Lola Montès, un scandale pour chacun
80 pages
Français

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Lola Montès, un scandale pour chacun , livre ebook

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Description

Femme audacieuse, aventurière sans scrupule, sa beauté provocante inspira les poètes, les peintres et les romanciers. Sans grand talent à l’exception de son charme indéniable et d’une grâce parfaite, elle essaya d’atteindre la gloire sur scène avec la danse espagnole, puis la comédie, et jusqu’au cirque où elle joua sa propre histoire, après avoir mené le roi Louis 1er de Bavière, tombé fou amoureux d’elle, à son abdication.

Coléreuse, capricieuse, levant ses jupons à volants si haut et si voluptueusement qu’elle se fit renvoyer de l’Opéra, elle parcourut l’Europe, la Russie et les États-Unis. Ne brillant que par ses scandales, elle se fit connaître sur ces trois continents, avant de s’éteindre dans la misère.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 septembre 2015
Nombre de lectures 113
EAN13 9782374530192
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait

Dans la fraîcheur moite et parfumée du soir, Marie-Dolorès réfléchissait. Ou plutôt, elle rêvait. Née en 1821, elle pouvait déjà ressasser les huit dernières années qui composaient son enfance.

Les bruits ambiants du logis familial parvenaient à ses oreilles qu’elle laissait vaguement traîner lorsqu’elle ne s’éloignait pas trop pour se laisser le temps de fuir plus loin quand sa mère l’appelait.

Petite brunette délurée, hardie, audacieuse, emportée, fantasque, inventive (peu importait si le mensonge prenait souvent le pas sur son inspiration), car à défaut de vérité, elle mystifiait toujours.


Et c’était le cas en cet instant où elle se trouvait à demi allongée sous l’ombrage d’un lilas des Indes, un beau buisson arbustif à la floraison d’un rose éclatant si abondante qu’elle formait un immense bouquet dont les fleurs à l’extrémité des tiges venaient lui caresser le visage.

Un peu plus loin, elle voyait s’épanouir les rhododendrons et, plus écartés encore, s’étalaient quelques palétuviers dont les immenses racines surgissaient du sol et la cachaient en partie.

Quant aux deux mangroves qui se trouvaient non loin d’elle, les branches étaient si desséchées par manque d’eau ? c’étaient des arbres issus des marais et il fallait aller dans la forêt la plus proche pour les y trouver ? qu’elles faisaient la joie des petits macaques qui s’aventuraient jusque-là. Ces petits singes à longue queue, envahissants et chapardeurs, nullement impressionnés par les bruits de la ville avoisinante, y jouaient, s’y agrippaient en faisant mille pirouettes que, parfois, Marie-Dolorès observait.

Mais ce jour-là, la fillette ne voyait rien d’autre que son rêve en partie élaboré. Elle avait bouché ses oreilles avec deux petites fleurs de lilas, et abaissé ses paupières en laissant ses yeux à demi clos. Isolée de la sorte, elle ne se préoccupait plus que de ce qu’elle était en train d’échafauder.


C’était simple et compliqué à la fois. Facile parce qu’elle n’avait qu’à le décider, embarrassant parce que le choix était vaste.

Le nom de son père, que sa mère avait forcément adopté en l’épousant, ne lui plaisait pas. « Gilbert » ! Edward-William Gilbert ! Il n’y avait aucune originalité dans ce nom, ni fantaisie, ni romantisme. D’ailleurs, pas plus que dans le nom de sa mère qui s’appelait Margaret Oliver. C’était d’un commun !

Elle releva les paupières et respira l’odeur du lilas des Indes qui chatouillait ses narines. Le ciel était encore d’un bleu dur, mais le soir allait tomber et il se teinterait vite des premiers rayons du soleil couchant.

Des senteurs de fruits exotiques lui venaient directement de la ville. Elles étaient parfois si persistantes qu’elles se mêlaient irrémédiablement à tout ce qui touchait au voisinage. Les litchis, les akis et les divers agrumes avec un goût mélangé de concombre, de citron, de banane, s’accordaient avec le parfum du paprika qui traînait dans tous les coins des maisons et des jardins.

Marie-Dolorès Gilbert releva cette fois haut le nez, respira une forte bouffée d’air parfumé et se sourit à elle-même. Elle venait de trouver le futur nom qu’elle garderait toute sa vie. Et voilà, c’était fait ! Elle s’appellerait Lola Montès.

Quand elle partirait de chez elle après l’avoir décidé, puisqu’elle était encore beaucoup trop jeune pour le faire, elle enterrerait cette Marie-Dolorès Gilbert qui lui déplaisait tant.

Puis, elle ajouterait à ce nouveau nom tout l’exotisme qu’il fallait pour attirer l’attention et ne pas tomber dans la banalité d’un quotidien dont elle avait déjà horreur.

Mais à présent qu’elle avait choisi son nom futur, ce qui, pour elle, était un grand pas de franchi, elle devait penser à autre chose. Et c’était de la plus grande importance, autant que de se donner un nouveau nom et se vêtir d’une autre peau.

Marie-Dolorès soupira de nouveau. Elle eut une pensée pour son père. Lui manquait-il ? À force d’y réfléchir, elle se demandait s’il elle ne le regrettait pas simplement parce qu’elle se disputait souvent avec sa mère alors qu’avec son père, grand absent déjà de son vivant, elle se heurtait forcément beaucoup moins.

Sa mère Margaret Oliver, épouse du sous-officier Gilbert devenue veuve récemment, était à présent toujours derrière elle à la commander, à lui dire ce qu’elle devait faire et ne pas faire. La fillette s’inquiétait. La mort du capitaine Gilbert risquait fort de lui ôter la liberté qu’elle s’octroyait auparavant.

Elle ne se raccrochait qu’à une seule idée. Le temps du veuvage de sa mère serait d’une courte durée. Car elle se doutait qu’elle allait réagir et rebondir très vite.

La mort de son père ! Cela valait bien qu’elle s’y attarde un peu puisque cela entraînait de fâcheuses conséquences pour elle.

Elle revoyait l’interminable voyage en bateau qui avait demandé quatre mois de traversée où sa mère et elle étaient restées malades et enfermées dans leur cabine, ne sortant que lors des escales, encore qu’elles ne s’éloignaient pas trop pour éviter de se perdre. Se promener sur les quais d’un port parmi les caisses, les ballots, les paquets, toutes les marchandises que les vaisseaux véhiculaient, n’était guère agréable comme lieu de flânerie et de détente.

C’était encore l’époque de la marine à voiles. On s’entassait sur les navires dans des conditions assez inconfortables. On mangeait mal et on dormait peu, balancé en permanence par le mouvement des vagues fréquemment soulevées par des vents forts.

Le canal de Suez n’avait pas encore été creusé. La seule escale agréable avait été au Cap-Vert. Mais après, de grosses bourrasques de vent et de pluies étaient tombées sur le golfe du Bengale, les heurtant sans arrêt contre le bastingage, les parois de la cabine, les cordages sur le pont, les mâts, les voilures. Tout ce qui se trouvait sur le bateau était l’occasion d’une secousse, d’un coup, d’un choc et du vomissement qui ne tardait jamais à venir.

Puis ils étaient arrivés à Calcutta, plus secoués et ahuris que reposés.

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