5 balles dans la tête : Récits de guerre
179 pages
Français

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Description

Des militaires vous invitent à prendre une bière avec eux. Ils ont trente ans, l’oeil baveux, des tatouages de mort aux bras. Vous n’êtes pas à l’aise, mais curieux. Vous avez toujours cru que les soldats ne parlaient pas de la guerre, qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir à dire ? Vous acceptez.
D’abord, ils font des blagues, rigolent, jouent les fiers. Mais la soirée avance et, lorsqu’elle se transforme en nuit, les fantômes, la peur, les explosions, les morts surgissent.
Quels souvenirs reste-t-il de la rotation de l’été 2009 à Kandahar ? Comment les jeunes fantassins, artilleurs, blindés, pilotes d’hélicoptère, techniciens médicaux, policiers, ingénieurs de combat d’ici racontent-ils leurs missions ?
La romancière Roxanne Bouchard nous assoit à leur table et nous fait voir, à travers une cinquantaine de récits à la fois durs et touchants, une guerre où tout n’est ni noir ni blanc, mais immanquablement kaki.

« On joue un jeu dangereux. C’est la game. » - Steeve Bolduc
— Bon. Qu’est-ce que tu veux qu’on te raconte ? L’arrivée ?
— Ouais, on va commencer par là.
— OK. Quand on arrive.
— Ben là, ça dépendait où on arrivait.
— Ouais, mais la première fois…
Les hommes ont serré leurs armes. Quand ils ont lu ce texte, des mois plus tard, ils m’ont dit et redit de spécifier que ce sont des armes personnelles enregistrées, non leurs armes des Forces, qu’ils n’ont pas l’autorisation de sortir de la base. Voilà qui est fait.
— Bon. Moi, l’arrivée qui m’a marqué, c’était à Kaboul, en 2004. De nuit, toi! Dans la dernière partie du voyage, on effectuait un vol tactique. On est descendu comme un putain de météore!
Ça, c’est Steeve Bolduc.
— Déjà que je suis pas fort sur les manèges! J’étais vert! Je me disais : “Tabarnak! C’est sérieux! On risque de se faire tirer dessus pour vrai s’ils nous brassent de même!” J’étais brûlé tout de suite après l’atterrissage! Pis la première affaire que tu voyais, c’était un gros hangar rempli de trous de balles. Les ravages de la guerre. La structure tenait, mais c’est tout. Quand tu débarquais, tu te demandais : ça vient-tu juste d’arriver ou si ça fait un bout?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2017
Nombre de lectures 31
EAN13 9782764435465
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure
Romans et essais
J’t’aime encore, monologue amoureux, VLB éditeur, 2016.
Nous étions le sel de la mer , VLB éditeur, 2014.
En terrain miné, correspondance avec le caporal Patrick Kègle, VLB éditeur, 2013.
Crématorium Circus , VLB éditeur, 2012.
La Gifle , Coups de tête, 2007. Réédition, Typo, 2016.
Whisky et Paraboles , VLB éditeur, 2005. Réédition, Typo, 2007.
Nouvelles
Comme la fois où j’suis allée à ‘taverne , dans Comme la fois où , recueil de nouvelles autobiographiques, sous la direction de Geneviève Jannelle et Marie-Ève Leclerc-Dion, VLB éditeur, 2015.
Rififi à la bibli , dans Crimes à la bibliothèque , recueil de nouvelles policières, sous la direction de Richard Migneault, Druide, 2015.
Un moment d’égarement , dans NU , recueil de nouvelles érotiques, sous la direction de Stéphane Dompierre, Québec Amérique, 2014.
Spectacles
J’t’aime encore, monologue amoureux , présenté par la comédienne Marie-Joanne Boucher, lancé à l’église de Notre-Dame-des-Prairies, avril 2016.
Photosensible , collectif (six auteurs) de la troupe La Vierge folle, présenté à Québec, chez Premier Acte, en 2014 et à Montréal, au Prospéro, en 2016.
Bascule , spectacle, danse et littérature avec la chorégraphe Julie Pilon, Joliette, 2010.


Projet dirigé par Myriam Caron Belzile, éditrice

Conception graphique : Claudia Mc Arthur
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Diane Martin et Chantale Landry
En couverture : Photomontage à partir des photos de verzellenberg / shutterstock.com et Watch_The_World / shutterstock.com
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Les photographies officielles ou sur le terrain figurant dans ce livre ont été aimablement fournies par les Forces armées canadiennes et sont une propriété de la Couronne ; les autres images proviennent des collaborateurs impliqués dans ce projet. Nous tenons à les remercier.

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
L’auteure tient pour sa part à remercier le Conseil des arts du Canada pour son soutien financier.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bouchard, Roxanne
5 balles dans la tête : récits de guerre
(Dossiers et documents)
ISBN 978-2-7644-3544-1 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3545-8 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3546-5 (ePub)
1. Guerre en Afghᾱnistᾱn, 2001- - Récits personnels canadiens. 2. Guerre en Afghᾱnistᾱn, 2001- - Participation canadienne. I. Titre. II. Titre : Cinq balles dans la tête. III. Collection : Dossiers et documents (Éditions Québec Amérique).
DS371.413.B68 2017 958.104’7 C2017-941595-6

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Roxanne Bouchard et les Éditions Québec Amérique inc., 2017.
quebec-amerique.com





« La règle de base du fantassin ? Simple : si ça court, tire ! Et si ça tire, cours ! »
— Steeve Bolduc


ÇA N’INTÉRESSE PERSONNE


Quand l’histoire entre en toi
— Imaginez : ça fait quatre mois que vous êtes en mission en Afghanistan. Vous êtes au camp de Kandahar Airfield. Mettons à l’été 2009, sur la pire rotation. Ça brasse, vous vous faites attaquer souvent, vous êtes épuisé, vous en avez plein votre casque. Un jour, vous apprenez que vous avez gagné une super permission : vous aurez droit à une bouteille de champagne que vous pourrez boire dans une tente de luxe aménagée à l’écart des bombardements. Pour cette soirée, vous aurez même la possibilité d’être « bien accompagné », comme on dit. On vous offre le choix entre deux femmes. Vous ne pouvez pas les voir, mais on vous donne leurs noms. Ce sera soit Rita Bergeron, soit Lily « Cherry Lips ». Qui choisissez-vous ?
Les hommes, une centaine de militaires, éclatent de rire. Nous sommes à l’auditorium de la base militaire de Bagotville. Ce sont les services de santé de la base, en collaboration avec le Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui m’ont invitée à donner cette conférence.
— Le nom de chaque personnage, dans un livre, est important, car il indique potentiellement un âge, une nationalité, voire un tempérament, mais il évoque aussi quelque chose, dans la tête du lecteur, en fonction des connaissances de ce dernier, de son histoire, de ses préjugés, etc. C’est la même chose avec un métier.
Visuellement, c’est un peu étrange de donner une conférence devant des militaires parce qu’ils sont tous habillés « en camouflage », vêtement qui les camoufle assez peu merci dans cette salle de béton gris, mais qui les rend indistincts les uns des autres, qui les transforme en une masse visuelle compacte.
— Vous êtes venus à cette conférence en vous disant : « Pff. Une romancière ! Encore une paresseuse qui passe sa vie à flâner devant un ordinateur avec un verre de vin pendant que nous autres, on sauve le monde ! » Imaginez ce que moi, une civile travaillant dans le domaine des arts, je pense de vous...
Mais ce qui nous différencie, eux et moi, dépasse évidemment l’aspect vestimentaire et concerne, disons-le ainsi, nos façons d’intervenir dans le monde. Cette différence, entre les militaires et les civils, est si importante qu’elle a fini par ériger un mur de silence entre les deux parties. C’était d’ailleurs pour témoigner de l’importance de la parole et de la communication que les gens de la base m’avaient invitée.
— Pour entrer dans un dialogue, aujourd’hui, nous devons nécessairement passer par-dessus nos idées préconçues. Choisissons donc Rita Bergeron.
Depuis que nous avions publié notre correspondance, le caporal Kègle et moi, nous étions devenus un exemple de communication efficace entre les deux clans. L’invitation m’avait quand même étonnée : qu’est-ce qu’une romancière peut dire à des militaires pour les inciter à parler avec des civils ?
— Laissons de côté la tente de luxe en Afghanistan, et imaginons ce que pourrait être la vie d’un personnage baptisé Rita Bergeron. Rita a quoi ? Environ 68 ans. Elle enseignait dans une école de rang, aujourd’hui fermée, d’un petit village en banlieue de nulle part. Elle est retraitée. Dans ses temps libres, elle fait du tricot, regarde les rediffusions d’ Un homme et son péché et, deux fois par semaine, elle est bénévole à la bibliothèque du village.
Le mutisme, commun chez les vétérans des deux Grandes Guerres, est toujours présent, m’a-t-on informée. Il demeure entier particulièrement chez les jeunes militaires, chez ceux qui sont allés en Somalie, en Bosnie, en Afghanistan. Ce silence est problématique parce qu’il s’accompagne souvent d’une détresse psychologique dont je comprenais mal les causes : que se passe-t-il donc, en guerre, pour que ces hommes et ces femmes qui en reviennent choisissent de se taire ?
— Un soir, Rita Bergeron revient tranquillement de son bénévolat du mardi et voit quelque chose suspendu à la rampe de son balcon du deuxième étage. Elle accélère le pas et constate, en approchant, l’horreur qui l’attend : son petit chien qu’elle adore est pendu par la laisse ! Quelqu’un a assassiné le chien de Rita Bergeron ! Or, Rita Bergeron n’est pas femme à pardonner un tel acte. Arrivée chez elle, elle ressortira la liste de tous les enfants que, jadis, elle a fait couler, de tous les usagers de la bibliothèque qui refusent de payer les retards, de tous ceux qui pourraient lui en vouloir au point d’avoir tué son animal de c

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