Les Chemins de Croix
122 pages
Français

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Les Chemins de Croix , livre ebook

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Description

Cet ouvrage retrace l'histoire d'un jeune journaliste français, Alexandre Croix, mandaté pour une mission par le gouvernement français de Front populaire, pendant la guerre civile espagnole de 1936, afin de retrouver le député de gauche, Joaquin Maurin, porté disparu. De Lisbonne à Saint-Jacques de Compostelle, de Saint-Jacques à la Corogne ou au Ferrol, c'est à la réalité quotidienne en zone franquiste qu'il va devoir se confronter, souvent au péril de sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296680791
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Chemins de Croix
Du même auteur :


Joaquín Maurín : de l’anarcho-syndicalisme au communisme 1919-1936 , Éditions L’Harmattan, 1997.


© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09451-2
EAN : 9782296094512

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Yveline Riottot


Les Chemins de Croix

Ou

Les tribulations d’un journaliste français
en Galice franquiste


Récit fiction


L’Harmattan
Pour Alain et Léo
Note au lecteur
Ami lecteur, ceci est un vrai-faux journal de voyage. Les événements, les lieux et presque tous les personnages cités ici ont existé ; seuls quelques noms ont été modifiés. Alexandre Croix a réellement été journaliste au quotidien L’Ordre et a effectué un voyage en Galice franquiste au péril de sa vie, à la recherche d’un dirigeant politique de gauche disparu au lendemain du déclenchement de la guerre civile, Joaquín Maurín.

Historienne, biographe de Maurín, c’est en farfouillant dans mes archives que je suis retombée un jour sur des notes éparses de ce périple. J’ai voulu leur donner corps, aussi bien physique qu’historique, pour les partager avec vous.
Avant-propos
De nuevo y como siempre – yo empezaba a ver claro – dos Españas ; el mismo muro de incomprensión separándonos (muro que un día, al descorrerse, iba a dejar en medio un gran río de sangre).

Rafael Alberti

Décembre 1936. Depuis bientôt six mois, l’Espagne n’est plus qu’un vaste champ de bataille. Il n’y a plus une, mais deux Espagnes. Le poète a toujours raison : le mur d’incompréhension qui, depuis des années les sépare, s’est écroulé, laissant couler au milieu un grand fleuve de sang.

Si les premières pierres de ce mur ont été posées lors des deux premières décennies du siècle, c’est sous la dictature du général Primo de Rivera (1923-1930) qu’il va commencer à s’ériger. Suppression des garanties constitutionnelles, dissolution du Parlement (les Cortes), interdiction des partis de gauche et des syndicats dont les militants sont emprisonnés, censure, répression des aspirations autonomistes catalanes, etc. entraînent une radicalisation des mouvements d’opposition. Désavoué même par les commandants des régions militaires, il se retire le 28 janvier 1930.

Le roi Alphonse XIII de Bourbon fait alors appel au général Berenguer qui, non seulement rétablit les garanties constitutionnelles et légalise les principaux syndicats et partis de gauche, mais convoque des élections municipales démocratiques le 12 avril 1931. Les républicains de gauche gagnent dans 40 grandes villes sur 51 et proclament la République le 14. Le roi, peut-être hanté par le souvenir de l’infortune de son ancêtre, s’enfuit en exil le jour même, abandonnant son trône, la reine et les petits princes, mais oubliant d’abdiquer.

Le lendemain, les différents partis républicains et le Parti socialiste constituent un gouvernement provisoire. La Seconde République est proclamée. Mur il y avait, muraille il y aura.

Les élections législatives de juin 1931 amènent une majorité de gauche républicaine à l’assemblée nationale des Cortes, chargée de rédiger une nouvelle constitution. Il est urgent de moderniser ce pays au régime quasi semi-féodal, peu industrialisé, dans lequel 20 000 propriétaires (moins d’1% de la population) possèdent 50% des terres cultivées, où l’Armée compte 1 général pour 100 hommes de troupe, où l’Eglise est en charge de l’enseignement, et où plus de 40% de la population est analphabète.

Sous l’impulsion de Manuel Azaña, chef du gouvernement, l’Armée est réformée, le nombre de militaires diminué de moitié et décision est prise de recruter les officiers parmi les sous-officiers. Il prépare également la séparation de l’Eglise et de l’Etat, dissout l’ordre des Jésuites, nationalise les églises et les édifices religieux, supprime les subventions de l’Etat à l’enseignement catholique. Mais ces mesures s’accompagnent dans plusieurs régions, notamment en Catalogne, de débordements sanglants. Des prêtres sont assassinés, des couvents et des églises brûlés.

Cette constitution accorde également le droit de vote aux femmes et aux soldats, et la Catalogne bénéficie désormais d’un statut d’autonomie. Le gouvernement lance aussi une grande réforme agraire en septembre 1932 en vue d’exproprier les immenses propriétés mal cultivées au bénéfice des paysans qui y travaillent.

Cependant, faute de moyens, les réformes tardent à entrer en application. Il ne suffit pas de supprimer les ordres enseignants, encore faut-il les remplacer. L’indemnisation des propriétaires terriens nécessite des capitaux que le gouvernement, arrivé au pouvoir en pleine crise économique suite au krach de 1929, ne possède pas.

Manuel Azaña veut faire de l’Espagne un pays plus juste, plus libre ; mais comment réussir en deux ans ce que d’autres pays ont mis des siècles à ne réaliser qu’en partie ? Bref, haines et rivalités ne font que s’exacerber.

D’un côté, les ouvriers et les paysans manifestent pour obtenir des mesures immédiates, mais les jacqueries en Andalousie sont réprimées dans le sang par la République. De l’autre, les monarchistes, les catholiques traditionalistes rejoints bientôt par les catholiques libéraux choqués par les exactions contre les religieux, une partie des officiers de l’Armée touchés par la réforme et le clergé radicalisent leur opposition au gouvernement. La droite parlementaire s’organise au sein d’une coalition électorale, la CEDA, la Confederación española de derechas autónomas, dirigée par José Maria Gil Robles. En 1933, le fils de l’ancien dictateur, José Antonio Primo de Rivera crée un parti fasciste sur le modèle italien, la Falange española (la Phalange).

A l’automne 1933, cette coalition des partis de droite remporte les élections législatives. Le nouveau gouvernement s’empresse de mettre un terme aux réformes entreprises. Manifestations, conflits, insurrections, répression vont rythmer les deux années suivantes.

Il n’y a plus d’ouverture dans la muraille, seulement des mâchicoulis.

De nouvelles élections aux Cortes ont lieu en février 1936. Les partis républicains et de gauche, regroupés dans une coalition de Front populaire, reviennent au pouvoir.

L’effervescence est incessante. D’un côté, la Phalange se développe et multiplie les actions terroristes : attentats et assassinats constituent le quotidien. Les monarchistes complotent. Quant à l’Armée, soutenue par l’Eglise, elle conspire et prépare un soulèvement militaire. De l’autre, les ouvriers se mettent en grève et réclament des augmentations de salaire et une diminution du temps de travail ; les paysans se révoltent et fomentent des insurrections pour obtenir des terres. Aux provocations des phalangistes, répondent les militants anarchistes et des partis de gauche.

Au milieu de tout cela, le gouvernement, impuissant, tarde à réagir. Le 13 juillet, l’assassinat du leader de la droite monarchiste nationaliste, Calvo Sotelo, par des membres des Jeunesses socialistes qui veulent venger la mort d’un des leurs, va servir de détonateur.

Le 17 juillet 1936, la garnison espagnole de Melilla, enclave espagnole au Maroc, se soulève contre le gouvernement républicain, sous le commandement du général Franco arrivé par avion des Iles Canaries. Il débarquera début août en Andalousie avec ses troupes, grâce à des avions allemands et des navires italiens. Il s’agit essentiellement de musulmans marocains ou « maures » et de soldats de la Légion étrangère. Le 18 juillet, les garnisons de la plupart des grandes villes espagnoles se soulèvent. En trois jours, les rebelles nationalistes s’emparent de la Galice et de la Vieille-Castille, près de la frontière avec le Portugal, ainsi que d’une partie de la Navarre, du Léon, des Asturies et d’une partie de l’Andalousie.

Mais les nationalistes, qui escomptaient s’emparer de tout le territoire en quelques jours, en sont pour leurs frais. L’Espagne indus

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