Florian 1755-1794
252 pages
Français

Florian 1755-1794 , livre ebook

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252 pages
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Description


Collection : Acteurs de la Science

Jean-Pierre de Claris, chevalier de Florian (1755-1794) naquit à Sauve (Gard). Disciple de Voltaire, celui-ci le nommait le Floriannet à cause de sa petite taille. Florian fut le second fabuliste après La Fontaine ; il a laissé des expressions courantes comme : Pour vivre heureux, vivons cachés... Il écrivit les paroles de la chanson populaire Plaisir d'amour. Conteur, beau parleur, Florian enchanta les salons parisiens de la fin du XVIII° siècle.

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Date de parution 01 décembre 2007
Nombre de lectures 109
EAN13 9782296185203
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Florian 1755-1794
Michel Cointat
Florian 1755-1794
Aspects méconnus de l’auteur de Plaisir d’amour
L’Harmattan
Note de l’édition
On ne peut pas dire, évidemment que Florian fut un savant, de ceux qui font la Science positive j’entends, un peu plus de Jean-Jacques Rousseau qui fut botaniste à ses heures. Mais où commen-çait la Science en cette époque enchantée où, de Lavoisier et Jean-Baptiste Biot à M. Florence, le régent des Rantzau, l’un des héros du roman d’Erckmann-Chatrian, tous les gens un peu instruits s’exerçaient à ses merveilles ? Ce fut pourquoi Jean-Jacques her-borisa. Afin que la Science puisse prendre son envolée au siècle d’après, il avait fallu, pour reprendre une expression de Pasteur, que les esprits soient préparés. Florian fut un des innomblables beaux esprits qui firent du siècle des Lumières le précurseur nécessaire de celui des grandes découvertes. Jean-Pierre de Claris de Florian a donc sa place ici.
Richard Moreau, directeur de la collection
Réflexions liminaires
La Révolution a effacé les quelques talents qui surnagèrent sur un océan dérisoire de lilliputiens littéraires. André Chénier et Fabre d’Eglantine ont été guillotinés. Nicolas de Chamfort s’est suicidé dans sa cellule et Florian est mort à sa sortie de prison. Les autres ont émigré : Rivarol, Chênedollé, Fontanes, Delille et Chateaubriand. Seuls Beaumarchais et Bernardin de Saint-Pierre ont sauvé leur tête et leur plume. La plupart a été la proie de ce tyran muet et cruel que l’on appelle l’oubli. Néanmoins, Sainte-Beuve a révélé le génie de ces hommes, au milieu du XIXème siècle. Et pourtant, ils avaient compris qu’en cette fin de siècle, dit des Lumières, la littérature se révélait décadente. Ils ont cherché à créer un nouveau style. C’est ainsi que certains, sans le savoir, ont été les précurseurs du romantisme. Il s’agit de Fontanes, Rivarol, Florian, Chênedollé et Chateaubriand. L’imagination sentimentale de Florian, les descriptions majes-tueuses et poétiques de Chênedollé, l’inspiration de Fontanes en faveur duGénie du christianisme, les narrations terrifiantes de la Révolution de Rivarol, et, bien entendu, la plume prodigieuse et échevelée de Chateaubriand, ont ouvert les portes aux auteurs romantiques du XIXème siècle. Jean-Pierre de Claris de Florian faisait partie de ces pionniers et il mérite une place particulière. Comme ses amis ou ses concur-rents de la même génération, sa recherche littéraire l’obligeait à diversifier ses idées et sa façon d’écrire. Mais chacun prônait une méthode différente : Fontanes a sur-tout été un catalyseur pour les autres ; Rivarol se complaisait dans la politique, la philosophie et le pamphlet ; le timide Chênedollé collectionnait la malchance malgré ses talents de poète et Chateaubriand ne peut se comparer à personne.
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Dans ce concert de qualité, Florian apporte ses différences. Il est à la fois romancier, poète, comédien, nouvelliste, moraliste et historien. Contrairement aux autres, il a connu, dans cette période troublée, une célébrité plus grande parce qu’il a cherché à suivre les caprices de la mode. Comme Beaumarchais, il avait la vogue du Pont Neuf (Rivarol). Malheureusement, l’histoire a été plus sévère avec lui. Le vernis chatoyant de son style a souvent effacé le sérieux de ses pensées. S’il n’y avait pas eu l’engouement des maîtres d’école pour ses fables, Florian serait complètement oublié. DansMa route du Languedoc, Raymond Dumay écrit :Il n’est plus pour nous qu’un tiède fabuliste, lui qui mériterait le titre de héros de la jeunesse. Et, dans sonHistoire littéraire de Nîmes, Michel Nicolas ajoute :Il y a une injustice flagrante à laisser, dans les rangs épais des écrivains de second ordre, un homme qui, enlevé à la fleur de l’âge, a cependant dans sa courte carrière brillé tour à tour dans la pastorale, dans le roman, dans la poésie légère, dans la comédie, dans l’histoire et dans la fable. Les écrits de Florian sont nombreux mais ses publications,dont certaines sont posthumes, n’ont été que partiellement étudiées. On ne trouve, en deux siècles, qu’une bonne douzaine d’essais, d’articles et de préfaces sur sa vie et son oeuvre. Ses biographies se comptent sur les doigts des deux mains et encore il n’y en a seulement que quatre ou cinq relativement détaillées En réalité, c’est Florian lui-même qui, avec sesMémoires d’un jeune espagnol, donne le plus de précisions sur les dix-huit premières années de sa vie. Toutefois, au printemps 2002, Jean-Luc Gourdin a fait paraître un ouvrage :Florian le fabuliste (1755-1794), qui peut être enfin considéré comme l’étude la plus complète sur la brillante mais courte vie du jeune languedocien. Il n’est donc pas question, dans le présent ouvrage, de reprendre et répéter ce qui a été écrit par cet auteur qui, toutefois, note en substance, quelque part dans son livre et avec beaucoup d’honnêteté, qu’il n’est pas possible de ciseler tous les visages d’une vie aussi riche. Il appuie ses analyses et ses conclusions sur les documents nationaux et sur les trésors d’archives de la ville de Sceaux, ainsi que celles du département des Hauts-de-Seine. La somme de travail est considérable, car
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Jean-Pierre de Florian a passé la moitié de sa vie à Paris, à Anet et à Sceaux. Son opulente correspondance et la plupart de ses manuscrits ont été écrits dans la région parisienne. Cependant, ma recherche a été orientée différemment. Elle se base d’abord sur les archives et les imprimés de sa famille du Languedoc afin de mieux connaître ses relations avec celle-ci et également pour découvrir les tribulations d’un patrimoine qui a empoisonné les finances de l’écrivain. Ensuite, elle essaye d’ouvrir quelques portes sur des aspects méconnus de la carrière et du caractère de Florian : ses relations avec la musique, son comportement notamment vis-à-vis des femmes, ses idées sur la politique, sa conception de la vie. Ce qui est extraordinaire, avec un personnage comme le chevalier de Florian, c’est que la glane des nouveautés est toujours fructueuse. Au moins deux problèmes restent en suspens : Florian et la religion, et Florian et la franc-maçonnerie. Il était catholique et il fut baptisé à l’église de Sauve, mais sa famille a tangué, en fonction des circonstances et des idées, entre le protestantisme et le catholicisme. Jean-Pierre de Florian ne parle pratiquement jamais de la religion. Certes, il a suivi fidèlement son protecteur le duc de Penthièvre fort pieux, et chaque fois que celui-ci allait faire une neuvaine à la Trappe. Cependant, sa piété devait être relative car son espièglerie dominait parfois la prière. Ce fut ainsi qu’un jour, il interrompit la méditation des moines, un peu trop longue à son gré, en frappant brusquement sur la stalle à la manière rituelle du prieur, mais il n’avait que quinze ans ! Il ne pouvait oublier ce qui s’était passé dans sa famille. Son arrière grand-père Jacques, premier seigneur de Florian et protes-tant, avait rejoint la religion catholique en 1684, un peu avant la révocation de l’Edit de Nantes. Beaucoup de protestants réalistes ont abjuré alors pour éviter des ennuis et l’exil. A Sauve, il n’y avait que 5 à 10 pour cent de catholiques et, dans le Gard après 1685, le tiers de la population émigra en Allemagne et aux Pays-Bas. C’est ainsi que, dans les Cévennes, la sériciculture a connu, à cause de cet exode, une éclipse de quarante ans. De cette crise, il est résulté des situations aberrantes. Le grand-père Jean de Claris, baptisé protestant le 4 mai 1674, a fait sa
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première communion à douze ans comme catholique. Son frère Pierre (1678-1738) est devenu prêtre. Mais en 1716, il partit pour Lausanne, puis Londres, où il reprit une mission de pasteur-révé-rend. D’ailleurs, en 1697, Jean le catholique épouse la fille d’un protestant farouche qui s’était enfui à l’étranger, en abandonnant à Sauve sa femme et ses enfants. Quant au père de Florian, François de Claris, son mariage fut retardé de six mois parce qu’il était intolérable qu’un catholique se marie avec une adepte de la R.P.R. (religion prétendue réformée). Cette valse lente entre les deux religions n’améliora pas l’ambiance. Jean de Florian se battit contre les rebelles. Les cami-sards en échange dévastèrent une partie du domaine de Florian. Quelle était la pensée de Florian vis-à-vis de la religion ? Le mystère demeure. Pour la franc-maçonnerie, Jean-Luc Gourdin est convaincu que le jeune chevalier n’a pas fait partie d’une loge. Florian n’a jamais évoqué ce problème. Amoureux de la liberté, il a toujours cherché à préserver son indépendance. Toutefois, il est répertorié dans leDictionnaire de la Franc-Maçonnerie. En effet, il était entré en 1779 à la logeLes neuf soeurs, dont le siège était au Palais Royal, c’est-à-dire chez le duc d’Orléans. Le jeune gentilhomme vivait heureux au milieu des grands du royaume. Le luxe lui plaisait et il n’avait pas un sou. Son respect des autres et la générosité de son patron, le duc de Penthièvre, l’incitaient à aider les pauvres. Mais il n’a jamais renié ses quar-tiers de noblesse et il n’a jamais trahi ceux qu’il aimait. Sa fidélité était totale. Et pourtant, il défendait quelques idées nouvelles qui déno-taient dans ce milieu à talons rouges. Malgré cela, il a été fatalement influencé par son environ-nement. En dehors du duc de Penthièvre, homme austère à principes et grand catholique, Florian avait deux déesses préférées, la fille et la bru du prince. La première, Adélaïde, était mariée au duc de Chartres, futur Philippe Egalité. Ce débauché, comploteur et couperosé était le grand maître de la France maçonne. La seconde, princesse de Lamballe, surintendante des Dames de la Reine, était de son côté la grande maîtresse de la loge des femmes, dite de la loge d’adoption (loges écossaises régulières de France). Beaucoup
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d’orléanistes étaient franc-maçons. C’était le cas des amis de Florian, en particulier Savalette de Lange, responsable également d’une loge. Il était difficile à Jean-Pierre de Claris de ne pas répondre à la prière de ses amis. Sa fidélité lui interdisait de faire de la peine à ceux qu’il aimait. En 1779, à 34 ans, il entre dans le domaine de la gloire. Réaliste, il a dû penser qu’en rejoignant ses proches, puissants seigneurs, il gravirait plus vite les échelons de la société. Il a satis-faità l’ambiance du milieu où il vivait, mais son action s’arrêta là. Malgré son esprit rénovateur, Florian n’a été que peu passionné par la politique. Sur ce point, il a préservé son indépendance. Son compatriote languedocien, Antoine de Rivarol, qui avait à peu près le même âge (1753-1801), a conservé sa liberté de penser et la franchise de sa plume en n’appartenant ni à la franc-maçonnerie, ni à un club politique, mais il avait un caractère plus volontaire que celui de Jean-Pierre de Florian. L’aimable poète et le remarquable fabuliste, l’historien précis et l’auteur de comédies charmantes, sous le masque de plusieurs visages, se contenteront de glisser, avec une même plume élégante et habile, des critiques subtiles et des opinions sociales sur la société et sur son époque. Elles ne sont pas toujours faciles à découvrir. Florian montre par là son talent et sa prudence.
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Repères biographiques
• 6 mars 1755 : Naissance de Florian à Sauve (Gard). • 1757-1765 : Enfance au château de Florian. • Fin juin à fin septembre 1765 : Séjour à Ferney chez Voltaire. • Octobre 1765 : Rue d’Anjou au Marais à Paris chez son oncle le marquis. • Mars 1768 : Page du duc de Penthièvre. • 1770 :Le sermon sur la mort. • Juillet 1771 : Ecole d’artillerie de Bapaume. • Septembre à décembre 1772 : Nouveau séjour à Ferney. Février 1773 : Sous-lieutenant au régiment Penthièvre-Cavalerie à Maubeuge. • Avril 1777 : Capitaine de Penthièvre-Dragons. • Fin septembre 1777 : Séjour au château d’Hornoy en Picardie. • Février 1778 : Retour à Paris. • 9 février 1779 :Les deux billets. • 14 novembre 1780 :Jeannot et Colin. • Février 1781 : Gentilhomme du duc de Penthièvre. • 5 mars 1781 :Blanche et Vermeille, musique de Rigel. • 26 novembre 1781 :Le Baiser, musique de Champein. • 17 juillet 1782 :Voltaire et le serf du MontJura. • 6 août 1782 :Les jumeaux de Bergame. • 23 décembre 1782 :Le Bon ménage. • Décembre 1783 :Galatée, roman pastoral. • 1784 : Les six nouvelles etPlaisir d’amour. • Février 1786 :Numa Pompilius. • Janvier 1788 :Estelle, roman pastoral. • 12 février 1788 : Nommé Lieutenant colonel. • 19 février 1788 : Décoré de la Croix de St-Louis. • 6 mars 1788 : Election à l’Académie française. Il a juste 33 ans. • Mai 1789 : S’installe à Sceaux. 22 août 1789 : Nommé commandant en chef de la milice bourgeoise de Sceaux. • Fin 1791 :Gonzalve de Cordoue, roman espagnol. • Printemps 1792 : Nouvelles nouvelles. • Fin décembre 1792 :les Fables de Florian. • 14 juillet 1794 : Arrestation de Florian à Sceaux. • 9 août 1794 : Florian libéré de la prison de Port-libre (Port Royal). • 13 septembre 1794 : Mort de Jean-Pierre de Claris de Florian.
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