LES FORCES DE L'ÂGE

Véronique Boncompagni, Michel Coulombe

Description

Vous ne faites pas votre âge ! Il a pris un coup de vieux ! Ce n’est plus de son âge.
Des phrases comme celles-là, on en entend tous les jours. Que l’on ait 40, 50, 60, 70 ou 80 ans, chacun a sa propre expérience du vieillissement. Vingt-huit personnalités québécoises âgées de 48 à 98 ans partagent la leur. Sans tabou, à cœur ouvert. Parfois inquiets, parfois sereins, toujours pertinents, ils parlent du bonheur, de la famille, de l’amour, de la solitude, de l’âgisme, de ce qui les anime, de ce que la vie leur a appris.
Tête-à-tête inédits avec des femmes et des hommes inspirants dont les réflexions sur le temps qui passe et les forces de l’âge vous aideront à y voir plus clair et à avancer sur le chemin du vieillissement. À votre façon. Au fait, quel âge avez-vous ?

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 10 septembre 2014
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782894558256
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 82 Mo

Extrait

Pierre Bruneau Gilles Julien

Louise Portal Janine Sutto

Marcel Sabourin Gilles Vigneault

France Castel Louise Forestier

Boucar Diouf Père Benoît Lacroix

Pauline Martin Michel Dumont

Gilles Duceppe Serge Bouchard

Fabienne Larouche Alain Gravel

Gaétan Boucher Pierre Harvey

Pierre Curzi Marie Tifo

Danielle Ros Guy Rocher

Christian Bégin Roméo Bouchard

Manon Barbeau Raymond Cloutier

Danielle Ouimet Marguerite Blais

les forces de › l’Age 14 DUOS INSPIRANTS TÉMOIGNENT DU TEMPS QUI PASSE

Propos recueillis par Michel Coulombe

Photosde Véro Boncompagni

les forces de › l’Age

Propos recueillis par Michel Coulombe

Photosde Véro Boncompagni

Guy SaintJean Éditeur 3440, boul. Industriel Laval (Québec) Canada H7L 4R9 450 663-1777 [e-mail] www.saint-jeanediteur.com • • • • • • • • • • • • Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Coulombe, Michel, 1957- Les forces de l’âge ISBN 978-2-89455-824-9 1. Personnes âgées - Québec (Province). 2. Vieillissement. I. Titre. HQ1064.C3C68 2014 305.2609714 C2014-941512-5 • • • • • • • • • • • • Nous reconnaissons l’aide financiÈre du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC

© Guy Saint-Jean Éditeur inc. 2014 © Véronique Boncompagni 2014 pour les photographies Édition : Élise Bergeron Révision : Lyne Roy Conception graphique : Christiane Séguin Correction d’épreuves : Audrey Faille

Dépôt légal — BibliothÈque et Archives nationales du Québec, BibliothÈque et Archives Canada, 2014 ISBN : 978-2-89455-824-9

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Imprimé au Canada re 1 impression, août 2014

Guy Saint-Jean Éditeur est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

14 duos inspirants témoignent du temps qui passe

6 24 42 62 80 98 114 132 152 168 186 202 222 238

TABLE DES MATIèRES Pierre Bruneau + Gilles Julien Les grands frères

Louise Portal + Janine Sutto e Les femmes du 17

Marcel Sabourin + Gilles Vigneault Les vieux amis

France Castel + Louise Forestier Les deux bolées !

Boucar Diouf + Père Benoît Lacroix Les hommes du fleuve

Pauline Martin + Michel Dumont Le yin et le yang

Serge Bouchard + Gilles Duceppe Les hommes de 66 ans

Fabienne Larouche + Alain Gravel Les guerriers

Gaétan Boucher + Pierre Harvey Les athlètes olympiques

Pierre Curzi + Marie Tifo Les amoureux

Danielle Ros + Guy Rocher La psychanalyste et le sociologue

Christian Bégin + Roméo Bouchard Les voisins

Manon Barbeau + Raymond Cloutier Les grands-parents

Danielle Ouimet + Marguerite Blais Les blondes

La vie. Tout simplement.

epuis que je me suis lancé dans la préparation de ce livre, j’ai vieilli d’un an. Pas que moi D d’ailleurs… Personne n’y échappe, à moins de passer de vie à trépas. Devant le temps qui passe, chacun de nous emprunte un chemin unique. Chacun tire ses propres conclusions. Durant cette année, j’ai retourné la question de l’âge et du vieillissement dans tous les sens en rencontrant, par paire, 28 personnalités venues de tous les horizons. Je les remercie de m’avoir accordé leur confiance et d’avoir accepté de partager, si généreusement, leurs inquiétudes et leurs réflexions.

Un merci tout particulier à ceux qui m’ont soufflé des noms, proposé des idées de duos ou facilité l’accÈs à ces personnes. À cet égard, l’aide de Stéphanie Leclerc et de Laurent Boursier m’a été trÈs précieuse. De même, l’impulsion de départ de Jean Paré qui a su, bien avant moi, qu’un livre pouvait naître de ces rencontres.

Les entretiens se sont échelonnés sur quelques mois, d’août 2013 à janvier 2014. Les interviewés étaient alors âgés de 48 à 98 ans. Le plus jeune frôle maintenant la cinquantaine. L’aîné pourrait bien devenir centenaire…

Ce livre doit beaucoup au talent et à la sensibilité de la photographe Véro Boncompagni. Il s’est nourri de notre amitié. AprÈs chacune des rencontres, renvoyés à notre (jeune!) cinquantaine, Véro et moi ressentions le besoin de parler longuement. Puissent ces entretiens croisés provoquer le même effet chez le lecteur. Car il y a, dans la sincérité de ces tête-à-tête, dans la diversité de ces expériences de vie, matiÈre à réflexion.

Au cours de ces rencontres, nous sommes passés du rire aux larmes, des confidences aux discussions parfois trÈs vives, des moments de grâce à l’indignation. À l’ordre du jour, une multitude de sujets. L’alimentation, la maladie, la sexualité, l’activité physique. La transmission du savoir, les petits-enfants. Les nouvelles technologies. L’âge intérieur, les caps à franchir. Les maisons de retraite, la solitude, le suicide assisté, les deuils. Le temps qui reste. La valeur de l’amour et de l’amitié. L’âgisme. Et, bien entendu, le parcours distinct des hommes et des femmes, si différents par rapport au vieillissement.

Il a également été question d’un mot dont on ne semble plus savoir quoi faire aujourd’hui, un mot devenu embarrassant… vieux.

Oui, vieux.

Autant s’y faire, les enfants sont jeunes, les aînés sont vieux. C’est ce qu’on appelle la vie.

Tout simplement.

Michel Coulombe

5

Pierre Bruneau + Gilles Julien Les grands frères

étais persuadé qu’ils se connaissaient bien. Pierre J’ Bruneau et Gilles Julien, cela me paraissait évident. Le premier est le porte-parole de la Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau, créée à la mort de son fils. Le second se donne corps et âme à la Fondation du Dr Julien dont le but est de permettre à chaque enfant de développer son plein potentiel. Étonnamment, l’inébranlable chef d’antenne de TVA et l’infatigable pédiatre social n’avaient encore jamais eu l’occasion de se parler. Échange animé autour de la soixantaine, à quelques pas de l’enfance…

6

8

Vous avez tous deux la soixantaine. Pierre Bruneau J’aî 61 ans. Moî, 67. Gilles Julien Je ne me consîdère pas vîeux ! PB Soit. Trouvezvous que vous vieillissez bien ? PB Pas de problème avec ça, la vîeîllesse. [rîres] Sau qu’on prend conscîence qu’îl y a des choîx à aîre qu’on aîsaît peut-être moîns avant. Quand on a 20, 30 ans, on part dans 56 000 projets et on veut tous les réalîser. Là, on commence à se concentrer sur certaîns. Je voîs des personnes âgées quî se regardent dans le mîroîr et quî se GJ trouvent encore belles, comme sî elles avaîent encore 20 ans. Le mîroîr ne reflète pas la réalîté. C’est paraît. C’est une perceptîon, la vîeîllesse, beaucoup plus qu’autre chose. En ce PB quî nous concerne, travaîller avec des enants aît toute la dîférence. C’est évîdent. Les enants nous gardent jeunes. Ça a l’aîr banal de dîre GJ ça, maîs c’est tellement vraî. Moî, ça me garde dans un état… … d’alerte. Tout le temps. PB D’adolescence aussî. De créatîvîté. De perpétuelle jeunesse parce que je GJ les sens, je me retrouve.

C’est une perceptîon, la vîeîllesse.

Pierre Bruneau

Les enfants au centre de leur vie Les enants nous donnent de l’énergîe. Quand je ne voîs pas d’enants, en GJ vacances ou autrement, îl me manque quelque chose. Et je suîs sûr que sî je contînuaîs, je devîendraîs terne et aîgrî, et peut-être amorphe. Les enants nous en empêchent, îls nous allument contînuellement. Ils nous gardent connectés à la réalîté du jour. PB GJ On a vraîment ça en commun. Je ne seraîs pas jeune sans les enants. PB La Fondatîon accompagne les enants atteînts de cancer. Moî-même, j’en accompagne beaucoup dans les soîns pallîatîs. Et îls ne me consîdèrent pas comme une personne âgée quî aît les nouvelles, maîs comme quelqu’un comme leurs parents. Alors, je suîs resté parent, même sî, dans la vraîe vîe, je suîs devenu grand-père. On dîraît qu’îl n’y a pas d’âge quî nous sépare. GJ Ils sont un peu nos petîts-enants. Bîen souvent, les enants, îcî, m’appellent « papa » ou « grand-papa ». C’est paraît comme ça. Ça donne une raîson de contînuer. Ça nous garde jeunes. Connectés aux réalîtés de ces jeunes. Avec leur PB tablette, leur îPad, leur îPhone… îls arrîvent avec tout ça. Les enants nous amènent à leur vocabulaîre à eux, à leurs amîs, à leurs attentes, à la mode, à tout. Quand je parle à mes amîs de mon âge quî n’ont pas d’enants, îls ne comprennent pas. En aît, ça ne les întéresse pas. Je les voîs vîeîllîr un petît peu plus solîtaîres. Au chalet, dans le boîs avec mes petîts-enants, on vît dehors. C’est un GJ petît camp de rîen et, dans la nature, îls mettent de côté leurs înstruments. Pas de télé, pas de téléphone, rîen. On revîent à la sîmplîcîté du jeu. Mon petît-fils de sîx ans est venu passer troîs jours avec moî. Comme îl y avaît un menuîsîer, îl a passé la journée à construîre des maîsons. Il a cloué toute la journée. Le bonheur total ! Ça crée une tout autre relatîon. PB Une relatîon extraordînaîre. Il va se souvenîr de son grand-papa, dans le GJ boîs, à son nîveau, et d’avoîr planté des clous avec luî. Les mîens aussî ont ça à vélo. Partîr à vélo ensemble, ça crée un lîen. PB Le rapport que vous avez avec les enfants changetil votre rapport avec les adultes ? Je suîs mal à l’aîse avec les adultes, en général. Sî je vaîs dans unparty, GJ même de amîlle, je finîs par me ramasser avec les enants. Les adultes m’ennuîent. Ils m’îrrîtent. Je ne comprends pas toujours leur langage. C’est vraîment bîzarre. Je ne décode pas les adultes. Je ne les voîs pas venîr. Il y a trop de pelures. Les enants, c’est plus raîs, c’est à l’état pur. La naveté. PB Tu voîs tout, tout, tout. Un enant abusé, je le voîs la premîère oîs. L’adulte GJ

Le vélo en commun  on a LE véLO GJ En COmmun auSSî.  3100 km PB CEttE annéE !  dEpuîS DEux GJ Ou tROîS anS, j’aî RaLEntî. MaîS j’ESSaîE DE vEnîR au tRavaîL à véLO.

Les enfants nous donnent de l’énergie. Quand je ne vois pas d’enfants, en vacances ou autrement, il me manque quelque chose.

Gilles Julien

9