Ranavalo III
90 pages
Français

Ranavalo III , livre ebook

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90 pages
Français

Description

Comme dans bien des pays à travers le monde et l'histoire, la monarchie malgache a disparu après avoir tenté de réaliser l'unité de la Grande Île. Investie trop jeune du pouvoir, Ranavalo III n'a pu résister à la vague de colonisation et institutionnalisée par le Congrès de Berlin en 1884. Son parcours en exil est particulièrement émouvant.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2013
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336326474
Langue Français
Poids de l'ouvrage 31 Mo

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Extrait

Prix : 12 € 9HSMJLE*fgeiif+
Roland BARRAUX
RANAVALO III Une reine malgache en exil
KomEDIT
RANAVALO III Une Reine malgache en exil
Du même auteur :
Histoire des Dalaï-Lamas – Quatorze reets sur le Lac des Visions, AlbinMichel, 1993
Le Chevalier de la Bastille – Joseph Arney (1762-1802), C’Prim Editions, Besançon, 2002
Si je t’oublie Bamiyan – Souvenir de mission en Afghanistan 1981-1985, Les Editions Bamiyan, Limoges, 2003
Le Lotus et la Croix, les Voies vers l’Espérance,Les Editions
Bamiyan, Limoges, 2003
Jean Laborde, un Gascon à Madagascar (1805-1878), Co-écrit avec
le Dr A. Razaîndramboa, L’Harmattan, Paris, 2004
Histoire du Népal – Le Royaume de la montagne aux trois noms,
L’Harmattan, Paris, 2007
Du corail au volcan. L’histoire des îles Comores,KOMEDIT, Moroni, 2009
L’allée de sandragons,KOMEDIT, Moroni, 2011
Couverture :
Honoré ICARDBuste de la Reine Ranavalo III ManjakaTerre cuite, vers 1900 Photo publiée avec l’aimable autorisation du Musée municipal de Saint-Germain-en-Laye (France)
©Komedit, 2013ISBN : 978-2-914564-88-5
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Roland BARRAUX
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Une Reine malgache en exil
Editions L’Harmattan5-7ruedelEcole-Polytechnique 75005 Paris
KomEDIT B.P. 535 - MORONICOMORES
A Madagascar, plus encore que dans les monarchies du monde, que ce soit en Europe, en Afrique, Asie ou Océanie, le rapport du pouvoir à la terre a toujours été d’une importance mythique ; et partout aussi l’histoire baigne dans la légende. Ainsi le Roi juste et bon qui commença l’unification des six territoires de l’IMERINA central de la Grande Ile vers 1730, rassembla autour de lui ses fils et petitsfils et leur proposa de choisir entre divers objets, bijoux, étoffes aux couleurs voyantes, fruits et une petite corbeille remplie de terre ; pour l’enfant qui s’empara de celleci, il s’écria « A lui la terre et le royaume ». Et ce fut ANDRIANAMPOINIMERINA, « le Prince désiré de l’IMERINA », fondateur de la dynastie (17451810). Et encore pour ce souverain comme pour d’autres dans le monde, le recours à la bénédiction divine est de droit commun ; il demanda à Dieu d’être seul Roi de l’Ile ajoutant « la mer sera la limite de mon royaume ». Il appartenait à des femmes de poursuivre les objectifs royaux d’unité et d’identité : à part un bref intermède mâle de 18611863, quatre souveraines se succédèrent au ème 19 siècle. C’était, encore une fois comme dans le monde entier, l’époque où il fallait choisir entre tradition et modernité. L’impulsion venait d’Europe soit par des hommes d’affaires, commerçants et industriels, soit par des entreprises militaires et politiques identifiées sous le terme de colonisation, soit encore par des missionnaires catholiques ou protestants.
Les jeux étaient bien engagés lorsqu’une jeune princesse accéda au trône de Tananarive : Razafindrahety. Née le 22 novembre 1861, cette petite nièce de RANAVALO II était fille d’un seigneur féodal et d’une descendante des monarques fondateurs de la dynastie merina. Le tout puissant Premier Ministre, qui selon la règle avait été l’époux morganatique, puisque marié par ailleurs et père de 16 enfants, des deux dernières reines, fit le choix de cette jeune femme de préférence à sa sœur aînée, RASENDRANORO, forte fille, peu favorisée par la nature ; celle
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ci s’était mariée avec un prince compromis dans une intrigue de palais et mort, peutêtre empoisonné sur l’ordre du Premier Ministre, en 1886 ; depuis, elle s’adonnait à la boisson et multipliait les amants, négligeant de surcroit l’éducation de ses enfants, son fils, RAKOTOMENA, qui suivra l’exemple maternel et sa fille qui se retrouvera enceinte très jeune, probablement d’un officier français.
La jeune reine fut couronnée le jour de son anniversaire, le 22 novembre 1883. Elle ne commençait pas son règne sous les meilleurs auspices. Les relations avec la France s’étaient envenimées : sur ordre de Jules FERRY, alors Ministre des Affaires Etrangères, l’Amiral Pierre avait adressé le 15 mai un ultimatum à Tananarive en 3 ème points : cession à la France de la partie de l’Ile au nord du 16parallèle, droit de propriété pour les Français et indemnité de 1 million de francs pour les héritiers de Jean Laborde qui avaient précisément été dépossédés des biens de la succession de celui ci.
C’est précisément cette question du droit du sol qui constituait le sujet de discorde le plus délicat dans les rapports entre Madagascar et les puissances européennes. Pour y mettre un terme, le Code des 305 articles promulgué par la Reine précédente, RANAVALO II, le 29 mars 1881 était très clair « Les terres malgaches ne peuvent être vendues ni hypothéquées aux étrangers ni à qui que ce soit, excepté entre les Malgaches et celui qui les vendrait serait condamné aux fers à perpétuité ».
Dans un premier temps, cette réserve juridique avait été prise en compte dans les accords internationaux. Ainsi le premier traité francomalgache, signé le 12 septembre 1862 entre le Roi RADAMA II et le Capitaine de Vaisseau DUPRE, ratifié par décret impérial de Napoléon III le 11 avril 1963, stipulait la liberté religieuse et le droit d’établissement des Français mais il formulait des réserves sur la faculté d’acquérir des terres et de construire des maisons. Avec l’Angleterre, les négociations
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aboutirent au traité du 27 juin 1865 ; il confirmait l’abolition de la traite d’esclaves déjà convenue avec Londres par RADAMA Ier le 23 octobre 1817 mais s’intéressait plus aux opérations maritimes er commerciales qu’à l’établissement d’entreprises britanniques. Il en fut de même dans l’accord signé le 14 février 1867 entre la Reine RASOHERINA, veuve et successeur de RADAMA II, et le Consul des EtatsUnis, FINKELMEYER : les Américains intéressés par les escales maritimes et les seules activités commerciales à l’exclusion des entreprises agricoles ou industrielles avaient purement et simplement renoncé au droit de la propriété.
Avec Paris, les négociations s’avérèrent de plus en plus complexes. Dès la monarchie de juillet, il apparut que la France privée de son premier empire colonial par le désastreux traité de 1763, cherchait à le reconstituer tant en Afrique du Nord que dans l’Océan Indien en attendant l’Indochine. Ainsi, le premier titulaire du commandement de la division navale des Côtes Orientales d’Afrique, le Vicomte FLEURIOT de LANGLE nommé en 1858, avait déjà contracté des accords locaux avec les chefs des petits territoires côtiers, fiers de se voir reconnaître à cette occasion le titre de souverains ; en particulier, le traité de 1859 avec un « roi » d’une tribu mahafale du sudouest stipulait le droit pour les Français de s’établir et de commercer dans toute l’étendue de son territoire, de cultiver les terrains qui deviendront leur propriété incommutable. Dans cet esprit fut envoyé le Comte de LOUVIERES avec le titre de consul et la charge de négocier un nouveau traité. Mal reçu à son arrivée à Tananarive le 22 juillet 1866 tant par la Reine que le Premier Ministre et er atteint par les fièvres, il mourut le 1 janvier 1867. Le nouveau consul, GARNIER sut recourir à l’assistance de Jean LABORDE qui avait la confiance des autorités malgaches qu’il pratiquait depuis plus de trente ans ; le traité signé le 8 août 1868 avec la nouvelle Reine RANAVALONA II – qui devait être couronnée le 5 septembre suivantcomportait 24 articles reprenant en général les dispositions des deux traités précédents.
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Deux principes essentiels avaient été convenus, d’abord la faculté d’enseigner et de pratiquer la religion et de construire des écoles et des hôpitaux – avec une curieuse restriction : la propriété de ces établissements restait à la Reine, ensuite la définition des droits de propriété pour les entrepreneurs français, commerçants et industriels.
Evidemment la défaite de 1871 et les troubles de la Commune eurent pour conséquence un effacement de la France encore plus sensible quand de jeunes malgaches revenus de Londres et conseillés par l’encadrement militaire et naval britannique basé à l’île Maurice, constituèrent une armée régulière de 35 000 hommes équipée d’armes et de matériel d’origine anglaise. Paris, mal informé de l’évolution de cette situation, en attribua la responsabilité à Jean LABORDE qui fut destitué de ses fonctions de consul en 1877 ; ses deux successeurs ne restèrent en fonction que peu de temps. La nomination du lieutenant de Vaisseau BAUDAIS traduisit le changement opéré dans la politique française dans l’Océan Indien occidental. Le partage d’influence qui devait se concrétiser au Congrès de Berlin (novembre 1884 février 1885) était déjà acquis : l’Angleterre et l’Allemagne s’intéressant principalement à la côte d’Afrique méridionale et orientale et Londres tenant surtout à ses possessions de l’Inde, Birmanie et Ceylan dont la Reine Victoria avait été proclamée Impératrice en 1877. Néanmoins, l’Amirauté britannique ne se privait pas de suivre une ligne stratégique plus extensive : en juin 1881, le Commandant en chef de la station navale des Indes Orientales, le viceamiral GOREJONES, effectua une visite officielle à Tananarive à l’issue de laquelle il recommanda à son gouvernement d’aider par tous les moyens le pouvoir royal merina à conforter son autorité sur toute la côte ouest du nord au sud. Même s’il n’y eut aucune suite concrète à cette suggestion, le Premier Ministre qui venait d’organiser solidement son armée, délégua des officiers sur la côte en face de Nosy Be où furent arborés des pavillons merina jusque sur deux îles de la baie d’AMPASINDAVA cédées à la France par le roitelet
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