la thématique en cause était tel que j’y ai consacré mon projet de recherche doctorale. L’intitulé de ma question de recherche était : En référence à la pratique contemporaine de la psychoéducation, dans quelle mesure le vécu partagé est-il encore de nos jours le fondement de la spécificité identitaire des psychoéducatrices et psychoéducateurs ? La collaboration des membres de l’exécutif de l’Ordre des psychoéducatrices et psychoéducateurs du Québec (OPPQ) et de quelques centaines de psychoéducateurs en a favorisé la réalisation au cours des années 2014 à 2016.
Au cours de l’année 2017, les membres du comité de rédaction de la collection Psychoéducation : fondements et pratiques ont souhaité la publication éventuelle d’un ouvrage traitant de la notion fondatrice de la psychoéducation, dans son rapport à l’évolution de la psychoéducation. Cette proposition représentait à nos yeux une opportunité de laisser des traces donnant suite aux travaux des prédécesseurs les plus engagés en cette matière, tels les Gendreau, Grégoire, Guindon, Le Blanc, Pronovost et Renou.
Dans la foulée de nos travaux respectifs (Renou, 2014 ; Daigle, 2016), nous croyons que la psychoéducation est parvenue à un autre moment charnière de son parcours évolutif. D’une part, nous estimons que la rigueur de la recherche documentaire qui sous-tend ce présent ouvrage permettra aux plus jeunes générations des membres de l’OPPQ et aux étudiants en psychoéducation de mieux saisir l’importance de la notion fondatrice de leur profession et d’approfondir leurs connaissances relatives aux événements qui ont eu des impacts sur la transformation des conditions d’exercice de la psychoéducation depuis les années pionnières jusqu’à aujourd’hui. D’autre part, nous souhaitons vivement que les énoncés relatifs aux interrelations entre le devenir de la notion de vécu partagé, l’importance accordée à d’autres référents psychoéducatifs, la spécificité de l’intervention psychoéducative contemporaine et les enjeux professionnels qui s’y rattachent stimulent des réflexions constructives au sein de la communauté psychoéducative.
Sonia Daigle, ps.éd, M.Ps. Ph.D. Marcel Renou, ps.éd. Ph.D.
I NTRODUCTION GÉNÉRALE
R enou (2011) affirme que le vécu partagé est au premier rang des fondamentaux les plus remis en cause par l’évolution de l’exercice de la profession. À ce propos, Puskas, Caouette, Dessureault et Mailloux (2012) reconnaissent que le vécu partagé représente un héritage culturel fondamental. Toutefois, il leur semble légitime de s’interroger quant à la contribution actuelle de cette notion fondatrice à la spécificité de la profession. À leur avis, la diversification toujours croissante des milieux de pratique justifie ce questionnement en raison de la multiplicité des contextes cliniques qui n’auraient pas obligatoirement le vécu partagé comme base des interventions psychoéducatives.
Pour leur part, Pronovost, Caouette et Bluteau (2013) déclarent que l’accompagnement par le vécu partagé reste encore et doit rester au centre de l’intervention professionnelle du psychoéducateur 1 , et ce, tout en faisant valoir que les modalités du vécu partagé se redéfinissent actuellement en regard des clientèles et des milieux de travail.
En lien avec ce qui précède, il importe de rappeler que la notion de vécu partagé a pris naissance dans le contexte des interventions pratiquées dans les internats de rééducation, caractérisés alors par la prise en charge totale des jeunes en difficulté. Depuis cette époque, dite de la psychoéducation institutionnelle, de nombreux déterminants ont eu pour effet de modifier les conditions d’exercice, les activités professionnelles, les clientèles et la finalité de la profession.
En référence aux activités professionnelles, l’évaluation psychoéducative et l’exercice du rôle-conseil sont des activités professionnelles qui sont appelées à occuper une place prépondérante dans les tâches et responsabilités d’un psychoéducateur. Les efforts soutenus que dispense l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ) afin d’encadrer efficacement ces pratiques et d’assurer ainsi la protection du public en témoignent (Grégoire, 2006 ; Lajoie, Pronovost et Bergeron, 2011 ; Renou, 2005b) 2 . Mais quelle place ces actions professionnelles font-elles au vécu partagé ? En 2014, Leclerc, considérant l’évolution du vécu partagé comme caractéristique de la psychoéducation, s’interroge : « Quelles seront dans quelques années les bases qui nous permettront de décrire le modèle psychoéducatif ? » (p. 2).
À ce propos, Daigle (2016) démontre que la conception contemporaine de la notion de vécu partagé, en ce qui concerne les psychoéducateurs, s’écarte considérablement de celle traditionnellement admise ; que les usages du vécu partagé en rapport avec l’évaluation psychoéducative, l’exercice du rôle-conseil et l’accompagnement psychoéducatif d’un client sont révélateurs des décalages existant entre le souhait de préserver le vécu partagé comme étant le socle de l’intervention psychoéducative et ce qui est vécu dans la pratique contemporaine. Dans cette dernière, les psychoéducateurs et psychoéducatrices parviennent à énoncer différentes caractéristiques particularisant la psychoéducation 3 elle-même, comparativement à la psychologie, au travail social et à l’éducation spécialisée, sans jamais faire référence à la notion de vécu partagé. Cette dernière constatation représente une autre forme de décalage significatif entre l’importance qu’ils accordent, encore aujourd’hui, à cette notion fondatrice et aux difficultés qu’ils semblent éprouver, compte tenu de leurs conditions d’exercice, à affirmer cette conviction. En bref, soutenir que le vécu partagé, tel que conçu à l’origine, est représentatif du socle de leur pratique contemporaine serait d’une certaine façon alimenter une représentation factice du vécu partagé, tel qu’il se vit aujourd’hui (Daigle, 2016).
Cet état de situation confirme la mutation de la pratiq