Il était une fois... la guerre
130 pages
Français

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Il était une fois... la guerre , livre ebook

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Description

Je suis née le 10 décembre 1933 à Paris dans une famille de musiciens. J'ai 5 ans et demi quand éclate la guerre. Je vais passer trois ans à Royan et c'est à cette époque que je découvre que ma mère est juive mais pas moi, car mon père est catholique. J'exprime dans mon récit l'incompréhension de cette répression et l'angoisse qui m'étreint en pensant que ma mère peut être arrêtée à tout moment. Nous avons traversé toutes les deux, la main dans la main, cette période de tous les dangers y échappant par miracle. Pendant ces années de malheur, la musique m'a toujours accompagnée. Je conserve le souvenir intact de cette partie de ma vie, qui m'a marquée à tout jamais. Ce livre retrace cette période tragique de l'histoire, vue et racontée par une enfant qui voit sa vie basculer du jour au lendemain sans comprendre pourquoi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juin 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304047912
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Françoise Longeray-Bailly
Il était une fois... la guerre
Par une petite fille qui n’a rien oublié
ISBN 978-2-304-04791-2
© Mars 2020 é ditions Le Manuscrit
Paris


À ma fille Charlotte, qui m’a encouragé et aidé à la rédaction de ce récit.


Prologue
Nous sommes au mois de juin 1939 quand commence mon récit.
Je raconte le cheminement d’une petite fille qui se croyait comme les autres.
Elle va découvrir progressivement, à travers la folie humaine que fut la Seconde Guerre mondiale, que sa mère, brillante pianiste, est juive.
Elle va essayer de comprendre pourquoi c’est mal d’avoir une mère juive. Jusqu’au jour où...
Il y aura pendant tout ce récit, pour l’enfant que j’étais, la présence consolatrice de la musique.
Tous les événements que je relate me sont vraiment arrivés. Je n’ai rien oublié de cette période de ma jeune vie qui demeure à jamais gravée en moi.
C’est pourquoi j’ai décidé d’apporter mon témoignage, afin de laisser ma petite pierre à l’édifice indispensable au souvenir.


Première partie Avant la guerre


Chapitre 1
Juin 1939
Il était une fois... C’est ainsi que débutent toujours les contes de fées, avec les princesses et les princes charmants qui font rêver les petites filles comme moi.
Moi, Françoise, cinq ans et demi.
J’adore les contes de fées. Ma grand-mère me raconte les contes de Perrault. Elle me raconte aussi l’histoire des rois de France. J’ai mes préférés, Saint Louis avec sa belle couronne sur la tête ; par contre je déteste Louis XI qui enfermait ses prisonniers dans des cages. Quelle horreur ! Et cette pauvre Jeanne d’Arc qu’ils ont brûlée vive, comme elle a dû avoir mal. Moi qui me suis brûlé le doigt en posant ma main sur la cuisinière... alors elle, comme elle a dû souffrir ! Et puis, il y a aussi des gravures qu’elle me montre dans un gros livre avec une couverture rouge et or. Ces gravures représentent des batailles avec des soldats en armure qui tuent leurs ennemis à coups d’épée. Ça doit faire mal, ça aussi, de recevoir un coup d’épée !
La guerre. Je n’aimerais pas me trouver dans une guerre... et pourtant...
Ma grand-mère Blanche est la mère de mon père. Je l’ai baptisée quand j’étais petite « mémémamie », surnom qui a été adopté par la famille pour la distinguer de ma grand-mère maternelle que j’ai baptisée « mémé kola » car elle a toujours des petits chocolats pour moi dans sa poche.
Mémémamie habite avec nous, contrairement à mémé kola.
Mon père, mon cher papa, je ne le vois pas souvent, il est très occupé. Architecte et compositeur de musique, il est actuellement secrétaire général de l’Opéra-Comique. Je vais souvent avec maman lui rendre visite dans son bureau. Un jour, il m’a emmenée voir la salle où il y avait une répétition de l’orchestre. Le chef m’a fait un signe de la main, j’étais très fière. Bien sûr la salle était vide, mais éclairée. J’étais éblouie par tout cet or et ce rouge, mais étant dans la loge du président, m’avait dit papa, j’avais un peu le vertige.
Et maman. Ma maman est pianiste. Dans le salon, à la maison, il y a son piano à queue, un piano Gaveau en bois marron. Elle m’a expliqué un jour qu’en sortant du Conservatoire où elle venait d’avoir son premier prix, la maison Gaveau lui avait signé un contrat comme quoi elle s’engageait à toujours lui fournir un piano pour ses concerts, à condition que maman s’engage à ne jouer que sur des pianos Gaveau. Voilà pourquoi, dans le salon, il y a « son piano » à elle. Difficile pour moi d’y toucher.
— Françoise, ne tape pas sur le piano.
— Dis maman, quand est-ce que tu me commences ?
— Quand tu sauras lire couramment.
C’est toujours la même chose. Je ne sais pas encore bien lire, pourtant j’aimerais qu’elle commence à m’apprendre. J’ai tellement envie de jouer un jour comme elle et ce n’est pas sur mon petit piano de poupée que je peux apprendre. Du reste, les touches noires sont juste peintes sur les touches blanches.
Pourtant, elle m’a dit un jour que j’avais une bonne oreille, car je chante juste et puis je sais mes notes.
Je vais aller me consoler auprès du chat. Le chat Boule, un gros chat noir aux yeux verts, est mon compagnon de jeux, car je n’ai pas de petit frère pour jouer. J’ai bien demandé à maman de m’en acheter un... Je crois, comme elle me l’a expliqué, que les filles naissent dans les roses et les garçons dans les choux, comme je crois au Père Noël. Donc, je joue avec Boule et quand je me fais gronder, ce qui arrive souvent, je viens me consoler auprès de lui, posant ma tête contre son corps, alors il ronronne.


Maman, la pianiste, Marcelle Ruff-Longeray, photo réalisée après la guerre dans les studios IRIS 12, rue de la Boétie à Paris.


Papa, Albert Febvre-Longeray et « mémémamie » Blanche Febvre-Longeray, photo prise par Maman sur le balcon de notre appartement de la rue de Montenotte à Paris dans le quartier des Ternes.
*
Nous habitons dans un appartement à Paris, près de l’Étoile. Il se compose de quatre pièces et d’un grand balcon tout le long de l’appartement, ce qui me permet de sortir et de gambader. Sur la rue donne la chambre de mes parents, dans laquelle je n’ai plus le droit d’aller depuis que je suis une « grande fille ». Je dors maintenant dans le salon, sur le divan. Le salon se trouve à côté de leur chambre. Ensuite, à côté du salon, séparé par une grande porte vitrée, se trouve le bureau d’architecte de mon père avec sa grande table à dessin, sous laquelle, les jours de pluie, je me réfugie pour jouer. Ça me fait comme une petite maison. Mon père me donne alors des échantillons de revêtements et je joue avec.
Dans un coin du bureau de mon père se trouve un divan où dort ma grand-mère. Au-dessus du lit, il y a un grand crucifix noir. Le soir, elle se met au pied de son lit avec moi, à genoux, pour réciter les prières qu’elle m’a apprises. Ma grand-mère est très pieuse. Le dimanche, elle va à la messe. Elle met une mantille en dentelle noire sur la tête et prend son gros livre noir qu’elle appelle son missel. Cette messe où elle va m’intrigue terriblement. J’aimerais y aller avec elle, mais maman ne veut pas.
Non, ma cocotte. Tu es trop petite.
De toute façon, maman ne s’intéresse pas à ça. Pourtant, mes camarades à l’école y vont avec leurs parents. Je pense que maman n’a pas le temps. Il faut qu’elle travaille son piano. Je ne saurai donc pas comment c’est, la messe ?
Depuis que je suis une grande fille, je mange à la grande table de la salle à manger. Avant, je mangeais sur une petite table à côté de la grande.
La salle à manger est une grande pièce carrée donnant sur la cour. Les meubles sont de style basque, style qui est la spécialité de mon père qui construit des villas là-bas. Il y va souvent et me ramène toujours du touron, c’est délicieux, j’adore ça.
La table est carrée, avec des rallonges pour les soirs de dîners.
Ces soirs-là, je mange à nouveau sur ma petite table et je vais dormir dans le lit de ma grand-mère.
Pour ces dîners, il y a Augustine qui vient faire le service.
Augustine c’est la femme de ménage. Elle vient tous les matins.
Augustine, parfois, me fait des « frisettes » avec un fer à friser qu’elle fait chauffer sur la cuisinière, me brûlant régulièrement une oreille. Frisettes dont, le soir, il ne reste plus rien.
C’est un de mes grands soucis. J’ai des cheveux bruns et désespérément raides, contrairement à ma mère qui a, comme elle le dit, des cheveux « blond vénitien » qui bouclent naturellement. Elle m’a montré des photos d’elle petite fille avec de belles anglaises. Son rêve, je le sais, aurait été d’avoir une petite fille comme les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur, une petite fille blonde bouclée avec de beaux yeux bleus, comme elle. Hélas ! je suis plus comme la Sophie des Malheurs de Sophie. J’aimerais aussi ressembler à la petite star d’Hollywood, Shirley Temple, qui est toute bouclée et blonde. Je le sais, bien que ses films soient en noir et blanc, car j’ai des poupées en carton la représentant avec plein de jolies robes.


Vue d’une des villas construites par mon papa.


Moi donnant la main à mon papa à côté d’Antoine Mariotte, directeur de l’Opéra-Comique, photo prise par maman à Paris en 1939.
*
Je vais souvent au cinéma avec ma maman, car elle aime beaucoup le cinéma.
Aujourd’hui, nous allons voir un dessin animé : Blanche-Neige et les Sept Nains. C’est le premier long métrage de Walt Disney. J’ai beaucoup aimé, je n’ai pas eu peur de la sorcière. Il y avait des enfants qui pleuraient, pas moi. Et puis, Blanche-Neige a les cheveux noirs. En rentrant, je vais essayer de lui ressembler. Je demande à maman de me mettre un beau ruban dans les cheveux, comme elle. Il y a une jolie chanson dans le film, « Un jour mon prince viendra », maman me l’a apprise. Comme j’apprends vite et que je chante juste, elle m’accompagne au piano. Ainsi, je peux jouer à Blanche-Neige.
Musique ! Je suis une petite fille qui aime la musique, celle que joue ma maman. Bien sûr, j’ai mes compositeurs préférés. J’aime tout particulièrement Debussy et Ravel. Je demande parfois à maman de me jouer un morceau d’un de ces deux compositeurs. Alors, je m’assois sur le canapé du salon et j’écoute avec ravissement la musique. Maman joue tellement bien, c’est le bonheur.
Je suis une petite fille heureuse, mais je ne le sais pas.
Dans la chambre de mes parents, il y a un piano droit noir sur lequel mon père compose sa musique. Parfois, je l’entends travailler.
Et puis, il y a les chanteuses qui viennent répéter.
Depuis que mon père est à l’Opéra-Comique, ça chante beaucoup à la maison. Il y en a une que j’aime bien, elle chante La Chanson de Solveig d’un compositeur que j’aime beaucou

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