Emile Carrière: Un professeur dans les tranchées
210 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Emile Carrière: Un professeur dans les tranchées , livre ebook

210 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Emile Carrière a 32 ans en 1914 lorsqu'il est mobilisé comme soldat fantassin de 2 ème classe sur le front de l'Est. Anticipant sur une possible disparition, il désire laisser à son épouse et à ses enfants le récit de la guerre vue des tranchées et des villes ou villages qu'il parcourt avec son régiment. Les carnets et certaines de ses lettres ont été conservés, et il est possible de suivre sa vie de soldat jusqu'à sa démobilisation d'abord comme combattant sur le champ de bataille, puis dans des ateliers ou des usines de guerre sur le front à Toulouse et à Bergerac.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2005
Nombre de lectures 187
EAN13 9782336270807
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747581493
EAN : 9782747581493
Emile Carrière: Un professeur dans les tranchées

Daniel Carrière
Sommaire
Page de Copyright Page de titre AVANT-PROPOS CHAPITRE 1 - QUI ETAIT EMILE CARRIERE ?
Ses études à Nîmes et à Nancy. Ses débuts de professeur. Son mariage, sa première fille et son agrégation. La préparation de son doctorat et son premier fils. La déclaration de la guerre et sa mobilisation. Son retour à la vie civile et son entrée à l’université. Installation à Montpellier, déclin des entreprises familiales.
CHAPITRE 2 - EMILE CARRIERE DURANT LA GRANDE GUERRE.
Les carnets de tranchées Les lettres de famille.
ANNEXES : Les lieux parcourus par Emile Carrière sur le front de l’Est de 1914 à 1916
Localités citées dans le texte (Ordre chronologique) Localités citées dans le texte (Ordre alphabétique)
AVANT-PROPOS
L’histoire d’une famille est constituée de souvenirs souvent fragiles et toujours disparates. Elle est surtout l’objet d’une transmission orale plus ou moins fidèle et impartiale. Rares sont les traces irréfutables et suffisamment nombreuses qui donnent une structure à cette histoire. Certes, on peut se contenter de la mémoire personnelle et des couleurs qu’elle donne aux souvenirs. On peut aussi se satisfaire d’une certaine amnésie des rappels cruels ou amers. Pour autant, chacun de nous, en fonction de sa sensibilité, cherche tôt ou tard, consciemment ou non, à se situer par rapport à l’évolution de sa famille et de la société à laquelle il appartient. Nous ressentons alors le besoin de reconstituer un « fil d’Ariane » entre la mémoire et la réalité.
Pour avoir réfléchi, depuis plusieurs années, à la transmission de cette mémoire et à ses incidences sur l’évolution des structures, c’est tout naturellement que je me suis penché sur une partie de l’histoire familiale. Je voulais approfondir les motivations qui ont inspiré certains engagements individuels ou familiaux, pour mieux comprendre le sens de notre existence. De connivence et souvent avec l’aide de mes parents, j’ai accumulé et classé depuis une quinzaine d’années des documents qui concernaient notre famille. Certains avaient eu un caractère public que le temps avait fait oublier. D’autres étaient l’expression plus intime de tranches de vie que, par pudeur ou modestie, leurs auteurs avaient délaissé comme en déshérence.
Après une longue maturation, j’ai réuni ces témoignages, le plus souvent en les transcrivant sans commentaires et le plus fidèlement possible. La plupart d’entre eux ont été organisés selon un ordre chronologique et replacés dans le contexte de l’époque. Dans un premier temps, j’ai rassemblé tous ces documents en deux recueils visant à retracer la vie de mes parents, Jean Carrière et Jeanne née Merle, avant et après 1939. Deux idées fortes se sont alors imposées à moi et à mes proches. Nos grands-parents et plus tard nos parents, chacun à leur manière, avaient marqué profondément l’évolution de leurs familles par les attitudes et les comportements qu’ils avaient manifestés au cours des guerres de 14-18 et de 39-45. Les meurtrissures et les destructions commises lors des tourbillons de ces deux guerres, ainsi que la recherche de la paix et de la justice avaient révélé pour chacun, la véritable empreinte de leurs caractères. Dès lors, je me suis donné pour but de mettre en valeur les témoignages de leurs engagements en donnant une forme à la transmission de cet héritage.
Une première opportunité m’a été donnée par des récits et des lettres, écrits de la main de mon grand-père paternel pendant la guerre de 14-18. Ces traces inédites, au-delà de leur valeur intrinsèque, viennent éclairer crûment les perceptions que nous pouvons avoir des monstruosités de la guerre, des sacrifices imposés à la plupart de ses acteurs ou du sort tragique de ses innocentes victimes. Elles révèlent des trajectoires individuelles ou familiales profondément bouleversées quand elles ne sont pas totalement brisées.
En publiant ces notes manuscrites d’Emile Carrière, j’ai souhaité que chaque lecteur puisse tirer intimement, de ces témoignages, les enseignements qu’ils suggèrent au-delà des représentations caricaturales ou subjectives reçues sur les guerres et sur leurs conséquences. Ces fragments de mémoire sont sans doute, encore aujourd’hui, une matière qui permet de réfléchir sur le sens donné à la vie et à nos sociétés. Leur force est de ne pas nous avoir été laissés en vue de nous donner une leçon.
Cette restitution n’a été possible que grâce aux encouragements et à l’aide de mon épouse, de mes sœurs et de mes frères ainsi que de leurs conjoints, avec une mention particulière pour Claude Hannoun sans lequel cette édition n’aurait probablement pas eu lieu. Qu’ils en soient tous affectueusement remerciés.
Daniel Carrière
Novembre 2004
CHAPITRE 1
QUI ETAIT EMILE CARRIERE ?
Au cœur des Cévennes, dans la Vallée de l’Hérault, au pied du massif de l’Aigoual, en contre-bas de la route qui va de Valleraugue à Ganges, se cache le hameau de Peyre-Grosse. C’est là que naquirent, entre 1880 et 1892, Emile Carrière, mon grand-père, son frère Paul de deux ans son aîné et leurs quatre sœurs cadettes : Marie, Suzanne, Louise, Jeanne. Ils appartenaient à une famille issue du côté maternel de pasteurs protestants, et du côté paternel d’une lignée d’industriels négociants de fils de soie, également protestants.
Atelier de Forge dans la première moitié du XIX e siècle, Peyre-Grosse avait été transformée en atelier de moulinage et de filature de cocons de vers à soie. A l’aube du XX e siècle, il n’y avait pas encore d’école primaire dans la Vallée. Aussi Emile allait-il être confié pendant trois ans à son grand-père maternel qui était pasteur à Vallon-Pont-d’Arc en Ardèche, alors que Paul, son frère, était accueilli par ses grands-parents paternels à Ganges. Pendant ce temps, dans la maison familiale, une institutrice dispensait l’éducation primaire à leurs plus jeunes sœurs.

Ses études à Nîmes et à Nancy.
Emile a dix ans quand il rejoint son frère comme interne au lycée de Nîmes pour y entamer ses études secondaires. Une grande complicité le lie au quotidien à son aîné bien qu’ils aient l’un et l’autre des formations différentes. Paul, appelé à prendre la succession industrielle paternelle fait des études classiques alors qu’Emile se voit orienté vers un enseignement sans latin, qui depuis peu est dénommé « études modernes ». Il deviendra bachelier es sciences en 1899 après avoir été lauréat du Concours général en sciences physiques. Alors que son frère Paul ira à Lyon faire des études commerciales, Emile poursuivra ses études universitaires à Nancy après deux ans de classes préparatoires à Nîmes 1 .
Comme il l’a fait lorsqu’il était enfant et comme il le fera plus tard notamment pendant la guerre, Emile adresse des lettres hebdomadaires à ses parents. De son écriture appliquée, il leur rend compte de sa vie de jeune homme comme le fait son frère. Ainsi décrivent-ils leurs études et leurs sorties nîmoises d’adolescents pensionnaires. Ils vont au théâtre, jouent au tennis, font du vélo et de l’équitation. Quand ils le peuvent, avec l’accord de leurs correspondants, ils rejoignent leurs sœurs Marie et Suzanne qui ont elles aussi pris le chemin de la pension. Tous leurs récits montrent que les deux frères ont un caractère jovial et sont de bons vivants. Emile, quant à lui, aime à marcher et à magnifier la nature au cours de ses excursions dans les Cévennes, les gorges du Tarn, le Causse Noir ou le Larzac. De tempérament très méridional, il déborde d’attachement à la terre cévenole et à ses traditions.
Pourtant, en 1902, avec le consentement de ses parents, il s’éloigne de ses Cévennes natales pour aller vers la Lorraine. Sans doute avait-il déjà l’idée de faire de la chimie industrielle dont Nancy était à l’époque un pôle réputé. Après avoir passé des certificats de chimie, physique et mécanique, il décroche, en 1906, son Diplôme d’Ingénieur chimiste de l’Institut Chimique de Nancy et devient lauréat de la Faculté de Sciences. L

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents