Carnets de jeunesse d un dinosaure en Afrique du Nord
231 pages
Français

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Carnets de jeunesse d'un dinosaure en Afrique du Nord , livre ebook

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Description

Dans ses Carnets de jeunesse en Afrique du Nord, Daniel Verstraatt évoque le destin des jeunes Français, nés entre 1920 et 1922 et résidant pour la plupart en zone occupée en 1940, qui ne quittèrent pas la France pour l'Angleterre, mais choisirent en 1941 de s'engager dans l'Armée française d'Afrique du Nord, malgré d'évidentes difficultés. Parvenus pour une grande partie d'entre eux au Maroc, ils purent choisir leur arme et furent affectés à des régiments de professionnels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 262
EAN13 9782296699588
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Carnets de jeunesse d’un dinosaure
en Afrique du Nord
1941-1943
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11946-8
EAN : 9782296119468

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Daniel Verstraatt


Carnets de jeunesse d’un dinosaure
en Afrique du Nord
1941-1943
Rue des Ecoles

Cette collection accueille des essais, d’un intérêt éditorial certain mais ne pouvant supporter de gros tirages et une diffusion large.
La collection Rue des Ecoles a pour principe l’édition de tous travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc.


Déjà parus

Ange Miguel do SACRAMENTO, Ni noir, ni blanc. Une vie atypique , 2010.
Véran CAMBON DE LAVALETTE, De la Petite-Bastide à la Résistance et au camp de Dachau , 2010.
Patrick GERARD, Je n’ai jamais été vieille , 2010.
Sonia KORN-GRIMANI, Un chant d’espoir. Souvenirs autobiographiques d’une survivante de la Shoah , 2010.
Marie-Gabrielle Copin-Barrier, Robert-Espagne, une tragédie oubliée. Une femme de gendarme raconte , 2009.
Nazly SADEGHI, Salut le Paradis. Une jeune Iranienne dans les labyrinthes de l’Occident , 2009.
Gérard GATINEAU, 30 ans de bitume ou les tribulations d’un flic du XXe siècle dans un univers hostile , 2009.
Denis PAGOT, Souvenirs d’un marin de la V e République , 2009.
Jean-Louis ORAIN, Des champs de blé noir à l’action humanitaire internationale (1936-1986) , 2009.
Jo ANGER-WELLER, Les Retrouvés. Récit , 2009.
Jean-Claude TRABUC, Comme un jeune arbre qu’on déracine , 2009.
Femand WEBER, Malbrough s’en va-t-en guerre , 2009.
Hervé TRNKA, Algérie 1956. Des Chtis en Oranie , 2009.
Lucien TAUPENOT, Un médecin d’hier se souvient. Hippocrate en Bourgogne , 2009.
A Hubert Dubin
AVANT-PROPOS
Il aura fallu plus d’un demi siècle aux Français pour qu’ils apprennent qu’entre le 19 novembre 1942 et le 8 mai 1945, l’armée française d’Afrique du nord, n’a pas cessé de combattre l’ennemi, en Tunisie, en Italie, en France et en Allemagne. Son infanterie était pour l’essentiel composée de régiments de tirailleurs regroupant 80% de Marocains, d’Algériens et de Tunisiens ainsi que 20% de Français pieds-noirs, d’engagés volontaires métropolitains et, après l’occupation de la zone libre par les forces de l’axe, d’évadés de France passés par l’Espagne où ils avaient été internés pendant plusieurs mois.

Le texte présenté au lecteur consiste en une série de témoignages oraux et écrits ; le nom de leurs auteurs figure en fin d’ouvrage. Certains d’entre eux ont préféré garder l’anonymat et figurent dans les anecdotes sous des prénoms d’emprunt, Ferdinand par exemple, choisi comme fil conducteur du récit.

Ces témoignages auraient perdu de leur intérêt s’ils n’avaient été replacés dans le contexte exact des évènements et de la pensée de cette époque, raison pour laquelle les anecdotes recueillies sont encadrées par un rappel des faits précis, politiques et militaires de cette époque cruciale pour la France.

*
CHAPITRE I
Ses parents ont un pied dans le XIX e siècle quand il voit le jour en Flandre française. Après les laborieux efforts du médecin de la famille pour l’extraire du ventre de sa mère, il n’est pas très séduisant, son crâne chauve est bosselé. A vrai dire, il est laid. Malgré cela on le photographie, c’est l’usage. Puis on le baptise Ferdinand, prénom du généralissime Foch qui a chassé l’ennemi en 1918. La France sort à peine de la Grande guerre, c’est le début des années folles pendant lesquelles explosent les contestations dadaïstes et surréalistes sous-jacentes pendant la guerre. Les territoires que l’Allemagne a occupés sont en ruines.

Vers six ans son physique s’améliore. Il est un gentil petit garçon qui découvre la société où il vit. Elle lui apparaît très simple. D’un côté des hommes qui portent une casquette et se hâtent le matin, à pied ou à bicyclette, vers leurs usines respectives dont les sirènes leur rappellent par trois fois qu’ils doivent arriver à l’heure pour pointer, sinon… Ce sont les ouvriers dont les femmes se couvrent la tête et les épaules d’un fichu.

D’un autre côté, il y a les messieurs et les dames coiffés d’un chapeau. Ils se déplacent en voiture ou en 1 re classe des tramways. Ce sont les bourgeois et, comme son père, les membres des professions libérales.

*

Quand il circule en ville près de ses parents ou de sa sœur de dix ans son aînée, Ferdinand s’étonne de croiser autant d’hommes amputés d’un membre ou défigurés par d’horribles cicatrices. Et puis il y a dans son quartier toutes ces femmes encore jeunes, mères de famille sans mari. Il s’informe auprès de son entourage.

On lui explique qu’au mois d’août 1914 les jeunes Français, et d’autres moins jeunes, ont quitté leur foyer et rejoint l’armée pour combattre les Allemands, une détestable et redoutable vengeance qui a envahi l’est et le nord du territoire national. Certains de ces Français mobilisés ont perdu un bras, une jambe ou ont été blessés au visage sur le champ de bataille. On appelle ces derniers les gueules cassées. D’autres ont été tués. Ils sont morts au champ d’honneur. On en compte près d’un million et demi, l’un d’eux, dont on ignore le nom, a été inhumé à l’Arc de Triomphe de Paris. Une flamme brûle jour et nuit sur son tombeau. C’est le soldat inconnu. Tous sont des héros que l’on doit honorer. Ils se sont sacrifiés pour la Patrie. Quant aux 600 000 mères de famille veuves, elles ont perdu leur mari à la guerre.

Nanti de ces informations précises, Ferdinand imagine dès lors le Champ d’Honneur comme une sorte de territoire élyséen de la mythologie des Grecs de l’Antiquité dont son parrain, un fin lettré, lui a parlé en quelques mots. Pour ce petit garçon, les héros y sont comblés d’attentions et d’honneurs. Des prêtresses les signent de parfums délicats et leur présentent des mets exquis.

Il joue donc à la guerre avec ses camarades. Certains simulent une mort au champ d’honneur quand d’autres leur crient « t’es mort ! » Des batailles rangées de soldats de plomb sont organisées. Ferdinand apprend à connaître les noms de certains as de la guerre dans le ciel, abattus en pleine gloire par des avions à l’horrible croix de fer noire, Guynemer par exemple, ou qui ont survécu comme Fonck et Nungesser. C’est l’époque où l’opérette à la mode est « Rose-Marie » et où la vedette du cinéma muet s’appelle Ramon Novaro. La chanteuse noire américaine Joséphine Baker fait fureur sur les scènes parisiennes, simplement vêtue d’une ceinture de bananes.

Il s’intéresse aussi aux tentatives de traversée aérienne de l’Atlantique nord : Nungesser et Coli qui périssent en mer, à l’arrivée triomphale, treize jours plus tard au Bourget, de Charles Lindbergh, un Américain. Il y a aussi le Tour de France cycliste avec ses vedettes Leduc, Speicher et les frères Pélissier.

En septembre 1929, alors qu’il va sur ses huit ans, on parle autour de lui d’un krach boursier qui s’est produit à New York. D’après ce que l’on dit, des personnes ruinées se seraient suicidées. Une grave crise économique se développe. On tente de se rassurer : elle n’atteindra pas la France. Chez les jeunes femmes élégantes, la mode des robes sacs et des chapeaux cloches couvrant une chevelure coupée à la garçonne s’achève bien que l’on danse toujours un charleston endiablé. Mais la crise est pourtant là dès la fin de 1930, année où le ministre de la guerre André Maginot, un héros fait voter une loi prévoyant la construction d’une formidable fortification sur le Rhin, la ligne Maginot.

Ferdinand a 11 ans en janvier 1933. Il est élève de sixième au lycée Faidherbe de Lille où cours et récréations sont rythmés par un roulement de tambour comme sous Bonaparte. Le cours de gymnastique comprend cinq minutes d&

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