Espoir et Victoire - Le comble pour une gynécologue
198 pages
Français

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Espoir et Victoire - Le comble pour une gynécologue , livre ebook

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Description

Je suis gynécologue-obstétricienne. Je viens de fêter mes quarante ans. Les vacances d’été touchent à leur fin. Un soir où je palpe machinalement mon sein gauche, je sens comme un petit grain de riz sous mes doigts. Insignifiant. Un kyste, certainement. Par acquit de conscience, je passe une échographie. Puis une biopsie, le 11 septembre. Le verdict tombe aussitôt, c’est un cancer ! Un cancer infiltrant. Alors, tout s’enchaîne : examens complémentaires, qui mettent au jour un deuxième foyer cancéreux ; exérèse des tumeurs et des ganglions ; ablation du sein ; chimiothérapie ; radiothérapie ; hormonothérapie ; reconstruction mammaire. Très vite, je retire ma blouse blanche. Découvrant l’envers du décor, je pose un regard de soignée sur le monde soignant que je croyais connaître. Je supporte la lourdeur des traitements. Courageusement ? non, je descends au fond du puits. Je suis morte. Le cancer relève de la bombe atomique. Quiconque ne l’a pas vécu dans sa chair ne peut jauger la violence de la déflagration qui se produit chez le sujet malade. Puis, un jour, la vie reprend… Lentement.

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312045290
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Espoir et Victoire
Dr Marie Crédoz
Espoir et Victoire
Le comble pour une gynécologue
Préface du Professeur Michel Canis














LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2016 ISBN :978-2-312-04529-0
À mes trois amours,
À tous ceux qui continuèrent de m’aimer malgré ça,
À tous les mouchoirs en papier qui finirent dans la corbeille…
Je remercie ma « vieille » amie scoute, Servane Nelva, de son étroite collaboration. Psychologue clinicienne de formation, elle prit l’habit de « sage-femme » pour m’aider à mettre au monde ce « bébé », relisant, corrigeant et embellissant mon manuscrit.
Préface
Quand Marie m’a relaté sa traversée de la maladie, tout de suite m’est venue l’idée qu’elle devait raconter…
Raconter pour se reconstruire, aider les femmes et, surtout, guider les médecins qui prennent en charge les patientes atteintes d’un cancer. Je savais Marie compétente et attentive. Je connaissais une « belle personne ». Mais ses mots vont au-delà.
La force de vie qui l’animait avant l’a guidée, même quand elle a eu l’impression de se perdre. Dans ce monde qui ne communique plus que formellement ou virtuellement, Marie rappelle aux patients et surtout aux soignants l’importance des mots qui viennent du cœur, du toucher, de la solidarité, de l’amour, de la fidélité, du don, du temps que l’on prend pour l’autre, de l’humour, du bonjour…
Elle nous dit que, sans la vie, la science n’est rien. Que, sans l’amour, …
Il est des mots que tous les hommes partagent, quelles que soient leurs origines, leurs croyances ou leur religion. Il est des mots qui donnent quand ils viennent du cœur. Peut-on soigner une personne atteinte d’un cancer sans donner de soi, sans se « mouiller », sans raconter un peu ses souffrances ou ses peurs, sans avoir la voix qui tremble, sans partager son émotion ? Peut-on prétendre à l’empathie sans avoir traversé des moments difficiles ? Peut-on enseigner que l’homme ou la femme qui soignent sont plus importants que le savoir acquis au cours des études ?
Dans ce livre, les soignants apprendront comme moi qu’au-delà du traitement la rééducation à la vie est indispensable, que notre rôle est aussi d’ouvrir les patients sur tous ces à-côtés qui les aident à se retrouver. Nous devons les encourager à débuter dès que possible activité physique, activité professionnelle adaptée, accompagnement psychologique, accompagnement esthétique, relaxation… Nous devons les aider à retrouver la vie et l’espoir au-delà de la peur. Il me revient en mémoire la tristesse d’une patiente amoureuse du soleil à qui son chimiothérapeute avait contre-indiqué tout bronzage pendant la durée du traitement. Son sourire, quand je lui avais dit que cela me paraissait bien strict et qu’elle était revenue bronzée quelques semaines plus tard, racontait l’évidence : faire ce qu’elle aimait tant, de manière raisonnable et prudente, était aussi important pour sa guérison que les produits injectés dans ses veines… Est-il possible de survivre en renonçant complètement à ce que l’on aime ? Pour le médecin, le traitement n’est qu’une étape vers l’après. Mais, pour le patient, est-il si facile de se convaincre que la vie continuera quand les nuits sont habitées par l’angoisse de mort ? La rigidité des protocoles ne se justifie pas toujours ! Est-il si grave de retarder le traitement de quelques jours pour permettre des vacances ? Est-il si grave de prendre un peu de soleil ? Quand on oublie ses rêves, on meurt…
Oui, Marie, le malade reste un homme ou une femme qui aime et a besoin d’être aimé(e). Oui, la vie doit garder la première place. Oui, donner est le plus grand privilège des médecins et des soignants. Je dis souvent aux plus jeunes d’entre nous : « Faites-vous plaisir, soyez gentils avec les gens ! »
Merci, Marie. Je vais essayer de ne pas oublier, de garder le temps d’écouter, de demander ce qu’il y a derrière « les mots qui résument ». Comme lorsqu’un patient que l’on voit tous les ans répond « L’année a été difficile… » au rituel « Comment allez-vous ? » qui commence la consultation. Et il faut alors prendre le temps d’une deuxième question pour entendre que son conjoint ou un de ses proches est gravement malade ou décédé récemment. Comment prendre en compte l’homme ou la femme si l’on ne demande pas la signification de ce « difficile », tellement vague… ?
À l’heure où l’on demande aux médecins de faire des économies de santé et de produire toujours plus d’actes pour gagner leur vie ou pour justifier le financement de l’hôpital public… À l’heure où le retour rapide au travail et à la productivité tend à devenir le principal but de la chirurgie... À l’heure où l’argent règne sans partage… , ton rappel à la vie m’a fait du bien.
Courage, Marie, tu es sur le chemin de la vie, mais il est encore long. N’aies pas peur de nous dire ou de nous rappeler ce que tu traverses. Les autres vont oublier parce que les difficultés de l’autre nous compliquent la vie ou les paroles. Bien des mots auront encore en toi des échos que les autres ne peuvent pas deviner. Pour voir disparaître l’angoisse des patientes qui passent la porte de mon bureau de consultation après le traitement d’un cancer, il faut dix ans. Dix ans pour que l’angoisse de mort ou de la récidive les quitte et que leur sourire devienne alors simple et nature ; il n’est plus crispé ni figé dans l’attente des mots que je vais prononcer à la fin de l’examen ou à la lecture des résultats des examens qu’elles ont réalisés avant de venir… Oui, le chemin sera long. Mais tu as tellement à donner que cela passera vite. Tout va tellement plus vite quand on aime et que l’on est aimé.
À bientôt,

Pr Michel Canis
Chef du service de gynécologie-obstétrique
CHU Estaing, Clermont-Ferrand
« On ne peut pas accepter de ramper quand on se sent l’envie de voler. »
Sourde, muette, aveugle : histoire d’une vie , Helen Keller
Collège
Chaque année, début décembre, se tient la grand-messe des gynécologues-obstétriciens de France et des pays francophones, organisée par notre Collège national. C’est un rendez-vous que j’essaie de ne pas manquer, car il permet d’une part de rester à la page des actualités concernant la spécialité, d’autre part, de retrouver tous les confrères. Depuis que j’ai débuté mon internat en gynécologie-obstétrique, j’ai manqué ce congrès à trois reprises : les deux premières fois, j’étais en congé maternité ; l’an passé, dans la tourmente de la chimiothérapie.
Cette année, je suis profondément heureuse – et fière – de m’y rendre. J’arrive à la Défense avec un sentiment victorieux. Je revois beaucoup de confrères : certains savent , d’autres ne savent pas . Je croise même une ancienne interne tunisienne qui est passée dans le service il y a six ans. « Tu es magnifique avec ta nouvelle coupe de cheveux ! », me dit-elle. « Si tu savais… », pensé-je. Mais je n’avais aucune envie de m’épancher sur mon cancer. Le sujet était trop sensible.
Je rencontre Michel – l’un de mes maîtres en cœlioscopie –, qui est désormais chef de service. Il fait partie des meilleurs chirurgiens que j’ai pu côtoyer au cours de ma formation. Il est véritablement doué, et très humble. Je pense souvent à lui quand, en cœlioscopie, je « grille » {1} le moindre globule rouge. Je l’entends me dire : « Tu vois, le bon plan, en chirurgie, il s’offre à toi ! » Il m’aura beaucoup soutenue pendant cette année si particulière en m’envoyant régulièrement des courriels : « Tes mots sont pleins de courage et de vie, même si les jours sont sûrement plus difficiles qu’ils n’en ont l’air à te lire. Cette vie est une leçon, tu vas gagner, l’amour est invincible… » Je lui relate ce parcours de vie. « Il faut l’écrire, tout ça ! », me dit-il. Je lui réponds, presque en soupirant : « Oui, tu as raison, il faut que je l’écrive… »
Son message fait écho à la réflexion d’une consœur amie qui m’avait soufflé – quelques mois plus tôt – de faire quelque chose av

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