Le colonel Ratsimandrava héros tragique du nationalisme malgache
234 pages
Français

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Le colonel Ratsimandrava héros tragique du nationalisme malgache , livre ebook

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Description

Lorsque Philibert Tsiranana, président de la première République de Madagascar remet, le 18 mai 1972, les pleins pouvoirs au général Ramanantsoa, une nouvelle ère politique s'ouvre dans le pays. L'incompétence avérée de ce gouvernement et les rivalités personnelles et tribales en son sein, conduiront Ramanantsoa à confier le pouvoir à Richard Ratsimandrava, alors ministre de l'Intérieur. Le 11 février 1975, après seulement six jours passé au faîte de la nation, le nouveau chef de l'Etat était assassiné... à l'initiative de commanditaires discrets.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 février 2015
Nombre de lectures 36
EAN13 9782336369990
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Océan Indien/ Etudes
Océan Indien/ Etudes


Cette collection rassemble les essais généraux, études et travaux universitaires concernant les îles de l’océan Indien : Les Comores, l’Ile Maurice, Madagascar, La Réunion, les Seychelles…).
*
NB. Les œuvres littéraires issues de la même zone géographique sont publiées dans notre collection Lettres de l’océan Indien.

Déjà parus

Saïd Ahmed Saïd ABDILLAH, Les Comores, pour une indépendance financière et monétaire de l’archipel, 2014.
Titre
André SAURA









LE COLONEL RATSIMANDRAVA HEROS TRAGIQUE DU NATIONALISME MALGACHE
Copyright
Du même auteur

Philibert TSIRANANA , Premier président de la République de Madagascar :
Tome 1 : A l’ombre de De Gaulle
Tome 2 : Le crépuscule du pouvoir
1975 : Année sans pareille à Madagascar



















© L’H ARMATTAN , 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72010-4
Dédicace


À mon informaticienne dévouée
LE TRANSFERT DU DESTIN DE LA GRANDE ILE
C’est toujours une aventure que de déléguer son pouvoir à un homme, à une institution, fût-ce une heure.
François Mitterrand 1
A l’aplomb de l’imposant « Palais de la Reine » édifié sur les hauteurs de Tananarive, devant plusieurs dizaines de milliers de personnes rassemblées au stade Mahamasina en milieu de matinée du 1er mai 1972, Philibert Tsiranana prête serment de remplir loyalement les hautes fonctions de président de la République que le peuple malgache lui a confiées trois mois plus tôt avec 99,72 % des suffrages exprimés. Le « Père de l’indépendance » commence donc un nouveau septennat après les treize années passées à la tête de la nation depuis l’avènement de la République dans la Grande Ile le 14 octobre1958.
Désorientée par le déroulement des opérations de vote et donc perplexe quant à la fiabilité des résultats de l’élection présidentielle du 30 janvier 1972, l’opinion publique est cependant plus préoccupée encore par la capacité physique et intellectuelle de Tsiranana à poursuivre la conduite des affaires de l’Etat, depuis « l’attaque » hémiplégique dont il avait été victime en janvier 1970 et qui l’avait tenu éloigné de Madagascar durant plusieurs mois, au cours desquels les affrontements politiques et ethniques entre ses successeurs potentiels s’étaient multipliés dans la Grande Ile. D’autant que, dans ce contexte difficile, Philibert Tsiranana s’était employé dès son retour à Tananarive le 25 mai 1970, et tout au long de la dernière année de son second septennat, à la reconquête de son électorat… et surtout à l’élimination de toute adversité politique pouvant perturber sa volonté farouche de continuer à diriger le pays !
Au titre des graves erreurs aux lourdes conséquences politiques et humaines dont il ne sut pas faire l’économie et qui assombrirent notoirement son auréole de « Ray aman dreny » 2 , beaucoup de malgaches s’offusquèrent donc en avril 1971 de la répression dramatique par la gendarmerie nationale, sous l’autorité du colonel Ratsimandrava, d’une rébellion organisée dans le Sud du pays à l’initiative du vieux leader nationaliste Monja Jaona, adversaire politique pugnace de Tsiranana. Quelques semaines plus tard, ils furent tout aussi choqués par la destitution politique d’André Resampa, son compagnon politique de toujours, alors vice-président du gouvernement, et sa mise en résidence surveillée sur l’île de Sainte-Marie pour « complot contre la sûreté de l’Etat » sans la moindre preuve de culpabilité ! D’ailleurs en faisant publiquement un amalgame entre ces deux affaires, Tsiranana devait confirmer les préoccupations de la médecine et celles de la population sur l’altération évidente de son état de santé.
Dans le discours qu’il prononce en ce début de cérémonie d’investiture, Philibert Tsiranana se félicite bien sûr des résultats enregistrés au soir du 30 janvier 1972 « car ils témoignent d’une large unité nationale ». Il met ainsi un voile pudique sur les évènements enregistrés dans le pays tout au long des deux dernières années et rappelle « les progrès réalisés par Madagascar ». Tsiranana formule donc le souhait d’une large participation des particuliers et du secteur privé au développement national dans l’avenir et promet un important effort du gouvernement en faveur de la formation et de la promotion de la jeunesse. Pour le président malgache, cependant, « le travail qui reste à accomplir est encore important et il convient donc qu’il soit intelligent et intensif ».
Philibert Tsiranana devait ensuite se réjouir « de la paix absolue qui règne dans le pays, en dépit de quelques incidents qui trouveront leur épilogue logique ». Il faisait là allusion au mouvement de grève engagé depuis le 24 avril 1972, au sein de l’université et des lycées de Tananarive, en soutien aux étudiants de l’école de médecine de Befelatanana, qui depuis la mi-mars avaient cessé de suivre les cours dans la capitale en revendiquant, dans le cadre de l’Association des étudiants en médecine et en pharmacie (AEMP), « que le niveau d’études de leur formation soit unique au sein d’une seule école, alors que deux établissements dispensent encore un enseignement distinct ». Les étudiants n’avaient, en effet, obtenu d’autre réponse des autorités gouvernementales, et sans la moindre concertation, qu’un décret de dissolution de l’AEMP en date du 19 avril 1972 !
Ayant donc benoîtement banalisé une situation sociale, pourtant fort préoccupante et qui manifestement lui échappe – parmi tant d’autres, depuis 1970 ! – le chef de l’Etat concluait son discours en souhaitant la promotion de toute la population. Après le tir de vingt et un coups de canon depuis une colline voisine, suivi de la très officielle prière à Dieu et aux ancêtres et d’un important défilé militaire, le troisième mandat présidentiel de Philibert Tsiranana débutait.
Dès lors, étudiants et lycéens durciront leur mouvement au fil des jours dans la capitale et même en province, en exigeant une refonte profonde de l’enseignement à Madagascar en rupture totale avec les pratiques jugées « néocoloniales » de la coopération française en la matière, et en exaltant l’honnêteté et le civisme dans la gestion des affaires nationales.
Dans le même temps, le président de la République, absent très fréquemment de la capitale, et les membres du gouvernement – totalement inactifs et quotidiennement présents dans les cortèges présidentiels tout au long des tournées de propagande politique de leur leader car dans l’attente de la formation du premier « cabinet ministériel » du nouveau septennat… et donc particulièrement soucieux de ne prendre aucune initiative pouvant déplaire à Tsiranana ! – poursuivent tranquillement leur hibernation politique. Le pays s’installe donc ostensiblement dans la grève, mais le mouvement des étudiants entend bien faire comprendre également à l’opinion que l’enseignement n’est que l’un des problèmes qui exigent une réflexion à Madagascar. Et tout comme il affiche sa capacité à dénoncer les carences du système éducatif malgache et, bien sûr, sa volonté d’y remédier, il invite aussi les autres citoyens, et plus spécialement les travailleurs, « à prendre conscience de leurs responsabilités et à réfléchir sur les moyens d’améliorer leurs propres conditions ». Soucieux, même, de démontrer qu’ils n’ignorent pas les ouvriers, les étudiants ont d’ailleurs décidé de les rencontrer le samedi 13 mai 1972 après-midi, étant bien précisé que le meeting devait se dérouler dans le calme comme lors de toutes les précédentes manifestations des grévistes de l’école de médecine.
Un tract largement diffusé au cours de la journée du 10 mai 1972 dans tous les milieux estudiantins et parmi la population de Tananarive, intitulé « L’heure de la Rénovation nationale sonne », va toutefois donner une nouvelle dimension aux revendications émises jusqu’alors dans la capitale et dans toutes les provinces. La France est d’ailleurs particulièrement critiquée dans ce tract ! « Elle veut toujours être le seul maître dominateur de ce pays », peut-on lire en introduction à de nombreux reproches qui accablent l’accord de coopération

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