Charles le Goffic (1863-1932) ou la difficulté d être breton (Biographie)
280 pages
Français

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Charles le Goffic (1863-1932) ou la difficulté d'être breton (Biographie) , livre ebook

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Description

L a vocation bretonne de Charles Le Goffic, comme celle de la plupart des Bretons de lettres, de Chateaubriand à Xavier Grall, est née d’une rupture qu’il faut bien qualifier de révélatrice. C’est à Paris où il poursuit ses études, c’est en Normandie où il commence sa carrière, que l’auteur de l’Âme bretonne reçut une double révélation : celle d’une identité originale de la Bretagne, d’une part, celle de son identité de Breton, de l’autre.


A partir du moment où il abandonne le professorat pour tenter une carrière littéraire, parisienne et nationale, Charles Le Goffic ne revient plus en Bretagne que pour de trop brèves vacances. A son expérience directe de la Bretagne s’est très tôt superposée une connaissance livresque, la séparation de l’Église et de l’État, va bientôt opposer deux Bretagne : l’une républicaine et laïque, l’autre conservatrice et religieuse. Si par raison Charles Le Goffic incline vers la première, ses sentiments, son « âme » le poussent vers la seconde. C’est aussi l’époque où se manifestent les premières velléités autonomistes et séparatistes. On ne traverse pas sans dommage de telles tempêtes. Les hésitations du Trégorrois puis son engagement militant et, vers la fin de sa vie, sa liberté d’esprit ne lui ont pas valu que des sympathies.


C’est cet itinéraire assez exemplaire d’un écrivain breton sous la Troisième République qui nous est ici restitué.


L’auteur, maître de conférence à la faculté des lettres de l’université de Bretagne Occidentale, y enseigne la littérature française des XIXe et XXe siècles, ainsi que la littérature bretonne d’expression française.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782824055503
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2013/2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0862.2 (papier)
ISBN 978.2.8240.5550.3 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.






Charles Le Goffic en tenue d’académicien
(photo sans doute prise lors d’une séance de pose pour son portrait officiel).



AUTEUR

Jean André Le Gall





TITRE

Charles Le Goffic (1863-1932) ou la difficulté d’être breton biographie





Remerciements
J e voudrais adresser mes remerciements les plus sincères à ceux sans qui ce travail, non seulement ne serait pas ce qu’il est, mais peut-être ne serait pas du tout :
à M. le professeur Louis Le Guillou qui durant vingt ans m’a prodigué ses conseils éclairés et ses précieux encouragements ;
à M me  Auguste Dupouy, qui malgré son grand âge a bien voulu consacrer une bonne part de ses dernières années à trier les archives familiales pour me communiquer toutes pièces susceptibles de faciliter mes recherches ;
à M. le docteur Le Mallet et madame, petite-fille de Charles Le Goffic, qui m’ont permis de consulter leur collection d’articles de (et sur) Charles Le Goffic ; à M. Le Bihan qui m’a si gentiment « préparé le terrain » aux Archives départementales du Finistère ;
aux Bibliothèques municipales de Brest et du Havre pour leur bienveillante coopération ;
au Centre de recherche Bretonne et Celtique et à son personnel ;
à M. Alexis Folgoas qui a bien voulu accepter la lourde tâche de relire notre travail ;
à M. le Maire de Plouarzel et au personnel communal qui m’ont permis d’utiliser le matériel de la mairie ;
à ma fille Cécile qui fut ma collaboratrice pour le fastidieux travail de frappe et de correction ;
et à tous ceux, innombrables, dont j’ai pu lasser la patience.
Qu’ils soient tous, ici, chaleureusement remerciés.
Jean André LEGALL




« Comme dans votre prose exquise de poète,
A Quimper, à Guérande, à Vannes, à Plancoete,
Ainsi qu’orthographie un ancien chroniqueur,
À Carnac, où les Korrigans dansent en chœur
Sous la lune, à Paimpont que visitaient les fées,
À Plogoff où le vent apporte par bouffées
La plainte des noyés implorant leur pardon,
Partout où s’est posé votre pas, à Redon,
À Combourg, au Croisic, un soir, sur la jetée,
Vous l’avez finement sentie et racontée
Cette âme ! Hâtons-nous vers son foyer divin :
Elle non plus n’est pas éternelle, Boivin,
Et l’ombre quelque jour la prendra tout entière.
Le siècle où nous entrons n’est qu’un grand cimetière.
Mœurs, croyances, tout croule en ce charnier abject,
Où gisent, confondus dans le même irrespect,
Les codes, les religions et les patries.
Si l’Âme Celte doit éteindre ses féeries,
Un peu d’elle du moins survivra, grâce à vous,
Dans ces pages qu’emplit son los fervent et doux.
Tout le printemps ne tient-il pas dans une rose ?
Dans votre livre, ami, la Bretagne est enclose.
Vienne l’exil suprême et, pour la retrouver,
Nous n’aurons qu’à vous suivre aux champs et qu’à rêver ! »
RÛN ROUZ, 1908
Préface à La Bretagne Légendaire et l’Âme Celtique
de Louis Boivin (1898), p. VI et VII.









Charles Le Goffic (en « civil »).
À celle qui, sans savoir, y croyait
À celui qui, lucide, espérait sans y croire
Avant-propos
I l faut sans doute attendre qu’une vie ait atteint son terme pour prétendre l’interprêter en forme de destin. C’est sans doute la tragédie grecque antique qui, la première et de façon magistrale, a donné forme dramatique à ces destins.
C’est pour cette raison que j’ai organisé cette biographie de Charles Le Goffic comme une sorte de tragédie. D’où le prologue où j’ai tenté de situer les débuts de l’écrivain dans une certaine tradition des lettres bretonnes dans la seconde moitié du XIX e siècle. A ce prologue correspond, en fin de parcours, un épilogue où, à défaut d’une unité, j’essaie de dégager ce qui m’est apparu non seulement comme une constante, mais comme un des principaux axes de sa création.
Entre ces deux extrêmes, les cinq chapitres de la biographie (1) proprement dite sont interrompus par une sorte de parenthèse ( génération 90) que j’ai intitulée parabase . C’était donc le théâtre antique un moment privilégié où l’action s’arrêtait pour permettre à l’auteur de s’adresser directement à son public par le truchement d’un de ses personnages. J’en ai profité pour évoquer les textes, les auteurs et les mouvements qui ont nourri les réflexions du poète et du romancier Charles Le Goffic afin, je l’espère, d’éclairer ses choix, ses engagements et ses enthousiasmes.



(1) Le plan :
I. Souvenirs d’enfance et de jeunesse
II. Les débuts dans la vie : le professeur
III. Vivre de sa plume : le journaliste et le romancier
IV. Les sentiers de la gloire
V. Chemin de croix et voie royale


Prologue : Situation de Charles Le Goffic
Rien ne change en Bretagne...
A la fin du XIX e siècle, la Bretagne n’avait que peu évolué par rapport à ce qu’elle avait été sous l’Ancien Régime.
Si la Révolution ne l’avait pourtant pas épargnée, toute résistance n’y avait pas été vaincue, bien au contraire : les ancêtres gaulois n’avaient-ils pas réussi à faire échec à la romanisation de l’Armorique ? Le christianisme n’avait-il pas dû composer avec le paganisme pour s’y établir ? Il y avait une permanence bretonne qui faisait de la Bretagne une sorte de musée vivant de l’Histoire et même de la Préhistoire.
La restauration de 1815 avait constitué « une sorte de nuit du 4 août de la pensée » (2) . Elle sonnait le glas de l’esprit des Lumières. On assista non seulement à l’éveil des nationalismes, mais au réveil des régionalismes, si violemment combattus par la Révolution et la République. Il s’ensuivit un retour, amorcé dès l’Empire, à une tradition héritée du Moyen Âge, essentiellement religieuse (cf. le concordat) et aristocratique.
Ce renouveau nationaliste et régionaliste, qui sera à l’origine du Romantisme, se manifestera par un développement de l’exotisme et de la couleur locale chère à Mérimée, en réaction contre l’universalisme hérité du classicisme. On va désormais se passionner pour tous les particularismes régionaux, géographiques, historiques (organisation et dépouillement des archives départementales), mais aussi folkloriques et mythologiques.
L’année 1830 marquera une nouvelle étape : si dans l’esprit on note une permanence aristocratique ou mondaine, on assiste dans la pratique à un effort de démocratisation : la littérature « descend dans la rue » (3) . Dans sa forme, elle se fait « citoyenne », privilégiant contre la raison classique ou philosophique, contre l’individualisme, tout ce qui relève de la sensibilité et de l’imagination : le naturel et la spontanéité, avec une prédilection pour tout ce qui est ou paraît populaire ou primitif (4) .
À l’époque de Charles Le Goffic, il apparaît évident, à certains signes, que cette province bretonne où s’étaient « réfugiées toutes les superstitions Chassées d’ailleurs par le chemin de fer » (5) , est rejointe presque malgré elle, par le progrès. Elle va donc basculer pour ainsi dire sans transition dans le XX e siècle.
Trois facteurs ont joué un r

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