Maud Maloney Watt
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Maud Maloney Watt , livre ebook

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Description

«Où va cette femme blanche en traîneau à chiens, par quarante-cinq degrés sous zéro, avec ses deux enfants blottis sous les peaux? Pourquoi parcourt-elle ainsi quatre cents kilomètres dans la taïga? Elle veut simplement atteindre la station de chemin de fer la plus proche afin de gagner Québec, où elle compte revendiquer la création de territoires protégés pour la sauvegarde du castor, question d’assurer la subsistance des Cris. Simplement, oui. »

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Informations

Publié par
Date de parution 10 avril 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782895966470
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Mémoire des Amériques» est dirigée par David Ledoyen
Ce texte est extrait de l'ouvrage de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, De remarquables oubliés , t. 1, Elles ont fait l'Amérique , Montréal, Lux Éditeur, 2011.
Illustration de couverture: Francis Back
© Lux Éditeur, 2011 www.luxediteur.com
Dépôt légal: 2 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN(ePub) 978-2-89596-647-0
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
Maud Maloney Watt
O ù va cette femme blanche
en traîneau à chiens, par quarante-cinq degrés sous zéro, avec ses deux enfants blottis sous les peaux? Pourquoi parcourt-elle ainsi quatre cents kilomètres dans la taïga? Elle veut simplement atteindre la station de chemin de fer la plus proche afin de gagner Québec, où elle compte revendiquer la création de territoires protégés pour la sauvegarde du castor, question d’assurer la subsistance des Cris. Simplement, oui.
« I L NE SERA PAS DIT que nous vivrons pauvrement sur une terre aussi riche», concluait Robert Bourassa, premier ministre du Québec, le 30 avril 1971, à l’annonce de son grand projet hydroélectrique dans le nord du Québec. «Ce n’est pas parce qu’il y a une rivière canadienne-française et catholique qu’il faut absolument mettre un barrage dessus», rétorquait Jacques Parizeau, alors conseiller économique du Parti québécois, dans une entrevue accordée au Devoir . Cris et Inuits s’opposèrent aussi vivement à ce projet qui menaçait de détruire leurs territoires de chasse et de pêche – car c’était bien de leurs terres et rivières ancestrales qu’il était question.
Le projet se réalisa. Une route relia Matagami à la rivière La Grande; une autre, vingt ans plus tard, finit par atteindre Waskaganish. Les Cris signèrent la Convention de la Baie James et du Nord québécois en 1975, et la chape du progrès s’étendit sur les chemins anciens, recouvrant toutes traces. Mais comment oublier certains pas sur la neige, une fumée échappée d’une maison loin, loin dans la taïga, une maison rustique et chaude où un thé brûlant vous attendait toujours, que vous soyez Montagnais, Cri ou Blanc, patron de la compagnie ou simple manœuvre? Ces pas sont ceux de Maud Watt, et son refuge, on pouvait le trouver au nord du cinquantième parallèle.

Dixième enfant d’une famille qui en comptait quatorze, Maud Maloney vint au monde quelque part en Gaspésie, probablement à Paspébiac ou dans un village environnant de la Baie-des-Chaleurs. Ses souvenirs de jeunesse, au demeurant imprécis, évoquent une enfance heureuse, de grandes tablées bruyantes dans une cuisine qui exhalait tous les jours ses odeurs de morue. Le père, Charles Maloney, parti de Cork, en Irlande, durant la grande migration provoquée par la Famine de la pomme de terre du milieu du XIX e  siècle, immigra au Canada et devint pêcheur, au service de la compagnie Robin. Également menuisier et charpentier, constructeur de barges, on le décrit comme un homme robuste, courageux, impulsif et indépendant. C’est probablement cet esprit d’indépendance qui le fit quitter la Gaspésie des Robin pour rallier la Côte-Nord. Beaucoup de pêcheurs gaspésiens et madelinots tentèrent l’aventure, de 1850 à 1900, désirant retrouver une certaine liberté. Cependant, les compagnies Robin et Le Bouthillier, pour ne nommer que les plus importantes, les rattrapèrent littéralement, réorganisant leur monopole en Minganie.
En fait, Charles Maloney fuit un maître pour en retrouver un autre, celui-là encore plus redoutable: la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il devint employé de la célèbre compagnie des fourrures au poste de Mingan, comme menuisier. À cette époque, Maloney était veuf et père de quatre enfants. Nous ne savons rien de son premier mariage, ni de l’endroit où se trouvaient ses enfants pendant qu’il travaillait au poste isolé de Mingan. Nous savons cependant qu’il y rencontra sa seconde épouse, Élizabeth Poirier, une Gaspésienne d’origine qui vivait alors sur l’île d’Anticosti, dans la baie des Anglais. Charles Maloney et Élizabeth Poirier se marièrent en 1884 à Rivière-Saint-Jean, un village de pêcheurs situé juste à l’ouest de Longue-Pointe-de-Mingan. Il semble que le couple soit retourné s’établir en Gaspésie où il demeura jusqu’en 1900. Ce serait là que naquit Maud Maloney en 1894 – au départ, son prénom s’écrivait en français (Maude). Elle était donc Canadienne française catholique par sa mère et Irlandaise anglophone par son père – elle fut bilingue très tôt et plus tard, elle apprit aussi la langue crie. En 1900, Charles Maloney partit de nouveau s’établir sur la Côte-Nord, emmenant toute sa famille. Le destin de Maud était lancé: son père reprit du service pour la Compagnie de la Baie d’Hudson au poste de Mingan – Ekuantshit en innu –, un haut lieu de l’histoire du commerce des fourrures.
À l’époque de la Nouvelle-France,

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